Les derniers propos de Kenshiro encore bien ancrés dans son esprit, Tencubo rejoint son apprentie. Elle est de dos, légèrement de profil, sur son côté gauche, aura rouge, ressemblant à une flamme haute de cinq mètres. Le maître-conseiller, effaré par ce qu'il voit. Le chaleur qu'il ressent parvient à lui provoquer une légère sudation sur le front. La Shirenai ne cesse de se remémorer sa défaite, encore et encore. Sa frustration se répercute sur son aura, l'augmentant encore et encore.
« Je les aurai ! » hurle-t-elle.
La hausse de température est tellement violente que la zone s'assèche en un instant. Le parterre d'herbe présent sur la terre se trouvant au-dessus de la salle brûle par endroits.Juste après ça, elle s'écroule, aura désactivée. Son mentor se précipite vers elle et pose sa main droite sur son ventre. Trois secondes après, elle ouvre en grand les yeux.
« Maître Tencubo ?
- Tu viens de récupérer une partie de mon énergie. J'ignore ce que tu as voulu faire mais, si tu veux progresser, ce n'est pas comme ça que tu dois t'y prendre. Notre affiliation implique le fait que nous pouvons vite nous épuiser. »
Il l'aide à se relever. Au fond d'elle, la frustration a laissé sa place à un profond dégoût couplé à un grave manque de confiance en elle.
« Fais plus attention la prochaine fois. Cependant, tu as fait déjà des progrès. Ton énergie est plus développée qu'avant. Tu dégages plus de chaleur. La prochaine étape consistera à la canaliser puis à la relâcher avec contrôle dans tes techniques. Reprenons là où nous en étions. » explique-t-il avant de dégainer son épée.
Son allure rappelle étrangement la posture que prenait son paternel lorsqu'il entraînait les prétendants au titre d'envoyé du Continent du Sud pour Kigen. Bien décidée à lui prouver qu'il a tort, galvanisée, Lyn se remet droite, prête à en finir. Ailleurs, Kenshiro arrive jusqu'à la porte de la chambre où Fraya se repose. Il toque.
« Fraya ? »
Personne ne répond. Il tourne lentement la poignée et ouvre la porte avec la même vitesse. La voilà, endormie, respirant fortement. Il s'approche d'elle, détache son arme, la pose sur la table, puis, il s'assoie auprès de sa protégée. Son souffle, anormalement trop bruyant, l'inquiète. Il regarde au niveau de son cœur. Un faible signal, plus qu'avant, parvient à ses oreilles. Kenshiro tâte son front. Il est bouillant. Apparemment, l'absence prolongée de ki en elle semble être le coupable parfait. Celui qui séjourna auprès des Kiyuzas ignorait totalement une telle éventualité. Sans doute qu'il en a été épargné grâce à sa foudre. Il retire sa main. Soudain, la Kozana tourne la tête vers lui.
« Fraya ? »
Encore une fois, aucune réponse. Soulagé qu'elle dort, dans l'esprit du Shirenai, un seul objectif en ligne de mire : la guérir. Pour ça, une solution évidente lui apparaît. Pour l'aider, un seul homme dans Faironne : Rajik. Il prend la main droite froide de sa protégée entre les siennes.
« Je vais tout faire pour t'aider. Qu'importe s'il est possible que tu sois de nouveau vulnérable au Kirioku, je prends le risque. Je ne peux te laisser dans cet état. Je veillerai toujours sur toi. Nous aurons notre vie ensemble. Je t'en fais le serment. »
Après avoir de nouveau engagé sa parole, il repose délicatement sa main, se lève et reprend son arme.
