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Chapter 117 - Arc 6 – Épisode 21 : En Danger.

Alors que Rai ne comprend toujours pas le cas Fraya, pendant ce temps, au bureau du maître-conseiller, Tencubo et Shiki sont à la fenêtre, constatant l'agitation inhabituelle du quartier général. Ils peuvent notamment voir le mercenaire Calibak en plein travail qui, suivant les suspicions du Shirenai affilié au feu et du vice-conseiller, prépare les soldats à une éventuelle offensive.

« Pourquoi vous n'iriez pas attaquer les ruines directement si vous savez qu'ils vont les utiliser ? demande le Négociant à l'être le plus influent de Kigen.

- Sans une personne de la trempe de Kenshiro ou Rai, non. Nous prendrions alors un trop gros risque. Peut-être même que nos ennemis ont pris les mesures nécessaires. Ces hommes sont très loin d'être bêtes.

- Oh ça, c'est bien vrai. Pour en avoir fait les frais avec mon ami, tout de suite on a su qu'il y avait anguille sous roche.

- Vous pouvez m'en dire plus ? »

Quelques années en arrière, lorsque lui et la foudre la plus rapide du Continent Central étaient encore frères d'armes, un jour, ils furent convoqués dans la salle du Jugement pour une raison qu'ils ignoraient totalement.

« Patrouilleur Shiki, patrouilleur Kenshiro. amorce Aritsune.

- Félicitations, vous avez effectués vos 500 patrouilles. Vos développements énergétiques dépassent la moyenne, et de loin. Vous possédez les compétences requises pour accéder au titre de mercenaire. Vous pouvez, dès à présent, obtenir des armes plus adaptées. » complète Daigaku.

Le dernier terme employé par le conseiller de l'époque intrigue plus particulièrement le futur Négociant. Que veulent-ils dire par là ? C'est alors que deux gardes, avec des habits plus proches d'un Kiyuza que d'un Shirenai classiques, apportent deux armes spécifiques : un katana pour Kenshiro et une épée orientale inversée pour Shiki, presque similaires à celles qu'ils portaient déjà. Sur le moment, une telle avance les étonne.

« Vous êtes si peu à gagner cette distinction. Nous aurons besoin d'individus comme vous à l'avenir pour assurer la solidité de notre si cher équilibre énergétique. En êtes-vous ?

- Absolument. répond immédiatement Kenshiro.

- Retirez vos lames actuelles qui sont, dès maintenant, bien obsolètes. » ordonne Aritsune.

Le manieur de foudre, les yeux remplis de joie par sa montée en grade, obéit sans discuter, contrairement à l'affilié à l'eau dont le regard est focalisé sur ce qu'on lui tend. Son ami se saisit de son nouveau katana et le range.

« Patrouilleur Shiki ? Qu'attendez-vous ? »

Il prend délicatement son nouvel outil de travail sans pour autant lâcher l'ancien. C'est alors qu'il remarque une lueur bleue, que lui seul peut voir grâce aux aptitudes poussées qu'il a développé, plus manifeste que celle émise par ce qu'on lui propose.

« Que faîtes-vous ? Vous refusez l'offre que nous vous tendons ? » interroge Daigaku.

Surtout ne pas montrer signe d'inquiétude. Même Kenshiro se demande ce qu'il se passe avec lui. Le futur Négociant range sa nouvelle épée tout en cédant l'autre à contre cœur. Les conseillers, curieux par son comportement étrange, s'échangent un bref regard. Plus tard, dans un couloir, les deux Shirenais fraîchement nommés marchent côte à côte.

« Tu te rends compte ? Nous sommes des mercenaires maintenant ! C'est vraiment bien ! Nous sommes devenus si puissants ensemble. Nous pouvons mieux protéger nos valeurs et notre monde. Et lorsqu'il sera temps pour eux de céder leurs places, nous pourrons les succéder. » avance le sabreur, tout joyeux.

