Le lendemain de la terrible découverte, le groupe mené par Rai arrive devant la base. Lorsqu'il l'aperçoit, après tout le temps passé dans une autre dimension, une drôle de sensation s'empare du porteur de l'Hoshaku. A travers la nostalgie qui berce ses pensées traîne néanmoins, sans qu'il ne sache pourquoi, comme une sorte de pressentiment. Un état de mal-être le prend, dû au fait qu'il ne peut se détacher de son objectif. Son obsession prendrait trop le pas sur lui ?
« Tu vas bien Rai ? demande Rajik.
- Euh oui... Pardon... C'est que ça faisait presque un an que je ne suis pas revenu. Je suis encore pas mal chamboulé, tu sais. Je ne me souvenais plus de la sensation de respirer de l'air. Je me demande encore comment ai-je pu survivre dans un tel endroit.
- Qu'est-ce que tu peux être sensible toi ! Tu aurais dû me voir me battre contre des bêtes totalement enragées ! poursuit-il en posant sa main gauche sur son épaule droite.
- Sa réaction est parfaitement compréhensible. Sois coupé du monde pendant un an toi aussi dans une autre dimension et on en reparlera. soutient Yoru.
- Vis tout seul dans la nature pendant un long moment et on en reparlera. »
Exaspéré par l'attitude parfois puérile de son ami, le Zigrik lâche un soupir. Le groupe se décide à entrer. Ils se rendent compte que tout le monde est habillé de noir, les visages vidés de tout bonheur. Les bruits autrefois synonymes de vie ne sont plus là. Rai et Rajik ne comprennent pas.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? demande Rai.
- Nous… Nous venons de perdre l'un des nôtres. affirme Lyn.
- Quoi ?! » s'étonnent le porteur de l'Hoshaku et le Kiyuza.
Tout de suite, les deux apprentis les plus proches de Kenshiro pensent au pire. Vu qu'il ne s'agit pas de l'un des siens, Yoru ne réagit pas.
« Suivez-moi. » leur indique la patrouilleuse.
Le visage sérieux, elle part en avant. Yoru et Rajik la suivent. Seul Rai, sous le poids de l'ambiance qui règne ici, ne bouge pas, les poings serrés, contrarié par ce qu'il vient d'apprendre. Le Zigrik le remarque.
« T'es vraiment sur que tout va bien Rai ? »
Aucune réponse. Juste les petits tremblements au niveau de ses bras et les quelques veines gonflées le trahissent. Lorsque le vice-conseiller s'intéresse à l'activité énergétique chez lui, il aperçoit des lignes blanches parcourir rapidement le corps de son ami.
« Si j'avais su la détecter plus tôt... Si j'avais pu agir plus tôt... » murmure-t-il, la voix tremblante de douleur et de colère.
Le Zigrik ne sait pas quoi dire pour calmer le porteur de l'Hoshaku. Ainsi, il part rejoindre Lyn et Rajik. La gorge nouée, le Shirenai à l'énergie blanche se décide à suivre la marche. Tous les quatre arrivent devant la porte d'une grotte souterraine, campée dans un coin de la base.
« C'est quoi cet endroit ? demande Yoru.
- L'antre de la mort... » lui répond-elle d'un ton grave.
Le flux bouillonnant dans le corps de Rai s'accélère. La pression engendrée est telle que le corps de l'ancien disciple de Kigzir est parcouru d'intenses frissons. Lyn entre en première. Les trois amis hésitent.
« Je... Je ne sais pas si je peux entrer dans un lieu si particulier. Après tout, je n'appartiens pas à ce peuple.
- Et alors ? Tu manies un élément comme nous tous, non ? souligne Rai un peu sous l'énervement.
- C'est vrai. Il faut le faire. Sinon on peut pas savoir qui a été tué. » répond Yoru après avoir marqué un petit silence, choqué par la réaction de l'ancien sabreur.
Tous descendent un escalier étroit, éclairé par quelques torches, à petites marches. Au bout de quelques instants, ils arrivent dans une grande salle à piliers, semblable à une crypte. L'odeur qui y règne rappelle quelque chose à Rajik.
« Nous y sommes... La chambre mortuaire. »
Deux personnes, leur tournant le dos, sont présentes.
« Maître Conseiller, je vous ai ramené le Shirenai portant le légendaire Hoshaku.
