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Chapter 82 - Arc 5 – Épisode 1 : La Gâchette Facile.

Un cycle lunaire après la victoire de Rai et ses amis sur Fumiaki et ses alliés, l'équivalent d'un mois de notre monde, les choses ont repris leurs cours normaux en apparence. Les villages sous tutelle de Kigen sont en bonne santé. Pas de rébellion ou d'incident majeur. Kenshiro, de passage dans le quartier général passe à côté de la statue du célèbre Densetsu et la regarde un moment. Lui revient en mémoire son premier échange avec Ki-Igno, lorsqu'il posa le pied sur le Continent de l'Ouest. L'amertume et le dégoût qu'il ressent envers lui montent à peine dans sa gorge que ce triste souvenir est vite remplacé par celui où il retrouva Fraya dans ses bras. Tout ce qu'il espère, c'est son bien-être à présent. Dans le bureau du maître-conseiller, Tencubo et Yoru admirent la cité.

« Avec la perte de Tetsuo et Shipé, nous avons perdu une force de frappe considérable. Déjà que peu d'entre nous arrivent à se hisser à un tel niveau de maîtrise élémentaire... Nous ne comptons que peu de mercenaires, et, parmi eux, rares sont ceux qui ont le même niveau que Tetsuo, Shipé ou même moi. Le grand Densetsu a souligné l'influence que nous avons avec Faironne et nous en a mis en garde sur ses dangers. résume le Shirenai de feu.

- Vos armes ne sont pas sensées vous permettre de mieux la développer ?

- Bien sûr que si... Mais... A en croire les seuls mercenaires que nous étions... Non. »

Cet étrange détail intrigue fortement le Zigrik. Maintenant qu'il y pense, plusieurs fois il avait remarqué la différence d'énergie déployée dans leurs corps et dans leurs armes.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je réfléchissais... Estimons-nous heureux d'être encore en vie et que cet endroit soit encore debout. Nous avons sauvé les tiens d'une mort certaine. relève Yoru.

- Et les tiens aussi.

- Oui, nous ne vivons plus sous la menace de l'énergie noire, désormais confinée en vos murs.

- En effet. Mais pour combien de temps encore ?

- Profitons de ce répit pour retransformer ce système.

- Tu as raison. Mais je n'y arriverai pas seul.

- Vous pouvez compter sur moi.

- Je te remercie, sans ta participation au tournoi, je n'ose imaginer qui j'aurais eu en partenaire.

- L'autre taré ? »

Sachant de qui ils parlent,les deux conseillers se mettent à rire. Un peu de légèreté n'est pas de trop après une période de tension aussi intense.

« Certainement pas ! Il s'est fait éjecté avec une telle facilité... Non, j'aurais bien aimé que Tetsuo le devienne. Il avait la puissance nécessaire. Il aurait pu gagner le tournoi.

- C'est vrai. Je ne veux pas me jeter des fleurs mais j'ai été plus intelligent.

- Je ne sais pas... Tu ne peux nier qu'il était doué.

- C'est vrai.

- Kenshiro aurait fait un très bon conseiller. Mais... Voilà... D'autres priorités. Hormis ça, j'ai eu l'occasion de parler avec Lyn. Elle m'a raconté qu'elle était déjà au courant de l'histoire autour de l'énergie noire avant d'emménager parmi nous. En fait, son ancêtre, le fondateur de la cité du Sud, a été témoin direct du premier débarquement de l'énergie noire sur les terres de Faironne. Les premiers Zigriks de Kigen ont ouvert, en voulant interagir avec les quatre éléments, une faille et l'énergie noire sortit.

- Voilà enfin quelques pièces de réponse à ce mystère. Décidément, cette dimension inconnue suscite grandement mon intérêt. Qu'est-ce qu'il se cache derrière ? Vous vous souvenez de cet Alnor ? »

Revient en fanfare la dernière confrontation que le maître-conseiller a eu avec l'homme responsable du réveil de l'artefact noir. Il se souvient notamment de la haine et de la jubilation qu'il témoignait dans son regard.

« Que trop bien, malheureusement.

- Avec son Obujepawa, il pouvait y aller. Je suis sur qu'il a vu quelque chose et, qu'il a été si fasciné par ça, qu'il a eu l'idée de retrouver l'énergie noire et de la contrôler.

- Je t'en supplie, ne tente quoique ce soit dessus. Je n'ai absolument pas envie de me confronter à un Kirioku bis.

