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Chapter 133 - Arc 7 - Épisode 5 : Choc De Kiyuzas.

Dans l'attente d'informations pour retrouver le dernier soldat Kiyuza recruté indirectement par Daigaku et Aritsune, et en espérant que la situation expliquée par Yoru via le porteur de l'Hoshaku puisse se stabiliser, le maître-conseiller est obligé de se concentrer sur les affaires classiques de la gestion de Kigen toute entière, si bien qu'il ne remarque même pas l'arrivée de l'ancienne gardienne de l'énergie noire.

« Toutes mes excuses... Mais... Je n'ai pas pu me rendre à l'Ouest. lui avoue-t-elle.

- Tu as trouvé Rajik ? lui demande-t-il sans lui adresser un regard.

- Oui... Et justement... Il est en route là-bas. Nous avons croisé des marins et, via un petit stratagème, j'ai pu permettre à Rajik d'y aller.

- Ceci a intérêt à fonctionner. Car, navré de te dire ça mais, s'il meurt, je serai dans l'obligation de te retirer ton tire et de prononcer ton exil. Rajik reste un civil. Notre Code nous interdit de les tuer sauf raison valable. »

Vu l'attache qu'elle commence à cultiver envers l'amoureux des combats, cette réponse refroidit brutalement Lyn.

« Tu peux disposer. »

La Shirenai quitte la pièce sans rechigner malgré le sentiment qui tiraille ses entrailles.Elle prie de tout cœur que Rajik ne foire rien, quoiqu'il puisse faire. Pendant ce temps, chez Kenshiro et Fraya, la Kozana dévore un lot d'arcanes que le Négociant vient de lui fournir. Au rythme où elle s'en nourrit, elle pourrait le ruiner.

« Merci mon ami.

- De rien, ça me fait plaisir. » répond-il la gorge un peu serrée.

Les traits noirs qui avaient envahi le visage de Fraya se rétractent complètement, traduisant ainsi sa satiété. Comblée, elle écarte la marchandise de l'ami de son mari.

« Tu as assez mangé, ma chérie ? »

Alertée par autre chose que sa question, elle se tourne vers eux.

« Oh non... Je n'aime pas ce regard. Quand elle regarde comme ça, peu de temps après, elle bondit vers moi. Prépare-toi. » indique l'affilié à la foudre avant d'activer son aura.

Sous ces indications d'apparence plutôt inquiétante, Shiki sort une dague. Après quelques secondes de pure inactivité, un bruit blanc au volume sonore progressif vient chatouiller les oreilles de l'ancien mercenaire. Le Négociant distingue un flux de plus en plus nettement. Sur le moment, tous les deux sont incapables de déterminer à qui l'énergie qu'ils détectent appartient. Tout à coup, Rai apparaît derrière eux. Grâce à sa présence, Fraya semble moins subir de l'influence de l'énergie noire. Quand ils s'en aperçoivent, ils sont tout d'abord choqués. Comment n'ont-ils pas pu le reconnaître ? Sa signature énergétique aurait tant changé à ce point ?

« Bonjour.

- Bonjour Rai. Nous ne attendions pas à une visite de ta part. Quelle est la raison de ta venue ? lui demande Kenshiro.

- C'est quoi ces manières ?

- Pardon... C'est vrai que j'aurais dû prévenir. Comme vous vous en doutez, je ne suis pas là par hasard. Je viens sous la prérogative de Yoru.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Il est mort. rappelle sous un ton un peu grave le Négociant.

- Je sais que ça paraît surréaliste mais c'est vrai. Il m'a parlé. J'étais dans la salle des archives avec le maître-conseiller en train de consulter quelques documents. D'un seul coup, j'ai de nouveau perdu le contrôle de mon énergie. Tencubo m'a aidé en dégageant le surplus que je produisais. Peu après cet incident, Yoru est entré en contact avec moi. »

Malgré l'aspect un peu coquasse de son discours, le sérieux qu'il affiche sur son visage suffit amplement à convaincre ses interlocuteurs.

« On t'écoute. lui indique Kenshiro.

- Pour expliquer simplement, dans un souci d'équilibre énergétique, je dois être avec Fraya. Je suis absolument certain qu'elle, aussi, n'a pas le contrôle. Je me trompe ? »

Avec les récents événements la concernant, aucun des deux anciens Shirenais en activité n'ose répondre. Pour la fille du vénérable Ki-Igno, l'intervention de l'homme possédant l'énergie contraire mais ironiquement complémentaire à la sienne est une vraie bénédiction. Rai s'approche d'elle.

