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Chapter 94 - Arc 5 – Épisode 13 : Nouvel Outil.

Rai suit le guide du peuple Shirenai de l'Est, le traducteur Jomei à sa droite. Ils sont eux- mêmes suivis d'un cortège unique. Tous arrivent devant un temple à l'allure indonésienne, orné de très longs drapeaux bleus en soie. Deux immenses statues féminines entourent l'entrée. Impressionné par son architecture, Rai ne peut s'empêcher de s'arrêter un instant pour en admirer la façade.

« Entrez, s'il vous plaît.

- Pardon. C'est que... Je n'ai jamais vu ça. »

Un simple hochement de tête pour connoter la compréhension. Puis, Rai se remet en marche. Tous entrent. Le visiteur découvre des piliers taillés dans le bois local, ornés de vagues, reliés entre eux par des concavités. Au fond de la salle, une énorme statue d'une femme tenant une amphore sur son épaule droite, par de laquelle coule un jet d'eau continu, qui se déverse dans un long bassin rectiligne, mais fin, se dresse. Une fois arrivé à une dizaine de mètres à peine de la figure locale, le cortège s'arrête.

« Restez ici. » indique Jomei au porteur de l'Hoshaku.

Tomoharu s'avance jusqu'au bassin, joint ses mains et ferme les yeux, comme s'il allait débuter une prière.

« Suisei... Za'Até amé lakmazav, lob Fayron, chétalazav onokapar-ed Hoshaku chunyé... Chétalazav zvélé tékontazat atéam féyarar. »

Après avoir prononcé ces mots où il demande à l'entité qu'ils honorent d'accepter la présence de Rai et le partage de son eau, il se courbe pendant quelques secondes. Les fidèles l'imitent. Leur visiteur, vu l'absence d'une quelconque consigne, ne les suit pas. Plusieurs secondes s'écoulent. Rien ne se produit. Rassuré, Tomoharu se relève.

« Pirazav'até ! »

Tous se relèvent. Le guide tend les bras.

« Je vous invite à bien observer. Vous serez amené à faire pareil. »

Il saisit la seule louche dorée de toutes celles disposées en face de lui. Grâce à elle, il pioche de l'eau du bassin et se rince les mains en commençant par la gauche.Ensuite, il prend une seconde quantité d'eau qu'il met dans sa bouche. Quelques gargouillements avant de cracher le tout et de reposer l'ustensile doré et une prosternation.

« Méamé syaderaé, Suisei lé orazat chétalazél. » annonce-t-il en se retournant vers les siens.

Certains s'avancent vers le bassin et prennent les autres louches. Ils réalisent le rituel effectué plus tôt.

« C'est ce qu'on appelle ''Nodosuisei'', la contraction entre le mot distribution et le nom de l'élément de l'eau. Nous y purifions nos mains, preuve du travail que nous avons fourni pendant un mois. Puis nôtre âme avec l'eau que nous mettons dans notre bouche. L'eau est, pour nous, le symbole de l'unité. Elle nous lie tous, quelque soit l'être vivant. »

Le chef indique à Rai que c'est désormais à son tour. Après quelques secondes d'hésitation, poussé par un geste furtif et sympathique de son interprète, il s'avance.Tomoharu lui tend alors la louche dorée, à la grande surprise de la population. Rai la prend tout en courbant la tête en avant, par respect. Puis, ileffectue le rituel dans l'ordre exact dont il doit se dérouler puis redonne l'ustensile au guide avant de rejoindre Jomei, marqué joyeusement par le geste qui vient d'être délivré envers un étranger.

« Nous sommes unis à présent. Vous pouvez rester autant qu'il vous plaira. Bienvenue à Suiden ! »

Pendant ce temps, à l'entrée de Kigen. Kenshiro patiente, un peu assoupi. Quand, soudain, un frisson le parcoure des pieds à la tête, l'extirpant instantanément du sommeil qui l'envahissait. A peine le temps d'associer le signal qu'il perçoit à quelqu'un que Rajik apparaît, tout en soulevant de la poussière, sac sur le dos.

« Rajik ?... Que ça fait plaisir de te revoir ! Quelle surprise ! Tu viens nous rendre visite ?

- Non, pas du tout... Je viens de la part de Yoru.

- Ah oui ? »

Le Kiyuza pose le sac, défait le nœud et l'ouvre. Kenshiro regarde à l'intérieur.

