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Chapter 102 - Arc 6 – Épisode 6 : De Vieilles Connaissances.

Continent du Nord, Rai, portant une sorte de manteau de fourrure , progresse à travers une forêt principalement peuplée de conifères, enneigée et parsemée de quelques rochers. Son visage est en partie masqué. Avec un froid pareil, Yoru apprécierait cet endroit. Son élément n'en serait que renforcé. Point sûr si Rajik supporterait de tels conditions. Encore moins les Shirenais de feu. Heureusement pour lui, le peuple de l'Est lui a confectionné l'épaisse protection qui le couvre. Soudain, une sorte de kunai le frôle.

« Qui est là ?! »

Avec une grande réactivité, amplifiée par les capacités octroyés par l'Hoshaku, il évite tous les autres assauts. Vient ensuite une phase passive. Ce qui l'étonne le plus est l'absence d'un quelconque signal. Vu le nombre de tirs esquivés, il en déduit qu'il y a plusieurs attaquants. Hypothèse vite confirmée avec une autre salve composée cette fois-ci de sorte de shurikens à trois branches, évités grâce à un déplacement quasi-instantané.

« Maintenant ! » crie un homme situé non-loin de lui.

Deux guerriers, armés de katanas presque identiques à celui qu'il possédait, grosses écharpes de fourrure autour du cou, idem pour les brassards, les tibias et sur le torse, poches en cuir autour de la ceinture ou sur les cuisses, l'attaquent dans le dos. Rai pare chacune de leurs tentatives avec ses avant-bras. Un troisième se dévoile derrière lui et le vise de la pointe de son arme.

« Firaizer ! »

Le sauveur de Faironne attrape avec sa main gauche un éclair fin et vif et l'éclate aisément.Cette manœuvre étonne tous les assaillants qui arrêtent instantanément la poursuite de leur assaut.

« Qui êtes-vous ? »

Reconnaissant de qui il s'agit, dans un premier moment, ils n'osent pas y croire. Puis, ils rangent leurs armes.

« Yuko ? Pourquoi es-tu là ?

- Repars ! Traître !

- Vous semblez me connaître. Je ne sais pas ce que je vous ai fait. Expliquez-moi. exige-t-il de savoir, étonné de la manière dont ils le nomment.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu nous parles comme si nous étions des étrangers. Tu ne nous reconnais pas ?

- Tu ne devais plus revenir. Tu as trahi tout le monde.

 - Je viens ici à la recherche de mes origines. »

Son aveu choque ses interlocuteurs. Il plaisante là ? Son attitude les déconcerte. Les trois guerriers se regardent un instant. Rai lève les mains en l'air.

« Je sais que ça peut paraître invraisemblable mais c'est la stricte vérité. Je ne vous ferai rien. Vous pouvez me croire. Bloquez-moi les mains si vous le souhaitez. Je n'opposerai aucune résistance. »

Beaucoup trop étrange. De plus, aucun des trois n'est capable de percevoir quoique ce soit concernant sa foudre. Aurait-elle disparue ? Si oui, serait-ce ça la source principale de son changement ? Trop de questions méritant des réponses.

« Bon... C'est d'accord. Suis-nous. Mais si tu mens, nous t'exécuterons sur le champ. »

Bien sur que cette phrase n'est là que pour décorer. Vu sa prestation contre eux, ils ne pourront pas le tuer même en y allant à fond. Plus tard, tous les quatre arrivent devant une épaisse et haute muraille médiévale. L'entrée de la cité Shirenai du Continent du Nord : Kiso. Quand il la découvre, Rai est ébahi. Voilà peut-être le lieu de sa naissance. Les trois guerriers sortent leurs katanas. L'un d'eux embrase le sien, le second l'électrise et le dernier l'allonge. Ils se propulsent tous en même temps, en projetant leurs éléments au sol afin d'arriver de l'autre côté.

« S'il a perdu la mémoire comme il le dit, il n'y arrivera pas.

