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Chapter 132 - Arc 7 - Épisode 4 : Une Communication Inattendue.

Pendant que le seul survivant Kiyuza de la bataille menée l'armée de Kigen et celle fabriquée par ses anciens conseillers découvre les secrets du peuple auquel désormais il appartient, Lyn et Rajik arrivent sur le même littoral où Renko prit le large pour l'Ouest. L'amoureux des combats ne parvient pas à détecter quoique ce soit qui pourrait prouver cette information. Vu que la Shirenai n'est pas affiliée au bon moment, il n'y a aucun moyen pour eux de traverser cette immense étendue d'eau. Alors que leurs espoirs semblaient avoir disparu pour toujours, soudain, ils voient l'équipage qui a permis l'être recherché de s'enfuir, avec une cargaison d'armes comme la dernière fois. A peine amarrés, les hommes qui le composent aperçoit le duo.

« Un Shirenai ! » crie le capitaine en reconnaissant l'arme de Lyn.

Aussitôt l'alerte donnée, les marins active leurs auras et sortent de leur barque.

« Ah... Enfin de la castagne ! »

La mercenaire ne tarde pas plus pour enclencher la sienne.

« Nous ignorons de quoi ils sont capables, eux. Nous devons être coordonnés pour ne pas se faire surprendre. Compris ? » indique-t-elle à son partenaire de combat.

Lorsque Rajik dévoile à son tour son aura grise, cela surprend ceux qui ont permis à Renko d'atteindre l'Ouest.

« Bétaram ! »

Grâce à cette technique, le Kiyuza allié de Kigen blinde son corps. Alors qu'il allait la formule lui permettant sa vitesse de déplacement, Lyn, qui a bien prêté attention aux expressions des visages de leurs opposants, place sa main droite devant lui.

« Attends.

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as bien vu qu'ils veulent se bagarrer contre nous, non ? Alors, moi, je ne veux pas attendre plus que ça.

- Ce type est étonné par ce que tu fais.

- Quoi ? Je l'impressionne ?

- Ils n'ont pas l'air effrayés.

- Tant mieux. Alors, viens avec moi et combattons les.

- Je suis sure qu'ils ont croisé notre fugitif. J'ai une idée. Mets moi hors route.

- Pardon ?

- Fais ce que je te dis. Gagne leur confiance. Demande leur de t'emmener là-bas. Tu seras notre espion. Trouve notre homme et fais tout ce que tu peux pour le ramener ici. Compris ? »

Après une longue hésitation, reconnaissant son audace, Rajik se place devant lui et serre son poing droit. Une manœuvre qui désoriente les spectateurs. Bien que ce soit son idée, ignorant l'intensité de la douleur qu'elle va subir, Lyn prend une profonde respiration et se met bien droite.

« Qu'est-ce que tu fais ?! Le Conseil a besoin de cette cargaison ! » surjoue-t-elle tout en restant un minimum crédible.

Face à son jeu d'actrice, son partenaire de combat paraît un peu décontenancé. Impression vite évaporée lorsqu'elle amplifie son aura. Cependant, cela suffit amplement à semer le doute dans les esprits des marins.

« Pardonne moi. lui délivre-t-il à voix basse.

- C'est déjà fait.

- Péopar Ki ! »

Presque sans retenue, il la frappe au ventre. Son aura flamboyante disparaît sur le coup.Elle tombe net. S'en suivent quelques secondes de profond silence durant lesquelles Rajik espère qu'il n'en a pas trop fait. Pour aller jusqu'au bout de l'idée de la mercenaire, il se tourne vers les spectateurs, l'air abattu, les bras tremblants.

« Foutue Shirenai ! Tu as voulu que je les tape pour que tu ne me tues pas ! Hé ! Vous ! Je peux venir avec vous ? »

Aucune réponse de leur part. Consternés par ce à quoi ils viennent d'être témoins, ils discutent entre eux.