« Soyez rassurés. Je respecterai votre vie privée. Je m'isolerai quand il le faudra. J'interviendrai quand il le faudra.

- Bon... Puisqu'elle a ce qui lui faut, je vais enfin pouvoir te laisser en bonne compagnie, mon ami. A la prochaine !

- Très marrant... » répond Kenshiro, sous le coup de l'ironie.

Alors que le Négociant allait les quitter, un de ses éclaireurs vient à sa rencontre et lui donne un vieux document. Lorsqu'il découvre son contenu, le soulagement qui habillait en visage fait place. Son associé n'ose pas ajouter quoique ce soit oralement. Replié dans un mutisme qui lui est si familier, Shiki replie le document délicatement avant de s'en aller avec son acolyte. Pendant ce temps-là, Rajik, après une longue marche qu'il pensait interminable, découvre la cité des Kiyuzas de la même manière que Renko.

« Incroyable... »

A peine ses yeux illuminés par la merveille qui se dresse devant lui que, soudainement, son dessin réapparaît et s'illumine.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Dans la salle avec la statue de Faironne, le vénérable, en pleine séance de méditation avec l'épéiste, alerté par le phénomène que rencontre l'amoureux des combats, ouvre les yeux. Inquiet par la puissance qui vient de se révéler en bordure de la cité dont il a la charge, ne voulant pas que Renko mette fin à sa phase de concentration, Ki-Igno injecte progressivement la quantité d'énergie neutre nécessaire à l'utilisation du sceau qu'il apprécie tant.

« Tereponteshon. » prononce-t-il à voix basse.

Tout à coup, Rajik est téléporté face aux deux Kiyuzas. Lorsqu'il découvre la salle, il n'en croit pas ses yeux.

« C'est quoi ça ? »

Sur le moment, le vénérable pense qu'il serait un disciple caché de Daigaku et Aritsune. L'énergie qu'il dégage sort Renko de sa méditation.

« Toi ?! »

Reconnaissant la voix de l'épéiste, Rajik se retourne vers lui. Parfait. Il l'a trouvé. Comment le ramener sans prendre le risque de le tuer ? Avec le déplacement spectaculaire qu'il vient de vivre, une certaine crainte s'installe chez le membre des sauveurs de Faironne.

« Vous vous connaissez ? demande le vénérable.

- Que trop bien... Ce mécréant qui insulte le don de Faironne fait en réalité partie de [...]

- Silence ! Hormis le jugement que j'applique au nom de notre chère mère, aucun Kiyuza n'est autorisé à exprimer son mépris envers un autre de cette manière !

- Quoi ?! Mais […]

- Silence ! Ou je changerai définitivement d'avis te concernant ! » menace Ki-Igno.

Le peu d'aura qu'il dégage donne des frissons dans le dos du seul adepte de l'énergie neutre dans le camp de Kigen.

« Pouvez-vous me dire où je suis ? »

Hors de question que cette présence nuisible s'installe plus que ça, énervé, Renko active son aura et fonce à vive allure vers Rajik. Ki-Igno, en un regard, déplace le sceau de téléportation pile entre eux. L'épéiste est envoyé face à un mur, qu'il détruit en le percutant. Une manœuvre brutale, précise et beaucoup trop rapide pour les yeux de l'amoureux des combats.

« Qui es-tu ? demande l'auteur de cette dernière.

- Je m'appelle Rajik et je manie le ki.

- Quel est ton talent ?

- Je sais me battre ! »

Un petit silence décrit parfaitement à quel point le père de Fraya ne s'attendait pas à une telle réponse. Renko, après avoir fait le point sur ce qu'il vient de subir, finit par les rejoindre.

« Ce qui vit en nous n'a pas été modelé pour que nous l'utilisons dans de telles barbaries. L'énergie neutre nous permet de vivre, pas de tuer. La simplicité de ta phrase dénote quelque chose d'extrêmement effrayant : tu ignores ta spécialité.

- Vous voulez savoir de quoi il est capable ?! » s'étonne avec rage Renko.

Grâce aux quelques leçons transmises par le lieutenant Taimudo, il fait matérialiser du ki, sous la forme d'une aura fortement concentrée et fine dans sa main droite, comme pour fabriquer une sorte de lame. Puis, il concentre une partie de son énergie dans ses jambes. Ceci lui permet de foncer une nouvelle fois vers Rajik. Les réflexes impressionnants de sa cible l'aident à l'attraper par le bras, avec pas mal de difficultés.