« Tu auras la vie que tu mérites. »
Cependant, le premier obstacle s'opposant à son plan se dresse déjà sur son chemin. Tant que Tencubo n'en aura pas fini avec Lyn, il doit entretenir la direction de la base. Impossible donc d'aller chercher Rajik tout de suite. Autre possibilité d'en accélérer le déroulé : Yoru finit le détecteur plus tôt que prévu. Il faut y croire. Galvanisé, il referme la porte derrière lui discrètement, ne s'empêchant pas d'adresser un dernier regard envers la Kozana. Dans une forêt proche de l'affrontement entre les Zigriks et le Kiyuza le plus talentueux du Continent Central, la fratrie et Calibak, toujours inconscient,apparaissent. Certains d'avoir échappé au pire, ils regardent leur poulain.
« Tu as senti cette puissance ? Il a de la ressource ! commente Korit.
- Mais il est pas encore habitué. Ça se voit.
- Il promet. Une fois qu'il s'y sera adapté, on l'inclut pour de bon avec nous.
- Avec le potentiel qu'il a, nous pourrons retenter notre chance.
- Nous mettrons ces Shirenais à terre !
- Vous croyez ? » leur répond une voix qu'ils ne connaissent que trop bien.
Malheureusement pour eux, leur pire cauchemar les avait retrouvé.
« Mais... Mais comment ? s'interroge Tekina, au bord du craquage mental.
- Je vous ai pisté... Grâce à son odeur. répond-il en pointant Calibak avec son index droit.
- Merde... »
Comme elle le pensait depuis le début, intégrer un inconnu présentait toutes les chances de mettre à néant leur intégrité. Décidément, cet homme est un véritable boulet, un aimant à déboires et autres perturbations.
« Le moment est venu ! » leur hurle Rajik.
Devant l'explosion soudaine de l'aura de leur pire ennemi, la sœur se précipite sur l'apprenti et le gifle plusieurs fois.
« Réveille-toi ! Allez !
- Ramenez-vous !
- Mais tu vas te réveiller oui ?! Ou je tue sur le champ ! Merdeux tireur d'éclairs ! » insiste-t-elle en le secouant vivement.
L'injure parvient à le sortir de son sommeil forcé.
« Qu-quoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- On a besoin de toi là !
- Pourquoi ? »
La vue encore à moitié embrumée, il parvient néanmoins à distinguer l'homme qui a osé vendre sa si précieuse bouteille, symbole de délivrance de ses maux.
« Il est encore là lui ?
- Écoute bien, si tu te joins à nous et que nous parvenons à le vaincre une bonne fois pour toutes, nous te promettons de tout t'apprendre. » lui jure Korit.
Comment cet homme a-t-il pu apprendre à matérialiser son ki ? Quel talent possède-t-il ? Ses questions l'obsèdent, au stade même où il n'a pas prêté attention à la parole qu'a engagé le Zigrik. Ainsi, il reste comme figé sur place. Son allure rigide n'échappe pas à l'œil de Tekina.
« Hé ! T'as entendu ? Reprends toi tout de suite. Détruisons-le ensemble et on passera à autre chose. »
Aucune réaction. C'était joué. C'était plié. Rien à en tirer. Quel boulet ! Ce sera un deux contre un. Pensant qu'avec le précédent affrontement leur adversaire ne montrera pas la même solidité, le duo fraternel se sent plus confiant que jamais, malgré quelques signes évidents de fatigue présents chez eux.
« Décidément, on ne peut vraiment compter que sur nous-mêmes.
- Comme j'ai hâte de mettre la main sur le Kirioku... »
Rajik poursuit sa croissance énergétique. Un vent se lève progressivement. L'ancien membre du peuple Kiyuza n'a pas les mots pour décrire ce qu'il ressent, toujours à la recherche du talent qui l'anime. Ses adversaires enclenchent leur aura aux quatre couleurs. L'ouïe de leur poulain s'en retrouve brutalement affectée. Un son tantôt strident, tantôt grave, à cadence irrégulière, difforme, l'assaille, l'obligeant à se boucher les oreilles. Cette violence-là, il ne l'a vécu qu'une seule fois : le jour où son vénérable avait banni un très jeune garçon possédant un pouvoir interdit. Serait-ce cet homme ? Non, Calibak n'arrive pas à y croire. Pourtant, comment expliquer son existence dans le Continent Central ?
