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Chapter 84 - Arc 5 – Épisode 3 : Désir de Protection Inébranlable.

Dans le bureau du maître-conseiller, Tencubo est debout derrière une fenêtre, le regard un peu perdu à l'horizon. Penserait-il à l'avancement du projet démarré avec son bras droit ? Ou à quelqu'un en particulier ? Tellement son esprit s'évade dans ses méandres qu'il ne remarque pas que Yoru entre dans la pièce, apparemment assez essoufflé, comme s'il était pressé de le rejoindre.

« Désolé d'être en retard. Je consultais des documents assez intéressants dans la salle des archives.

- Tu veux t'adonner à certaines expériences ? Tu sais ce que nous pensons là-dessus, n'est-ce pas ?

- Oui, bien sur. Ne t'en fais pas. Je ne ferai rien qui compromettrait l'équilibre qui régit nos vies. Je suis Zigrik, oui. Mais un habitant de Faironne avant tout. Je creuserai certains mystères sur nos capacités.

- Bon, si tu le dis, je te fais confiance.

- Par où commençons-nous ?

- Nous manquons de mercenaires compétents. L'ennemi peut en profiter à tout moment. Il faut trouver une solution. Je ne peux pas tout le temps solliciter Kenshiro.

- Oui. Il faut le soulager dans ses responsabilités. Est-ce que Lyn possède le niveau nécessaire pour devenir mercenaire ?

- Pas encore. Elle manque encore d'expérience et de puissance pour accéder à ce titre. Je compte bien respecter la promesse que je lui ai faite. Elle cache un potentiel qu'elle bride involontairement. Rai voyage... Qu'est-ce qu'il nous reste ? Nous avons encore moins d'un an devant nous avant que l'ennemi ne réutilise les ruines. »

Se passe un petit instant de silence. Aucun des deux conseillers ne semble posséder le début d'une solution pour répondre aux exigences de la situation qui s'annonce.

« J'ai un très mauvais pressentiment. avoue le manieur de feu.

- J'ai une hypothèse un peu alambiquée à vous proposer. Peut-être que, quelque part, des personnes ne doivent pas être conscientes qu'elles peuvent maîtriser les éléments.

- Qui à part nous ?

- Vous êtes-vous déjà demandé comment la maîtrise élémentaire est apparue ?

- Tout ce qu'on sait, c'est que nos ancêtres ont juste remarqué qu'ils en étaient capables. Les nôtres l'ont vu grâce à des objets tranchants. Grâce au grand Densetsu, nous savons que ce sont les éléments qui nous donnent une part de leurs énergies.

- Même mon mentor ne me l'a pas expliqué. Aucune information non plus dans mon très cher grimoire malgré la quantité de savoirs qu'il représente. Dans ce cas, il est probable que d'autres individus aient pu développer aussi cette aptitude. Les éléments ne nous ont rien dit à ce sujet.

- A quoi penses-tu ?

- Si nous parvenons à les trouver, nous pourrons en recruter. Je me souviens avoir croisé avec Rai et Rajik un paysan qui était capable, à faible mesure, d'invoquer une pluie pour son champ. L'outil qui lui permettait d'y parvenir était sa simple faux. Si nous nous basons sur cet exemple, nous pourrions peut-être mettre en place un dispositif facilitant le développement de leurs énergies. Qu'ils deviennent Shirenais ou Zigriks, avec la bonne méthode et avec la bonne éducation, il serait possible de les intégrer. Tous ne sont pas des Alnors endormis.

- C'est une bonne idée. Ainsi, ça regonflera les troupes et permettra d'avoir du répondant. Nous allons donner une nouvelle consigne aux patrouilles qu'il nous reste. Trouver ces gens et les convaincre de nous rejoindre ! On appellerait ça... Le dispositif de mixité !

- Joli nom. Ça me permettrait de trouver un successeur.

- Oui. Je te l'ai promis. Cependant, un problème persiste. Comment les trouvera-t-on ? Nous ne sommes capables de détecter que ceux qui ont éveillé l'élément en eux à partir d'un certain niveau.

- Je m'en occupe. Le grand Kigzir avait travaillé sur un procédé de détection. Je vais revenir dessus.

- Convoquons Kenshiro et tenons-le au courant. Une fois que tu auras mis ça en place, ce sera le point de départ pour un monde meilleur.

- Il est loin d'ici ?

