Déjà depuis quelques jours que Kenshiro continue de veiller sur sa protégée. Il mange sur la seule table à sa disposition, sur laquelle sont posés plusieurs plats, vidés et sales. Après une longue sieste, Fraya finit par ouvrir doucement les yeux. Le faible son provenant du ki donné par Rajik parvient aux oreilles du Shirenai. Alerté, il s'arrête net de manger, se retourne et la voit.
« Fraya ! »
Il rapplique vite vers elle.
« Tu es vivante... J'avais eu peur de te perdre... Que je suis heureux.
- Je suis fatiguée... Qu'est-ce qu'il s'est passé
- Peu après que l'énergie noire a quitté ton corps, tu t'es évanouie.
- Ah oui ?... Et depuis combien de temps suis-je comme ça ?
- Quasiment sept jours mais tu as commencé à te rétablir, il y a quatre jours. Mais maintenant te revoilà parmi nous. lui répond-il tout en lui adressant un regard débordant de tendresse.
- Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ? Si je me souviens bien, il y a une menace qui pèse sur vous ?
- Oui... Toujours. »
La Kozana tente de se lever quand, soudain, un méchant poing de côté vient l'en empêcher.
« Ne sois pas pressée. Tu viens à peine de te réveiller. Tu as encore besoin de repos. En ce qui concerne les problèmes en cours à Kigen, tu n'auras plus à t'en soucier. Nous allons avoir plus de forces dans nos rangs... Mais.... Je vais être obligé... De les diriger.
- Quoi ?
- Ordre du Conseil. D'ailleurs... Maintenant que tu es rétablie, je dois retourner à Kigen donc […]
- Je viens !
- Quoi ?
- Je viens ! Autant que je fasse partie des vôtres ! Des bras en plus ça ne se refuse pas ! »
Afin d'affirmer ses convictions, elle le regarde avec insistance. S'écoulent quelques secondes sans que Kenshiro ne réponde, vu tous les tracas qui l'assaillent.
« Tu sais que, vu ton antécédent, tu n'auras […]
- Je viens !
- Bon... Je vois bien que, quoique je dise, je ne pourrai te faire changer d'avis. Change-toi. Bouge doucement. Je t'attends. »
C'est sur ces mots, teintés d'une certaine amertume, que Kenshiro se lève et sort de la chambre, agacé par le caractère têtue de la Kozana. Quelques instants plus tard, à l'entrée de la base, la patrouille menée par Lyn arrive, suivie par trois personnes, dont celle recrutée grâce à la pyromancienne.
« Nous y voilà. Voici votre nouvelle demeure ! Kigen ! »
Les prochains soldats, lorsqu'ils découvrent l'intérieur de la base, sont à la fois ébahis et intimidés.
« A partir de maintenant, vous êtes des nôtres. »
Les autres patrouilles arrivent. Certains ont trouvé entre quatre et six personnes.
« Bonne trouvaille ! Félicitations ! » s'exclame-t-elle.
Soudain, Kenshiro arrive en atterrissant tout en tenant Fraya dans ses bras. Les quelques lignes jaunes présentes sur son corps disparaissent dans les secondes qui suivent. Les recrutés sont énormément surpris par une telle entrée en matière. Les Shirenais s'étonnent de sa présence. Ce dernier dépose la Kozana délicatement. Prise de vertige, elle s'écarte un peu.
« Vous n'êtes pas resté ici ? interroge Lyn.
- Non. Mais j'ai eu l'approbation du Maître Conseiller en personne. »
Sa réponse estomaque la Shirenai. Ceux qui l'avaient accompagné, en découvrant l'expression présente sur son visage, se retiennent de rire, pensant qu'elle est dégoûtée que des privilèges soient accordés à d'autres.
« Alors voilà les nouveaux. Bon travail patrouilleurs. J'en connais un qui va être ravi. Quand à vous, n'ayez pas peur. Un jour, certains d'entre vous arriveront à faire de même. Croyez-moi. »
Soudain, les sens de Kenshiro sont en alerte.