Sans prévenir, son ami détache sa nouvelle épée, la regarde encore quelques secondes pour être absolument convaincu de son analyse et la jette violemment, sous les yeux médusés de l'affilié à la foudre.

« Qu'est-ce que tu fais ?!

- Désolé mon ami, mais nos chemins se séparent là. Je n'ai pas fait tout ça pour ça.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Grâce à notre découverte, nous avons un atout majeur !... Attends, n'aurais-tu pas découvert un truc ?

- Je ne peux rien t'avouer pour le moment. Je sais. Tu vas tout faire pour me forcer à cracher le morceau. Mais sache que, depuis peu, je travaille sur un tout autre projet. J'ai vu jusqu'où je pouvais aller en évoluant ici. Ça me suffit. Un conseil : méfie-toi. »

Sur ces mots d'une froideur plutôt inhabituelle de sa part, Shiki partit pour devenir indépendant, laissant ainsi son ami aux griffes du sort qu'il l'attendait quelques temps plus tard. Après avoir raconté cette histoire au maître-conseiller actuel, le Négociant se retient de craquer. La culpabilité qui découle de cette décision l'affecte encore.

« Comme il semble qu'ils aient réussi à monter une armée, nous devons bâtir la nôtre aussi. Bien que ça me contrarie de devoir affronter des populations dont nous étions chargés de protéger. avoue Tencubo.

- En temps de guerre, aucun sentiment ne doit s'imposer. Sinon, il pourrait coûter cher.

- Je sais… Je sais... Et en même temps, ce sera la première fois pour moi d'avoir affaire à ce genre de situations.

- Il faut un début à tout. Et puis, tu n'es pas le seul à être dans cet état. »

L'attitude de Calibak vient confirmer ces propos. Ce dernier continue l'inspection des patrouilles revenues de leurs tournées respectives.

« Bon, d'après ce que je vois, tout le monde est là. Vos lames sont affinées ?

- Affirmatif mercenaire Botoru ! répondent simultanément avec ferveur les soldats Shirenais.

- Bien... Et vous mes confrères ? »

Aucun Zigrik ne répond. Certains Shirenais, notamment les plus anciens, point concernés par le dispositif de mixité qui ne s'adressait qu'aux nouveaux, se retiennent de rire, vu ce qu'ils portent en guise d'armes.

« Quoi ? D'accord. Nous n'avons pas le luxe de posséder la même chose que vous mais nos outils sont tous aussi efficaces !... Mes chers amis, n'ayez pas peur ! Soyez fiers ! Prouvez que vous existez !

- Vous ne demandez pas si nous avons nos sceaux ? s'interroge une femme parmi eux.

- Ah ça, je pense que le vice-conseiller Yoru devait vous le demander, non ? En ce qui me concerne, je préfère mettre en avant mes inventions ! »

L'ancien Kiyuza dévoile son arsenal, constitué d'étranges sphères, cylindres et cônes fabriqués à base de pierres et/ou de bois, sur lesquels sont gravés des symboles ou des inscriptions, placés un peu partout sur son corps, clouant le bec à la plupart des plus sceptiques. Leur réaction le comble de bonheur. Jamais au sein des siens il n'aurait pu élaborer tout ça.

« Vous êtes tous prêts ? Parfait. Attendons les ordres du maître conseiller. » affirme-t-il avec une pointe de fierté, tout en tournant la tête vers les fenêtres de son bureau.

Tencubo, content que son armée se forme plutôt vite, espère du plus profond de son cœur que Rai reviendra rapidement. Pendant ce temps, aux fameuses ruines occupées depuis un bon moment par ses prédécesseurs, le lieutenant Kiyuza Taimudo, accompagné par son unité de soldats, patiente en leur compagnie. Sa collègue Chiyumi finit enfin par les rejoindre avec les siens.

« Désolée. Je n'arrive pas trop tard ?

- Non, nous n'attendions que toi. » rassure Daigaku.