- Ne m'associe pas à lui. Je t'en prie. Il est évident que si je découvre quelque chose de la même trempe, je m'en éloignerai à la seconde où je pose l'œil dessus. Par contre, si je tombe sur une trouvaille exploitable, je n'hésiterai pas. »

Reconnaissant la franchise de son bras droit, il lui adresse cependant un regard significatif de son inquiétude pour de tels propos.

« Pour en revenir à Lyn, je lui ai demandé si elle voulait revenir auprès des siens. Elle a refusé et a insisté pour continuer sa formation à Kigen. Vu son application dans la bataille contre le Kirioku et ses connaissances, j'ai un projet pour elle. Je ne t'en dirai pas plus pour le moment.

- Comme vous voulez, après vous, je ne suis que le bras droit.

- Dans l'optique que je me suis fixé il y a peu, il faudrait que nous trouvons d'autres personnes, en dehors de notre communauté, capables de maîtriser les énergies élémentaires. Potentiel Zigrik ou Shirenai.

- Développer de telles capacités est largement possible. Les éléments ne nous ont rien dévoilé à ce sujet.

- Et avec les anciens conseillers restants introuvables, je m'inquiète vraiment pour la suite. Nous devons être prêts à toute éventualité.

- Absolument, mettons-nous au travail immédiatement. »

Plus motivés que jamais, ils quittent le bureau. Au même moment, dans une forêt banale, des pas et des bruits de feuilles écrasées se détachent de l'harmonie sonore habituelle. Au milieu de quelques buissons, la silhouette d'un homme se cache, à l'affût, prêt à bondir, tel un prédateur.

« Zéréyon ! » prononce-t-il.

L'être qui attendait quelconque signe trahissant sa cible, n'étant d'autre que Rajik, bondit, lance en bois à la main, et saute en plein centre d'une structure végétale. Quelques secondes après, il se relève, bredouille.

« Raté... Je suis sûr d'avoir senti quelque chose ici... Je ne suis plus aussi performant pour détecter les animaux... Bah ! Rien ne vaut la bonne vieille méthode ! »

Il se met à renifler un petit instant. Rien à l'horizon ne vient allécher son odorat délicat. Un mois après la séparation temporaire avec ses anciens compagnons de voyage ne suffit pas à retrouver les repères qui l'avaient forgés avant la rencontre avec le Zigrik. Dans cette optique, il marche un peu et regarde le sol afin de trouver des traces de pas.

« Comme dirait Yoru... Pas le moindre indice. »

Soudain, ses sens s'activent. Le Kiyuza est alors frappé dans le dos par un éclair qui le propulse sur plusieurs mètres avant d'atterrir. Dès qu'il se relève, il tente par tous les moyens à sa disposition de déterminer d'où venait le tir qu'il vient d'essuyer. Malheureusement, rien ne lui parvient. Il n'a pourtant pas rêvé ! Ça venait forcément de quelque part ! Est-ce l'œuvre de maître Kenshi ? Suivant cette intuition, il regarde ciel. Pas le moindre signe d'une activité lié à un Shirenai de foudre. Soudain, son flair est assailli par une puanteur à laquelle il n'avait jamais été confronté.

« Pwa ! C'est quoi cette odeur ? »

Malgré la teneur de ce qui attaque ses narines sens. Ailleurs, un inconnu à l'allure débrayée, de taille moyenne, cheveux noirs longs détachés, tend une fronde installée sur sa main droite. Un sac se trouve quelques mètres derrière lui, une bouteille apparente. Apparemment, vu la tête qu'il tire, c'est lui l'auteur de l'éclair qui a frappé Rajik de plein fouet. Vraisemblablement ivre, il titube un peu.

« Comment... J'ai... Fait ?!... Je viens de le... Refaire ! Bordel ! »

Il tire mais rien ne se passe.

« Merde ! » hurle-t-il alors qu'il allait tomber.

Rajik débarque sur les lieux, pas loin derrière le sac, tout en reniflant. Vu la légère vapeur émise par ses jambes, il a effectué une accélération. La puanteur, plus forte que jamais pour lui, le guide jusqu'à cet étrange objet vert brillant. N'en sachant point le contenu, son seul réflexe est de se boucher le nez. Trop préoccupé par ça, il ne remarque pas encore l'homme ivre près de lui. Voyant une goutte semblant s'en échapper, il l'attrape avec son index droit. Vu la qualité suspecte qui s'en dégage, il n'ose pas y goûter. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il voit l'inconnu, fronde tendue, à l'allure encore titubante.

« Il fait quoi lui ?

- Je peux... Le refaire. Y vont voir que je dis pas... De conneries. » mormone-t-il, la voix déformée par l'ivresse.