« Nous avons de la compagnie. »
La Shirenai de feu, avec trois secondes de retard sur la foudre la plus rapide du Centre, est parcourue par de nombreux frissons. Les recrutés ne comprennent pas ce qu'il se passe. Les patrouilleurs ressentent à leur tour cette présence qui s'approche.Tous voient Yoru et Calibak les rejoindre.
« Le vice-conseiller vient aussi ? » s'étonne Lyn.
Kenshiro remarque le disciple de Yoru. Bizarrement, sa tête lui dit quelque chose sans qu'il ne sache encore pourquoi. Tout le monde, hormis le spécialiste de la glace et son apprenti, s'interroge sur l'étrange arme qu'il porte.
« Nous y sommes. Je te présente Kigen. Notre centre névralgique. lui annonce le vice-conseiller.
- Incroyable... s'ébahit Calibak.
- Bonjour, Kenshiro. Ravi de vous revoir. s'avance le Zigrik spécialiste de la glace.
- De même. »
Puis, Yoru se tourne vers les patrouilleurs qui le saluent à leur tour et termine avec les recrutés.
« Salutations nouveaux citoyens de Kigen. Je m'appelle Yoru. Je suis le second de celui qui deviendra d'ici quelques instants votre dirigent. Ne vous en faîtes pas. Tout va bien se passer. »
Botoru voit Lyn. Aussitôt, il s'étonne que les Shirenais ont formé des femmes. Leur situation est-elle si grave que ça pour en arriver jusque là ? En attendant d'obtenir quelques éléments de réponse, sa beauté l'émerveille. Il s'approche alors d'elle.
« Bonjour mademoiselle, expliquez-moi pourquoi une telle beauté comme vous ose tout de même se battre et porter ce genre de choses.
- Qu'insinues-tu là ?
- Une personne aussi gracieuse comme vous ne devrait pas […] »
Il n'a pas le temps de terminer sa phrase qu'elle dégaine son arme et la place sous sa gorge.
« N'importe qui peut se battre ! affirme-t-elle avec vigueur.
- Quel caractère ! J'aime ça !
- Recule ! Ou je te ferai regretter ton approche ! »
Refroidi sur le moment, le Zigrik tireur d'éclairs ne va plus loin. Sa voix semble tellement familière pour Kenshiro.
« Du calme ! Nous avons une image à tenir ! Surtout vers ceux qui vont devenir vos nouveaux collègues ! »
Fraya revient vers eux. Yoru s'étonne de la voir en ces lieux. Un simple échange de regards entre lui et celui qui fut le mentor de son meilleur ami suffit à faire comprendre qu'il lui donnera une explication plus tard. Et là, le drame. Calibak reconnaît la Kozana. Par Faironne, elle se trouvait là depuis tout ce temps ? Trop curieux, il s'approche d'elle, ce qui interpelle son protecteur. En trois secondes, il arrive pile devant elle. La vélocité avec laquelle il s'est déplacé étonne les prochains manieurs d'éléments.
« Dîtes donc, que faîtes-vous là ? »
Avec tout ce qu'il s'est passé depuis sa fugue, Fraya ne parvient pas à le reconnaître. Après tout, durant toute sa vie là-bas, tout était contrôlé : emploi du temps, visites, repas... Il aurait été miraculeux qu'elle sache qui lui parle.
« Euh... Pardon ?
- Voyons... Ne faîtes pas l'ignorante, très chère.
- Mais de quoi parlez-vous ?! »
C'est à ce moment-là seulement que l'ancien maître de Rajik reconnaît qui se tient là. Un effroi mêlé à un état sidéré accapare son visage.
