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Chapter 129 - Arc 7 – Épisode 1 : Un Oui Tant Attendu.

Quelques jours après la victoire contre Daigaku et Aritsune, à Kigen, sous une pluie battante, devant la statue de Densetsu et une nouvelle ressemblant beaucoup à Yoru, se trouve un cercueil orné de fleurs. Le maître-conseiller est placé derrière la tête. Sur sa gauche, Rai et Rajik et Calibak, sur sa droite, Kenshiro et Lyn. Les Shirenais et Zigriks sont derrière eux. Certains ont du mal à retenir leurs lames, surtout le Kiyuza. D'autres baissent la tête, yeux fermés en signe de respect comme l'instructeur et celle qui fut la gardienne du Kirioku. Rai ne peut s'empêcher de fixer le cercueil.

« Chers collègues, chers confrères, mes amis... Jour triste... Car l'un de nos plus illustres membres n'est plus... Je tiens d'abord à saluer l'intellect qu'il était... Il fut d'une aide précieuse à la refonte de notre société et, surtout, dans la bataille que nous venons de connaître. Sans lui, sans doute, nous ne serions plus... Alors... Dorénavant, vous, futurs Zigriks, reposerez avec nous dans le Continent du Nord. »

Un silence. Rajik, bouleversé, pose une main sur le cercueil. Un geste qui touche énormément la mercenaire de feu. En guise de réconfort, Rai pose une main sur son épaule.

« Cher ami, que ton dernier voyage soit agréable. »

Les sauveurs de Faironne reculent. Six porteurs, encapuchonnés et vêtus de noir, viennent soulever le cercueil. Ils marchent lentement vers la sortie de la cité. Calibak, Rai, Rajik, Lyn, Tencubo et Kenshiro les regardent partir. Intérieurement, l'homme qui l'aida au développement de son énergie souhaite que Faironne le berce. Son meilleur ami baisse la tête, les poings serrés. Le Zigrik affilié à la foudre se jure qu'il deviendra un digne représentant des valeurs qu'ils défendaient. Le maître-conseiller avoue qu'il lui manquera beaucoup. Jamais ils ne l'oublieront. Dans le respect de l'ordre donné juste après la conclusion du combat contre Aritsune et Daigaku, quelques jours plus tard, Kenshiro et Calibak arrivent sur la falaise faisant face à la zone des tempêtes.

« C'est ici. »

Le Zigrik découvre la plate-forme en lévitation, toujours protégée par une mer très agitée et des éclairs.

« C'est là que tu dois aller. Si t'as trop peur, on repart.

- Hors de question.

- J'aimerais bien voir comment tu vas t'y prendre.

- Oh pour ça... N'aie crainte. Afin de compenser le manque de puissance me séparant du Kuwanoren, j'ai fabriqué une sorte de substitut. répond Calibak en sortant d'étranges sphères qu'il place sur lui.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Si vous n'étiez pas aussi obstinés dans votre vision conservatrice, je ne serai pas obligé de l'expliquer. Tous les moyens sont bons pour obtenir ce qu'on veut. Alors associe la à un moyen pour d'imiter ta vitesse.

- J'aimerai bien voir ça.

- Admire ! »

Après l'activation de son aura, Calibak lance quelques sphères au loin et en vise une.

« Firaïzer ! »

Grâce à son arbalète, il tire un éclair sur celle qui se trouve près de lui. Ceci crée une petite plate-forme circulaire électrique qui, elle-même, envoie un autre éclair vers la sphère la plus proche et ainsi de suite. Une telle manœuvre étonne Kenshiro. Ensuite, le Zigrik met un bras en arrière et se propulse en l'air grâce à un autre éclair, sans formule prononcée car l'une de ses créations en avait stocké un. Il met un pied sur la première plate-forme qui l'aide à gagner en vitesse et ainsi de suite.Bien que l'idée semble géniale sur le papier, vu la galère rencontrée au moment où il y fut confronté, Kenshiro reste assez dubitatif. Malgré ses doutes, Calibak avance rapidement vers le lieu espéré.Des éclairs viennent lui barrer la route. Cependant, comme prévu, l'énergie présente dans les sphères présentes sur lui les repoussent. Il arrive à destination.

« Génial ! Mes inventions ont fonctionné ! »

La joie passée, il observe les alentours. A sa grande surprise, il ne semble y avoir absolument rien.

