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Chapter 101 - Arc 6 – Épisode 5 : Situation Suspecte A Izna.

Après leur cuisante défaite face à la patrouille deux lames numéro trois, le duo infernal de Zigriks est escorté par deux gardes et amené au centre de la salle du Conseil. La fureur et le dégoût depuis leur capture ne les a pas quitté. Les deux Shirenais reculent un peu. C'est à ce moment-là que Tencubo et Yoru prennent place. Un échange de regards entre eux et la prise de leurs soldats s'opère avant que quelqu'un toque à la porte.

« Entrez. »

L'instructeur ouvre la porte.

« Je ne suis pas en retard ?

- Non, nous n'avons pas encore commencé.

- Tant mieux. Je n'allais quand même pas rater ça ! »

Il se met sur le côté et regarde le duo, tout en souriant.

« Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureux de vous voir là. »

La provocation ne manque pas. Dans une tentative désespérée de leur part de lui répondre en émettant ne serait-ce qu'un peu leurs énergies, le maître-conseiller leur coupe l'herbe sous le pied en utilisant son Kuwanoren partiellement.

« Korit et Tekina Artamdoy, vous êtes aujourd'hui jugés pour agressions aggravés, trouble à l'ordre public et surtout pour complicité soutenue à l'artefact maudit et mise en danger de l'équilibre élémentaire. Cependant, contrairement à mes prédécesseurs, je ne suis pas fermé. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ? »

Tout le monde s'étonne de sa question. Pourquoi les écouter ? Il ne faut pas chercher plus loin pour les condamner illico ! Pour envers qui cette proposition est tendue, dans un premier temps, ils pensent que c'est une mascarade. Cet avis change progressivement avec les secondes de silence qui s'écoulent et la manière dont Tencubo se tient.

« Nous voulons rétablir la vérité que les autres peuples ignorent ! Le massacre que vous, Shirenais, avez perpétré envers les nôtres ! entame Korit.

- En plus, ça ne vous a pas suffit ! On a le droit de ne rien faire avec vos règles ! On nous regarde de travers juste parce qu'on ne tient pas des jouets comme les vôtres ! Système écœurant !

- Votre volonté d'être tout le temps supérieur aux autres est la raison pour laquelle nos ancêtres ont découvert l'énergie noire. Total : vous l'avez enfermé par peur et parce que vous ne voulez pas admettre qu'il y a des choses à changer ! Si nous restons éternellement dans l'état actuel des choses, tôt ou tard, tout s'effondrera. Voilà ce que le grand Fumiaki voulait vous faire comprendre ! »

Essoufflés par l'effort fourni pour cracher leur vérité, ils arrêtent. La teneur de leur discours atteint particulièrement Yoru, lui-même ancienne victime indirecte des conséquences de l'événement qu'ils mentionnent. Après tout, ils n'ont pas entièrement tort. Tencubo remarque l'état émotionnel de son bras droit. Afin de tenir son rôle jusqu'au bout, il ne lui adresse pas des excuses devant tout le monde mais n'en pense pas moins.

« Vous avez raison. Nos aïeux avaient peut-être des raisons d'agir ainsi mais avaient clairement tort sur certains points. Si je vous accorde la parole, ce n'est pas pour rien. Grâce à Yoru, représentant légitime des nouveaux Zigriks, nous avons repensé notre organisation.

- Ne nous endormez pas avec votre jargon ! lui rétorque Korit malgré son geste.

- Aujourd'hui, nous avons ont les mêmes droits que les Shirenais. Par exemple, nous pouvons participer aux patrouilles. Nous sommes égaux et plus libres qu'avant malgré un certain contrôle sur la maîtrise élémentaire exigé. Shirenais et Zigriks se partagent de manière équitable l'utilisation des éléments et veillent tous à l'harmonie entre elles. Comprenez maintenant que votre idéologie vengeresse est désormais à jeter aux oubliettes. répond avec calme le vice-conseiller.

- Et que sont devenus aux deux autres Zigriks qui s'étaient alliés à l'énergie noire ? Vous les avez tués ? Si c'est le cas, vous n'avez fait que prolonger le massacre !

- Ces informations sont confidentielles, nous n'avons rien à vous dire.