« Très bonne blague de votre part. Je ne vous savais pas si hilarante. Dois-je vous rappelez les devoirs qui [...] »
Calibak n'a point le temps de terminer sa question que Kenshiro se téléporte en un quart de seconde face à lui.Le déplacement effectué auparavant par le vice conseiller avait déjà cloué le bec de tous les spectateurs non expérimentés. Mais là, c'est un tout autre niveau de stupéfaction. Le temps d'un battement de cils pour eux.Aucun échange verbal. La tension qui s'installe est telle qu'un peu partout de légers éclairs surgissent.
« Oh ! On se calme ! exige Yoru.
- Si tu venu uniquement pour la ramener auprès de son bourreau, je te somme de change d'avis tout de suite. Sinon, tu connaîtras ma fureur. murmure le Shirenai à l'oreille du nouveau Zigrik.
- Toujours aussi rapide à ce que je vois. Tu n'as pas changé.
- Ne me complimente pas. Si tu l'approches encore, je rapplique. Pigé ?
- Notre Kozana ne t'appartient pas.
- Dernier avertissement.
- Bon ! Ça suffit ! Calibak, suis-moi. Il est temps pour toi de connaître le dignitaire suprême. »
Sa déclaration étonne énormément Lyn. Comment un inconnu comme lui peut-il déjà s'entretenir avec celui qui a consacré tant de temps à la former ? Qui est-il pour être si spécial ?
« Je vous suis ! »
Les deux Zigriks entrent dans Kigen.
« Patrouilleurs, les nouveaux, le temps est venu. Bienvenue à Kigen ! » déclare Kenshiro.
Sur ces mots, ils ne perdent pas plus de temps. Lyn, encore contrariée par celui qui a voulu l'aborder, ne peut pas s'empêcher de trouver une raison à son existence.
« Bon... A notre tour.
- Non. répond catégoriquement Fraya.
- Quelque chose ne va pas ?
- Je préfère rester ici pour le moment.
- Si tu veux... Tant que tu ne t'égares pas, c'est le principal. Tu me le promets ? »
Aucune réponse. Point désireux d'insister malgré la torpeur qui le prend au fond de lui, le Shirenai part rejoindre tout le monde. Les paroles de Calibak tournent en boucle dans la tête de Fraya. Qu'a-t-il voulu dire par là ? Soudain, une angoisse l'envahit. Serait-ce possible que son terrible paternel a pu envoyer l'un des siens ? Ses mains tremblent de terreur à l'idée que cette théorie se vérifie. L'insécurité la paralyse entièrement. Quelques instants plus tard, au bureau de Tencubo, quelqu'un toque.
« Oui ? »
Le vice-conseiller et son apprenti entrent.
« Me revoilà.
- Je te remercie vraiment pour les détecteurs.
- De rien... J'ai quelqu'un à te présenter. »
Tencubo découvre le nouveau tireur d'éclairs. Dès que l'ancien Kiyuza le découvre, il ne s'imaginait pas un seul instant d'être confronté à un homme si jeune pour un grade si exigeant et essentiel dans la vie de ce peuple.
« Voici Calibak. Un Zigrik de foudre recommandé par Rajik que j'ai épaulé personnellement.
- Salutations.
- Je te présente Tencubo, maître-conseiller de Kigen. C'est lui qui coordonne toute opération militaire au sein du Continent Central et fixe en permanence les prix de toutes les transactions financières entre Kigen et les villages dont il a la charge.
- Salutations. répond-il en s'inclinant.
- C'est ça ton Obujepawa ? Intrigant. demande Tencubo une fois qu'il a remarqué le drôle d'arsenal qu'il arbore.
- Je ne te le présente pas par hasard.
- Te connaissant, bien sur que non. Il dégage une chaleur bien distinctive. Son développement a l'air bien avancé.