- Et s'il le fait, ça veut dire qu'il a menti. »

Contrairement à ce qu'ils espéraient, via une lumière blanche traversant ses pupilles, Rai disparaît.

« Je n'en reviens pas qu'il a osé remettre les pieds ici. Qu'il entre ! Il a beau avoir été le meilleur d'entre nous. Il est impuissant si on s'y met tous. »

En arrière-plan ,des habitants semblent surpris. Deux des guerriers se retournent et découvrent avec stupeur que Rai se trouve derrière eux. Le troisième, plus proche de la muraille, ne l'a absolument pas remarqué.

« Quoi ? J'ai raison, non ? »

Sans retour de la part de ses frères d'armes, il se retourne et, lorsqu'il s'en rend compte à son tour, il recule.

« Comment... T'as fait ça ? »

D'autres guerriers présents parmi les habitants, effrayés, sortent leurs armes et s'approchent. Ce qu'il vient de réaliser n'est absolument pas normal. Le porteur de l'Hoshaku ressent leur peur. Pourtant, ce n'est pas de lui dont ils devraient être inquiets. Des habitants, l'ayant reconnu, commencent à discuter entre eux. Certains prennent des cailloux et les jettent sur lui. Étonné, il ne fait que les éviter.

« Qu'est-ce que vous avez contre moi ? Je ne vous veux aucun mal ! Je ne vous ferai rien ! Je le jure au nom de Faironne !

- Si tu veux savoir pourquoi nous t'en voulons Yuko, très bien, je vais te le dire. »

Ses deux collègues, étonnés, veulent lui faire comprendre par un simple geste de ne rien avouer. Cependant, quelques preuves de sa sincérité commencent à s'empiler.

« Avant... Tu étais la fierté de notre clan. »

Un souvenir : un combat d'entraînement entre eux plus jeunes, à un contre trois. Il les pare avec un katana différent de celui qu'il possédera sans difficulté pendant quelques secondes, active son aura et électrise sa lame.

« Onbéklaraï ! »

Il les balaye grâce à plusieurs éclairs envoyés en même temps.

« Le plus puissant d'entre nous et de loin. » continue-t-il à commenter.

Plus tard, Rai alias Yuko se trouve devant le chef. Ce dernier lui remet des vêtements fortement ressemblants à ceux des mercenaires de Kigen et lui attache un blason sur le bras gauche.

« Tu as été désigné pour être envoyé dans le Continent Central afin de devenir le tout premier mercenaire issu de Kiso depuis deux cents ans.

- Mais l'acte que tu as commis là-bas nous a été parvenu.

- Tu nous as déshonoré. »

Une fois ce souvenir passé, un profond silence s'installe. Enfin il obtient la confirmation de l'histoire qui avait été contée à son sujet. Cette vérité aussi flagrante que cinglante provoque un tourbillon de sentiments en lui qui arriverait presque à émerger de l'énergie blanche sans qu'il ne le veuille.Pour prendre tout le monde à contre pied, il s'incline.

« Je respecte votre sentiment. Je tiens à vous faire part de mes plus pleines excuses. Je suis ici pour connaître ma vie d'avant. J'implore votre pardon. Quelle que soit votre décision, je la respecterai à la lettre.

- Voilà des paroles trop sensées provenant de toi. » affirme un autre homme dont la voix dénote son âge respectable.

Les habitants s'écartent. Tout le monde s'incline. Rai relève la tête. L'être à l'origine de cette phrase loin d'être anodine n'est d'autre que le chef. Il porte un épais manteau de fourrure, un casque orné de cornes et un fourreau orné d'or.

« Je ne m'attendais pas à ton retour. Même après ce qu'il s'est passé là-bas. Mais... Au vu des circonstances... Tu sembles sincère... Et surtout que, sans ton intervention, la situation aurait été plus catastrophique.

- Comment le savez-vous ?

- Je ne suis pas à la tête de Kiso pour rien. Ton combat fut rude et acharné. Contrairement à la majorité des âmes nobles vivant ici, décidément bien rancunières, je n'ignore pas l'enchaînement des récents événements. »

Certains d'entre eux se sentent particulièrement blessés par sa remarque. Leur supérieur leur fait signe de se relever en même temps que les autres.