« Il m'a menti ! Je le savais ! Tout ça pour […] »

Soudain, le même phénomène aperçu avant le tournoi de désignation des nouveaux conseillers se produit. Denki, sous sa forme élémentaire, apparaît devant lui. Revient dans la mémoire du visiteur certaines phrases relatant l'existence de quatre entités incarnant les quatre éléments qu'il avait lues lorsqu'il était encore un Kiyuza. La première interrogation qui lui vient est la suivante : Est-ce que Ki-Ramen l'a rencontré ?

« Un nouveau venu. Un Zigrik.

- Comment savez-vous ça ?

- L'absence de quelconque lame sur toi. Je suis Denki, ton élément. Quel est l'objet de ta venue ?

- Je veux obtenir le Kuwanoren, afin d'honorer la place de mon professeur en tant que nouveau vice-conseiller de Kigen. »

Un silence un peu trop gênant pour le demandeur s'installe. Pourquoi il ne lui répond pas ? Vu qu'ils partagent la même énergie, grâce au lien que ça implique, essaierait-il de lire dans ses pensées ?

« Kenshiro t'a amené ici. »

Sa déduction soudaine le surprend.

« Bien que je suis contre d'avoir plusieurs mortels obtenir le Kuwanoren, pour des raisons évidentes, le connaissant, il doit y avoir une raison suffisamment valable. Sans ça, j'aurais immédiatement refusé. J'accepte de te l'enseigner. A savoir que, je ne serai pas tendre. Un pouvoir comme celui-là se mérite. »

« Je suis prêt ! »

Sa fougue n'ébranle en rien la droiture de l'être supérieur. Cependant, comparé à sa confrontation avec le Shirenai, Denki semble être moins strict. Sentant qu'il a accompli son devoir, Kenshiro se retire, souriant et apaisé par la conviction profonde qu'il va enfin obtenir ce qu'il désire.Pendant ce temps, grâce aux indications fournies par le maître- conseiller, Lyn arrive au volcan d'Irn.

« Quelle chaleur... Je dois être au bon endroit. »

Toujours sous les conseils de son mentor, elle active son aura et ne cesse de l'amplifier. Rien ne se produit pendant quelques secondes. Soudain, Hotto, sous sa forme élémentaire, surgit devant la Shirenai, manifestation énergétique désactivée aussitôt.

« Oh ! Une Shirenai ! Quelle surprise !... Alors, à qui ai-je l'honneur ?

- Salutations, élément. Je me prénomme Lyn, mercenaire Shirenai et disciple du maître conseiller Tencubo.

- T'es une copine à lui ? »

Au-delà du langage employé, sa question assez déplacée la surprend.

« C'est magnifique ! »

Face à cette attitude coupant totalement à ce quoi elle a été habituée, elle ne sait pas quoi dire.

« Donc t'es certainement venue pour obtenir le Kuwanoren à ton tour, n'est-ce pas ?... Soit ! J'en suis !

- Oh... Euh... Merci beaucoup. Comment dois-je vous appeler ?

- Moi, Hotto, élément du feu depuis... Oh la la depuis longtemps ! Comment t'appelles-tu déjà ?

- Lyn.

- Pardon. Joli nom en tout cas. »

Après ce compliment provoquant un rougissement chez elle, alors qu'elle s'attendait à quelque chose plutôt solennel et sérieux, le comportement assez sympathique de l'être qui a permis à Tencubo d'accéder au titre de maître-conseiller la rassure.

« Prête ?

- Oh que oui ! Je suis flamboyante d'énergie ! Je veux tout savoir ! Je prouverai à tous que je serai la plus puissante des mercenaires de toute l'histoire de Kigen ! »

Ce bref discours satisfait amplement l'élément, limite il le rendrait jaloux. Quelques jours plus tard, dans la salle des archives, Rai et Tencubo arpentent les rayons. Une fois arrivé au bon endroit, l'ancien disciple d'Hotto montre la fameuse pierre qui donna naissance au fameux tournoi.

« Donc vous tenez votre technique de transformation de ça ?

- Oui. Apparemment, une information bien cachée par mes prédécesseurs. Après réflexion, je pense que ce n'était pas prévu dans leur plan. Sinon, je ne vois pas pourquoi ils auraient pris le soin d'exiler Kenshiro.

- En effet. Il y a quelque chose que je voudrais vérifier. J'ai fini par retrouver mes origines. Y a-t-il une trace de mon passage ici ?