- Mais bien sûr...

- Comprenez aussi que la sentence qui doit vous être appliquée doit être à la hauteur de vos méfaits. Mais, comme je vous l'ai expliqué, ceci n'est pas ma philosophie, ça justifierait votre point de vue. Et je le comprends... Vous savez quoi ? Je vous laisse une chance. »

Tout le monde, hormis les conseillers, s'étonne d'une telle décision. Ils ne méritent absolument pas un tel état de grâce !

« Hé ! On ne nous la fait pas celle-là ! On sait, qu'avec vous, rien n'est gratuit. rappelle Tekina.

- Si vous participez activement à notre projet, votre mort sera évitée. Vous bénéficierez des mêmes avantages que vos confrères. Qu'en dîtes-vous ? »

Aucun des deux ne répond.

« Réfléchissez-bien. Ce sera votre unique occasion de pouvoir remettre en cause nos prévisions, si vous tenez à votre idéologie. A votre place, j'y penserai. Participez, respectez les nouvelles règles et montrez-nous que nous avons tort si vous pensez que votre idée est meilleure. » leur accorde Yoru.

Suivant ses propos, Korit et Tekina se concertent. Avec le double choix qui se présente, ils n'arrivent pas à se décider. Vont-ils devenir à leur tour des traîtres vis-à-vis de ce qui les a guidé jusqu'au Kirioku ou mourir bêtement pour avoir échoué de la sorte ?

« Nous vous laissons un temps de réflexion. Instructeur Kenshiro.

- Oui ?

- Tu peux les conduire à leur cellule. La séance est suspendue. Gardes ! Saisissez-les ! »

Ne montrant aucun signe de résistance contrairement à avant, les gardes les attrapent et suivent le mercenaire de foudre. Tous les cinq quittent la pièce.

« Tu crois qu'ils vont coopérer ? Ils ont l'air si surs de leur position. S'ils apprennent que le Kirioku est ici, ils pourraient le récupérer et le réveiller. Ce qui mettrait à mal ton rêve.

- J'en connais les risques. J'ai déjà pris mes précautions. La balle est dans leur camp. C'est ça ou la mort, même si je ne suis pas trop pour la seconde option. Je ne veux pas répéter ce que mes ancêtres ont fait envers les tiens. Nous savons comment ils réagissent. Seule une telle mesure peut les secouer.

- Kenshiro ne pourra pas s'en occuper s'ils intègrent le dispositif. Qui pourra le faire ?

- Ne t'en fais pas, j'ai déjà ma petite idée dessus.

- Tu m'intrigues. »

La foudre la plus rapide de Kigen conduit les indécis, escorté par les deux gardes. Tout en progressant, il se remémore le discours pacifiste mis en avant par Tencubo. Au premier abord, il est d'accord avec sa philosophie. Ne pas tuer un Zigrik contredit son argumentaire. Cependant, il faut traiter au cas par cas. Pour ce qu'ils ont fait, selon lui, la peine de mort était obligatoire. Ils passent devant Lyn et la pièce qu'elle garde.

« Tout se passe bien ? demande-t-il.

- On peut dire ça comme ça... Qu'est-ce qu'ils font ici ceux-là ?

- L'une de nos nouvelles patrouilles a réussi à les coincer. Je les emmène vers leur nouvelle résidence. Je suis sûr qu'ils vont apprécier. »

D'habitude, les concernés auraient répliqué à la seconde avec la virulence qui leur colle à la peau. Mais, non. Comme s'ils avaient l'esprit ailleurs.

« Bon, je ne vais pas les faire patienter plus longtemps. A la prochaine ! Allez ! On avance ! Et plus vite que ça ! »

Ils reprennent leur route. La problématique levée avec la présence de ces deux-là gêne Lyn. Désormais, elle doit être encore plus vigilante qu'avant.Tous ignorent quel tordu ils trouveront pour répandre le chaos. Il ne faut surtout pas qu'ils rentrent en contact avec le Kirioku. En tant que gardienne de ce danger dormant, le poids de ses responsabilités déjà conséquentes s'alourdit. Elle se tourne vers la porte, bien décidée à ce que l'énergie noire n'en sorte jamais. L'instructeur et le duo arrivent à destination.