Les Izniens aperçoivent pour la première le haut si soigneusement garder par leurs supérieurs hiérarchiques.

« C'est quoi cet endroit ?

- Ceci est notre lieu saint. Berceau de la culture ancestrale du ki. Les restes du tout premier temple construit par nos ancêtres. Nous l'avons rebaptisé au nom du plus illustre des vénérables qui nous guida : Ki-Ramen. Autrement nommé par les profanes le troisième artefact. explique Daigaku.

- Artefact ? Comme dans la légende ? demande une Iznienne.

- Exact. Et, avec vous désormais parmi nous, l'armée de Faironne est opérationnelle.

- Maîtres, sauf votre respect, vous ignorez si notre arme est prête ?

- Lieutenant Taimudo, insinuerais-tu que nous sommes incompétents ?

- Non non ! Juste que […] »

Il n'a point le temps de terminer sa phrase qu'Aritsune apparaît juste en face de lui. Les unités Bral et Izna sont choqués. Même Chiyumi n'a pas vu le déplacement de son supérieur.

« Réitères-tu tes propos ? »

Son mutisme suffit amplement pour que l'ancien conseiller finisse par revenir auprès de son collègue.

« Afin de satisfaire quelconque curiosité un peu trop débordante, il faudrait effectuer un test. Nous ne pouvons nous permettre de lancer l'assaut si la neutralisation ne fonctionne pas. Le temple renferme une quantité phénoménale de ki. La maîtriser demande une concentration poussée. Mais rassurez-vous, défendeurs de Faironne, nous y parviendrons.

- Et comment allez-vous tester notre arme, général ? demande prudemment la lieutenant.

- N'ayez aucune inquiétude... Nous avons une idée. Cela va être terriblement intéressant. » répond Daigaku.

En même temps, dans l'atelier du vice-conseiller. Lyn et Kenshiro sont allongés sur le dos au milieu de la pièce, toujours inconscients.

« Tu peux faire quelque chose ? insiste Rajik, inquiet de l'état de son mentor et de la gardienne du Kirioku.

- Laisse-moi voir. »

Comme s'il les scannait, Yoru passe une première fois les mains au-dessus de leurs corps afin de constituer une première analyse. Un second passage lui permet d'affiner les résultats. Il s'occupe tout d'abord de Lyn.

« Sa température interne est redevenue normale. Son flux sanguin et énergétique aussi. Elle ne devrait pas tarder à se réveiller. » affirme-t-il.

Le Kiyuza se sent en partie soulagé. Vient maintenant le tour de celui qui fut son mentor. Le spécialiste de la manipulation de la glace s'arrête à l'avant du cou.

« Je ressens une légère trace d'énergie noire ici.

- Quoi ? Attends, tu veux dire que […]

- Tu as tout compris. Elle a dû taper très nettement à cet endroit, rompant ainsi sa circulation énergétique. Ce qui l'a assommé sur le champ. Les Shirenais de foudre sont fortement sensibles aux variations énergétiques. Il suffit de frapper avec suffisamment de puissance à cet endroit pour les mettre dans cet état. A part ça, leurs circulations énergétiques semblent normales. Même pour Kenshiro. Mais... 

- Quoi ?

- Ils restent inconscients. Comme s'il y avait une désynchronisation entre leurs corps, leurs énergies et leurs âmes.

- Tu peux les ramener ? Dis-moi oui je t'en prie. »

Pendant un instant, son ami ne lui délivre aucune réponse, l'esprit ruminant sur la faisabilité de plusieurs méthodes. Les quelques secondes de silence paraissent une éternité insupportable pour Rajik.