- Totalement. J'ai retrouvé le document qui atteste ton inscription dans nos rangs. »

Il lui montre l'affiche. Rai peut y lire « Yuko Teru, élément : foudre. Origine : Continent du Nord. Remarque : Maîtrise élémentaire suspecte car l'individu réussit à attaquer sans arme ».

« Avec ça, nous pouvons donc affirmer que tu maîtrisais cette technique aussi. »

Cette preuve lui permet de mieux comprendre la réaction et les propos tenus par Denki lorsqu'il entra dans la Chambre élémentaire.

« Tu as eu ce que tu cherchais ?

« Là-dessus, oui. Autre chose m'interpelle. J'aimerais savoir d'où venaient les hommes que nous avons affronté. C'est bizarre qu'ils ne sont pas intervenus lorsque cet Alnor a mis la main sur le Kirioku. Tetsuo travaillait étroitement avec eux. Et ce que j'ai senti dans cette dimension... Je me demande si un autre danger plus important ne serait pas en train de se préparer sous nos yeux. »

« On n'en sait rien.

- Ils étaient si puissants... Comment est-ce possible ?

- Tu es tellement impliqué... Si tu veux, tu peux rester ici autant que possible. Peut-être que tu découvriras une information qui pourrait nous être utile.

- Yoru aurait apprécié creuser ce mystère, si je peux le citer.

- C'est sûr. Je vais attendre le retour de Lyn et Calibak. J'espère qu'Hotto n'a pas été trop rude avec elle.

- Aucun danger. C'est un élément très sympathique. Et puis, elle est talentueuse. Je suis certain qu'elle va y arriver.

- Bonne fouille. »

Quelques instants plus tard, le maître-conseiller retrouve Kenshiro et Rajik qui surveillaient l'entrée. Comme à son habitude, le Kiyuza se donne à des étirements et à des coups dans le vent.

« Alors ? Rai a ce qu'il voulait ? demande l'instructeur.

- En partie oui. Là il s'adonne à l'exploration de nos archives poussiéreuses.

- Ouh là... Je pense sincèrement que c'est l'épreuve la plus dure pour un Shirenai après l'acquisition du Kuwanoren. Pour le moment, personne n'est revenu.

- J'espère qu'ils auront changé.

- Rien n'est moins sur, Rajik. L'obtenir n'est pas chose aisée.

- C'est vrai. Même pour moi ça a été une pitance. »

L'aveu de la foudre la plus rapide du Centre étonne son ancien apprenti.Quelques secondes plus tard, des frissons le parcourent. Un son de plus en plus net parvient aux oreilles de Kenshiro. Sachant qui l'émet, vu les récents événements, normalement, ça l'aurait gêné. Ici, pas du tout. Tous les trois voient Calibak arriver lentement.

« La chaleur qu'il dégage est plus développée. Il a changé. souligne Tencubo.

- Chouette ! » se réjouit Rajik.

Tout excité, il fonce vers lui et s'arrête pile devant.

« Affrontons-nous maintenant !

- Non Rajik ! Je dois le former. rétorque le maître-conseiller.

- Oh...

- T'inquiètes pas ! On trouvera une occasion. rassure le Zigrik.

- T'as intérêt à tenir ta parole.

- Je te le promets.

- Mercenaire Calibak, attends-moi à l'intérieur. » indique Tencubo.

Avant d'entrer dans Kigen, le Zigrik croise le regard de son homologue d'élément.Ce dernier lui sourit, ce qui le surprend. Rajik et les deux Shirenais restent, dans l'attente de l'arrivée de Lyn.

« Bon... Tu as hâte, n'est-ce pas ? lance l'affilié au feu à l'instructeur.

- Oh que oui.

- De quoi parlez-vous ? » demande Rajik.

Soudain, les mêmes phénomènes produits lors de l'approche de l'ancien disciple de Yoru se reproduisent chez eux. Interloqués, ils regardent dans la même direction. Encore une fois, aucun doute possible. Lyn revient plus puissante qu'elle n'a jamais été. Aussitôt, Tencubo ressent une fierté qu'il a du mal à retenir.

« Waoh... Elle... Est... » entame Rajik.

Elle vient jusqu'à eux.

« Tu as l'air d'être épuisée... Veux-tu que je te donne un peu de mon énergie ?

- Merci maître mais ça ira.

- Mon cher Kenshiro, le jour est arrivé.

- Enfin.

- Je ne comprends toujours pas.