« Arrêtez-vous et tournez-vous ! »

Ce qu'ils font sans rébellion.

« Et maintenant quoi ? Tu veux quoi de plus ? » demande avec un ton un poil ironique Tekina.

Sans crier gare, il dégaine son katana et l'électrise sans prononcer de formule, uniquement via un Kuwanoren utilisé partiellement.

« Il va nous tuer ! Il va nous tuer ! crie de panique la sœur.

- Et le temps de réflexion ?!

- Vous pouvez me croire... Pour avoir participé activement à la possession du Kirioku sur ma Fraya... Je meurs d'envie de pouvoir vous exécuter mais... Comme l'ont si sagement soutenu nos conseillers actuels, ce ne serait que soutenir votre idéologie. Je ne suis pas totalement d'accord avec ça... Donc... Je m'en contenterai.

- Ça se prétend supérieur mais ça baisse la tête à tout instant ! Quelle indignité ! »

D'un simple mouvement de lame, il envoie de l'électricité au sol. Ceci active un sceau d'emprisonnement préalablement installé sous les pieds du duo.

« Hé ! Comment tu fais ça ? T'es pas un Zigrik !

- Vous savez que nous avons le meilleur d'entre eux dans nos rangs, n'est-ce pas ? Je vais enfin pouvoir le remercier pour les améliorations qu'il a apporté. Vous serez coincés jusqu'au moment où vous aurez pris votre décision. Sur ce, bon séjour ! » leur nargue-t-il avant d'ordonner par un geste aux gardes de le suivre.

Une fois les Shirenais hors de leur champ de vision, le duo tente d'employer l'une de leurs multiples techniques. En vain. L'installation de Yoru bloque toute manifestation d'énergie.

« On ne peut pas sortir ! Bordel !

- Je ne vois pas de solution évidente...

- Alors, on est condamné à rester coincé ici ?

- Malheureusement, oui. Décidément, la poursuite de notre cause se retrouve mal engagée à cause de ce traître. »

Tekina, sentant des larmes monter en elle, tourne brutalement le dos à son frère, désemparée.Seul Korit parvient à garder un semblant de sang-froid. Afin de combler l'emploi du temps vide qui rythme désormais leur condition, il s'affaire à l'analyse de ce maudit sceau. Peu de temps après, Calibak entre dans le bureau du maître-conseiller, toujours penché sur la rédaction de multiples documents.

« Pardon si je vous dérange. Je viens vous faire un rapport inquiétant.

- Oui ? Qu'y a-t-il ?

- Ça concerne le village d'Izna.

- Je t'écoute.

- Je suivais la patrouille qui devait contrôler ce secteur. La prise de contact s'est mal passée avec les villageois. Comme vous nous l'avez bien décrit, la communication et l'entretien du lien avec les populations est d'une [...]

- Va droit au but.

- Très bien. J'ai voulu corriger le tir en l'engageant à mon tour. Je n'ai eu aucun retour de mon interlocuteur. Cependant... J'ignore ce que c'était mais j'entendais un bruit très étrange entourer cet homme. J'ai été incapable de savoir d'où ça venait alors j'ai préféré ne pas insister et vous le signaler.

- Si tu as capté un tel phénomène, c'est qu'une énergie devait brouiller tes sens. »

En y réfléchissant, la déduction de Tencubo tombe très juste pour l'ancien Kiyuza. Après tout, afin d'être tranquille de toute fréquentation extérieure, le même procédé fut utilisé pour imbiber la cité de l'Ouest toute entière. Dans ce cas, serait-ce l'œuvre d'un être éveillé au ki ? Si oui, quel serait son talent ? La simple évocation de cette hypothèse dans son esprit le met mal à l'aise. Si une unité Kiyuza vient à évoluer dans le Continent Central, le vénérable Ki-Igno n'aurait pas d'autre choix que de passer à l'attaque afin de respecter les vœux du plus respecté de leurs ancêtres.

« Tu as bien fait de revenir. C'est très suspect en effet. Retourne à ta tache. Je retiens ta déposition.