« Moi, Chozaburo, chef de Kiso, rétablis ta situation sociale. Tu es pardonné de tes actes passés. Tu es autorisé à venir vivre parmi nous une nouvelle fois. Peuple de Kiso, accueillez à bras ouverts votre sauveur ! Soyez de nouveau fiers de lui ! »

Bien que la décontenance reste la principale émotion parmi les guerriers actifs et les locaux, ils n'ont pas d'autre choix que de suivre sa parole.Tous, sauf Chozaburo et les trois assaillants, repartent effectuer leurs tâches quotidiennes. Rai se relève.

« Je n'aurais jamais cru de mon vivant avoir l'honneur d'approcher une légende. Allons discuter dans un meilleur cadre. Vous trois, veuillez me suivre s'il vous plaît. »

Plus tard, dans une salle ornée de trophées de chasse et d'armes, les cinq natifs s'installent au tour d'une table. Seul le supérieur hiérarchique, pour souligner encore plus son grade, se trouve en bout. Le porteur de l'Hoshaku ressent un bonheur immense au fond de lui. Enfin en présence de ceux qui l'ont connu depuis toujours.

« Tu avais une telle maîtrise de ton élément. Il me semble que personne d'autre que le fondateur de notre cité avait atteint un tel niveau. Nous t'admirions.

- Tu ne te souviens vraiment de rien ?

- Non... J'en suis profondément navré.

- C'est vraiment gênant. Je me demande bien quelle en est la cause. Si ça peut t'aider, je propose que nous nous présentons. Je m'appelle Akemi. Je suis affilié à l'élément du feu.

- Isas. La terre.

- Et moi Mabushi. La foudre.

- Lorsque ton potentiel fut révélé à ton initiation à la maîtrise des énergies, nous avons été désignés pour devenir tes partenaires d'entraînement jusqu'au jour où Kigen enverrait une demande spéciale. explique Akemi.

- J'aimerai savoir quelque chose... Je n'ai vu personne dans le Continent Central utiliser des armes comme celles que vous m'avez lancé. Si vous êtes aussi de vrais Shirenais, pourquoi ceux de Kigen n'en possèdent pas ?

- Il y a longtemps, via un accord passé avec le grand Densetsu, notre peuple devait en fournir. En contre partie, Kigen devait accepter, une fois tous les vingt cycles, de former le meilleur d'entre nous, le tester pour qu'il devienne mercenaire. Mais... Ça ne s'est jamais fait. lui avoue Chozaburo.

- Ah bon ? Pourquoi ? s'étonne Rai.

- C'est en partie pour ça que nous t'avions envoyé. Comme aucun retour de la part de Kigen ne nous parvenait, l'un de mes prédécesseurs décida d'arrêter les exportations.

- On a remarqué durant l'une de nos expéditions que les armes fournies par le Conseil limitaient les énergies au lieu de les développer. » ajoute Mabushi.

Rai fait aussitôt le lien avec la supposition soutenue par Kenshiro peu de temps avant son combat contre le Kirioku.

« Suite au triste conflit élémentaire survenu il y a plus de deux siècles, nos ancêtres ont émigrés ici et fondé Kiso. Depuis, nous tenons à ne plus être directement engagés avec tout ce qu'il peut se passer dans le Continent Central, surtout après notre découverte. Une véritable insulte envers notre artisanat. poursuit le chef.

- Pourtant avec ce savoir, ils seraient mieux préparés à faire face à des menaces comme l'énergie noire, non ? Imaginez les possibilités. »

Malgré la pertinence des propos de celui qui fut leur poulain, ses trois anciens partenaires de combat baissent la tête.

« Nous avons un autre point de vue sur la maîtrise des éléments. Désormais, nous l'utilisons que pour nous défendre. Ça ne changera jamais. » affirme avec un ton plus ferme son ancien supérieur hiérarchique.