« Vous avez pas vu quelqu'un récemment ici ? Je suis un ami ! »

Le débat à son sujet terminé, tous les membres de l'équipage mettent fin à leurs auras grises.Constatant que tout semble fonctionner à merveille, le Kiyuza se dirige vers eux, sans adresser, à contre cœur, un quelconque regard sur Lyn qui feint bien le fait d'être assommée.

« Je m'appelle Rajik ! Et vous ?

- Qu'est-ce que vous faisiez avec elle ?

- Je n'ai pas pu suivre mon ami. Elle m'a suivie et m'a menacé de me tuer si je ne lui montrais pas par où il est parti. S'il vous plaît, emmenez moi là-bas.

- Depuis combien de temps te retiennent ils ainsi ?

- Euh... Je ne sais plus vraiment. »

Malgré la pauvreté de sa réponse, personne ne se pose plus de questions que ça. Les Kiyuzas enlèvent l'amarre et reprennent la route dans l'autre sens. Tout en pagayant, le chef d'équipage se demande combien d'êtres comme eux vivent dans le Continent Central. Rajik regarde brièvement Lyn, encore allongée sur le sol. L'équipage disparaît dans la brume. Quelques secondes plus tard, Lyn finit par se relever et tousse un peu.

« Bien joué Rajik... C'est que tu fais mal... Je dois alerter le maître-conseiller... » murmure-t-elle en titubant un peu.

Pendant ce temps, dans la salle des archives, sous l'envie d'en apprendre plus sur l'histoire des Shirenais, Rai consulte quelques documents. Ainsi, il découvre notamment le descriptif complet de certaines techniques employées par les affiliés de foudre. Cela le fait légèrement sourire. Tencubo vient le rejoindre.

« As-tu trouvé quelque chose ? amorce-t-il.

- Rien en relation avec les Kiyuzas.

- Rien du tout ?... Ils ont bien fait le ménage dans tout ça. En nous privant de certaines informations, ils nous retirent sans doute certaines possibilités de les contrer ou de prendre connaissance de certaines choses possibles.

- Désolé. »

A peine il vient de lui témoigner sa compassion qu'un violent mal de tête l'attaque. La voix de l'autre dimension revient à la charge avec le mot ''Fargresaz''. Ce dernier enclenche l'activation forcée de son aura sous la forme d'une lumière blanche.

« Qu'est-ce que tu fais ? » lui demande le maître-conseiller, un peu surpris.

A force de répétitions de cette formule, la manifestation de son énergie prend de plus en plus d'ampleur, aveuglant presque Tencubo.

« Aide-moi... Vite.

- Comment ? »

Le porteur de l'Hoshaku tend sa main droite. L'affilié au feu la prend. Instantanément, son aura flamboyante est forcée. Le phénomène est tel qu'il subit la transformation due au Kuwanoren sans avoir eu à en dire la formule.La brûlure infligée pendant le tournoi se réveille. Il hurle de douleur.

« Il faut que tu te lâches... Je t'en prie.

- Quoi ? Ici ? Mais tu es fou !

- Je t'en... Prie.

- Gibaréfaï ! »

Le maître-conseiller émet une onde de feu tout en prenant soin malgré tout de ne pas affecter les rayons et leurs contenus. Sa technique passe dans le couloir annexe à la salle des archives. Ce brusque dégagement d'énergie permet de mettre fin à ce qui assaille Rai. Ainsi, ils redeviennent tous les deux à leurs états normaux.

« Tu peux m'expliquer ?

- Je n'en ai jamais parlé mais... »

Lui revient un moment vécu durant son périple en solitaire. Alors qu'il marchait tranquillement, le même symptôme, certes d'amplitude moins importante, survenu avant l'activation forcée de son aura l'attaqua. Le même mot tourne dans sa tête. Le peu de lumière dégagée touche différents éléments de l'environnement qui l'entoure. Quelques étincelles éclatent dans l'air. La végétation proche recrache de l'eau.