« Même un transfert standard ne pourrait fonctionner... La preuve avec Lyn. »

Une telle affirmation le déçoit beaucoup. N'y aurait-il donc aucun moyen de les sauver ? Constatant la tristesse immense qui décore le visage de son ami, le vice-conseiller se dirige vers son grimoire d'un pas ferme. Après tout, il en doit une à cet homme. Sans lui, il n'aurait jamais pu atteindre un tel niveau. Il faut bien lui rendre la pareille d'une façon ou d'une autre. Rajik le suit. Yoru commence à feuilleter.

« Non... Non... Pas ça… Ni ça…

- Tu crois qu'il y a un truc là-dedans qui pourrait nous aider ?

- Laisse-moi me concentrer. L'héritage du grand Kigzir ne provient pas que de lui. A l'intérieur sont accumulées toutes les connaissances des Zigriks depuis des générations. Chacun apportant sa pierre à l'édifice. Crois-moi, j'y ajouterai également mes découvertes. »

Pendant ce temps-là, au lieu de rassemblement de toutes les unités Kiyuzas, Daigaku sort trois parchemins et les donne à son collègue. Leurs subalternes, grâce à l'enseignement qu'ils ont reçu, contrairement à leurs propres soldats, savent de quoi il s'agit exactement : des sceaux de téléportation.

« Maîtres, pardonnez ma curiosité pouvant paraître à vos yeux un poil trop dévorante mais… En quoi vont-ils nous servir ? demande Taimudo.

- L'unique moyen de vérifier si notre arme fonctionne est de la tester sur un exploiteur des éléments directement ! » déclare sans sourciller Daigaku.

Face à cette fracassante affirmation, tous les subordonnés sont décontenancés. Même parmi les villageois qui ont rejoint le mouvement, certains craignent le pire.

« Ne nous dîtes pas que vous comptez en amener un ici ? s'inquiète Chiyumi après avoir remarqué l'attitude de quelques-uns des siens.

- Parfaitement ! appuie allégrement Aritsune.

- Quoi ? Mais vous êtes […] »

A peine cette phrase prononcée que l'ancien conseiller qui vient de confirmer de vive voix le moyen de parvenir à leurs fins apparaît devant Taimudo. Pourtant, malgré le talent qu'il a développé grâce à eux, encore une fois, il n'a rien vu du déplacement brusque de ce dernier. Lui, sa collègue, leurs hommes et femmes, sont presque pétrifiés de terreur vu la démonstration de puissance colossale que ça sous-entend.

« Nous commençons sérieusement à douter de ta force d'esprit, lieutenant. 

- Maîtres, où comptez-vous en trouver ? Vous allez en cueillir directement chez eux ? » suggère Chiyumi.

Un simple échange de regard lui permet de deviner sa réponse. Aussitôt, une incompréhension totale domine ses pensées.

« Aucun commentaire supplémentaire ne sera toléré ! ajoute Daigaku.

- Je sais où me servir. Je les sens. »

Le supérieur Kiyuza ferme les yeux, entamant ainsi une courte mais intense phase de concentration pour localiser ses proies. Les chefs des armées de Bral et Izna sont interloqués et stupéfaits qu'à cette distance ils puissent les percevoir aussi facilement qu'une brise qui caresserait leurs joues. On dirait un jeu d'enfant pour eux ! Décidément, la maîtrise du ki qu'ils ont si ardemment atteint, arrivée à un certain niveau, leur paraît sans limites.

« A tout de suite ! »

Le sceau sur l'un des parchemins déployés s'active.

« Téliponyon ! »

Aritsune disparaît en un instant. Les soldats recrutés et formés par Taimudo et Chiyumi ne peuvent qu'être subjugués par le phénomène qui vient de se produire sous leurs yeux ébahis. Quelques secondes à peine plus tard, il est téléporté directement dans l'atelier de Yoru. Avec la présence d'un autre Kiyuza dans les parages, il prend soin de camoufler sa présence grâce à un autre sceau qu'il porte sur lui. Le vice-conseiller n'a pas lâché sa recherche ? Rajik s'endormirait presque. Quand, tout à coup, Yoru s'arrête sur une double page sur laquelle quatre cercles, coloriés selon les teintes identifiants les quatre éléments dominants du monde de Faironne, placés de manière stratégique afin de former comme une sorte de boussole.