L'argument avancé se tient totalement. Après tout, il faut les comprendre. Voilà pourquoi ils n'ont pas réagi au réveil du Kirioku ou à son retour de la faille. Dommage, les choses auraient sans doute tourner différemment. Peut-être même que Tetsuo serait encore en vie. Bien que la douleur reste encore bien présente dans son esprit, Rai préfère ne pas les tenir coupables de cette tragédie.

« Dis-nous, tu n'as pas réagi lorsque nous t'avons appelé. J'en déduis que tu as également oublié ton nom. Alors, comment as-tu pu survivre dans le connaître ? Ça n'a pas du être simple tous les jours. soulève Akemi.

- Tu as raison. Un ami m'a appelé Rai comme pour évoquer la foudre.

- Simpliste... Si tu y retournes, fais-toi appeler Yuko, comme avant. rétorque Isas, un peu moqueur sur l'affirmation de leur ancien poulain.

- Je ne sais pas... J'y réfléchirai... D'ailleurs, à ce propos, est-ce que vous savez quelque chose sur une femme qui s'appelait Endalia ?

- La tarée ?! Pourquoi en parles-tu ? s'offusque Akemi.

- Je l'ai croisée plusieurs fois au centre. Elle me disait avec insistance qu'elle était liée à moi. ajoute Rai en se remémorant quelques paroles que l'invocatrice avaient prononcé lors de l'embuscade tendue contre lui et ses amis.

- Et tu l'as cru ? »

Incapable de donner une réponse claire, Rai se sent mal à l'aise. Chozaburo semble connaître une triste vérité à son sujet. Cependant, préférant plutôt entretenir les retrouvailles entre celui qui fut le représentant de son peuple et ses formateurs, il ne la révèle pas tout de suite.

« Elle a toujours été comme ça. Elle était obnubilée par toi. Ne t'en fais pas. Rien n'a été signé entre vous. confirme Mabushi après un petit sourire trahissant la gêne engrangée par l'évocation de ce sujet.

- Vous saviez pour son appartenance au peuple Zigrik ? »

La question qu'il ne fallait pas entendre. Là, plus rien ne doit rester caché. En tant que chef, il doit honorer ses responsabilités.

« Oui. Nous avions su très tôt sa véritable nature. En conséquence, nous avons suivi à la lettre les principes du fondateur de notre cité : Hideaki. »

Cet illustre homme était vêtu comme un bushi avec, cependant, de la fourrure aux épaules, avant-bras et mollets. Une longue chevelure blonde attachée en queue de cheval. Il ressemblait fortement à Denki. Un morceau de tissu cachait en permanence la partie basse de son visage.

« L'un des trois alliés du grand Densetsu. Tu as sans doute vu sa statue dans notre cité. Hideaki, Teru et Meyumi sont les trois fondateurs des cités du Nord, Sud et Est. Ils ont combattu auprès de lui contre les Zigriks. Après les ravages que causaient l'utilisation des deux énergies noire et blanche, tous les trois decidèrent de le quitter et de préserver les survivants de leurs éléments respectifs vers trois des quatre continents qui entourent le Central.

- Je me suis rendu sur celui de l'Est. J'ai pu me rendre compte de l'héritage spirituel qu'ils vous ont sans doute laissé. »

- Lorsqu'il s'est avérée qu'Endalia, qui était pourtant l'une des nôtres, était une Zigrik, conformément aux vœux de notre fondateur, nous devions l'exécuter. Malheureusement, jamais nous n'avons pu la retrouver. Aucun de leurs descendants ne doit vivre parmi nous. Aujourd'hui, nous voulons vivre à l'écart de tout. Perdurer notre héritage et vivre en harmonie avec la seule chose qui compte réellement : la vie. »

Tout devient plus clair pour le porteur de l'Hoshaku. La colère de l'invocatrice était en partie bien fondée. Malgré la rébellion qu'il éprouve envers ces règles, il préfère ne pas relever.

« Autre interrogation qui me perturbe suite à vos explications : qu'y a-t-il à l'Ouest ?