- Félicitations, aspirante Lyn. »
Sur le moment, Rai ne reconnaît pas le pyromancien qui combattit jadis à ses côtés.
« Tencubo ?
- Salut Rai. Content de te revoir. J'aurais aimé dans d'autres circonstances. »
Yoru s'étonne de voir le Négociant également présent.
« Encore vous ? Mais vous êtes abonné à toujours débarquer dans des situations comme celles-ci vous ! »
Shiki se contente de sourire timidement à la petite remarque lancée par le Zigrik. Tencubo et lui s'écartent, dévoilant alors un cercueil, autour duquel des tiges d'encens brûlent, et dans lequel repose le corps, rhabillé et maquillé. Entre ses bras, est entreposée une épée d'or. Le trio d'amis n'en revient pas de qui se trouve là.
« Mais c'est... Le mercenaire qui nous avait reçu moi et Rajik !
- Je ne pensais pas dire ça un jour mais... Il ne méritait pas ça... Ah oui... Tu ne sais rien de ce qu'il s'est passé pendant que tu étais dans la faille. Comme tu le sais déjà, Tencubo est maître-conseiller et je suis son second. explique Yoru.
- Vraiment ? Mes félicitations Yoru !
- Merci. Mais... Ce n'est pas un peu inapproprié que de me féliciter dans un moment pareil ?
- Pardon… Savez-vous ce qu'il lui est arrivé exactement ?
- Nous l'ignorons. Cependant, nous avons senti des traces sur lui d'une énergie que tu connais bien. »
Rai s'approche alors du cercueil, passe sa main droite au-dessus du corps et finit par passer au niveau de la tête. Il s'arrête brusquement dessus. Il sait. Par colère, ses yeux blanchissent un peu. Une légère aura blanche émane de lui. Lyn la découvre pour la première fois. Le peu de feu noir qu'il perçoit l'amène dans un bref état de transe où il perçoit le moment où il fut tué. L'aspirante Shirenai a les yeux rivés sur le corps calciné de Shipé.
« Ma puce... Tu dois savoir quelque chose sur l'énergie de l'artefact maudit. Notre fondateur, Teru, a un jour vu son action. » lui dicte la voix de son père.
Il y a deux cents ans, un Shirenai, vêtu différemment de ceux vivant à l'époque actuelle, est adossé au coin d'un mur à observer quelque chose. Il s'agit de l'homme dont le père de Lyn parlait. Il voit une énorme sphère noire. Des courants rouges, jaunes, bleus et verts sont aspirés par elle. Des brèches violettes surgissent de toutes parts.
« Cette monstruosité venue d'ailleurs dévorait toute énergie, au point où elle menaçait l'équilibre des choses. Il en fut tellement choqué que cela fut l'une des raisons pour lesquelles il décida d'épargner lui et ceux qui l'ont suivis vers le Sud. »
Le regard de son héritière reste fixé sur la pauvre victime du Kirioku pendant plusieurs secondes.
« Ne va jamais au Centre. Jamais.
- Comment l'avez-vous trouvé ? C'est elle qui vous l'a apporté ? demande Yoru.
- Nous l'avons trouvé devant l'entrée... Comme si... C'était fait exprès... Il était déjà mort quand nous l'avons découvert. » explique Tencubo.
Rai enlève sa main et se commence à quitter l'endroit, bouleversé par la vision.
« Où tu vas ?
- La trouver ! La tuer ! Lui faire payer son crime ! Où qu'elle puisse être ! Je la traquerai ! hurle-t-il de rage.
- Arrête. Tu tombes dans son jeu. Tu ignores sa position exacte. Si elle est assistée, il est possible que quelqu'un la couvre et nous empêche de retomber dessus. Sois réaliste. » lui conseille le Zigrik.
Ses préconisations fonctionnent. Le Shirenai à l'énergie blanche commence à se calmer.
« Il a raison. Nous recherchons activement en ce moment les personnes qui l'ont ramené. poursuit le maître-conseiller.
- Mais Kenshiro est parti la traquer en solo. rappelle Shiki.
- Il ne peut pas la battre ! Je suis le seul apte à le faire ! Il faut aller le secourir ! Hors de question qu'il connaisse le même sort !
- Je suis complètement d'accord ! soutient Rajik.
- Mon réseau est sur le coup. Dès qu'il l'aura repéré, sa position nous sera vite retransmise et tu seras apte à intervenir. rassure le Négociant.