« Il m'a dit de vous livrer ça. Tu peux me dire ce que c'est ? »

Afin de vérifier l'idée qu'il a en tête, le Shirenai active son aura légèrement. Quelques pierres tremblent et prennent une teinte jaune, jusqu'à ressembler presque à des topazes.

« Fantastique ! Oh merci Rajik de nous les avoir apporté. D'ailleurs, qu'est-ce que tu faisais chez lui ?

- J'y emmenais un ami. Un nouveau Zigrik que j'ai combattu et qui était avec ceux que vous recherchez.

- Attends attends... Tu avais réussi à les retrouver ? Tu les as battu ?

- Bien sur ! »

Kenshiro serre un poing. Un peu d'électricité s'en échappe. Le ciel s'obscurcit un peu. Sur le moment, Rajik ne comprend pas ce qu'il se passe, pensant avoir bien agi.

« Pourquoi tu ne les as pas capturés ?! »

Sa voix est si forte qu'elle fait s'envoler les oiseaux. Les habitants Shirenai les plus proches s'arrêtent d'un coup. Son ancien apprenti se sent d'un coup un peu honteux et gêné.

« Si tu nous les avais ramené, ils auraient reçu le jugement qu'ils méritent. Avec leur prouesse lorsqu'ils avaient forcé la faille aux ruines de Ki-Ramen, nous ignorons encore de quoi ils peuvent être capables. Quel coup prépareront-ils ?... Mais bon, avec la bonne action que tu viens de faire là, tu es à moitié pardonné. Grâce à toi, Tencubo va faire un pas de géant dans son projet.

- Je peux partir alors ?

- Non. Reste ici. Une fois que je les aurai donnés, j'aurais un service assez personnel à te demander. Je te pardonnerai complètement si tu fais ça pour moi.

- Pas de problème !

- Je n'en ai pas pour longtemps.

- Aucun souci ! »

Il prend le sac, s'en va pour se diriger vers l'entrée de la salle souterraine d'entraînement, ouverte. Ouf, ils y sont encore. C'est parfait. Mais, au moment où il s'avance, les deux pyromanciens en sortent. Déjà ? Les vêtements de Lyn sont en très mauvais état, presque sur le point de tomber. Tencubo scelle l'accès.Kenshiro, inquiet pour son état la fixe. Le son qu'il perçoit est grave, se rapprochant plus d'une chose en train de brûler, signe distinctif qu'un changement s'est opéré en elle.

« Alors ? Des nouvelles ? demande le maître-conseiller au manieur de foudre.

- Oui. Les voilà. »

Excité, il en expose le contenu. Lorsqu'il le découvre, une joie immense envahit Tencubo. Mais, avant de la laisser s'exprimer, il adresse un regard envers le mercenaire réhabilité. Il ne lui en faut pas plus pour comprendre que Yoru a réussi.

« Magnifique ! Avec ça, nous allons pouvoir passer à des choses plus sérieuses. Avec ça, nos chances de l'emporter face aux anciens conseillers s'agrandissent !

- Tu devras remercier Rajik. C'est lui qui nous les a amené. »

Cette affirmation étonne beaucoup Lyn. Voulant vérifier par elle-même la livraison, elle prend quelques pierres et aperçoit parmi un morceau de papier plié.

« Il n'était pas censé crapahuter librement dans le Continent Central ? s'étonne Tencubo.

- Oui, mais il a rencontré un nouveau Zigrik d'après ce que j'ai compris. Il était tombé sur le duo que nous recherchons mais a complètement oublié de les capturer au lieu de les battre. »

Sur le moment, face à la débilité flagrante du Kiyuza, la pyromancienne se retient d'éclater de rire. Lorsqu'elle s'aperçoit que son supérieur le remarque, elle s'empresse de donner le morceau de papier.

« Un Zigrik inconnu ? S'il nous rejoint, ce serait bien. Nous sommes prêts à accepter du monde maintenant que nous avons ce qu'il faut pour les trouver. Bon, qu'est-ce que Yoru a à nous dire ? »

A peine les premières lignes lues, le visage du maître-conseiller s'illumine de bonheur. Son bras droit lui a conféré un mode d'emploi détaillé. Après tout, il ne pouvait pas mieux attendre de sa part. La même flamme d'espoir qui brillait dans ses yeux lors du combat entre Rai et Fumiaki revient.

« Convoque tous les patrouilleurs à la salle du Conseil. Je vais donner les nouvelles directives.