« Oh ! Pas mal ça !

- Rien à foutre de tes compliments ! »

Sous la colère, Renko dégage encore plus de forces. Ainsi, une très légère vague d'aura grise, que seul le vénérable perçoit, circule vers Rajik. Sur le moment, le spectateur croit qu'il s'agit de la manifestation d'un phénomène d'absorption. Les yeux de l'épéiste se mettent à briller. Grâce à un coup de jambe sur une côte droite de sa proie, Renko parvient à se dégager. Puis, en deux secondes, il convertit l'aura fine qu'il avait crée en une couche recouvrant son poing.

« Péopar Ki ! »

Illui inflige un direct assez violent pour qu'il recule sur dix mètres. Un coup si efficace qu'il parvient à faire saigner son destinataire. L'amoureux des combats pose sa main droite au sol et entame une phase de concentration. Envahi par la rage, l'épéiste ne prend pas conscience que le vénérable ne fait qu'observer.

« Tu abandonnes déjà ? Ou serait-ce juste la preuve irréfutable que j'ai progressé depuis tout ce temps ? »

Ki-Igno constate la présence de lignes grises au sol convergeant vers Rajik, invisibles pour le nouveau venu dans la cité. A en juger leur nombre et leur intensité, il en déduit aisément qu'il peut récupérer du ki extérieur : signe évident qu'il possède le talent d'accumulation. Grâce à ce phénomène, le membre des sauveurs de Faironne se soigne. Aurait-il également celui de régénération ?! En tout cas, pour le responsable de tout ça, peu importe s'il doit détruire le décor. Ainsi, il persiste dans l'amplification de son aura. De même pour son opposant.

« Tu n'as rien à foutre ici ! »

Tous les deux chargent un poing. Avec la puissance qu'ils dégagent, la pièce entière commence à trembler. Inquiet, Ki-Igno regarde la statue de Faironne.

« Péopar... » entament les deux combattants.

Le seuil d'énergie désirée atteint pour chacun d'eux, ils ne perdent pas un seul instant pour se foncer dessus.

« Ki ! »

A peine leurs attaques décochées que Ki-Igno, en un claquement de doigts, se téléporte entre eux, sceaux matérialisés sur chaque main, d'un mètre de diamètre chacun, tous les deux pointés vers les Kiyuzas qui, dès qu'ils s'en rendent compte, s'arrêtent netet mettent fin à leurs manifestations d'énergie.

« Comment osez-vous vous en prendre de la sorte à cet endroit ? Vous pensez sincèrement être de vrais Kiyuzas avec des comportements aussi destructeurs ? »

L'épéiste regarde la statue de la divinité adorée de son peuple un instant. Prenant conscience de l'outrage qu'il a failli causer, il se prosterne aussitôt aux pieds du vénérable.

« Pardonnez-moi. 

- Bien heureux que tu t'aperçoives de la catastrophe que tu viens d'éviter. Quant à toi, cher inconnu, tu possèdes deux talents. Cas très rare au sein de notre communauté. J'accepte ta présence ici à une seule condition. Laisse-moi t'étudier un peu. Sois rassuré. Rien ne sera pratiqué physiquement sur toi. Uniquement de l'observation. »

A l'entendre parler de cette manière, Rajik croit qu'il a affaire à une réplique de son ami décédé. Renko ne peut tolérer que le chef des Kiyuzas puisse s'intéresser à lui. Une fois l'illusion du fantôme du vice-conseiller passé, l'amoureux des combats se focalise à nouveau sur la raison pour laquelle il se trouve ici. Après tout, Lyn compte sur lui.

« Si tout ce que vous dîtes est vrai, dans ce cas, pas de problème. Je n'ai rien à cacher. Tout ce que je peux vous dire c'est que je ne me souviens pas comment j'ai appris à utiliser le ki. Je l'ai toujours connu et, sans ça, je suis sur que je serais mort depuis longtemps dans la Nature.

- Curieux... Alors, puisque tout semble en ordre, bienvenue parmi nous. »

Une frustration sans pareille parcoure les veines du dernier soldat de l'armée constituée par les anciens conseillers. Cependant, vu l'atmosphère qui règne dans la pièce, il se trouve dans l'obligation de se retenir au maximum. La présence de Rajik risque de compliquer les choses. Avec les paroles de Daigaku et Aritsune en tête, il doit coûte que coûte mettre la main sur ce qu'il doit trouver. Pendant ce temps, dans la Chambre élémentaire, Yoru et Hotto sont aux manettes de l'interface. Les deux autres éléments sont à l'écart, face à face.