« Ramène-toi ! » hurlent les Zigriks.
L'ami Kiyuza de Rai concentre plus d'énergie dans ses jambes. Le sol derrière lui se fissure un peu. Tekina, de peur qu'il charge à tout moment, le vise.
« Idewer ! »
Aussitôt la formule prononcée, un rocher est vite extirpé du sol et fonce vers sa cible. Celle- ci concentre du ki dans son poing gauche lui permettant d'éclater l'attaque du duo de Zigriks.
« Kraner Ilwaï ! »
En se servant de l'humidité présente dans l'air et en la condensant, Tekina tire un morceau de glace.En à peine une seconde, Rajik transfère son ki vers son poing droit et éclate la faible menace. Ses prouesses émerveillent, stupéfient et effraient le spectateur. Ainsi, il commencerait à remettre en question tout le ciment éducatif qu'il a reçu, la légende de l'Interdit en première.
« Okwé Iyaweraé ! Ilwaï Zinaé Taï ! »
Simultanément, la Zigrik projette un autre rocher et un morceau de glace plus gros que le précédent. En réponse, leur ennemiconcentre du ki dans sa jambe droite puis balaye les deux projectiles d'un mouvement semi-circulaire.
« Raï Zinaé Éfaï ! » hurle avec rage Korit.
Cette fois-ci, Rajik est confronté à une boule de feu et un éclair plus lent que ceux produits par son mentor.Déjà habitué à l'une des deux attaques, il est aisé pour le spécialiste du combat au corps-à-corps de l'esquiver. En ce qui concerne la technique pyromancienne en revanche, il se trouve dans l'obligation de le frapper de son poing droit. Le souffle généré à l'impact étouffe la menace en quelques secondes à peine.
« Olowar Éfaï ! »
Le simple fait que leur cible a employé une manœuvre défensive suffit à Korit pour persister dans cet élément.Ainsi, le frère invoque une vague de feu.
« Bétaram ! »
Grâce au bénéfice apporté par sa maîtrise du ki, il passe à travers elle tout en étant un peu reculé.
« Firaizer ! »
Un éclair l'atteint alors de plein fouet. Une victoire, petite certes, mais significative pour la fratrie. Tant qu'ils le tiennent à distance, ils sont convaincus qu'il restera inoffensif. Pour eux, il ne gère pas les attaques qui s'enchaînent de cette manière. S'appuyant sur cette théorie, il est peu étonnant qu'une technique fixe comme leur fameuse tornade ne rencontrait aucun résultat. Un combo bien placé représenterait donc la solution parfaite ! S'entame alors une nouvelle phase d'observation. Rajik, devant les difficultés qui se dressent, prend une posture plus agressive et concentre son ki dans ses jambes. Korit pose sa main droite au sol.
« Maintenant ! indique-t-il plusieurs secondes après, dès que l'énergie déployée par le Kiyuza atteint une certaine fréquence sur sa peau.
- Zunatar ! »
Le frère émet une onde suffisamment puissante pour provoquer un tremblement de terre localisé en direction de Rajik. La déstabilisation réussit. Tekina, plus confiante que jamais, saisit l'occasion pour poser ses mains en arrière, dans l'attente que son partenaire de toujours pige sa pensée.
« Raï Zinaé Éfaï ! »
Grâce à deux décharges de feu et de foudre, la Zigrik se propulse droit vers sa proie. Ce n'est que lorsqu'elle se trouve à moins de cinq mètres de lui qu'elle utilise la main qui a dégagé son feu pour le viser.