- Idiot. Il va se marier. Où se trouve la promise ? » répond Lyn à Rajik.

Son visage transpire l'incompréhension totale.

« Dans le village juste à côté.

- Je suis tellement contente pour vous. »

Sur celui de Kenshiro, un bonheur immense se dégage. Tous commencent à rentrer, la Shirenai en première.

« Merci beaucoup. adresse l'instructeur à Tencubo.

- Après tout ce que tu as contribué à faire, il est normal que je t'y donne accès. C'est la moindre des choses que je te dois. Tu as largement mérité ta récompense. Sans toi, nous n'aurions jamais réussi à recréer Kigen telle qu'elle était pensée à l'origine. Il est temps de te préparer.

- Tu as raison. »

Kenshiro part dans une autre direction. Quelques instants plus tard, dans la salle du Conseil, décorée de fleurs, des bancs sont installés. Au premier rang, autel dans le dos, à gauche, se trouvent Lyn et Rajik, à droite, Calibak et Rai. Derrière le rang gauche, les Shirenais, derrière le rang droit, les nouveaux Zigriks, devant l'autel un grand bol en fer.Le porteur de l'Hoshaku est plutôt détendu. Selon lui, avec Kenshiro constamment à ses côtés, tout le monde sera préservé de l'énergie noire si un emballement se produit. Tous peuvent vivre librement. Tencubo est derrière l'autel. Soudain, la porte derrière les rangs s'ouvre. Tous découvrent l'instructeur, portant une cape blanche, arme sur le côté droit, fourreau en or, une rose rouge attachée devant le cœur. Une tenue fort plaisante pour la Shirenai affiliée au feu. Pour Rajik, après avoir tourner brièvement les yeux vers elle avant de regarder son ancien maître, il était mieux avant. La foudre la plus rapide du Continent central s'arrête cinq mètres devant le bol.

« Mercenaire Kenshiro, avant de procéder à l'arrêt définitif de vos fonctions selon votre volonté, je tenais à féliciter encore une fois du travail que vous avez accompli durant votre carrière. Malgré le jugement injuste que vous avez subi, malgré l'ignorance ou le mépris émis par les sceptiques, malgré les épreuves traversées, vous êtes resté fidèle à vos convictions. Que ceci serve d'exemple à tous ! »

La foule lui adresse une ovation riche en applaudissements pendant une dizaine de secondes avant que Tencubo leur fasse signe de s'arrêter.

« Vous pouvez rendre les armes. »

Sans plus attendre, il détache délicatement le fourreau de sa ceinture et le pose à côté du bol.

« Que la promise entre ! »

Arrive alors Fraya, histoire de respecter un peu les traditions Kiyuzas, dans une sorte de kimono blanc, rose rouge attachée devant le cœur. Son accoutrement en étonne plus d'un dans le public et émerveille Lyn. Encore une fois, Rajik prête beaucoup d'attention à sa réaction. Quelque chose semble préoccuper celui qui fut son partenaire de combat pour la bataille finale contre les Kiyuzas. Bien que la future situation de la Kozana ne pose aucun problème particulier, c'est l'absence inexpliquée de toute nouvelle intervention de la voix de l'autre dimension. Quelle en serait la cause ? Ainsi, il reste plongé pendant un moment dans sa réflexion. Lorsque l'instructeur pose les yeux sur elle, un émerveillement sans pareille l'envahit. Frayas'avance et se place de la même manière que lui. Ils se regardent tendrement.

« Nous pouvons commencer. » amorce Tencubo.

Tous s'assoient sauf lui.

« Aujourd'hui, nous vivons un moment particulier. Pour la première fois depuis longtemps, l'un des nôtres s'unit à une personne non originaire de Kigen. Souhaitons-leur tout le bonheur du monde. Selon notre tradition, il est temps pour vous, jeunes mariés, d'affirmer votre volonté.

- Je commence. Fraya, depuis que je t'ai rencontré, j'ai repris goût à la vie en société. Avec ce qu'il s'était passé pour moi auparavant, j'étais perdu... Plus j'ai appris à te connaître, et plus tu donnais un sens à ma vie. Je suis prêt aujourd'hui, à être à tes côtés jusqu'à mon dernier souffle. Fraya, je te veux. »

Un discours si poignant, si sincère, si pure, attendrit tout le public, y compris Tencubo qui pourtant s'efforce à garder une attitude neutre, due à son rang. Lyn se retient de pleurer. Rajik est déboussolé par les propos de celui qui lui a tout appris sur la maîtrise de l'énergie neutre.