« Plusieurs fois, j'ai été incapable de me contrôler. »

Sentant une quantité massive d'énergie comprimer son organisme qu'il faut évacuer, il touche un rocher. Il grossit d'un coup.

« J'avais besoin de me décharger à tout prix. » explique-t-il une fois cet écho du passé terminé.

- C'est pour ça qu'on a détecté, plusieurs fois, des croissances d'énergie inexpliquées. Je comprends mieux. Nous avions même suspecté l'émergence de nouveaux groupes d'affiliés sur le moment.

- Non. C'était moi. »

Tout à coup, alertés par le vif déferlement d'énergie dégagée par le maître-conseiller, Korit et Tekina débarquent dans la salle.

« Ça venait de là ! » affirme le frère.

Ils découvrent alors les deux Shirenais dans une drôle de posture selon eux.

« Qu'est-ce que vous faîtes là vous ? interroge Tencubo sous un ton un poil relevé.

- Sympa l'accueil... Comme d'habitude après tout quand il s'agit de nous.

- On voulait découvrir les autres patelins du monde. Mais, comme on n'a pas votre incroyable et fantastique niveau de puissance, on ne peut pas y aller. » explique la sœur, l'ironie débordant de sa bouche.

Le maître-conseiller regarde les rayons. Aussitôt, en constatant que rien n'a été dégradé, il ressent un profond soulagement.

« Désolé... J'aurais dû vous prévenir de ça plus tôt. Un peu plus et je ruinais tout. » s'excuse Rai.

Pendant ce temps, dans la Chambre élémentaire, le nouvel élément de l'eau, grâce à la fameuse interface qui lui a été présentée, a été témoin de tout ça. Ce qu'il vient de découvrir commence à l'inquiéter. Autant il comprend l'intérêt derrière la création de l'énergie qu'abritait le Kirioku, autant, là, avec l'hypothèse selon laquelle la seule œuvre existante de l'Interdit dans Faironne aurait été l'Hoshaku, il se pose des questions sur l'existence de ce dernier. Qu'avait en tête son créateur lorsqu'il l'a conçu en prenant en compte cette configuration ? Interpellé par l'expression sur son visage, Denki, ayant capté le haut intellect du nouveau venu, s'approche de lui. Alerté par sa démarche, Hotto se tourne vers lui.

« Nous avons appris que l'énergie noire, elle, consumait toute énergie sans produire quelque chose en retour. Si Rai n'était pas là, elle aurait fini par tout dévorer sur son passage. Par contre, avec ce que nous venons de ressentir à l'instant, en ce qui le concerne, s'il reste trop longtemps, il va provoquer un autre effet tout aussi dévastateur que consumer toute chose. avance-t-il.

- Lequel ?

- Il faut un équilibre, partout. A trop consumer, on détruit. Mais à trop produire aussi. Il n'y aurait aucune contre balance.

- C'est vrai... Alors, pour éviter ça, il faudrait qu'ils soient tout le temps en train de s'annuler, à puissance égale, à proportion égale. »

Densetsu, silencieux depuis tout ce temps, regarde fixement le Zigrik un instant et semble réfléchir. Lui revient un souvenir bien précis : celui de sa dernière confrontation avec Fumiaki, auras respectives activées, poing contre poing. Avec les propos de Yoru maintenant en tête, il peut affirmer que c'est ce qu'il vécu. Il annulait les effets de l'énergie adverse et vice-versa.

« Il faut le dire à Rai !... Je peux lui parler ? demande l'ancien vice-conseiller.

- Non. répond le feu.

- Vraiment ?... Mince...

- Pas directement en tout cas. Si tu tiens tant à communiquer avec lui, lie-toi à moi. » lui indique la foudre.