« Les quatre portes cardinales... Quatre failles menant à la Chambre Elémentaire. Lieu où sont localisés les quatre éléments en personne... Lieu impalpable et indétectable pour nous. » lit-il à haute voix.

Malgré le bois un peu craquant servant de sol, l'intrus parvient à s'approcher délicatement de ses proies.

« Tu crois que Rai y est ?

- Comme personne ne l'a recensé sur aucun continent ou n'a détecté son énergie, il est hautement probable que oui. Dans ce cas, s'il revient, j'exigerai qu'il m'explique comment il a pu les emprunter. Ce serait une note importante à ajouter dans mon grimoire ! »

Aritsune pose doucement deux des trois sceaux présentés à l'armée Kiyuza sur Lyn et Kenshiro. Tout est prêt.

« Il pourrait faire revenir nos amis !

- Possible. Nous ignorons encore toutes les capacités que lui octroie l'énergie de l'Hoshaku. Du moins, d'après les observations que j'ai mené sur lui durant toutes nos batailles, en toute logique, il en serait tout à fait capable.

- Autant faudrait-il que vos amis soient avec vous pour le faire ! » s'exclame l'ancien conseiller.

Les deux premiers compagnons de voyage de Rai se retournent et découvrent ainsi celui qui s'est permis de pénétrer dans cette demeure sans la permission du Zigrik.

« Qui êtes-vous ? » demande avec incrédulité Rajik.

Yoru, en scrutant avec grande attention le flux qu'il perçoit à travers lui, finit par le reconnaître.

« Il était avec Kenshiro pour neutraliser le Kirioku et ouvrir la faille ! »

C'est alors que celui qui met à profit ses talents pour le combat au corps-à-corps en tant que chasseur découvre avec stupeur, sans, encore une fois, comprendre de quoi il s'agit, les parchemins posés sur ses amis.

« C'est quoi ça ?

- Ce sont des sceaux de téléportation !

- En effet. Je suis désolé de détruire vos espérances mais j'ai besoin de vos complices. Merci pour l'emprunt !

- Je ne te laisserai pas faire ! vocifère Rajik tout en concentrant du ki dans ses jambes.

- Non ! Ne fais pas ça ! Tu vas détruire ma […]

- Zéréyon ! »

D'un seul coup, il bondit vers l'intrus, soulevant sur son court passage documents et autres accessoires d'analyse primordiaux pour les expériences du vice-conseiller.

« Téliponyon ! »

Soudain, Aritsune disparaît instantanément tout en emportant précieusement ses proies. Le Kiyuza restant s'arrête pile à quelques centimètres d'un mur, frôlant ainsi la destruction du précieux repère de son ami.

« Il a... Disparu... Non ! Il a pris ma Lyn et Kenshi ! »

L'emploi du pronom possessif 'ma' dans l'interjection de son ancien partenaire de voyage capte l'attention de Yoru même pas deux secondes avant qu'un détail important ne vienne percuter sa réflexion.

« Rajik, confirme-moi quelque chose, tu ne l'as pas senti entrer ici ?

- Non...

- Voilà qui est ennuyeux. Il a camouflé son odeur. J'ignore si son action a été motivée à cause du différent autrefois passé entre lui et Kenshiro mais ça n'annonce rien de bon.

- Qu'est-ce qu'on fait ?

- Nous devons alerter Rai de toute urgence. Je vais alerter Tencubo de leur enlèvement. Toi, vas voir aux ruines. S'ils y sont, tu reviens illico nous le confirmer.

- Compris ! »

Sans plus attendre, Rajik part à vive allure tout en détruisant la porte d'entrée, sous les yeux témoignant la fatigue qu'éprouve parfois Yoru vis-à-vis de son comportement beaucoup trop brutal pour lui. Quelques secondes plus tard, Aritsune réapparaît avec les deux Shirenais, toujours inconscients. Lorsque Taimudo et Chiyumi s'en aperçoivent, ils n'en reviennent pas.