- Non. Il est dans le village d'à côté. Je vais tout de suite envoyer une patrouille. Dès que tu auras terminé notre prochain outil de travail, reviens me voir. »

Là-dessus, Yoru quitte les lieux sans plus attendre. Ailleurs, dans une chambre d'apparence modeste, Fraya, consciente et éveillée, est allongée sur le lit, regardant le plafond avec une respiration calme. Ne pouvant écarter ses pensées de tous les efforts qu'elle avait engagé pour éviter l'horrible sort que lui réservait son paternel, elle se lève à moitié et met la main droite au niveau du cœur. C'est alors qu'elle se rend compte que son ki a énormément diminué. Aucun doute permis. Le Kirioku s'est bel et bien nourri d'elle pour se maintenir. A un tel point où, dorénavant, la Kozana ne peut sentir qu'un vide dans son corps. Aussitôt, la peur qui l'animait avant sa fugue reprend le dessus. Après tout, qui pourrait empêcher Ki- Igno de tenter quoique ce soit pour la reprendre, même avec la couverture Shirenai actuelle ? Personne. L'effroi fait place à une angoisse profonde. Alors que les larmes commençaient à pointer le bout de leurs nez, on cogne à la porte.

« Qui est là ?

- Fraya, c'est moi. » répond Kenshiro avant d'entrer.

A peine la porte entrouverte, la Kiyuza s'essuie rapidement les yeux.

« Qu'est-ce que tu fais là ?

- C'est évident, non ? Je viens te voir.

- Même après tout ça ? »

Préférant ignorer sa réponse, il s'assoie sur le lit après avoir enlevé son arme avec délicatesse, histoire de ne pas provoquer quelconque traumatisme en elle.

« Tu vas mieux ? » lui demande-t-il, le regard débordant de tendresse.

La Kiyuza ne délivre rien, trop marquée par le vide qu'elle ressent depuis que le Kirioku a été retiré de son doigt. Afin d'éveiller une réaction chez elle, le manieur de foudre pose une main sur sa jambe droite.

« Tu as beaucoup dormi ces derniers temps. Avoir perdu le contrôle de son corps pendant une telle période, alors que lui-même a logé deux énergies, ça doit avoir beaucoup de répercussions. Je suis tellement soulagé que tu sois en vie. »

Le détail fourni, confirmant à quel point l'énergie noire l'a dévoré, enfonce un peu plus l'angoisse au plus profond de l'esprit de Fraya.

« Ça fait quand même un cycle que tu es là. Tu n'es pas sortie depuis tout ce temps. »

Gênée, elle détourne le regard. Le Shirenai comprend à ce moment-là ce qu'il vient de faire. Afin de préserver le peu de bonne santé qui lui reste, il ne s'avance pas plus. Par souci de sécurité, il regarde en direction de son cœur. Le son qu'il perçoit lui semble assez faible. Malgré tout le temps passé depuis le retrait de cette maudite bague, elle doit encore se reposer.En le décortiquant de plus près, il s'étonne de l'absence totale de présence de ki actif dans son corps. Le Kirioku l'aurait effectivement dévoré dans son entièreté ? Non. Sinon, vu sa condition de Kiyuza, elle serait morte. Puis, Kenshiro regarde le plateau en bois posé sur sa table de chevet. De la nourriture à peine entamée subsiste.

« Tu ne manges pas assez. Si tu ne te forces pas plus que ça, tes chances de te remettre sur pieds s'aminciront de plus en plus.

- Je n'ai pas très faim en ce moment.

- Je t'en prie, Fraya. Fais-le. C'est pour ton bien.

- Peut-être... »

Enfin, elle pose les yeux sur lui.

« C'est quoi cette tenue ?

- Comme je surveillais les ruines avant ton retour, je n'avais pas eu le temps de reprendre mes quartiers en tant que mercenaire. Et comme elles ont été réactivées en avance, nous avons maintenant plus de temps. Alors j'en ai profité pour me changer et refaire honneur au titre que les anciens conseillers m'avaient si salement retiré. »

Le fait qu'il réalise un retour en arrière aurait pu la frustrer, surtout après tout ce qui lui a été enseigné sur ses terres, mais non. Au lieu de cette réaction logique et légitime, elle arbore un léger sourire.

« Sans trop aller dans les détails, il faut que nous soyons prêts, aussi bien dans la forme que dans le fond, avant que nos ennemis ne refassent surface.

- Vos ennemis ?

- Oh... Oui... Je ne peux pas t'en parler.

- Dis-moi ! »

De peur de croiser son regard perçant de détermination, le Shirenai préfère poser ses yeux ailleurs. La Kozana, par crainte que ce qu'il cache soit en lien avec son paternel d'une manière ou d'une autre, s'approche encore plus.