« Tu te souviens bien qu'il a été fortement atteint ? amorce la foudre en évoquant le cas Tetsuo.

- Oui. C'est pour ça que je ne vais pas faire comme Suisei. L'idée est, qu'au lieu de consumer mon Kuwanoren pour que seul celui de mon successeur existe, je vais lui transférer le mien.

- Oh... Je n'y avais jamais pensé... Si ta théorie se confirme, ça ignorera toute l'énergie consumée par la création de l'Interdit... En espérant évidemment que ça fonctionne. »

Bien qu'il soit l'investigateur de cette manœuvre hors du commun, l'élément de la terre semble triste. Loin d'être insensible à l'élan de courage que cette pensée réclame, celui qui a formé Kenshiro et Calibak lui met sa main droite sur une épaule.

« Lorsque Fumiaki et moi avons fondé Kigen, notre première volonté fut de calmer les ardeurs, cesser tout conflit, créer un lieu où nous pouvions échanger sur nos pratiques. Du moins, c'était ce que je croyais à ce moment-là.

- Tout le monde a le droit à l'erreur. Ce qui compte, c'est d'être capable de la rattraper et tout faire pour ne plus la reproduire.

- Dois-je comprendre que je suis pardonné ?

- Seuls les actes à venir le confirmeront ou non.

- Je ne serai plus là pour le voir... Bon, j'y vais... Je peux utiliser ta porte ? »

Un simple regard suffit. D'un claquement de doigts, son collègue active la faille qui lui est associée. Une action qui surprend Yoru et Hotto.

« Qu'est-ce que vous faîtes ? demande le feu.

- Une autre passation.

- Quoi ? Pourquoi ? Et comment ? Densetsu n'a plus de successeur normalement !

- Raison personnelle. Et pour ta remarque, il lui en reste un.

- Après Susu, je n'ai pas envie de perdre encore un ami ! »

Outre la lucidité de l'observation de celui qui a formé Tencubo au Kuwanoren, l'ancien vice- conseiller ne peut qu'être touché par la réplique de son collègue. Face à la porte, en repensant à son ancienne vie, entouré du souvenir de ses plus fervents alliés, le plus grand des Shirenais adresse intérieurement un adieu à Faironne. En même temps, dans lecimetière du Nord, le Shirenai qui donna accès à l'apprentissage de la technique ultime de maîtrise élémentaire, hanté par la disparition brutale du mercenaire affilié à l'eau est recroquevillé.

« Tetsuo. »

Surpris d'entendre la voix de l'auteur de leur Code, il se relève, perdant encore un morceau de lui au passage.

« Viens. »

D'abord perturbé par cette prise de contact, il marque un temps avant de se diriger vers la porte cardinale, sans doute poussé par un élan d'espoir. Peu de temps après, il atteint la fameuse faille.

« Oui ? Que me voulez-vous, grand Densetsu ?

- Le poste d'élément est pour toi.

- Quoi ? Mais... Je croyais que c'était impossible parce que l'énergie noire a dévoré une partie trop importante de ce que j'avais éveillé !

- Le temps est compté pour moi. Entre. »

Pensant tout d'abord à une décision irréfléchie de sa part, Tetsuo ne bouge pas. Mais la forte lumière verte resplendissante devant lui réveille sa curiosité. Existerait-il une solution à son problème ?Intrigué, il finit par emprunter l'unique moyen de se rendre chez la haute autorité de Faironne. Une fois face à face avec l'élément en personne, par réflexe, Tetsuo se met à genoux.

« J'admire le respect que tu me délivres. Relève-toi, je t'en prie. »

L'ancien mercenaire obéit immédiatement.

« Admirable Densetsu, loin de moi l'idée de vous contredire, mais vous perdez votre temps. Vous avez sans doute plus important à faire que de parler avec moi. Vous êtes le plus respectable d'entre nous. Toute ma vie, je n'ai été que le pion de deux individus extrémistes. J'ai été souillé par l'énergie noire. Tout ça parce que je voulais servir en tant que Shirenai, en suivant votre Code, en vous suivant. En quoi suis-je meilleur que vous ?