« Bien, Fraya, à votre tour. »

Les mots de l'homme qui voulait tant la sauver de son oppresseur l'ont profondément touché. Afin de retenir le torrent de larmes qui l'attaque, elle s'exerce à quelques expirations.

« Kenshiro, je ne pensais pas trouver l'amour un jour. Encore aujourd'hui, je ne le réalise pas tout à fait. En tant que future vénérable, l'espoir de créer moi-même une famille était complètement écartée. Seul le Kiyuza le plus prometteur m'aurait été assigné contre ma volonté. Rien que pour tout ça, je te remercie. Ensuite, malgré ce que j'abrite en moi, je me sens repentie, nouvelle et prête à entamer une autre période importante de ma vie. »

Pour tous ceux qui ont eu affaire à elle lorsque Fumiaki pilotait son corps, le simple fait de connaître un peu son histoire par rapport à ce qu'elle raconte amène une certaine empathie. Ses paroles persuadent une partie de ses détracteurs.

« Kenshiro... Je te veux. »

Une phrase si simple qui frappe en plein cœur de la Shirenai affiliée au feu.

« Bien. Vous pouvez, comme le stipule la coutume, prendre le cœur de l'autre. » affirme Tencubo.

Sans plus attendre, Kenshiro retire la rose de Fraya, vice versa pour sa promise, avant de les mettre dans le bol en même temps.

« Je vous déclare... »

Le maître-conseiller sort son arme, l'embrase et envoie la flamme dans le bol, brûlant ainsi les deux fleurs.

« Mari et femme ! »

Les concernés, qui attendaient ça depuis un bon moment, s'embrassent.Le public applaudit afin de traduire pleinement le bonheur que procure ce genre d'événements assez rares. Lyn ne peut s'empêcher de pleurer. Rajik, affecté par son émotion, la prend doucement contre lui, ce qui la calme.Ils se prennent la main et partent. Tout le monde les suit lentement du regard, attendri par le sentiment qui les anime.Pendant ce temps, sur la côte Ouest du Continent central, Renko s'aperçoit qu'il n'y a aucun chemin visible pour se rendre dans le domaine sacré du peuple auquel il appartient désormais.

« Y a rien !... Merde !... J'y vais comment moi ? »

Soudain, une barque venant du large vient s'amarrer. Intrigué, le Kiyuza s'en approche. Sur celle-ci, se trouvent quatre personnes portant avec elles un gros sac d'armes.

« Hé ! »

Remarquant qu'il porte une arme, signe évident qu'il est un Shirenai, elles activent leurs petites auras grises.

« Je suis de votre côté ! Je suis là pour vous demander un service !

- Pourquoi on devrait te croire ?

- Je... Je viens de la part de Daigaku et Aritsune ! »

Sa déclaration impose un silence glacial.Après une brève concertations, les marins mettent fin à leurs manifestations d'énergie.

« Qu'est-ce qu'ils vous ont demandé ?

- Pouvez-vous m'emmener à l'Ouest ?

- Vraiment ? Dans ce cas, pourquoi ne sont-ils pas avec vous pour que vous puissiez aller là-bas ? D'ailleurs, où sont-ils ? Nous n'avons plus de nouvelles de leur part depuis longtemps.

- Ils... Ils ont été tués. »

Une telle affirmation les laisse bouches bées. Tués ? Comment ? Par qui ? Pourquoi ? Impossible que des hommes comme eux, de véritables prodiges, ont pu se faire prendre. Aussitôt, un fort doute s'installe chez les interlocuteurs de Renko.

« C'est eux qui m'ont indiqué d'aller là-bas avant de nous quitter.

- Pourquoi ils ont demandé ça à un Shirenai ?

- Je n'en suis plus un ! Je vous l'assure ! Je suis, et j'ai toujours été, un Kiyuza ! »

La fin de la phrase enclenche un rire nerveux chez les marins. Leur attitude irrite progressivement l'épéiste.

« Elle est bien bonne celle-là ! Allez... Prouve-nous que tu es l'un des nôtres... Un manieur de ki avec une arme... On aura tout entendu !