- Pourquoi veux-tu le savoir ? Tu veux vraiment y aller ? s'étonne Akemi.

- Je veux mieux comprendre ce monde. Pourquoi nous en sommes arrivés là, par exemple. Ainsi, je serai prêt à le protéger de toutes mes forces pour affronter la menace que forment les anciens conseillers de Kigen.

- Tu crois qu'ils préparent un sale coup ?

- C'est pourtant pas ce qu'ils sont sensés faire. appuie Mabushi.

- En effet. Cependant, le Shirenai de foudre qui m'a bien aidé à réapprendre comment combattre a avancé des arguments difficilement critiquables. Ils ont délibérément laissé Alnor, un Zigrik de feu, mettre la main sur le Kirioku uniquement dans le but que je la combatte avec l'énergie blanche pour ouvrir une brèche qui a emmené elle et moi dans un lieu bizarre. Ma force était démentielle tout comme la sienne... J'ai cru que c'était un combat sans fin. En revenant dans Faironne, j'ai senti une énorme différence. Et, à en croire mes amis, aucune attaque n'a été perpétrée contre Kigen durant mon absence. Mon retour n'était sans doute pas prévu... Alors... Savez-vous ce qu'il y a là-bas ?

- Sais-tu comment le conflit s'est terminé ? lui répond Chozaburo.

- Pas vraiment. »

Le chef se retire le temps de lui montrer un vieux parchemin bien conservé relatant les faits exacts survenus lors de ce triste événement via quelques dessins et autres symboles.

« Parmi les combattants encore en vie, il restait Densetsu et ses trois plus fidèles camarades ainsi que Fumiaki et ses lieutenants. Soudain, l'aura blanche de Densetsu et l'aura noire du chef des Zigriks explosèrent et s'emballèrent. Ils perdirent le contrôle de leurs énergies. Des fissures apparurent au sol. D'énormes flammes fulminèrent. Des éclairs violents et de gros grêlons s'abattirent de manière chaotique sur le champ de bataille. Tout perdait pied. Quand, soudain, des hommes, vêtis comme des moines taoïstes, débarquèrent du haut d'une colline. Un se démarquait très clairement par ses tatouages. Il possédait également différents accessoires notamment un sceptre constitué d'un cercle d'or orné d'un rubis, un saphir, une émeraude et une topaze. Un sceau se forma sous les pieds de Densetsu et Fumiaki, ainsi que sur son propre corps. Grâce à ça, il se sacrifia. L'énorme quantité d'énergie qu'il contenait fut scindée en trois qui emprisonna leurs énergies dans les artefacts que tu connais bien. La dernière partie s'incrusta dans les ruines du temple qu'ils avaient bâtis il y a fort longtemps. Son geste sauva Faironne des dégâts qu'occasionnaient ces énergies venues d'ailleurs. »

Une fois l'histoire terminée, Chozaburo replie délicatement le parchemin. Avec ce qu'il vient de décrire, une inquiétude vient s'implanter dans l'esprit du sauveur de Faironne. S'ils ont été capables de contrecarrer ses énergies venues d'ailleurs, leurs pouvoirs vont au-delà des simples maîtrises des éléments et même plus haut que les plus abouties comme l'incarne Kuwanoren.

« Ils nous dépassent. souligne Isas, l'air accablé, limite défaitiste.

- Rien que de l'entendre, j'en ai des frissons. » souligne Mabushi.

S'installe ensuite un petit silence appuyant encore plus l'ambiance instaurée par ces révélations. Les trois anciens partenaires de Rai sont terrifiés à l'idée que leur peuple puisse bientôt connaître une fin. Seul Chozaburo ne semble pas affecté. Pourquoi ? Celui qui fut son poulain essaye d'en trouver la raison. Après un long soupir, il déclare :

« Savoir que l'une de ces deux terrifiantes énergies coule désormais en toi me rassure. »

Sa phrase étonne tout le monde. Comment peut-il avancer un tel calme avec une déclaration aussi absurde ? C'est insensé ! Tout ça n'apaise en rien l'effroi déjà bien grandissant dans les esprits de ses soldats.