- Tu as tort sur toute la ligne. Il est certainement naturel que, de l'autre côté, la dernière trace de mon vivant soit célébré, vénéré, adoré. Malheureusement, l'aveuglement qu'il procure le préserve de la vérité qui s'y cache. Je suis à l'origine de tout ce qu'il se passe. Tu es comme moi. Tu as mal agis, oui. Mais, comme moi, tu as combattu pour le bien de tous. Cependant... »

Avant qu'il ne complète sa phrase, grâce aux propriétés étranges que confère l'espace dans lequel ils se trouvent, à mi-chemin entre le monde des vivants et la dimension des éléments, le plus grand des Shirenais diffuse un de ses souvenirs : celui de son dernier affrontement contre Fumiaki. Les deux fondateurs de Kigen ont leurs auras actives. Un décor chaotique semblable à celui crée par le premier vrai duel entre les deux artefacts habille l'ensemble. Lorsque Tetsuo le découvre, une certaine paralysie l'envahit.

« De mon vivant, lorsque l'énergie blanche était en moi... »

Le Zigrik tire des boules de feu noir. Son opposant propulse des rochers enveloppés d'énergie blanche.

« Je me suis écarté de ma ligne de conduite. »

De multiples arbres et rochers sont soit calcinés, soit détruits en partie. Les attaques des deux combattants menacent d'autres Shirenais et d'autres Zigriks proches.

« Mon but n'était plus de protéger les autres mais de vaincre mon ennemi. »

Le souvenir s'efface pour donner le relais au classique décor monochrome, parfois parasité par des images du monde de Faironne.

« Tu es plus digne que moi. Alors... Succède-moi.

- Je... Je ne sais pas quoi dire... Me croyez-vous à la hauteur ?

- Tu es quelqu'un de bien, quelqu'un de droit. »

Pour donner la preuve de ce qu'il affirme, grâce au lien qui les unit cette fois, une reconstitution de la fois où ils se sont rencontrés pour l'obtention du Kuwanoren apparaît. Densetsu reprend la forme dans laquelle il se présenta : un golem, armé d'une lourde épée en marbre. Une réplique du Tetsuo de l'époque est en garde. Ils s'échangent des coups.Le prétendant à la technique ultime de maîtrise, très stable sur ses appuis, ne lâche pas son adversaire du regard.

« Je l'ai senti lors de notre premier affrontement. »

Puis, ils s'arrêtent lame contre lame. Les lignes vertes translucides apparaissent de manière très brève sur le corps du mercenaire.

« Ta rectitude et ta loyauté m'avaient impressionné. »

Comme pour le souvenir du combat contre le chef des Zigriks, tout ceci s'efface.

« Tu aurais fait un conseiller d'exception. Je suis sincère.

- Merci... Densetsu. » répond son successeur, les larmes au bord des yeux.

L'illustre Shirenai lui tend la main droite. Après une profonde respiration lui permettant de ne pas plus craquer, Tetsuo la prend. Des lignes vertes scintillantes les relient. Densetsu se désagrège au même rythme que Tetsuo se reconstitue. L'élément mourant lui sourit.

« Merci... Tetsuo. »

Une fois le fondateur de Kigen complètement disparu, celui qui donna sa vie juste pour le bien de sa communauté se retrouve alors dans la Chambre des éléments. Les trois autres sont surpris de son arrivée. Yoru le reconnaît.

« Euh... Bonjour.

- Bienvenue parmi nous, nouvel élément de la terre. Je suis Denki, lui, Hotto, et lui […]

- Je le connais déjà. »

Sa réponse surprend la foudre. Accompagné par ce dernier, le successeur de Densetsu rejoint le feu et l'eau.

« Devenir l'un des vôtres... C'est... C'est... Incroyable... Il va me falloir un peu de temps pour m'y faire.

- Je confirme. Incroyable surtout que, finalement, vous avez pu surpasser la contrainte que vous avait infligé le Kirioku. Comment cela a pu être possible ?

- Densetsu s'est sacrifié. Normalement, quand nous procédons à une nouvelle promotion, nous utilisons l'énergie éveillée chez le nouveau prétendant au poste avant d'utiliser celle dont nous disposons, puis, nous effectuons le transfert. Or, là, il a forcé le processus en faisant d'abord appel à la sienne avant celle de notre nouveau venu. explique Denki.

- Ingénieux... Donc, si je ne me trompe pas, il ne reste plus que ce Shipé là-bas, n'est-ce pas ?

- Non. Il s'est fait emporté. répond Tetsuo.

- Comment ça ?