« Regardez ! Deux Shirenais ! » s'exclame un habitant de Bral.

Parmi les deux unités militaires sous le commandement des deux subalternes, ça discute. Que viennent-ils faire dans le déroulé des opérations prévues ? Est-ce raisonnable d'aller jusque-là ?

« Mais... Ils sont endormis ? Et je le reconnais celui-là ! Nous l'avons affronté devant le village. affirme Taimudo.

- Oui ! C'est lui !

- Venez me les tenir ! Lieutenant Chiyumi, attache-les !

- Oui maître. Izniens ! Action ! »

Quatre villageois volontaires viennent maintenir les deux Shirenais. Leur cheffe fait surgir ses fameux fils de ki. Ses soldats les plaquent contre deux arbres. Puis, grâce à ce qui lui sert habituellement d'arme, elle attache d'abord Lyn.

« Serre bien. Il faut que ça soit solide pour me faire gagner du temps. Enclencher seul les ruines est compliqué. » précise Aritsune

En regardant son doux visage, elle ne peut s'empêcher de ressentir un peu de pitié. Cependant, le souvenir de la destruction de son village par la patrouille dont Lyn avait la charge efface rapidement ce sentiment. Chiyumi se dirige vers Kenshiro et l'attache à son tour.

« Il a son charme lui.

- Lieutenant Chiyumi ! Dépêchez-vous ! » ordonne Daigaku.

De peur qu'elle ne reçoive une sanction, elle se presse. Une fois les Shirenais solidement attachés, les soldats volontaires s'écartent. Aritsune se dirige vers les ruines, suivi de prêt par son collègue. Taimudo, un peu sceptique par le système emprisonnant les futures victimes, tente d'arracher un fil.

« Oh ! N'y touche pas ! A moins que tu veuilles que tes doigts finissent en charpie !

- Comment le don de Faironne peut-être matérialisé de cette façon ?

- Arrête de te poser des questions et écarte toi de là tout de suite ! Si tu continues à remettre en doute mon talent, on peut régler ça tout de suite !

- Du calme ! Nous allons arriver au moment de vérité. Nous allons savoir si le ki régnera en maître, si Faironne reprendra ses droits. Remettez-vous en place ! » recadre sèchement Daigaku.

Tous les deux obéissent sagement, se permettant quelques regards d'intimidation au passage, et se placent devant leurs unités respectives.

« Mes chers frères d'énergie, mes chères sœurs d'énergie, nous sommes ici aujourd'hui pour marquer l'Histoire ! Deux cents ans plus tôt, malgré le respect que nous lui portons, le grand Ki-Ramen n'était pas allé jusqu'au bout ! Il est grand temps, pour la bonne tenue du monde légué par notre chère Faironne, de corriger cette erreur ! » entame Aritsune en tendant ses bras vers les restes du temple.

Sur ce dernier, une faible lueur grise apparaît.

« Dans peu de temps, ceux qui se prétendaient être au-dessus de tout vont payer ! Aujourd'hui, la première marche vers votre avenir va être franchie ! Plus jamais vous ne les subirez ! Que Faironne nous regarde et nous bénisse ! Que les complices de l'Interdit soient punis ! » complète Daigaku.

Tout juste après ses mots, un son discontinu, un souffle, vient s'ajouter au phénomène en cours. Un spectacle émerveillant tous les participants et réjouissant les instigateurs. Un évènement malheureusement imperceptible pour Kigen et ses membres, Rai ou les éléments eux-mêmes. Lyn et Kenshiro, toujours inconscients, ne peuvent témoigner pour leurs homologues. Le pire, encore inconnu à ce stade, semble inévitable pour eux. Quel terrible sort leur réserve-t-il ?