- Entendu... Mais... Je peux voir Rajik avant ? J'ai quelque chose à lui demander.

- C'est urgent ?

- Pas qu'un peu.

- Bon... Lyn, convoque tes camarades et profites-en pour te changer.

- Oui maître-conseiller Tencubo ! répond-elle en le saluant avant de se retirer.

- Fais ce que tu as à faire de si important à tes yeux et rejoins-moi à la salle principale.

- Merci énormément ! » s'exclame Kenshiro, soulagé qu'une telle permission lui soit accessible avant de s'en aller d'un pas pressé vers son objectif.

Ce qui motive la foudre la plus rapide du Continent Central, le Shirenai de feu ne le sait que trop bien. Après tout, si cet homme n'avait pas été là, tout aurait mal fini. Rien que pour ça, il ne peut que tout lui accepter. Quelques instants à peine plus tard, Kenshiro rejoint son ancien disciple, adossé contre la muraille, endormi. En presque un an à être passé à ses côtés, il sait comment le sortir de sa torpeur. De légères lignes jaunes apparaissent sur sa main droite. Il tire un éclair sans dire la formule, à trois centimètres du nez de Rajik. Ce qui le fait sursauter et crier.

« Hé ! Un peu plus et mes cheveux étaient grillés !

- Il t'a fallu aussi peu de temps pour pioncer ?

- Hé ! C'est que ça use !... Qu'est-ce que je dois faire ?

- Tu te souviens de Fraya ?

- Qui ?

- Non... Bon, la femme qui tirait des flammes noires. Depuis que nous avons vaincu la chose qui la possédait, son état s'aggrave de plus en plus. »

Après plusieurs secondes à ne pas comprendre de qui il parlait, il parvient à se souvenir du combat que son ancien maître vient d'évoquer.

« Aaaaa.... Oui. Et alors ?

- Je ne sais pas pourquoi mais depuis ce jour-là, elle se dégrade. Je ne ressens plus aucun signal d'énergie active en elle. »

Malgré la gravité avec laquelle Kenshiro lui annonce ça, Rajik reste indifférent. Après tout, à ses yeux, Kirioku ou non, cette femme a causé beaucoup de torts à lui ou et à ses amis. La défaite qu'il essuya contre elle avant qu'elle ne mette la main sur la bague est encore bien perceptible en lui.

« Peux-tu m'accompagner et lui passer une partie de ton ki ?

- Quoi ?

- Rajik, je t'en prie. Tu peux me croire. J'ai tenté de régler le problème. Sans succès. Vu que vous partagez la même énergie, je ne vois que cette possibilité. »

En dépit de ses explications, son ancien disciple semble peu coopératif. Bien qu'il ignore tout de l'origine commune qu'il possède avec la Kozana, la probabilité qu'il accepte une telle demande paraît bien faible. Sentant sa chance s'évaporer progressivement, Kenshiro ose s'agenouiller devant l'homme qui a partagé presque une année de sa vie. Ce geste désarçonne son destinataire.

« Tu es mon seul espoir. »

Le regard plein de détresse du Shirenai affilié à la foudre parvient à passer au-delà de la barrière construite dans l'esprit du Kiyuza.

« Bon... Faut que je lui en passe, c'est ça ?

- En effet.

- Allons-y. annonce l'ancien disciple d'un ton étrangement calme et acerbe, loin de ses intonations habituelles.

- Merci. répond Kenshiro en deux temps, la gorge étouffée par la joie.

- C'est par où ?

- Viens d'abord au Conseil avec moi. Un moment important est sur le point d'arriver. »

La foudre la plus rapide du Continent Central, si heureux que sa demande fut acceptée, et le Kiyuza le plus puissant de cette même partie du monde, un peu dégoûté par ce qu'il va réaliser, entrent dans la base. Plus tard, lorsqu'ils rejoignent la salle principale du Conseil, Lyn et tous les patrouilleurs sont là.

« Ouf... Ça n'a pas commencé. Tant mieux. Reste avec les patrouilleurs. En tant que mercenaire, je dois me placer là-bas. » affirme-t-il avant de s'y diriger.