- Une brèche bizarre s'est ouverte. Au départ, elle avait emporté un autre des fantômes encore présents. Puis, très récemment, elle a pris Shipé. J'ai fait ce que j'ai pu pour le sauver. En vain. Vous sauriez ce que c'est ? »

Cette description intrigue fortement la foudre et l'ancien vice-conseiller. Les trois nouveaux collègues du nouvel élément de la terre réfléchissent.

« Vous n'avez rien senti ?

- Pas du tout. Est-ce que cette brèche ressemblait à celle qui avait été ouverte pour bannir Rai et l'énergie noire ? demande Yoru.

- Un peu oui.

- Une faille s'ouvrant sans sceau... »

C'est la première fois que les deux derniers survivants de l'ancien quatuor élémentaire entendent parler d'un tel phénomène. Décidément, tout ceci ne présage rien de bon.

« Pour m'assurer de certaines choses, je vais surveiller le cimetière pendant quelques temps. Ça va me faire bizarre de voir ma tombe alors que je suis devenu un élément, quand j'y pense.

- Bon, avec tout ça, on va tout t'enseigner, le nouveau. Viens avec moi. C'est quoi ton nom ? demande Hotto.

- Je me prénomme Tetsuo.

- Originaire d'où ?

- Partie Ouest du Continent central.

- Oh ! Comme Yoru ! Vous étiez potes enfants ? »

Une telle interjection gène celui qui est évoqué.

« Pas du tout. Je ne l'ai jamais connu avant les événements liés à l'énergie noire.

- Oh ? Dommage... »

Tout juste après ce drôle d'échange, afin de procéder à l'apprentissage de la nouvelle terre, tous les deux s'écartent.

« Je n'ai jamais entendu parler de failles sans sceau. reprend Denki.

- Moi non plus. Mais... »

Le vice-conseiller se remémore un moment bien précis de sa vie, dans la demeure de son maître, grimoire ouvert et montage identique à celui que Calibak créera plus tard. Le sceau s'active. Une ouverture dimensionnelle similaire surgit.

« J'avais réussi à reproduire la faille qui avait été utilisée pour enfermer Rai et le Kirioku. »

Le même phénomène d'aspiration se produit. Cependant, plus expérimenté que son élève, il éveille dans la seconde un degré assez élevé de son Kuwanoren sans prononcer la formule. Grâce à ce niveau de puissance, il parvient à lutter. Malheureusement, toute l'énergie qu'il a employé provoque un agrandissement soudain de la faille. Prenant instantanément conscience du danger, il détruit le montage, ce qui met fin à tout. Il redevient normal dans les secondes suivantes.

« J'ai subi qu'il a décrit. J'attirai cette chose. » explique-t-il une fois revenu dans le présent.

- Qu'en as-tu conclu de cette expérience issue de ta curiosité ?

- Qu'il ne fallait plus la retenter.

- Bon choix.

- Mais, si ça se reproduit comme ça, sans intermédiaire, et que ça vient à absorber des personnes ayant une énergie très développée, comme moi, ou comme ce mercenaire... J'ai peur pour mes amis... Nous ignorons totalement si une telle horreur peut se produire ailleurs, tout comme sa fréquence d'apparition. 

- Exact. Et que comptes-tu faire ?

- Je... Je... Je ne sais pas.

- Bonne réponse.

- Attendez... Vous ne comptez quand même pas laisser ça en suspend ?

- Malheureusement, selon les règles que nous devons respecter, nous ne pouvons pas agir directement. Les réponses ne sont pas ici mais sur le monde de Faironne. Seuls tes amis peuvent expliquer l'origine de ce phénomène.

- Donc... Il faut que je patiente.

- Exactement. Voilà notre quotidien en tant qu'élément. Nous régissons la bonne circulation des énergies. Rien de plus, rien de moins. Il faut que tu t'y habitues. Car, avec ce que tu as vécu récemment, et avec ce que Densetsu vient de réaliser, tu ne sais pas combien de temps tu resteras ici.

- C'est vrai.

- Alors, un conseil, ne t'attache à rien. Laisse la vie suivre son cours. »

C'est sur cette réponse étonnamment froide pour son destinataire que la foudre se retire pour s'adonner à son passe-temps favori : la méditation. Comme à son habitude lorsqu'il vivait parmi ses amis, celui qui fut vice-conseiller de Kigen se triture l'esprit à résoudre l'énigme offerte par Tetsuo lui-même. Que cela annonce-t-il de grave ? Comment s'en prémunir ? Et d'autres questions, toutes aussi tortueuses les unes que les autres. Réaction totalement compréhensible pour celui qui fut le cerveau du trio fondateur des sauveurs de Faironne.