« Ibafaréfaï ! »
Une boule plus conséquente atteint Rajik de plein fouet, le traînant sur une trentaine de mètres.La sœur retombe sur ses pattes. La violence et la brutalité de l'action convainquent Calibak que, malgré le stade poussé de sa maîtrise, cette homme ne peut tout simplement pas encaissé ça. Pour lui, les jeux sont faits. Ils ont réussi. Totalement persuadés d'être les vainqueurs, ils s'accordent un jeu de mains.
« Nous sommes les meilleurs ! s'exclame Korit.
- On a fini par l'avoir ce minus ! Rien ne surpassera nos pouvoirs ! Ni ces chiens de Shirenais, ni ces débiles avec cette énergie de merde ! »
Pendant ce temps, Rajik, allongé sur le dos, vêtement du haut un peu calciné et déchiré, des marques de brûlures sur le haut de son torse, grâce aux forces qu'il a pu rassemblé la seconde avant l'impact, commence peu à peu à reprendre connaissance. Un petit son aigu vient chatouiller Calibak. Une partie de la végétation présente se flétrit progressivement. Symptôme peu commun pour l'être bercé dans la culture Kiyuza.
« Malgré la fessée aux Rocheuses face à cette chose, sœurette, nous sommes effectivement devenus plus forts. Peut-être que, si nous continuons comme ça, nous débloquerons une autre forme de ce qu'ils appellent Kuwa-truc.
- T'as trop raison ! Faudrait peut-être continuer à tenter de battre ce truc là-bas, non ? »
Alors qu'ils continuaient tranquillement leur débat, tout à coup, à la surprise générale, Rajik se relève, les bras ballants.La désintégration environnante accélère subitement.Les corps des Zigriks et de leur apprenti sont sujets à de violents frissons. Lorsque Calibak le voit, un sentiment indescriptible l'envahit, le même lors de la sentence prononcée par son vénérable à laquelle il a assisté. La paralysie mentale qui l'accompagne l'empêche de comprendre quel talent habite leur adversaire.
« Il tient encore debout ? s'étonne Korit.
- Même après un tir à bout portant ?
- Mais qui est-il à la fin ?! »
Le ki extrait de la disparation de la flore vient s'incruster dans son corps. Ce phénomène ramène un douloureux souvenir chez la fratrie.
« Oh non...
- Pas ça ! » supplie Tekina.
L'ancien disciple de Kenshiro prend une nouvelle posture, celle d'un félin prêt à bondir. Son corps se blinde de partout. Les traces de brûlures s'effacent. Le duo commence à reculer et tremble. Rajik lève la tête. Ses yeux sont argentés.
« Un camouflage ! Vite ! » exige le frère.
Malgré la précipitation, elle parvient à mettre la main sur le parchemin possédant cette faculté.
« Nous nous reverrons !
- Zifi[...] »
A peine la formulée prononcée que Rajik se déplace à une telle vitesse qu'on pourrait croire qu'il s'est téléporté. Dès qu'il arrive à hauteur de ses cibles, en plaçant ses épaules au niveau de leurs ventres, comme s'il allait plaquer, il les traîneavec lui pendant quelques secondes tout en percutant quelques obstacles sur son chemin. Puis, il les propulse tellement loin en avant qu'ils quittent le décor. Une fois la menace hors de portée, ce n'est qu'à ce moment-là que Calibak se rend compte de la manœuvre. Un lotus brille sur le torse du Kiyuza. Son talent. Enfin, l'ancien citoyen de la cité dirigée par Ki-Igno le reconnaît. Celui de l'absorption. Peu étonnant qu'il a été banni petit. Un tel pouvoir peut renverser n'importe quel régime. Et puis, en y réfléchissant un instant, qui a déterminé que tel ou tel talent est interdit ? Alors qu'il tentait d'y trouver une réponse, Rajik reprend une respiration plus calme. Ses pupilles redeviennent normaux.
« C'est moi le meilleur. » affirme-t-il entre deux souffles.