Convaincu par ses propos, le Zigrik pose sa main droite sur lui. Denki tend la sienne vers l'interface leur permettant de surveiller tout ce qu'il se passe dans le monde de Faironne.De retour dans la salle des archives, le porteur de l'Hoshaku ressent d'étranges vibrations.

« Rai ! entend-il sans comprendre qui essaye de lui parler.

- Bon, si vous n'avez rien d'autre à faire ici pour occuper votre temps, vous pouvez disposer. indique Tencubo envers la fratrie.

- On vous a aidé, non ? Donc il est logique qu'on puisse réclamer de consulter vos petits secrets, non ? répond Korit.

- Rai ! C'est moi !

- Yoru ?

- Qu'est-ce que tu as Rai ? Encore ton énergie qui fait des siennes ?

- Non non. J'entends la voix de Yoru. »

Une telle phrase, de par son aspect totalement lunaire, étonne tout le monde.

« Sérieux ? Il a fumé quelque chose de louche lui ! vocifère Tekina.

- Je vous jure que c'est vrai ! Au début, j'avais du mal à y croire mais c'est bien lui ! Oui Yoru, je t'entends. Tu es en vie ?

- Non... Je ne peux pas t'expliquer comment je peux communiquer avec toi. J'ai quelque chose à te demander. C'est urgent.

- Dis-moi. »

Personne n'ose le croire, même Tencubo qui, pourtant, lui fait totalement confiance. Au contraire, il reste persuadé qu'il s'agit d'une conséquence de la possession d'une énergie ne provenant pas de Faironne.

« Retrouve l'énergie noire au plus vite. Si tu ne le fais pas, ce que tu viens de faire va prendre plus d'ampleur avec le temps. Pour y remédier, tu as besoin d'elle.

- D'accord. Ravi de t'avoir entendu à nouveau, Yoru.

- Outre l'aspect de notre discussion, le plaisir est partagé.

- Tu as l'air pressé. Tu peux m'expliquer ? » lui demande le maître-conseiller.

- Désolé mais je dois y aller. »

Il quitte aussitôt la pièce, en passant devant Korit et Tekina, sans que Tencubo ne l'interrompe.

« Il est devenu fou lui ! C'est l'énergie blanche qui lui crame la tête ! »

Bien qu'il n'ait pas connaissance de ce qu'il vient de se dire entre les deux sauveurs de Faironne, l'héritier de la mémoire de Densetsu sent que Rai ne ment pas. Dans la Chambre élémentaire, Yoru retire sa main sur Denki. Le Zigrik ne peut s'empêcher de penser aux derniers mots qu'il vient d'entendre de la part de son ami, le poussant à arborer un sourire de soulagement.

« Merci, honorable élément de la foudre.

- De rien. Normalement, nous sommes interdits de faire ça mais, vu l'aspect dangereux de la situation actuelle, considérons ceci comme une exception.

- Ne vous faîtes pas. Toute ma vie, je me suis conformé à ce que mon maître m'avait inculqué. Je me tiendrai aux règles. »

Une réponse largement suffisante pour le membre le plus strict du quatuor.

« Tu te sens mieux maintenant ? lui demande Hotto.

- Oui... »

La foudre remarque que Densetsu le regarde avec insistance. Ce dernier lui fait un mouvement de tête.Pendant ce temps, dans la pièce où se trouve l'imposante statue féminine dans la cité Kiyuza, le vénérable Ki-Igno et Renko sont face à face. L'épéiste a les yeux fermés.

« Montre-moi de quoi tu es capable. »

Le père de Fraya dévoile modérément son aura grise. Lorsque vient le tour de l'apprenti, le dessin distinctif qui s'est exprimé sur la Kozana et sur Rajik apparaît sur lui. Sur le moment, aucun doute n'est possible. Il s'est bel et bien éveillé au ki, avec un niveau de puissance déjà bien avancé. Une fois les yeux ouverts, intrigué par l'expression sur le visage du vénérable, il regarde là où ce dernier est focalisé.