Malgré les vertiges qui l'ont envahi, l'homme encore sans nom imite un nouveau tir. Encore un échec. Si Yoru était là, il soupçonnerait que cet étrange objet vert est le coupable de l'état de cet homme, pense Rajik. S'appuyant là dessus, il la met sous son bras en reculant doucement.

« Pourquoi ça ne fonctionne pas ?! » se plaint l'autre.

Sa jérémiade agace le Kiyuza. Qu'est-ce qu'il a à crier comme ça ? Voilà la raison pour laquelle il n'attrape aucune proie. Avec autant de bruit, elles s'enfuient ! Persuadé de ça, l'ancien disciple de Kenshiro commence à quitter les lieux. L'éméché s'acharne. Nouveau tir, plus haut cette fois. Sans succès également.Sentant que ses efforts restent sans résultat, le corps assailli de fatigue, l'homme sans nom se dit qu'une petite sieste serait la bienvenue. Peut-être qu'il a trop insisté et qu'un repos lui permettra de répliquer ce qu'il a réussi à faire. Peut-être aussi qu'il a effectivement trop bu, pense-t-il. Dès qu'il s'allonge, il s'endort net.

« Qu'est-ce que ferait Yoru ? » s'interroge Rajik à voix basse.

Il le regarde un instant, toujours hésitant sur la marche à suivre.

« Il est trop bizarre. Il a pas l'air bien... Je vais l'amener ailleurs. C'est pas bon de dormir dans un endroit ouvert comme ici. »

Arrivé à sa hauteur, il imite les gestes effectués par Yoru lors de leur première rencontre avec Rai, notamment la prise de son pouls.

« Bonne nouvelle. Il n'est pas mort. Mais pourquoi il dort ? Il ne fait pas nuit ! »

Il le prend doucement et le porte sur son dos, gardant l'objet coupable de son état dans l'autre main.

« C'est ça qui l'a rendu comme ça ? Mieux vaut l'amener en lieu sûr... Hé ! Je suis en train de parler comme un Shirenai ! »

S'étant surpris à ce genre de discours, c'est là-dessus qu'il quitte les lieux avec cette étrange rencontre. Plus tard, le Kiyuza entre dans le village le plus proche. Les habitants le suivent du regard, intrigués par la drôle de cargaison sur son dos. Il arrive devant une maison décorée d'herbes.

« Ah. Voilà un endroit où on peut soigner comme m'a dit Yoru ! »

Après avoir toqué deux fois, il entre. L'intérieur, écho de l'extérieur, est envahi de plantes variées à droite à gauche. Une odeur semblable à la combustion de quelques unes d'entre elles imbibe les lieux.

« Y a quelqu'un ?

- C'est pourquoi ? lui répond un homme en arrière boutique.

- J'ai trouvé cet homme dans la forêt. Il avait l'air bizarre. Vous pouvez savoir ce qu'il a ? »

Un homme assez âgé, barbe bien cultivée, vêtements classiques de paysan ordinaire, vient à sa rencontre et observe un instant l'être possédé par l'alcool.

« Allongez-le là. »

Il le pose sur un lit. Le propriétaire de l'endroit touche son front.

« Il est brûlant ! Et ses joues aussi ! Il a de la bave sur le coin de la bouche... Des convulsions ?

- J'en sais rien. A côté de lui, y avait ça. » répond Rajik en lui montrant la bouteille.

A peine pose-t-il les lieux que son interlocuteur lui sourit allégrement, presque sur le point d'en rire.

« Oh c'est rien !

- Il a rien ? Mais... Il a voulu m'attaquer ! A cause de lui, j'ai perdu mon futur repas !

- Ne vous en faîtes pas. C'est normal. Vous avez bien fait. Je m'occupe de lui. Une bonne hydratation, des fruits, une décoction maison et il sera vite remis sur pieds.

- Tant mieux... Bon, je vais voir si je peux revendre ce truc. Vous saurez qui ?

- Sans le contenu, la valeur chute beaucoup. Va voir au bar. Il y a peut-être moyen d'en tirer tout de même un petit quelque chose. Tout est bon à prendre. De la petite pétale d'une fleur jusqu'à son intégralité. »

- Merci. » conclut le Kiyuza avant de partir.

Dès que ce dernier quitte la pièce, l'homme qui a désormais en charge l'auteur de l'éclair observe avec une certaine tendresse son patient.Quand viendra le jour où de tels individus ne s'embarqueront plus dans de tels mirages ?Pendant qu'il progresse dans le village, Rajik regarde l'objet de la désillusion de l'être qui l'a attaqué sans le savoir. Le sauvera-t-il d'un énième jour de carence ? Telle est la question qui lui brûle les lèvres. C'est alors qu'il atteint le lieu indiqué. Quelques clients discutent de tout et de rien autour des tables. L'atmosphère y est chaleureuse, loin des tumultes provoqués par les Shirenais et les Zigriks. Ici, la routine quotidienne fait son œuvre. Personne au niveau du comptoir comptoir. Rajik s'y dirige. Un autre individu, du même âge que celui rencontré juste avant, s'avance, air plus débrayé mais sans manquer d'un certain charisme.