- Compris, maître-conseiller. » répond-il avant de se retirer, ne montrant aucun signe de l'inquiétude qui grimpe le long de son dos.

Une fois seul, l'homme à la tête de Kigen fait mentalement un point sur la situation. Avec le dispositif mis en place, tous ceux aptes à manier les éléments ont été embauchés. Avec ce que vient de lui révéler Calibak, il y a de quoi s'inquiéter. Malheureusement, si l'attaque Kiyuza a lieu, il ne pourra pas compter sur les peuples vivant au Sud, Est et Nord. Pour le moment, il faut poursuivre les tournées de patrouilles. Si d'autres phénomènes de ce genre font surface, à contre cœur, il devra encore solliciter Kenshiro comme si ça ne suffisait pas. Pendant ce temps, le Shirenai sans collègues arrive devant le village évoqué par le Zigrik de foudre, bien informé, il est au courant de l'échec de la patrouille passée avant lui. Voilà pour lui l'occasion rêvée de se démarquer. Galvanisé, il progresse à l'intérieur. Les locaux, à la simple vue de son fourreau, le regardent furtivement et l'évitent. Cela ne lui échappe pas. Pourquoi le fuient-ils ? Que se passe-t-il ici ? Un homme, qui n'a pas remarqué le mouvement des siens, persiste dans l'activité qu'il est en train de réaliser. L'épéiste vient l'aborder.

« Bonjour cher Iznien. Bien que je me présente seul à vous, je suis patrouilleur. D'après mes sources, une chose étrange s'est produite ici. Est-ce que vous l'avez aperçu ? Si oui, pouvez-vous me le décrire ? »

Comme avec ses collègues précédents, aucune réponse de sa part. Le Shirenai ne perçoit absolument rien de ce qui se joue sous ses yeux. Aucune secousse. Aucun flux. Aucun son. Aucune chaleur. Le néant. Devant l'absence totale de réaction, le prétendant au poste de patrouilleur perd ses nerfs.

« Hé ! Je vous parle ! Je vous ai posé une question simple ! Dîtes-moi si vous avez vu quelque chose ! »

Sans résultat. S'il n'obtient rien, il perdra une belle occasion de prouver sa valeur. Et ça, il ne peut l'accepter. Il doit réussir coûte que coûte.

« Vous faîtes le sourd ? Très bien, vous osez défier mon autorité. »

En guise de dernier recours, il dégaine sa lame et en place la pointe à quelques centimètres de la gorge de l'homme.

« Je ne me répéterai pas ! C'est compris ? Répondez à ma question ! »

Discrètement, l'un des deux disciples de Daigaku et Aritsune s'approche, d'un pas lent, presque raffiné. Une toge blanche, semblable à ceux portés par les Kiyuzas d'un certain rang social, couvre son corps dont on ne peut deviner la carrure au premier coup d'œil. Le soldat de Kigen, au bout du rouleau, contrairement à la conduite régie par le Code, s'apprête à le tuer.Alors qu'il allait, par pur instinct de survie légitime, s'enfuir, le villageois est figé.

« Tilikoyon ! » prononce une femme.

Des fils de ki l'agrippent dans son dos ni une ni deux et se tendent avant de l'embarquer, lui sauvant la vie. Sur le moment, le Shirenai n'a rien compris de ce qu'il vient de se passer.

« Je n'ai rien dit ! Rien du tout ! Je vous en supplie, ne me faîtes pas de mal. »

Ce qui vient de l'épargner le relâche. L'auteur ? Chiyumi. Désormais, la femme peureuse de ses propres pouvoirs n'existe plus. Voilà une lieutenant prête à servir coûte que coûte la cause de ses supérieurs et à protéger quiconque subirait le courroux du suprémaciste Shirenai. Pour le manieur d'épée, toujours sidéré du phénomène qui vient de se produire, aucune mention de ce type n'a été communiquée. Les étranges fils d'énergie neutre reviennent dans la main de leur productrice.

« Qui êtes-vous ? demande-t-il la voix un peu chevrotante.

- Izna ne vous appartient plus ! Dégagez ! » lui hurle-t-elle.