« Vous pouvez me dire ce que c'est ça ? »

Avant de lui délivrer une réponse, le père de Fraya s'assoie sur une sorte de tabouret, prend plusieurs respirations, sous la pensée qu'il est possible que ce petit puisse être sauvé de la doctrine belliqueuse de ses formateurs.

« Avant le conflit élémentaire... » entame-t-il.

En injectant une quantité précise d'énergie neutre dans un endroit bien spécifique sur le sol, un étrange sceau se dessine. Ce dernier amène une transformation du décor. La reconstitution des ruines très célèbres dans le Continent Central en un vrai temple traduit un voyage dans le passé. Renko, impressionné, reste bouche bée. A l'intérieur, des colonnes style antiquité gréco-romaine reprennent leur beauté d'antan. Quelques dorures, des spirales munies de symboles identiques à ceux utilisés dans tous les sceaux, ainsi que la figure de Faironne viennent les habiller. Des personnes sont alignées derrière elles. D'autres font une ronde. Le dessin des Kiyuzas apparu sur Renko est présent à leurs pieds. Toutes interprètent un chant sacré, une sorte de mélange de tons de prêtres chrétiens de notre monde et d'intonations indiennes, shamaniques et tibétaines.

« Nos ancêtres vivaient autrefois dans le Continent du Centre. Vrai berceau de notre peuple. De manière tout à fait pacifique. »

Tout le monde tend les bras vers le ciel, comme pour demander à Faironne de les protéger.Rien ne semble pouvoir les déranger dans leur culte jusqu'à l'arrivée soudaine de groupes de personnes dont la tenue ressemble fortement à celle portée par des Shirenais actuels. Les Kiyuzas, sentant que quelque chose perturbe leurs sens, ne savent comment réagir.

« Jusqu'au moment où les exploiteurs des éléments, dans leur souhait de suprématie […] »

Les ancêtres du peuple d'où proviennent Tencubo, Rai, Shiki, Kenshiro et Lyn, activent leurs auras. Face à ça, les adeptes de l'énergie neutre commencent à paniquer.

« Voulurent les éjecter.

- Pourquoi ? Ils ne faisaient aucun mal !

- Notre croyance et notre manière d'aborder la pérennité du monde était différente des leurs. »

Ainsi, l'assaut est lancé. Les Kiyuzas se défendent en unissant leurs auras. Un sceau apparaît devant eux. A l'extérieur du temple, une énorme explosion surgit. Ainsi, cela explique son état connu de tous dans le présent. Les Shirenais, grâce aux énergies déployées, sont certes sonnés mais indemnes. Les fidèles de Faironne, convaincus qu'ils ne peuvent pas rivaliser, s'enfuient.

« Une partie migra ici. Et l'autre partie voulût tout de même rester au Centre. »

Peu de temps après, grâce à la manipulation du ki, ils débutèrent la construction de leur future cité en bâtissant, sans aide mécanique, leurs maisons, leur voirie. En ce qui concerne l'étrange tour naturelle centrale, certains d'entre eux, sensibles aux vibrations qu'elle émet, débattent sur ce qu'ils peuvent en faire. Puis, en donnant leurs énergies vers quelques graines qu'ils ont pu garder, les premiers champs commencent à pousser. C'est là-dessus que l'écho du passé se termine. Avec tout ce qu'il a découvert, un léger vertige s'empare de l'épéiste.

« Nous sommes ici en paix. Loin des tumultes provoquées par les manieurs d'éléments. A en juger ce qui est apparu sur toi, tu es sans doute un descendant de ceux qui sont restés au Centre. »

En s'appuyant sur cette phrase et sur ce qu'il sait désormais, Renko comprend que les Kiyuzas qui sont restés, à cause des Shirenais, ne pouvaient pas affirmer leur identité, leur existence. Peut-même que ces derniers, avec leur assaut repoussé, sous une certaine peur, ont tout fait pour réprimer cette appartenance, jusqu'à son effacement total. La colère qu'il ressent force un relâchement partiel de son aura.