« Qui vous menace ?

- Fraya... Tu n'as plus à te soucier de quoi que ce soit. Ce qui compte maintenant, c'est toi et rien d'autre.

- Si quelqu'un ose vous menacer, je m'en occuperai ! »

Elle tente de se lever mais Kenshiro l'en empêche en posant une main sur le haut de sa poitrine.

« Ça ne te concerne pas.

- Pourquoi ?

- Je... Enfin... Tu... »

La torpeur de l'impliquer dans des problèmes pouvant engager sa propre vie lui tord la gorge, le forçant à baisser les yeux.

« Repose-toi et surtout mange. Je reviendrai te voir. Je te le promets. Fais-moi plaisir. Prends soin de toi. Fais-moi confiance cette fois. »

Alors qu'il se levait, à entendre la respiration insistante de sa protégée, l'envie de lui avouer la vérité s'ajoute à la gêne qui l'accable.

« Fraya... Je te jure que j'aimerai pouvoir être franc avec toi. Sincèrement.

- Pourquoi tu ne l'es pas ? Je l'ai été avec toi il me semble, non ? Et... Le baiser que tu m'as donné après que le Kirioku me fut retiré, c'était quoi ? C'était pas de la franchise ? »

Un argument qui tape extrêmement juste. Le Shirenai attache son arme.

« Il y a des choses que je ne peux pas te dire. Comme j'ai réintégré l'armée de Kigen, en tant que mercenaire, j'ai des obligations. L'une d'elles consiste à garder pour moi certaines informations trop sensibles.

- Je vois... A présent que je suis redevenue banale, que je ne suis plus un danger, je dois de nouveau être écartée. C'est ça ? »

Face à cette absence de compréhension de sa part, teintée d'un peu de mauvaise foi ou d'égoïsme, Kenshiro ne répond pas.

« Le secret Shirenai... Encore... Ce soupçon d'arrogance que vous avez envers ceux qui ne maîtrisent rien ! Je te pensais différent... Et bien […]

- Ça suffit ! » hurle-t-il, piqué par sa réplique.

Son interjection rappelle à la Kiyuza de douloureux souvenirs : toutes les fois où son paternel lui gueulait à quel point elle était incapable, stupide ou inutile.

« Tu te trompes ! Et d'après ce que je peux voir, le Kirioku a déteint sur toi. T'as-t-il transmis toute la haine qu'il nourrissait envers les miens ? Je croyais que tu nous avais pardonné, il me semble. Ou aurais-je rêvé ? »

C'est à son tour d'être atteinte en plein cœur par la réplique de son interlocuteur. L'expression sur son visage blesse son auteur.

« Excuse-moi. J'ai... J'ai été trop rude... Je te cache la vérité non pas parce que tu es redevenue anecdotique selon toi mais... Parce que je t'aime. »

S'en suit un moment de silence.

« Alors... Tu comptes me laisser comme ça à ne rien faire... Parce que tu as peur de me perdre ?... Sache que... C'est réciproque. »

Elle serre les poings tout en prenant un peu de drap et baisse la tête.

« Fraya, pendant que tu étais prisonnière de cette immonde énergie, j'ai perdu deux camarades. Je sais que tu n'y es pour rien. Toi aussi tu en as été la victime. Nous savons tous les deux qui t'a poussé à mettre la main dessus. Leur perte n'est rien comparé à la tienne. Surtout si, par malheur, tu devais être mêlée à une autre bataille... Mais... A voir cette flamme que tu as au fond de tes yeux... Je comprends que tu en ferais autant... Alors... »

Il s'approche d'elle et lui prend la main gauche.

« Je vais voir ce que je peux faire pour nous deux... Mais, promets-moi de te prendre soin de toi, je t'en prie. »

Accablée par sa responsabilité envers la disparition de Shipé et de Tetsuo, elle n'a pas le courage d'en rajouter.

« Fraya ? »

Il lui relève la tête. C'est là qu'il s'aperçoit qu'elle pleure.

« Je crois en notre relation autant que je suis dévoué à la protection de notre monde. Je ne t'ai jamais laissé tomber. Ça n'arrivera jamais. »

Avant de reprendre tout ce qu'il a à lui déclarer, il essuie les quelques larmes qui lui ont échappé.