A en juger cette réaction dont la vivacité surprit le concerné, au lieu de ressentir quelconque frisson de peur, le prétendant au poste y voit là plus qu'une opportunité. Un tremplin. Aussitôt, il s'imagine mercenaire, à sanctionner l'instructeur de ne pas avoir cru en lui. Les tremblements qui perturbaient sa voix s'estompent.

« Qui es-tu pour t'opposer ? Qu'est-ce que tu as fait à ces gens ?

- A quoi bon ça te servirait de savoir qui je suis ? Je n'ai pas à dévoiler mon identité envers un être de ton espèce. Tu n'es pas digne de la connaître ! »

Totalement confiant, comme décrit à travers les divers leçons qu'il a suivi comme les autres patrouilleurs, il se met en position : jambe gauche en arrière, dos courbé en avant, la main droite tenant son épée sur son flanc gauche. Tout indique qu'il est prêt à charger. Les locaux, intrigués, observent tout ça.

« Dans ce cas, tu me vois dans l'obligation de t'arrêter ! » s'exclame-t-il avec vigueur, convaincu qu'il va taper dans le mille.

Chiyumi éclate de rire. Le volume de ce dernier parvient à mettre des frissons chez certains spectateurs.

« Tu ne ferais même pas peur à une mouche.

- Qu'est-ce que tu as dit ?!

- Mais, puisque tu sembles le réclamer, j'accepte ton défi. » ajoute-t-elle en tendant son bras droit et en le pointant avec son index.

Malgré l'impact émotionnel subi, le Shirenai reste sur ses gardes, les yeux focalisés sur la Kiyuza. S'écoulent plusieurs secondes de totale passivité où seuls le souffle imbibé de stress rythme le corps du soldat de Kigen. Soudain, une légère aura grise émane au bout du doigt de Chiyumi. Comme c'est la toute première fois qu'il assiste à l'émergence de l'énergie neutre, il pense tout naturellement que c'est un dérivé des quatre éléments. Rien d'autre. De ce léger halo, ce qui s'apparente à un fil se forme, s'affine et grandit jusqu'à toucher le sol. La stupéfaction absolue. Comment est-ce possible ? Qu'est-ce que c'est ? L'instructeur ignorerait-il l'existence de cette chose ?

« A en voir ta tête, tu ne comprends pas ce que j'arrive à faire, n'est-ce pas ? Après tout, c'est normal. Vous n'y connaissez rien.

- Quel élément utilises-tu ? »

Un petit silence, jusqu'à ce que, à cause de l'aspect totalement lunaire de sa question, la Kiyuza éclate à nouveau de rire. Personne ne la suit dans cette explosion d'émotion. Le Shirenai se sent profondément blessé et humilié. Est-ce pour ça que l'instructeur Kenshiro ne voulait pas qu'il parte seul dans cette aventure ?

« Les hommes que vous appelez conseillers ne vous ont pas informé à ce sujet ? Décidément... Nous avons bien fait de rompre avec vous ! s'exclame-t-elle avant de poursuivre allégrement dans son rire.

- Je suis sérieux !

- Tu es vraiment pathétique !... Et tu prétends être un des leurs ? Mes maîtres avaient bel et bien raison. Vous ne méritez pas votre place. Qu'est-ce que vous étiez si vantards et extravertis avec vos pouvoirs devant nous ! Vous nous asservissiez depuis tout ce temps !... Mais aujourd'hui, c'est terminé ! Ramène-toi !

- Les femmes d'abord. »

Légèrement ravie qu'une telle faveur lui soit adressée, la Kiyuza prend une posture fortement inspirée par celle dont Fraya fut témoin durant son enfance.

« Tektinkyon. »

Grâce à cette formule, le fil se tend pour être droit de bout en bout tout en devenant aussi aiguisé qu'une lame de rasoir. Un son strident témoigne de la finalisation du processus, très gênant pour les oreilles trop sensibles de l'épéiste. Profitant de cette soudaine déstabilisation, elle charge.Il bloque son attaque au tout dernier moment. Par contre, la solidité du fil ainsi que par la force dégagée par son adversaire arrivent à le surprendre.Comment cette chose rivalise avec sa lame ? C'est incompréhensible. Chiyumise retire avant de procéder à un nouvel assaut. Les parades s'enchaînent au gré du rythme effréné qu'elle impose.La femme trouve le moment idéal pour feinter. Cependant, grâce à la bonne formation qu'il a reçu, le Shirenai l'esquive à temps. Tout juste après, une coupure apparaît sur sa joue gauche.