« Alors... Je suis un vrai Kiyuza ! Vous n'avez plus besoin de me tester !

- Quel est ton talent ?

- Pardon ?

- Tu ignores ce que c'est ?

- Je n'ai jamais entendu ça... »

Le vénérable ferme temporairement les yeux, par dépit. Malgré le niveau atteint par le nouveau venu, son esprit est creux. Afin de ne pas déployer plus de frustration, il soupire.

« Chaque Kiyuza a une spécialité. Téléportation, télékinésie, hypnotisme ou encore renforcement physique pour en citer. Le ki, tel le don divin qu'il représente, offre beaucoup de possibilités. Alors, quel est le tien ?

- Oh... Euh... J'avais juste besoin de mon arme. Mais, on me l'a détruite. J'envoyais des vagues d'énergie avec.

- La matérialisation. Un talent plutôt rare...

- Oh... Dommage qu'ils m'en n'ont jamais parlé... Par contre, j'ai une autre question. Plusieurs fois ils ont cité le nom de Ki-Ramen. Qui était-il ?

- Le seul Kiyuza connu pour avoir détenu tous les talents. Comme notre mère. »

Une telle affirmation subjugue l'ancien élève du lieutenant Taimudo. Posséder tous les types de pouvoirs est possible ? Si oui, alors aucun Shirenai ne pourra y résister.

« Tout ce que je sais sur lui, c'est qu'il semblait qu'il avait un lien étroit avec elle. Il était comme son émissaire pour nous. Comme aucun de nous n'a été capable de l'égaler, je ne peux pas l'affirmer complètement. »

Ses propos appuient encore plus les interrogations posées dans l'esprit de son interlocuteur. Le vénérable, avec la confirmation que les deux hommes qu'il avait envoyé pour dresser Kigen ont évoqué l'être le plus puissant de toute l'Histoire de son peuple, réalise à quel point ils étaient dangereux. Qu'ont-ils pu distillé de malfaisant à travers le Centre ? Une telle pensée l'effraie.

« Comment a-t-il eu tous ces talents ? demande Renko.

- Je... Je l'ignore. »

Déçu par la réponse, la colère de l'épéiste redescend. Le peu d'aura émise s'efface.

« Allons préparer le repas commun de ce soir avec les autres. » propose Ki-Igno en se dirigeant vers la sortie.

Tous les deux quittent ensemble la pièce. Renko est convaincu d'une chose : cet homme ne lui dit pas tout. Chose qu'il compte bien découvrir au plus vite.Pendant ce temps-là, dans le cimetière du Nord, Tetsuo, assis, continue de penser au sens de son existence.Shipé, lui, comme il ne peut rester en place, mime des mouvements de combat à l'épée.Une petite partie du visage de l'ancien mercenaire, affilié à la terre, se désagrège en deux secondes. L'ayant ressenti, il se touche à cet endroit. Encore combien de temps doit-il subir ce supplice ? Est-ce le prix de la dévotion qu'il accordait à Daigaku et Aritsune ? Poussé par cette question, il se rappelle un moment particulier de sa vie : lors de sa promotion de mercenaire, avec les conseillers de l'époque.

« Félicitations mercenaire Tetsuo. Vous êtes digne d'accéder à l'élite de Kigen. déclare le Kiyuza adepte des téléportations à outrance.

- Que d'honneur. Je servirai nos valeurs comme il se doit. » répond le Shirenai en adoptant une posture droite et affirmée.

Une telle phrase donne le sourire à ses supérieurs. Serait-ce l'indice qui confirmerait qu'ils attendaient des personnes comme lui ? Personne ne peut y répondre sur le moment.