- Je pense qu'il a le niveau nécessaire pour devenir mercenaire. »
L'affirmation avancée par Yoru étonne le concerné. Jamais il n'aurait pensé aller jusque là dans l'exploration des possibilités qu'offrent la maîtrise des éléments. Avec le cas de la Kozana encore bien dans le crâne, il se met à douter de son intégration parmi ceux que les siens ont tant diffamé. Doit-il se retirer tant qu'il est encore temps et rapatrier Fraya dans son pays ? Ou poursuit-il tout ce qu'il a pu avouer auprès de Rajik quitte à renier totalement son héritage passé ?
« C'est possible.
- Pouvez-vous m'en dire un peu plus ? demande Calibak.
- Ici, nous avons une hiérarchie assez simple. Notre population se décompose ainsi. La plupart en civil, pour des questions de démographie évidentes, le reste constitue notre armée. La majorité de cette dernière consiste en ce qu'on appelle des patrouilleurs. Leur rôle est de voyager dans Faironne, assurer la sécurité des populations sans éléments, poursuivre les criminels et entretenir les marchés conclus avec les villages qui ont souscrit à notre protection. Ensuite, nous avons les mercenaires, plus puissants, qui dirigent les patrouilleurs. Ils peuvent s'occuper de missions bien spécifiques en fonction de leurs éléments.
- Je vois. Et donc... Vous dîtes que j'appartiendrai à cette catégorie ?
- Si ton niveau suffit, oui. Reste à savoir si tu en est digne... Je ne vois qu'un moyen : un duel.
- Pardon ? répondent simultanément les deux Zigriks.
- Je suis sérieux. Suivez-moi, ça se passera sous terre pour éviter les dégâts collatéraux. » complète-t-il en se levant.
Le voilà cloué sur place. Un combat contre le plus puissant d'entre eux ? Vraiment ? En aucun cas chez lui de telles méthodes barbares étaient appliquées pour déterminer la valeur d'un individu. Sauf que maintenant, il n'est plus là-bas. Il doit se plier aux règles instaurées ici. Peu convaincu, quelques instants plus tard, lui et les deux conseillers arrivent devant l'entrée de la salle souterraine. Tencubo la déverrouille, laissant entrevoir l'obscurité de cet endroit qui donna des sueurs froides à Lyn. Ainsi progressent les trois hommes dans ce couloir peu agréable.
« L'endroit est très humide. Cela va te constituer un handicap. appuie Yoru en s'adressant à son collègue.
- Certes mais à lui aussi si tu me confirmes bien qu'il est de foudre. »
Enfin, après quelques minutes de marche plus ou moins risquée à cause de la topographie des lieux, les deux combattants prennent place. Le Zigrik de glace s'est écarté histoire de rester en sécurité. Calibak procède à quelques réglages avant d'indiquer qu'il est prêt.
« Montre moi ce dont tu es capable... Majaréfaï ! »
Sa lame s'embrase. Cela suffit largement à impressionner son adversaire. Maintenant il comprend mieux la remarque précédemment faite par son mentor. Le nouveau Zigrik ne donne aucun signe d'activation de son élément.
« Ne te laisse pas paralyser par la peur. Je suis conscient de ce que tu ressens. » avoue Tencubo.
Et pourtant, malgré cette tentative pour le rassurer, son opposant du jour ne réplique pas, toujours en plein questionnement concernant son engagement et la puissance du maître de Kigen.
« J'ai une idée... Je prendrais ta candidature très au sérieux si tu parviens à me toucher. »
Le comportement très franc mais non moins amical de cet homme l'atteint. Après tout, il est tout à f ait possible d'à la fois honorer son état primaire de Kiyuza et à la fois celui qu'il adopte.Kenshiro en incarne un parfait exemple.Galvanisé, une aura jaune émerge de lui.La chaleur qui s'en dégage extirpe un léger sourire chez le maître-conseiller. Quelques étincelles entourent l'arme de Calibak. Grâce aux leçons qu'il a reçu, il parvient à garder toute cette énergie stable. Le bras qu'il utilise pour viser ne tremble absolument pas.