« Je vais être franc avec toi. je souhaite faire partie de ta vie, t'aider et te chérir car je pense ne pas savoir vivre sans toi. Après mon exil, j'ai erré un peu. Je ne pensais qu'à moi. M'améliorer encore et encore. Mais, un jour, ta détresse donna un sens à ma vie. Le temps sera long mais j'estime pouvoir y arriver. Désormais, je te suis lié à la vie à la mort. Personne ne me fera dériver de ma détermination. Nous trouverons une solution. Je nous donnerai les moyens d'y parvenir. Je reviendrai.

- Promis ?

- Je t'en fais le serment. Un jour, je quitterai définitivement mes fonctions et mes obligations. Je reviendrai définitivement vers toi. Rien que pour toi.

- Même après tout ce que j'ai pu faire ? »

Pour lui donner la preuve ultime de ses engagements, il l'embrasse un long moment. Puis, il se retire à quelques centimètres de son visage et lui délivre un regard débordant de tendresse.

« Je t'aime. »

Après sa déclaration, il s'en va tout en lui faisant signe et en fermant la porte derrière lui. Désormais seule, elle lâche toutes les larmes qu'elle pouvait retenir jusqu'à présent, prenant conscience de l'importance de l'erreur commise. Peut-être qu'il aurait effectivement réussi à changer sa vie sans s'être lancée dans cette quête suicidaire. Kenshiro quitte l'établissement où Fraya se repose et se dirige vers la sortie du village, reprochant l'entêtement de sa protégée mais espérant avant tout qu'elle se remettra vite sur pieds. La voir ainsi le met tellement mal à l'aise. Soudain, une patrouille arrive devant lui.

« Mercenaire Kenshiro. interpelle l'un des soldats.

- Oui, qu'y a-t-il ?

- Le maître conseiller demande à vous voir. »

Sans poser plus de questions sur le motif de sa convocation, lui et l'escouade partent dans l'immédiat. Quelques instants plus tard, ils arrivent à l'entrée de leur quartier général et croisent la patrouille menée par Lyn. Le mercenaire de foudre remarque immédiatement son état et se précipite vers elle.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- J'avais retrouvé le duo de Zigriks complices du Kirioku. Et... Malheureusement, comme vous le pouvez le constater, ils nous ont eu.

- Je vois ça... Ton feu a beaucoup diminué. »

Le constat de sa défaite inflige un sacré coup au moral de la pyromancienne. Le visage qu'elle arbore rappelle la réaction de sa protégée. Ne voulant point blesser une autre femme, il se dit qu'il doit se rattraper.

« Ne t'en fais pas, Lyn. Nous connaissons tous des échecs assez difficiles à avaler. J'en ai déjà connu. Prends ta défaite dans le bon sens. Tu en ressortiras plus forte et plus expérimentée. Chaque échec est une étape vers l'excellence. Une vie dénuée de ça n'en est pas une. Persiste. Poursuis tes efforts. Un jour, tu seras récompensée. Je suis persuadé que tu les retrouveras et que tu les battras car tu auras compris ce qui t'a manqué pour la victoire. »

Touchée par ses encouragements, elle arbore un large sourire et lui fait même une révérence.

« Il me tarde de les retrouver ! Allez mes frères d'armes ! Réfléchissons à tout ça et élaborons un nouveau plan pour les vaincre ! »

Elle et sa patrouille entrent en premier. Le discours prononcé par leur supérieur hiérarchique a également atteint les soldats qui l'accompagnent. Quel exemple à suivre ! A leur tour de pénétrer le haut lieu Shirenai. Quelques instants plus tard, le mercenaire réhabilité arrive au bureau du maître-conseiller.

« Vous m'avez appelé ?

- Oui. Je me dois de te mettre au courant de certaines choses. Tu y as certainement pensé. A cause du Kirioku, notre force de frappe s'est affaiblie. Si l'ennemi attaque maintenant, nous ne gagnerons pas, malgré le niveau récemment acquis par toi ou moi. Pour y remédier, Yoru et moi avons songé à recruter des personnes capables d'utiliser les éléments.

- Pardon ?

- Il est impératif de grossir nos rangs. Sinon, nous ne serons plus crédibles et encore trop faibles face à l'ennemi.

- J'avoue... Mais... Pardonnez-moi. A part nous, et les quelques descendants des Zigriks encore actifs, personne ne maîtrise les éléments. Vous n'allez quand même pas demander aux nôtres de nous repeupler tout de suite ? »

Face à cette blague d'assez mauvais goût, le maître-conseiller a un léger rictus. Synonyme d'approbation de cette dernière ou simple témoin de malaise ?

« Évidemment que non.

- Je doute sincèrement que nous aurons le temps de constituer un nombre suffisant de soldats.