Rajik voit l'élève de Tencubo. Après quelques secondes d'hésitation, motivées par une étrange sensation qui le met mal à l'aide, il vient lentement jusqu'à elle mais n'ose pas la regarder.Lorsque vient son tour de se rendre compte de sa présence, Lyn ne comprend pas ce qu'il fait là. Il n'est pas un Shirenai ! Pourquoi vient-il se coller à elle ? Est-il au courant de son échec contre Korit et Tekina ? Serait-il venu pour le narguer ?Sous l'agacement que cette hypothèse puisse se confirmer, elle serre les poings pendant un instant avant de se reprendre. Pourquoi perdre son sang froid avec tous les progrès qu'elle a accompli ? Ça n'a aucun sens. Plus qu'auparavant, la future mercenaire attitrée veut prouver à tout le monde qu'on puisse compter sur elle.Tout à coup, une autre porte s'ouvre. Tous sauf Rajik se mettent au garde à vous. Le maître-conseillerentre alors et rejoint sa place, sac confié par Yoru en main.

« Rompez. »

Ils reprennent leur position initiale.

« Peuple Shirenai... Le temps est venu pour moi de vous donner le nouvel axe sur lequel nous allons tous évolué. Les derniers événements... Le réveil de l'artefact noir... La mort de deux de nos plus illustres guerriers et de quelques-uns d'entre nous... Ont pointé du doigt l'erreur que nous avons commise : avoir prolongées les atrocités survenues il y a deux cents ans... Comme le grand Densetsu a stipulé dans notre Code, nous sommes les défenseurs de l'équilibre élémentaire. Les protecteurs de Faironne. Et donc de tous ses habitants ! Nous ne devons en aucun cas stigmatiser qui que ce soit, contrairement au Conseil précédent. C'est pourquoi, au nom des valeurs que nous défendons, que j'annonce solennellement... »

Un petit silence. Tous, sauf Rajik qui ne cesse de fixer Lyn du coin de l'œil, et Kenshiro, déjà au courant de ce qui va être annoncé, retiennent leur souffle.

« L'officialisation de la coopération Shirenai-Zigrik ! »

Tous ceux n'ayant pas eu écho ou autre ébauche de cette décision sont sous le choc. Qu'est- ce que ça veut dire ? Qu'ils vont cohabiter à Kigen ? Aussitôt, ça discute dans les rangs. Les anciens partisans de Shipé trouvent ça absurde. Le calme olympien, voir quasiment traditionnel, qui régnait dans cette salle lorsqu'un conseiller s'exprimait, s'efface pour faire place à un vacarme grandissant. De mémoire de Shirenai, un tel chahut ne s'était jamais produit depuis la fondation de Kigen.

« Silence ! » ordonne Tencubo.

Face à sa fermeté, tous se taisent immédiatement.

« Ne reproduisons pas l'erreur de nos ancêtres ! Sinon, d'autres menaces du type Kirioku ou au-delà surgiront beaucoup plus facilement ! »

Personne n'ose remettre en question cet argument infaillible.

« En tant que votre maître conseiller, je me dois de vous dire la vérité. Une menace pèse déjà actuellement sur nous. Ses auteurs ? Les anciens conseillers Daigaku et Aritsune. »

L'annonce fracassante qu'il vient de faire ne passe pas dans toutes les têtes des soldats. Qu'est-ce qu'il raconte ? Est-il devenu fou ? Même si leur disparition soudaine ne possède aucune explication, pourquoi s'en prendraient-ils à eux ?

« Mercenaire Kenshiro, apportez leur la vérité.

- Ce que vient de dire notre chef est vrai. Avant qu'ils ne s'évaporent, des écrits ont été volés à la salle des archives. Malheureusement, comme aucune liste n'a été établie, il m'a été impossible d'identifier lesquels. D'autres indices nous affirment qu'ils vont nous attaquer. Quand ? Sans doute, lorsque les ruines du temple de Ki-Ramen seront de nouveau utilisables. Le motif ? Nous ne le savons pas encore. Cependant, malgré les zones d'ombre, il faut que vous prenez le menace très au sérieux.

- C'est pourquoi, il nous est impératif de grossir nos rangs. Mercenaire, prenez ce sac je vous prie. Procédez à la distribution.

- A vos ordres. »

Sans plus attendre, il prend le sac et se dirige vers ses collègues patrouilleurs.

« Shirenais, je vous présente votre nouvel outil : les détecteurs, fabriqués par le vice-conseiller Yoru. Grâce à eux, nous découvrirons d'autres personnes pouvant manier les éléments. Shirenai ou Zigrik. Comme elles ne le savent peut-être pas, nous allons les y aider et les inviter à nous rejoindre.

- Nous sommes tous menacés. appuie Kenshiro en leur ouvrant le contenant.