« Bonjour. Je veux savoir si c'est possible que je vous vende ça. s'avance le Kiyuza en tendant l'objet qui rythme pour le moment sa vie.

- Laissez-moi voir. »

Il la prend et l'inspecte pendant quelques instants. Cette bouteille semble ne pas faire partie de tout ce qu'il peut proposer.

« Vous avez eu ça où ?

- Je l'ai trouvé comme ça, près d'un homme que je viens de déposer car il me semblait pas trop bien.

- Je vois. En tout cas, une telle marchandise circule rarement sur nos terres. Je peux vous la prendre pour trente fairos. Qu'en dîtes-vous ?

- Marché conclu ! »

Satisfaction concluante pour les deux parties, celui qui tient le lieu source de toute beuverie, raisonnable ou non, tente la somme. Le Kiyuza la prend, grand sourire aux lèvres. Avec ça, il va enfin pouvoir se payer un bon plat. Cette idée le pousse à se lécher les babines une fois qu'il sort de là. Le rêve d'une bonne viande saignante l'obsède. Pendant ce temps, dans lamaison aux allures d'herboristerie, l'homme qui a accepté de s'occuper de l'être ivre trempe une serviette, la tord un peu et la plie. Puis, il vient vers lui et la pose sur son front.

« Monsieur, je peux vous dire, si vous m'entendez en ce moment même que Faironne veille bien sur vous. Quelle chance que quelqu'un d'aussi serviable vous ait repêché. » lui avoue-t-il avant de partir chercher une infusion sensée remettre sur pieds son patient.

Tout à coup, l'homme ouvre les yeux après que légers éclairs soient apparus entre la serviette et sa peau. Il se lève en sursaut.

« Où suis-je ?! »

Il regarde autour de lui. Comment est-il arrivé ici ? Serait-ce encore un coup de la substance ingurgitée avant ses multiples échecs ? Point le temps d'y trouver une réponse que l'herboriste revient.

« Déjà réveillé ? Vous êtes sacrément solide ! Avec ce que vous avez avalé, ça aurait dû vous prendre plus de […]

- Ma bouteille ! Où est ma bouteille ?

- Il vaudrait mieux pour vous que vous ne retouchiez pas à […] »

Soudain, celui qui est si persuadé de tirer des éclairs sort sa fronde et le vise.

« Où est-elle ?!

- Calmez-vous. Un jeune homme vous a trouvé assoupi. Il avait trouvé votre précieuse amie.

- Où est-il ?!

- Pourquoi devrais-je […] ? »

L'homme menaçant tend encore plus sa fronde.

« Par Faironne, cessez de vous comporter ainsi. Celui que vous cherchez est parti au bar. »

Sans adresser le moindre remerciement, la rage dans les yeux, il part tout en prenant soin de viser celui qui prenait soin de lui. En même temps, le Kiyuza ne parvient pas à tomber sur l'endroit capable de combler son appétit grandissant. Il ne va quand même pas aller au marché ! Il ne sait pas cuisiner !C'est alors que lui et l'inconnu se croisent, chacun ne reconnaissant pas l'autre, tous les deux trop préoccupés par leurs obsessions momentanées. L'homme à la fronde entre à son tour dans le bar.

« Qui a pris ma bouteille ?! Dénonce-toi sale voleur !! vocifère-t-il, avec une voix largement plus nette qu'avant.

- Oh vous voulez parler de... Celle-là ? répond le responsable en montrant ce qu'on vient de lui apporter.

- Elle est à moi ! Rendez-la-moi !

- Je ne peux pas. Je l'ai rachetée.

- A qui ?!

- Je ne dénonce ja[...] »

Comme avec l'herboriste, il est visé par la fronde.

« Par le jeune homme qui vient de partir. »

Un flash de lucidité transperce l'esprit du tireur. Il sait de qui il s'agit. Il n'en faut pas plus pour qu'il parte en trombes. Déçu que sa requête ne puisse aboutir, Rajik s'apprête à quitter le village.

« Hé toi là ! »

Interpellé, il s'arrête.

« Oui toi là ! Le voleur qui vient de s'arrêter là ! »

Rajik se retourne et découvre alors celui qu'il a embarqué plus tôt.