« Vous... Vous dîtes vrai ? interroge le concerné.

- Je dois bien avouer qu'au début, lorsque nous avons tous sentis ton affrontement, nous avons pris peur. Nous croyions à une répétition du précédent combat entre ces maudites énergies. Néanmoins, vu que tu es le seul à en être sorti et que ce que tu portes ne semble pas vouloir mettre Faironne à feu et à sang, j'affirme assurément que tu t'es bien rattrapé. Je suis de nouveau fiers de toi, Yuko. »

Tous le regardent, attendris par la fin de sa réponse. Akemi, Isas et Mabushi, repensant à tout ce qu'ils ont vécu avec leur frère d'armes commun, sont épris d'une tristesse qui pourrait broyer leurs entrailles.

« Désolé pour notre accueil.

- Ce n'est rien... Vous étiez encore tous marqués par ce que les ennuis que je vous ai causé. Même si j'ignore encore ce que c'était.

- Si tu veux en savoir plus sur toi, je ne vois qu'une seule personne qui puisse t'aider.

- Qui ? »

Les trois anciens camarades regardent leur supérieur hiérarchique d'un air intrigué.

« Va au Nord. Marche jusqu'à arriver sur un lieu avec un brouillard bas. Elle y sera.

- C'est vrai ? Oh merci ! Merci de m'avoir cru, je n'oublierai jamais votre geste. »

Avec un nouvel élan dans sa quête personnelle, il le salue avec une révérence.

« Merci infiniment. Ravi de vous avoir rencontré, ou plutôt vous retrouvé. complète-t-il en tournant les yeux vers ceux qui étaient ses camarades.

- Tu n'as pas perdu ton sens de l'humour. souligne Isas.

- Oh ça, c'est vrai. » confirme Mabushi.

Ne trouvant rien à ajouter, Akemi se contente d'un simple sourire.

« Je reviendrai vous voir, c'est promis. Mais faîtes mieux que ça en terme d'accueil.

- C'est noté. 

- Pardon de t'avoir traité ainsi, mon ami.

- Pas de souci. Portez-vous bien d'ici là. »

Suivant les indications données par Chozburo, l'ancien manieur de foudre se retire sans plus attendre. Soudain, un détail alerte Mabushi.

« Attendez. Vous lui avez dit d'aller au Nord ? Dans cette direction, il n'y a que notre cimetière. Pourquoi l'avoir... Oh...

- Non... Vous venez de faire ça. poursuit Isas.

- Il n'y a que comme ça qu'il saura.

- Vous avez raison, chef. Après tout, il faut qu'il le sache. Vous ne lui avez rien dit à ce propos. Peut-être qu'avec ça, sa mémoire redeviendra complète. acquiesce Akemi.

- Et si c'était la condition requise pour abriter l'énergie de l'Hoshaku ? suppose Mabushi.

- Impossible. D'après les mémoires de notre fondateur, Densetsu ne fut pas victime d'une quelconque amnésie ou autre manquement dans son mental. En ce qui concerne le comportement de Fumiaki, cela ne provenait pas du Kirioku. Hideaki fut témoin de petites colères de sa part, toutes dirigées vers une seule cible : Densetsu. Donc il était déjà comme ça avant sa dramatique découverte. Faîtes vous une raison. Peut-être que nous ne connaîtrons jamais la cause de son état. En attendant, restez en alerte au cas où il reviendrait plus tôt. »

Ses soldats le saluent comme Rai l'a fait avant de se retirer. Une fois seul, Chozaburo repense à toute leur conversation, priant Faironne pour qu'elle lui donne raison. Le porteur de l'Hoshaku arrive devant la face Nord de la muraille, presque prêt à s'en aller. Mais, juste avant, épris d'une certaine mélancolie, il détourne le regard vers la cité de Kiso. Et dire qu'il vivait là...Un soupir. Ça y est. L'objet de sa quête se rapproche à grands pas. Enfin, il va savoir.