- Alors, unissons-nous. Notre avenir en dépend. L'avenir de ce monde en dépend ! Alors, répondez à mon appel !... Prenez-en quatre chacun. Une pierre par élément. Afin de les reconnaître facilement, vous trouverez sur certaines d'entre elles une vague pour l'eau. Une flamme pour le feu. Un carré pour la terre et un éclair pour le dernier. »

Convaincus par la détermination et la volonté féroce de protéger Faironne coûte que coûte de leurs supérieurs hiérarchiques, les soldats se servent selon les consignes précédemment données. Leur confection d'origine Zigrik en gêne certains. Mais, voilà, si ce que Tencubo leur a avoué se vérifie, ils se sentiront obligés de mettre leurs préjugés de côté.

« Voilà comment vous allez procéder. Trinômes comme avant. Partez d'ici jusqu'aux côtes. D'après les notes du vice-conseiller, vous devez tendre les pierres vers toutes les personnes que vous croiserez. Si un élément sommeille chez l'une d'elle, le détecteur qui lui correspondra s'activera et émettra la couleur associée. Mercenaire Kenshiro.

- Oui ?

- Une fois les patrouilles revenues de leurs expéditions, vous obtiendrez le titre exceptionnel d'instructeur coordinateur et vous servirez un nouveau protocole : le dispositif de mixité. Je pense que, vu le nom, tu sais à quoi il fait référence. »

Déçu que de nouvelles tâches lui soient assignées, celui qui séjourna auprès des Kiyuzas se demande quand il pourra pleinement s'occuper de Fraya.

« Pas d'objection ?

- Euh... Non. »

Tous les soldats ont récupéré leurs nouveaux outils de travail. La frustration latente de Kenshiro n'échappe pas à l'œil vif du pyromancien le plus puissant de Kigen.

« Sur ce, avez-vous tous compris ? demande-t-il.

- Oui ! Maître Conseiller Tencubo ! lui répond toute l'assemblée.

- Bien. Allez les chercher ! »

Tous les patrouilleurs, dont Lyn, partent. Rajik la suit du regard. Le Shirenai affilié au feu rejoint son soldat de foudre.

« Comment ça instructeur ? Et notre accord ?

- Je suis désolé mon ami. Je sais ce que tu ressens mais comprends moi. Tu es le mieux qualifié de tous et le seul à pouvoir gérer la coordination des patrouilles. Si l'ennemi passe à l'attaque, elles nous serviront d'éclaireurs et nous pourrons anticiper en conséquence. Yoru, vu la charge de travail qu'il possède déjà, ne peut assumer ça. Lyn, elle, a encore besoin d'énormément de pratique avant d'honorer de telles tâches. Nous sommes en sous effectif de personnel qualifié. »

Face à ce flux d'explications logiques, son interlocuteur ne répond pas.

« Une fois nos ennemis vaincus, tu seras libre. Je te l'ai promis. En attendant le retour de nos escouades, tu peux te retirer et te consacrer à ce que tu dois faire. Dès que tu auras fini, tu resteras ici. Rien à redire ?

- Reçu... »

Kenshiro rejoint son ancien disciple, toujours la tête ailleurs.

« Viens Rajik. »

Il commence à s'en aller, sans que ce dernier ne le suive.

« Rajik ?

- Oh... Euh... Pardon Kenshi.

- Peux-tu me suivre s'il te plaît ?

- Tout de suite. »

Le maître-conseiller suit son confrère du regard, bien conscient de la pénibilité qu'il vient d'imposer, un peu à contre cœur.

« Où allons-nous ? demande le Kiyuza.

- Dans le village juste à côté.

- Ah ? Tant mieux, ce n'est pas trop loin. Je pourrai vite te rendre service alors.

- Tu es pressé ?

- Non... C'est juste que... J'aurais voulu ne pas l'aider. »

Bien qu'il soit touché par son aveu, Kenshiro n'ose pas rentrer en conflit direct avec lui. Ce n'est pas le moment que de tels échanges se produisent, vu le contexte actuel. Tous ignorent que la force adverse grandit sans que personne ne puisse intervenir. Tout repose désormais sur l'efficacité des troupes Shirenais à recruter en masse. Ceux qui furent les surveillants d'un temps le lieu sur lequel Daigaku et Aritsune comptaient avant qu'il ne soit forcé se dirigent là où la Kozana se repose. Le temps presse quelque soit le camp. Le prochain affrontement se profile.