« Firaizer ! »
Tencubo dévie l'éclair qu'il vient d'invoquer d'un simple mouvement de lame.S'apercevant que son attaque fut vaine, le tireur garde son sang froid et prend quelque chose dans sa poche. En sort ainsi une pierre sculptée en forme de cylindre sur laquelle sont incrustées de petites topazes.
« Okwé Firaizer ! »
Tout de suite après la prononciation de la formule, il balance sa munition.
« Oderéfaï ! »
D'un autre mouvement de lame, le Shirenai invoque un mur de flamme. A son contact, elle explose. Deux éclairs en surgissent, tirés sur les flancs de leur cible. Pris par surprise, le pyromancien parvient malgré tout à esquiver au tout dernier moment. La protection qu'il avait érigée disparaît.
« Firaizer !
- Gibaréfaï ! »
Tencubo, qui a entre temps compris la stratégie employée par le nouveau venu, propulse une onde verticale de feu vers lui, l'obligeant donc à quitter sa position statique. Calibak réussit à ne pas se la prendre. Les deux combattants marquent un temps de répit, histoire de repenser leurs manœuvres. Le maître-conseiller admet qu'il l'a légèrement sous-estimé. Il doit impérativement rester sur ses gardes. L'ingéniosité de ce petit pourrait l'emporter. Afin de ne pas lui laisser plus de temps de réflexion, il active son aura d'allure flamboyante. Pressé, le Zigrik engage plus de forces. Des éclairs plus expressifs entourent son Obujepawa.
« Bokfaraï ! »
Première attaque : déviée.Puis, deux autre simultanées, l'une d'elle est juste esquivée mais la seconde manque de toucher Tencubo. Enfin, pour compléter la rafale évoquée dans la formule, un trio d'éclairs fonce à vive allure. L'unique parade à ça : l'aura.
« Modarer ! »
Le maître-conseiller, en focalisant son élément sur la couche externe de la manifestation de son énergie, bloque les assauts dans un premier temps. Une augmentation de son feu permet dans le temps suivant de les annuler.La chaleur dégagée est telle que toute la salle est asséché. Grâce à une couche de glace, le spectateur s'en est préservé.Une fois la tentative de Calibak totalement estompée, l'aura du Shirenai reprend une apparence normale. Avec tous les efforts fournis, même l'ancien Kiyuza pur est obligé de passer par cette étape.
« Pas mal... Vraiment pas mal. »
Le tireur d'éclairs aurait tant aimé obtenir plus de temps pour développer encore plus de nouvelles techniques. Lui reste alors un autre cylindre sur lequel plus de pierres précieuses sont incrustées. Une munition que même le vice-conseiller en ignorait l'existence. A boutd'options, Calibak réactive son aura, l'augmente un peu, puis insère sa dernière munition et vise.Son aura vient se focaliser sur son Obujepawa avant d'atteindre le centre de sa dernière attaque. Point habitué à une telle concentration en énergie, ses jambes se mettent à trembler. Vu les fois où ce symptôme est apparu, Yoru s'inquiète alors pour lui.
« Onbéklaraï ! »
En tirant, le cylindre explose. Trois nouveaux éclairs, un peu plus bleutés que les précédents, émergent.Ce qui vient d'être libéré surprend les deux conseillers.
« Pas mal... »
Tencubo tend sa main droite en avant. Les lignes rouges translucides, typiques de l'utilisation partielle d'un Kuwanoren, apparaissent.Grâce à ça, il les contient, à la grande surprise de l'apprenti Zigrik. Puis, d'un simple revers, il les disperse. Face à une telle démonstration de puissance, Calibak, à mi-chemin entre l'émerveillement et l'impuissance, ne sachant plus comment agir, baisse les bras.
« Bien joué. Tu es reçu. annonce le maître-conseiller.