« Pose au sol l'argent qui t'a servi pour vendre ma bouteille tout de suite ! Je ne me répéterai pas ! »

Le boucan qu'il crée attire les plus curieux.

« Qui t'a permis de la vendre ?! Sale voleur !

- Elle valait plus ? répond-il sous un ton innocent.

- Tu l'auras voulu... »

Provocation de trop, il tend d'un coup son arme fétiche. Lorsqu'il effectue ça, Rajik ressent quelque chose.Le tir part. Son jet est si vif que le Kiyuza ne parvient à l'esquiver qu'au tout dernier moment. Une telle performance stupéfie le public et le tireur. C'était quoi ça ? Son adversaire reste scotché par cette incroyable esquive. Qui est incapable de réussir ça ? Est- ce un Shirenai ? Pour en avoir le cœur net, il réarme très vite et le vise une nouvelle fois.

« C'était un coup de chance ! »

Nouvelle tentative, réalisée avec plus d'intensité que la première. Rajik esquive encore qu'au tout dernier moment. Cependant, à cause de l'écart de puissance, un déséquilibre parvient à l'atteindre.

« C'est pas passé loin cette fois ! »

Cette simple phrase énerve encore plus l'homme à la fronde. Sans qu'il ne s'en rende compte, de légers éclairs apparaissent entre ses doigts. Les sens du Kiyuza s'affolent sur cette simple montée en énergie.

« Je vais t'avoir... »

Troisième essai. Cette fois-ci, le projectile en cours de préparation s'électrise un instant. Cela n'échappe pas à l'œil aiguisé de celui qui fut le disciple de Kenshiro. Une telle découverte aguiche l'appétit du combat en lui.Sans plus attendre, son adversaire effectue un autre tir. C'est à ce moment-là qu'un éclair est produit. Pris par surpris, le Kiyuza se le prend de plein fouet, violemment propulsé au loin. Son auteur et le public en sont choqués. Les habitants, pétrifiés de terreur, adressent des regards mauvais envers lui. Sentant le jugement qu'on lui porte, après avoir scruté sa précieuse fronde, croyant qu'il l'a tué, il s'enfuit à toute vitesse.

« C'est un meurtrier ! s'insurge une femme présente dans la foule.

- Nous devons le signaler aux Shirenais. » propose un villageois.

Ailleurs, Rajik, plaqué contre un rocher lui-même craquelé par l'impact, s'en extirpe. Encore bien secoué par ce qu'il vient de se prendre, il vérifie qu'il n'a aucune blessure. Heureusement, rien à déplorer. Sans doute grâce à son utilisation de la technique de blindage enseignée par Kenshiro.

« Sans ma maîtrise du ki, ce type m'aurait eu... Je crois avoir enfin trouvé quelqu'un avec qui m'entraîner ! » commente-t-il tout en se secouant un peu, histoire de se remettre complètement.

Soudain, il aperçoit un caillou sur lequel de petites étincelles persistent.

« C'est quoi ça ? »

Il le ramasse.

« Il m'a atteint avec ça ? »

Les réminiscences des forces insufflées par son adversaire prennent d'un seul coup de l'ampleur. Ainsi, Rajik se mange une forte décharge qui le force à lâcher sa drôle de découverte.

« J'avais raison... Ce type utilise la foudre, comme Kenshi... C'est un Shirenai exilé comme lui ?... Non, pas de lame classe comme lui... Mais alors... C'est un Zigrik comme Yoru ! Enfin un nouvel adversaire ! Il m'a eu parce que j'étais pas prêt ! Je veux ma revanche ! »

Il se met en position, comme s'il était prêt à décoller tel un sprinteur. De l'énergie neutre vient se focaliser sur ses mollets.

« A nous deux ! Copieur de Kenshi ! »

Après avoir prononcé ces mots, il court à vive allure, secouant toute végétation proche de son passage. Pendant ce temps, le coupable de l'éclair poursuit sa fuite, complètement paniqué par son acte. Dans son escapade, des souvenirs lui reviennent. L'un d'entre eux narre le moment où un sceau se dessina sous ses pieds.

« Non ! Je vous en prie ! Ne m'expulsez […] »

Point le temps de terminer sa supplication qu'il disparaît subitement. Dans le présent, le fait que ce souvenir en particulier soit revenu ne fait aucun doute à ses yeux. Sa volonté de s'écarter de tous s'en retrouve renforcée. Plus personne ne doit subir quoique ce soit de sa part jusqu'à ce qu'il comprenne ce qui lui arrive. Qui, de lui ou de Rajik, réussira dans sa quête personnelle ?