- Comme vous le voulez ! »

Tout d'abord, il active son aura grise. Loin d'être suffisant pour ceux qui l'observent bien sur. N'importe qui s'étant éveillé sans le vouloir ou non à l'énergie neutre, avec un peu de pratique, peut réaliser une chose aussi basique. Déjà convaincus qu'ils ont affaire à un affabulateur, les marins s'apprêtent à quitter leur embarcation et à rendre concrète la raison de leur présence sur une terre où, pourtant, ils sont sensés ne pas se rendre. Soudain, la lame de Renko se met à briller.

« Gibar Ki ! »

D'un coup descendant, comme s'il voulait abattre quelqu'un, il fend la falaise derrière lui en deux. Mouvement tellement brutal qu'il met fin aux mouvements de ses spectateurs.

« Alors ?

- Tout le monde peut le faire.

- Quoi ?! Mais il vous faut quoi ?!

- Nous avons autrefois accueilli un Shirenai de foudre sachant maîtriser le ki. Il prétendait totalement délaissé son exploitation d'élément. Résultat ? Il a eu accès à pas mal de nos connaissances. Il nous a pillé. Plus jamais nous ne ferons confiance à un étranger. Donc, passe ton chemin, saleté de menteur. »

Avec tout ce que vient de raconter son interlocuteur, Renko en déduit tout de suite qu'il parle de Kenshiro. Encore lui... Parmi les autres marins, l'un d'eux sent une certaine sincérité chez l'épéiste.

« Tu sembles si convaincu... Si ce que tu prétends est vrai, il n'y a qu'un moyen pour le savoir. »

Sur sa paume droite, apparaît le même dessin apparu chez Fraya et Rajik, la spirale en moins. La vibration qui l'accompagne perturbe si aisément le prétendu Kiyuza armé que, lorsque l'auteur le jette en plein sur le haut de son torse, il n'est pas capable de l'esquiver. Son aura s'extrait de son corps. C'est là que, après un décalque, l'élément manquant de l'ensemble spirale manquante de l'ensemble s'ajoute, à la grande surprise du lanceur et de ses compagnons de voyage. La lame de Renko cesse de briller. Intrigués par le phénomène qui vient de se produire, les marins se parlent, en murmurant. Le dernier disciple d'Aritsune et de Daigaku se rend compte de ce qui se trouve sur lui. De toute évidence, ceci ne ressemble en rien à un sceau. Après une concertation certes plutôt courte mais intense, les quatre hommes se tournent vers lui.

« Venez. »

Sur le moment, ce changement d'avis surprend grandement l'épéiste, toujours dans l'incompréhension totale sur ce qu'il vient de subir.

« Vous êtes un Kiyuza. Vous pouvez monter.

- Oh merci ! Merci beaucoup ! »

Trop excité par cette acceptation, il monte à bord. La joie calmée, il remarque le sac.

« C'est quoi ça ?

- La livraison classique d'armes commandée par le centre afin d'approvisionner le corps armé. Tu peux y jeter un œil. »

Après l'avoir ouvert, il en sort une épée. Aussitôt, il sent une forte concentration de ki à l'intérieur. C'est certainement ça qui empêchait les candidats de déployer trop d'énergie. Un contrôle subtile. Pourquoi ? Quel est le lien avec les énergies nocives comme lui l'a répété le lieutenant Taimudo ? Une fois la barque remise à l'eau, deux des quatre hommes commencent à ramer.

« Il faut combien de temps pour atteindre le Continent de l'Ouest ?

- Tout dépend de la mer, jeune homme. Il faut faire avec.

- Vous n'utilisez pas le ki pour aller plus vite ?

- Jeune Kiyuza, tu vas vite comprendre à qui tu auras affaire. Les règles que tu as connu ne s'appliquent pas chez nous.

- Vous n'avez pas répondu à ma question !

- Jeune Kiyuza, sois déjà reconnaissant de notre geste. Ce que nous faisons pour toi nous vaudrait en temps normal la peine capitale. Alors ne pose pas plus de questions que ça.

- Il faut savoir donner du temps aux bonnes choses aux bons moments. Ce que nous pourrons prendre ici ne nous appartient pas. Alors, laisse-toi embarquer. Tout ira bien. » ajoute un autre.

Refroidi par ces mots, lui et l'équipage s'éloignent de plus en plus de la côte. Afin d'oublier vite ce vif échange, le passager laisse aller ses yeux vers le rivage qui s'efface de plus en plus, les tripes serrés par la haine bouillonnante et l'envie envahissante de respecter les dernières paroles des plus puissantes représentants du peuple auquel désormais il appartient.