- Alors calme-toi. Céder à la colère comme ça n'arrangera rien. Sortons d'ici. La procession funèbre va commencer. » annonce Tencubo.
Un petit silence avant que tout le monde ne regagne la surface. Rai se jure qu'elle le paiera.
« On va lui éclater la tronche à cette foutue énergie noire. » affirme à voix basse Rajik.
Aucune réponse de la part de son ami mais la détermination dans son regard suffit amplement pour que le Kiyuza ne se fasse aucun souci le concernant. Quelques instants plus tard, ils sont alignés à côté de l'entrée de la grotte. La porte s'ouvre. Le cercueil de Shipé sort, porté par quatre personnes, toutes vêtues d'amples vêtements noirs, longue capuche et longue cape.
« Où vont-ils l'emmener ? demande Yoru.
- Dans le Continent du Nord. C'est là-bas que reposent nos plus illustres guerriers... On aura beau ne pas l'avoir apprécié. Shipé avait le sens du devoir et de l'honneur. On peut le lui accorder. »
Au fur et à mesure qu'ils avancent, les Shirenais présents, hormis Rai, plantent leurs armes au sol. Tencubo se met alors derrière eux.
« Mercenaire Shipé, nous n'oublierons jamais les nobles valeurs que tu incarnais. Tu resteras dans nos mémoires comme étant l'un des Shirenais les plus dévoués que la cité n'ait jamais connu. Quoique l'on puisse dire envers toi, tu continueras à inspirer la plupart d'entre nous... Mercenaire Shipé... Que ton âme repose parmi ceux qui nous ont précédés... Puisses-tu continuer à veiller sur nous là où tu seras, camarade... Nous n'oublierons également pas ceux qui t'ont suivi, ceux qui étaient sous tes ordres... Aujourd'hui, tu les laisses orphelind. Tu laisses tout ton peuple orphelin. Nous mettons de côté tout ce qui pouvait t'être reproché. Nous saluons aussi ta bravoure pour avoir combattu l'ennemi au péril de ta vie. »
Puis, Lyn et Shiki se placent derrière le maître-conseiller en baissant la tête. Le Zigrik, par un bref geste, fait comprendre à son ami d'y aller aussi. Malgré toute la rancœur qui l'anime, il se force et se place derrière eux, tout en fixant le cercueil. Les quelques partisans restants du défunt remarquent sa démarche, qu'ils saluent du plus profond de leur être. Certains pleureraient presque. Ensuite, Tencubo sort son arme et la lève en l'air. Cette dernière s'embrase. Tous les autres guerriers, sauf Lyn, parce qu'elle ne connaît pas son élément, et Shiki car il s'est retiré de la tradition, lèvent leurs armes.
« A mon commandement ! »
Leurs lames se transforment en fonction de l'élément qu'ils ont en eux. Rajik ne voit pas où ils veulent en venir. Quand à Yoru, il prend des notes sur le déroulé des événements sur un parchemin vierge destiné à la salle des archives.
« Pour Faironne ! »
De plus en plus d'énergie est insufflée dans leurs armes.
« Pour la mémoire Shirenai ! »
La quantité phénoménale qu'ils dégagent envahit les lieux. Bien qu'ils n'aient pas accès au Kuwanoren, le Zigrik compare la somme de toutes leurs puissance avec celle d'un être l'ayant perfectionné comme celui qu'il a combattu pendant le tournoi : Tetsuo. Elles s'égaleraient presque.
« Tirez ! »
Sous l'ordre de leur chef suprême, tous tirent, grâce à leurs armes, tel un de nos feux d'artifices dans notre monde, des projectiles correspondants à leurs éléments respectifs, entourés par les couleurs qui leur sont associés.
« A la revoyure dans une prochaine vie, mercenaire Shipé !
- A la revoyure camarade ! » crient de vive voix toute la population.
L'être à leurs têtes éveille quelques symptômes de son Kuwanoren personnel sans en prononcer la formule.
« Ikolamar Éfaï ! »
Le pyromancien tire alors une énorme colonne de feu dans les airs. Le cercueil et ses quatre porteurs quittent le village sous un pas militaire. Les civils jettent des fleurs blanches de toute espèce lorsqu'ils passent devant eux. Une fois assez éloignés, tous arrêtent de tirer et rangent leurs armes. Dans un silence conforme au respect qu'ils ont témoigné, les habitants non dédiés à la défense rentrent chez eux.