« Trop lent. » soulève-t-elle avec un sourire narquois.

Sentant le peu de sang couler, il se touche la joue et tente d'arrêter l'hémorragie en appuyant. Quand a-t-elle pu l'atteindre ? Il ne l'a pas quitté des yeux pourtant.

« Impossible de me suivre ?

- Je... Je n'ai pas dit mon dernier mot ! »

Sous l'impulsion d'un léger désespoir naissant, sa lame se met à briller légèrement. Possédant désormais toutes les connaissances de bases concernant le ki, Chiyumi trouve ça très suspect. Même si leurs nouveaux soldats ne sont pas avertis de l'existence de l'énergie qu'elle utilise, peut-être que les conseillers de Kigen les ont équipé en conséquence. Le Shirenai charge à son tour. Par précaution, un second fil surgit, grandit et se tend en deux secondes depuis son index gauche. Le son produit ne suffit pas à le dissuader de poursuivre son assaut. Grâce à ses deux matérialisations de ki, elle bloque son attaque. Ils restent dans cette position pendant plusieurs secondes pendant lesquelles la lieutenant, impressionnée par la force engagée par son adversaire, continue son analyse. La thèse de l'élément est à écarter. Sa lame brille plus fortement.Un éclair de génie frappe la Kiyuza. Il semble prendre le dessus, jusqu'à :

« Viplanyon ! »

Les fils enroulent l'arme blanche. Grâce à eux, la femme l'arrache des mains du Shirenai. Puis, profitant de l'ouverture qu'elle vient de se créer, elle donne un sérieux coup de pied chargé en énergiesi puissant qu'il le fait valdinguer sur plusieurs mètres avant d'atterrir assez lourdement.

« Petit cachottier ! Tu n'utilises pas d'élément mais du ki ! Dans ce cas, tu n'as plus besoin de ça ! »

Avec la force exercée par la constriction de ses fils, elle brise l'arme de son adversaire en plusieurs morceaux. Par ce geste, ce n'est pas qu'un simple objet qui vient d'être détruit mais également la confiance que le soldat avait en lui-même.

« Non ! »

Une autre preuve pour les spectateurs que le vent a changé. Ils ne sont plus obligés d'obéir aveuglément aux règles imposées par le peuple Shirenai. Tout ce qu'ils avaient rentré dans leurs crânes n'était que du pipeau. Peut-être même que leurs ancêtres, s'ils avaient connaissance de tout ça, pouvaient se rebeller. La lieutenant Kiyuza a pulvérisé le symbole de leur domination. Le temps du soulèvement est arrivé. Motivés par cette idée, certains Izniens veulent rejoindre la bataille. Tout de suite stoppés par un geste de sa part.

« Kinchenkyon ! »

D'autres fils viennent s'ajouter au bout de ses autres doigts.

« Un Kiyuza sous les ordres des manipulateurs élémentaires ?! Tu nous insultes ! Prépare-toi à mourir ! »

Effrayé, il se relève subitement et s'en va en courant. Fière de sa victoire écrasante en tout point de vue, elle récupère ses fils et écrase sous son pied un débris de la lame du Shirenai.

« C'est ça, va-t'en et ne reviens plus. Plus aucun exploiteur de l'héritage de Faironne ne sera autorisé à revenir sur cette terre dont la seule autorité valable revient à Faironne elle-même et à ses braves serviteurs ! »

Quelques locaux l'applaudissent. Malgré l'ovation qu'elle reçoit, l'esprit de Chiyumi se focalise ailleurs. Est-il possible qu'ils puissent s'éveiller au ki comme nous ? Il faut prendre cette éventualité au sérieux. Ainsi, elle entreprend de préparer l'unité Izna plus qu'auparavant. Il faut qu'ils soient tous prêts avant que d'autres personnes comme lui s'y éveillent et s'en servent contre elle et ses maîtres.