Celui qui fut le poulain du duo infernal de Zigriks observe les environs. Un décor presque vide de vie. Une ambiance proche de la désolation. Que serait devenu le haut lieu de sa culture avec une calamité vivante pareille ? Il ne faut pas qu'il empiète sur cette terre ! Contre toute attente, Rajik, amertume en bouche, pose les genoux au sol. La lumière émise par son symbole s'étouffe de plus en plus. En contrepartie, les plantes à proximité pouvant être sauvées retrouvent une certaine vigueur. Quelle incroyable maîtrise de son énergie ! Le voir ainsi en action amène encore plus de frissons chez son spectateur. Aussitôt, regrette-t-il les malheureux éclairs qu'il a pu lui balancé. Va-t-il subir à son tour le courroux d'un talent interdit ?
« J'aurais voulu les apporter à Kenshiro... Tant pis. »
L'autre homme tente de quitter les lieux en reculant. Malgré son extrême prudence, Rajik finit par le remarquer. Le pauvre apprenti Zigrik sent sa fin venir. Être tué par l'un des siens : un événement qui ne s'était jamais produit au sein de la civilisation dont est issue Fraya.
« Je m'excuse pour le coup de la bouteille. déclare alors le possesseur du talent d'absorption.
- Pardon ? »
Rajik fouille dans sa poche et sort un morceau de tissu, enroulé par une ficelle, contenant quelque chose. Déjà bien surpris par sa phrase, Calibak ne s'attendait absolument pas qu'il le lui jetterait.
« Tu pourras t'en racheter une. » poursuit le lanceur.
D'abord réticent, l'attitude de son confrère de peuple le pousse à l'ouvrir. S'en retrouve encore plus grande sa stupéfaction lorsqu'il découvre de la monnaie.
« Pourquoi tu traînais avec eux ? lui demande-t-il.
- En quoi ça te regarde ?
- Ils sont recherchés. »
Quoi ? Comment est-ce possible ? Est-ce vrai ? Bon nombre d'autres questions assaillent son esprit.
« Je ne sais pas qui tu es mais t'as du niveau ! Tu as failli m'avoir ! J'ai envie d'avoir ma revanche ! Mais pas aujourd'hui. Nous ne sommes pas au mieux de notre forme. »
Les propos de Rajik ont de quoi dérouter celui dont la quasi-totalité de sa vie fut rythmée par les sermons et traditions régnant sur le Continent de l'Ouest.
« Pourquoi t'intéresses-tu à moi ?
- J'ai une philosophie. La plupart du temps, mes adversaires deviennent mes amis. J'adore me battre. Une castagne, c'est un échange. On s'en met plein la tronche. J'aime ça.
- Dans quel but ?
- Devenir le meilleur ! »
Décidément, avec cette réponse si incongrue, en contradiction totale avec ce qui transmis oralement par sa religion, Calibak ne comprend plus rien.
« Pendant une bonne partie de ma vie, j'ai dû me battre seul dans la nature. Aussi dure qu'elle peut être parfois. J'en ai bavé. » explique Rajik.
S'impose un silence ponctué de regards témoignant de la sincérité pure de l'un et de la déroute totale de l'autre.
« Je ne me souviens plus de comment je suis né ou comment j'ai atterri dans les bras de Mère Nature. »
Voilà enfin une nouvelle réjouissante pour son interlocuteur. L'éclaircissement d'un mystère qui le corrodait depuis la découverte d'une telle maîtrise du ki par quelqu'un qui a vécu sur la '' Terre Interdite '', comme on l'appelle chez les Kiyuzas.
« Et puis, j'ai appris à avoir de la compagnie. » poursuit Rajik avec une pensée pour Yoru, Rai, Tencubo et Kenshiro.
Aussitôt, un sentiment, aussi profond que celui qu'il ressentit lorsque les sauveurs de Faironne ne pouvaient plus rien faire contre le Kirioku, l'envahit. Sous la promesse qu'il s'est imposée, il se retient de pleurer.