- Il est probable, selon Yoru, que certaines personnes, ne connaissant peut-être pas leurs origines, ou n'ayant pas conscience qu'elles en sont capables, existent quelque part sur nos terres. Qu'en penses-tu ?

- Ça me semble un peu tiré par les cheveux mais c'est possible. Les éléments en personne ne nous ont rien dit à ce sujet.

- On ne leur a pas demandé non plus. Le meilleur moyen de s'en assurer c'est d'aller vérifier. Je me souviens qu'une fois, en allant dans les rapports de mission, un groupe de nomades avait été pris en flagrant délit de tentative de maîtrise élémentaire.

- Vraiment ?

- Des arcanes contenant de l'énergie élémentaire avaient été saisies. »

Cette information rappelle à Kenshiro l'activité principale de son ami de toujours. Serait-il possible qu'il les distribue au plus grand nombre ? Si oui, pourquoi ?

« Yoru est retourné dans la demeure de son mentor mettre au point une sorte de détecteur, nous en équiperons les patrouilles et pourrons procéder à l'inspection. Si nous trouvons des Zigriks, j'ai le projet de les inclure avec nous.

- C'est très ambitieux. Faudra faire passer ce message aux nôtres pour qu'aucune discrimination ne soit faite. Et tu sais très bien aussi ce que dit le Code.

- Ne t'en fais pas. Je sais où je veux aller. Yoru et moi en avons largement discuté. Sois rassuré. Aucun autre Alnor ne verra le jour. J'en fais le serment devant Hotto, devant nos ancêtres et devant Faironne. Changeons de sujet. Où étais-tu depuis tout ce temps ?

- Je suis allé voir Fraya.

- Oh... Elle va bien ?

- Elle récupère.

- Tant mieux. »

Ne voulant point préciser le réel état qu'il a ressenti en elle, avec la réaction dont il a été témoin de sa part, dans un premier temps, il hésite à lui dire la vérité. Cependant, sachant que le Kirioku est confiné ici, il faut absolument éviter qu'elle ne remette la main dessus sur un coup de tête.

« Mais j'ai eu le tort de lui dire qu'on était menacé et, du coup, elle voudrait participer.

- C'est insensé !... Je salue son courage mais... Avec ce qu'elle a fait, elle aura mauvaise réputation ici.

- En effet... Peu importe. J'aimerai pouvoir l'avoir auprès de moi pour la protéger de ça.

- Je comprends... Écoute, si ça peut te soulager, je réfléchirai à trouver un moyen pour que tu ne puisses plus t'inquiéter à son sujet. Si nous trouvons quelqu'un apte à te remplacer, je te déchargerai de tes fonctions et tu pourras vivre avec elle si c'est ce que tu veux.

- Tout à fait.

- L'amour n'a pas de frontière après tout.

- Merci, maître-conseiller.

- De rien. C'est normal.

- Je vais rester ici jusqu'au retour de Yoru. En tout cas, je pense qu'un réajustement pour Lyn ne serait pas de refus.

- Pourquoi ? »

- Elle a essuyé un échec assez colossal en essayant de capturer le duo infernal.

- Ah oui, je lui avais promis que je m'occuperai d'elle. Avec toutes les charges qui m'incombent, je ne parviens pas à me dégager du temps. Sans doute qu'elle m'en veut en ce moment.

- Si ça peut t'aider, je peux prendre ta place un petit peu. Remplir de la paperasse ne m'effraie pas. Tu pourras aller honorer ta promesse.

- Merci Kenshiro. C'est gentil de ta part.

- Je te renvoie la pareille, c'est tout. Par contre... J'ai l'impression que tu ne me dis pas tout, n'est-ce pas ?

- Je ne peux rien te cacher... Je ne sais pas si c'est vraiment bien que tu le saches.

- Ne me fais pas le coup du Conseil menteur bis !

- Non non … En aucun cas. Mais... Bon... Puisque tu insistes, j'ai quelque chose à te montrer. Quelque chose qui pourrait te concerner. Suis-moi. Du concret sera toujours mieux que des mots. »

Intrigué, la foudre la plus rapide du Continent Central rejoint le maître-conseiller. Sur le moment, Kenshiro ne voit pas en quoi il pourrait être impliqué dans quoique ce soit d'autre que la précieuse santé de sa protégée. Pendant leur marche, de nombreuses questions sur l'état de cette dernière bousculent son esprit.Quelle cause ? En attendant, la pérennité de l'autorité Shirenai repose sur les épaules d'un Zigrik. Assez ironique, vu l'historique.