- Euh... Pardon ?... Mais... Mais... Je ne vous […]
- Oh que si ! Puisque j'ai dû avoir recours à mon dernier atout, même si ce n'était qu'en partie. »
La glace qui a protégé Yoru des vagues de chaleur intense émises par son collègue a disparu. Ne subsiste qu'une flaque d'eau à ses pieds.
« Calibak, c'est ça ?... A compté de ce jour, tu es un mercenaire ! »
Malgré sa façade un peu neutre, le Zigrik ne peut s'empêcher de ressentir une certaine joie concernant la promotion de son poulain. Enfin, il va pouvoir passer le relais et se consacrer à ce qui lui tient le plus à cœur. Pour le tireur à l'arbalète, se sentir valorisé est une grande fierté.
« Yoru, finis-lui son éducation élémentaire.
- Entendu. »
Plus tard, dans la Salle du Conseil, les fraîchement recrutés se trouvent au milieu de la pièce. Les patrouilleurs et Lyn sont derrière eux. Calibak entre seul avant que Tencubo, qui s'est changé entre temps, Yoru et Kenshiro ne le succèdent.Les Shirenais les saluent. Les conseillers s'installent aux places prévues à cet effet.
« Bienvenue à tous et à toutes ! Vous êtes ici à la Salle du Conseil. C'est ici que les principales décisions sont prises. Nous tenons tout d'abord à vous remercier d'avoir accepté de nous rejoindre, et ce de votre plein gré. Vous allez tous constituer la nouvelle défense de Faironne. En effet, il est temps pour vous de savoir que nous sommes tous menacés. Nous avons réellement besoin de vous. Les patrouilleurs ici présents vont rester à Kigen et vous prodigueront les bases théoriques. En fonction de votre nature, Shirenai ou Zigrik, vous serez soit en apprentissage traditionnel soit le vice-conseiller sera votre professeur. Nous passerons dans un autre temps à votre entraînement réel. Le mercenaire Kenshiro ici présent deviendra votre supérieur. Il dirigera les patrouilles. explique sobrement Tencubo.
- Tout le monde a compris ? »
Personne ne répond. Aucune discussion parmi la foule.
« Dans ce cas... Patrouilleurs actuellement en exercice, prenez les nouveaux en mains. Mercenaire, Kenshiro, occupez-vous de les lister.
- Reçu.
- Vous pouvez disposer. » affirme le Shirenai affilié au feu.
Lyn, les patrouilleurs et les recrutés se retirent. Les deux manieurs de foudre ne peuvent pas faire autrement que de se regarder fixement. Leur confrontation, bien qu'elle soit qu'à distance, électrise l'air ambiant.
« Viens avec moi Calibak. » ordonne Yoru.
Sans plus attendre, malgré le fait qu'il aurait aimé régler quelques comptes, le tireur à l'arbalète préfère en rester là pour le moment et rejoint son mentor. Celui qui séjourna auprès des Kiyuzas arrive à la hauteur de Tencubo.
« J'ai quelque chose à te dire... J'ai demandé à Rajik de m'aider à rétablir Fraya. Y aurait-il moyen que je m'occupe d'elle en lui apportant de quoi vivre jusqu'à ce que je sois remplacé ?
- C'est d'accord. Mais il y a intérêt à ce qu'elle ne rentre pas dans la cellule de confinement à cause des modalités de la barrière.
- Entendu. Merci. »
Sur ces mots, le sabreur s'en va. En dehors de Kigen, Fraya regarde le ciel tout en serrant un poing. Tous ignorent jusqu'où les anciens conseillers ont progressé dans leur plan. Et inversement. Plus qu'hier, les engrenages d'un affrontement plus dévastateur sont enclenchés. Il ne s'agit plus maintenant d'un conflit entre deux peuples possédant les mêmes aptitudes. Maintenant, même des membres de collectivités plus localisées sont concernés. Avec ce que Tencubo a avoué, eux aussi prennent conscience petit à petit que tout Faironne est concerné.