« Des personnes très fortes. »
Une autre pensée, focalisée sur les techniques les plus puissantes des concernés, remplace la première.
« J'aimerai être aussi fort qu'ils peuvent être avec leurs éléments. Quitte à les surpasser. Je n'ai pas de techniques de transformation comme eux avec le Kuwa-truc. Je ne tire rien, n'invoque rien mais je me bats à ma manière. »
Ignorant ce qu'il vient d'évoquer, vue la sincérité transpirante dans sa voix, Calibak reste néanmoins attentif à ses aveux.
« Mais, tu peux me croire, si quelqu'un vient les embêter, je lui éclaterai la tronche ! »
La fin de sa phrase décroche un sourire chez son interlocuteur. Un tel caractère, une telle anomalie, enfin un peu de changement dans ce monde qui semble si monotone pour l'homme venant de l'Ouest.
« Je t'ai pas trop fait mal au fait ?
- Un peu quand même.
- Un bon repas et tu seras reparti ! Ça te dit ? » propose Rajik en arborant un grand sourire.
Quelle bonté dégage-t-il ! Aussitôt, les préjugés provenant de ce qu'il savait sur le Kiyuza banni s'évaporent. Malgré la présence d'un talent interdit en lui, il ne représente nullement une menace pour l'équilibre de Faironne.
« Alors ?
- C'est d'accord.
- Chouette ! Je connais un coin pas loin qui sert de bonnes choses à manger. Et ça tombe bien, avec tout ça, j'ai faim ! Tu me suis ?
- Volontiers. Guide-moi. »
C'est ainsi qu'ils quittent les lieux. Cependant, bien qu'il vient d'obtenir quelques réponses fortement surprenantes, le mystère subsiste dans son esprit. Il faut en savoir plus.
« Qui t'a appris à faire tout ça ? demande Calibak.
- Un grand Shirenai !
- Un Shirenai ? Tu veux dire un être utilisant les éléments avec une arme contondante ?
- Oui ! Comme toi, il tire des éclairs. »
Cette affirmation finit de scotcher le mental de l'ancien concitoyen de Ki-Igno.
« Il pourra t'apprendre si tu veux... Il s'appelle Kenshiro. »
C'est à ce moment-là que Rajik perçoit la stupéfaction sur son visage.
« Ça va ?
- Euh oui oui. Pas de problème... Pourquoi pas après tout. »
Sans se douter à quoi il peut bien penser, l'ex-disciple de la foudre la plus rapide du Continent Central poursuit son chemin, en bonne compagnie selon lui. Kenshiro. Un prénom loin d'être étranger pour Calibak.Lui revient alors un autre souvenir. Peu de temps après la fuite de Fraya, dans le bureau du vénérable, Kenshiro a les genoux à terre. Quatre Kiyuzas, dont le futur apprenti Zigrik, se tiennent derrière lui. Ki-Igno est dans une colère noire. Le temps, comme pour traduire parfaitement le degré de son sentiment, est exécrable dehors.
« Citoyen Kenshiro... Je tiens à te prévenir... Si nous découvrons que tu es responsable de sa fugue, nous t'exécuterons sur le champs Est-ce clair ?
- Oui. » répond-il, le dégoût du geste de sa protégée bien présent en bouche.
Sa seule présence constituait une entorse envers leur philosophie. Il a été entraîné selon leurs règles. Il a prouvé qu'il était digne de confiance. Cependant, son brusque départ dissuada définitivement celui qui quittera la cité après lui.Y verrait-il l'occasion ultime de prouver qu'il est bel et bien celui qui poussa la Kozana à un tel geste ? Pour le moment, il ne peut en être sûr. Ainsi, il garde cette idée dans un coin de sa tête. L'important est de comprendre comme la foudre s'est intégrée dans son être.