« Si je me suis engagé, c'est surtout parce que je crois fermement au maintien de l'équilibre énergétique face à toute menace. Je me dévouerai corps et âme pour répondre à cet impératif. La vie qui nous est offerte est beaucoup trop précieuse pour que nous laissions quoique ce soit la menacer. Nous avons la chance d'accéder à des pouvoirs que nous seuls pouvons avoir accès. Notre responsabilité est de les utiliser à bon escient. »

Le discours prononcé par Tetsuo ravit encore plus ses interlocuteurs.

« Bien... Bien... Tant de conviction exprimée par un candidat à ce rang, surtout avec tout ce que nous avons pu voir depuis que nous dirigeons, c'est assez rare... avoue Aritsune.

- En effet. »

Pendant quelques secondes, les Kiyuzas s'écartent un peu et discutent, à un niveau sonore quasiment inaudible pour le Shirenai.Ce court laps de temps stresse Tetsuo.

« Vous savez quoi, candidat Tetsuo. Vos propos confirment une certaine maturité chez vous. Votre détermination ne dénote en aucun cas que vous voulez foncer tête baissée, contrairement à bon nombre de vos collègues. C'est pourquoi, nous allons, si vous le voulez bien, vous confier un rôle primordial pour une mission bien précise.

- Que d'honneur que vous m'accordez. Puis-je savoir de laquelle il s'agit ?

- Vu l'importance bien particulière qu'elle incarne, nous vous en parlerons que si vous êtes consentant. répond Daigaku.

- Vous serez le seul au courant de ce que nous allons vous décrire. Il en va de la pérennité même que vous prônez. »

Un petit silence pendant lequel le candidat intègre ce qu'ils viennent de lui avouer.

« J'accepte. affirme-t-il en insistant encore plus sur sa posture.

- Parfait. Dernière condition. Vu l'aspect assez confidentiel, il faudra absolument que vous restiez dans l'ombre. Vous ne devrez en aucun cas en parler à qui que ce soit. L'avenir de Faironne en dépend.

- Je comprends. Dans ce cas... »

Des lignes vertes translucides apparaissent sur la main gauche de l'affilié à la terre. Un tel phénomène étonne les conseillers.Comment un Shirenai a pu accéder à un tel niveau de puissance ? Une question certes effrayante pour eux mais surtout rassurante vu ce qu'ils planifient. Deux dalles sont décollées du sol, décomposées, puis recomposées pour former le masque qu'il arborera jusqu'à sa confrontation avec le Kirioku.

« Je vous écoute. »

Une fois ce souvenir terminé, l'homme en décomposition regarde la main avec laquelle il a éveillé des symptômes du Kuwanoren devant ses anciens patrons.

« Ce n'est qu'en étant mort, que toute ma vie me paraît plus claire... Quelle ironie... »

Soudain, la faille qui était apparue auparavant réapparaît. Tous les fantômes, dont lui et Shipé, encore présents se retournent vers elle. Alors que tous se demandent qui elle va enlever cette fois, sans crier garde, elle se ruesur l'affilié à l'eau. Par réflexe, en utilisant partiellement la technique ultime d'élévation élémentaire, il crée un double d'eau de lui.L'ouverture dimensionnelle, après l'avoir avalé, rétrécit un peu.

« Prends ça saleté ! »

Puis, soudain, elle redevient normale et fonce à nouveau sur sa cible première.Une colonne de terre, créée par Tetsuo, vient s'interposer juste à temps. Mais, au lieu de se la prendre, la faille la contourne et commence à aspirer Shipé. Malgré les essais infructueux du mercenaire de s'en dépêtrer, devant ça, son collègue est pétrifié de terreur. Bon sang, qu'est- ce que c'est que ce truc ? Ça n'a rien à voir avec la faille employée pour enfermer les deux artefacts pendant presque un an. Le Shirenai affilié à l'eauest absorbé. L'accès à l'autre dimension se referme tout juste après. Un silence de mort envahit les lieux. Tetsuo le brise en poussant un cri d'horreur.