« Vous pouvez disposer. »
Les soldats, hormis le groupe de Rai et les représentants hiérarchiques, rentrent dans leurs quartiers respectifs.
« Allons retrouver Kenshiro au plus vite avant qu'il ne complète la liste de ses victimes ! avance Rai.
- Ne sois pas si pressé. Il sait ce qu'il fait. appuie Tencubo.
- Vous en êtes vraiment sur ?
- N'aie crainte, Shirenai à l'énergie blanche. Mon réseau l'accompagne. Au moindre souci, nous en serons informés.
- Je ne suis pas du tout rassuré. Imaginez qu'il tombe sur ses complices ! Ils sont capables de cacher sa présence ! Sinon croyez-moi que je l'aurais déjà retrouvé ! Et que je la combattrais en ce moment même !
- Il a raison ! Nous devons le retrouver par tous les moyens ! » souligne vigoureusement Rajik.
Soudain, les sens aiguisés du Négociant s'affolent. Des mots murmurés et impossibles à déchiffrer, même pour les ouïes les plus fines, parviennent à ses oreilles.
« On m'a signalé du mouvement à Hexen ! »
Sur le moment, ce moyen de communication surprend le groupe. Tout de suite, Yoru s'empresse d'en prendre note.
« Maître conseiller Tencubo, par pitié, pour le bien de Faironne. Laissez nous y aller. » supplie Rai en s'inclinant malgré l'écart de puissance entre lui et le pyromancien, synonyme des différences que lui offre le statut du porteur de l'énergie blanche.
Ce geste surprend l'aspirante, appuyant encore plus son aspect légendaire.
« Manœuvre autorisée. Ramenez-le nous vivant. Je ne tiens pas à devoir expédier également son corps.
- Maître Kenshi. Attendez-nous. Tenez le coup si vous êtes en train de combattre. On arrive !
- Sur mon honneur de Shirenai, même si je n'en suis plus vraiment un, je vous le promets, maître-conseiller. »
En guise de garantie, il serre son poing droit et le tend vers lui. Pour conclure l'accord, le pyromancien vient y joindre le sien.
« Je te fais confiance.
- Je sais où se trouve le village d'Hexen. » affirme Yoru.
C'est ainsi que l'ancien trio, de nouveau reformé, part en mission. Lyn, envieuse de les voir s'en aller sauver leur ami, et pourquoi pas Faironne si ça tourne mal, tout ça dans un courage indescriptible malgré la conscience des dangers qu'ils courent, serre les dents.
« Je suppose que ma présence n'est pas tolérée plus longtemps ici, n'est-ce pas, très cher maître conseiller Tencubo ? s'avance le Négociant d'un ton ironique.
- Vous faîtes comme vous voulez. Après tout, vous étiez l'un des nôtres, n'est-ce pas ? Je ne vais pas vous tenir rigueur de faits qui n'ont pas été jugés par moi. Si vous étiez réellement nuisible, vous ne seriez pas là pour discuter. Votre vie vous appartient.
- Oh mais quelle générosité de votre part !
- N'enchérissez pas, s'il vous plaît. »
Sur ces mots que se retire le meilleur ami de Kenshiro. Se passent plusieurs secondes avant que Lyn se décide.
« Maître Conseiller... Je n'ose pas vous le demander encore mais […]
- Permission accordée. »
Alors que la patrouilleuse n'a pas énoncé sa demande, le fait qu'il la laisse faire ses armes la stupéfie. D'un simple geste, il l'invite à rejoindre le trio le plus vite possible. En la regardant s'éloigner, Tencubo énonce dans sa tête ce qu'il sait à son sujet : Aspirante, élément inconnu, originaire du Continent du Sud tout comme lui. Ainsi, il espère que l'épreuve qui l'attend l'aidera. Sans quoi, il sera contraint de la renvoyer chez elle. A l'entrée du quartier général, le trio court encore. Rai s'arrête, voyant la procession funèbre de Shipé au loin.
« Rai ! Il n'y a plus un instant à perdre ! La vie de Kenshiro peut en dépendre ! Garde ta force pour elle quand tu lui feras face ! Je ne supporterai pas qu'il arrive un truc grave à Kenshi ! lui rappelle Rajik.
- C'est vrai... »
C'est alors que la Shirenai, à l'élément encore indéterminé, les rejoint.
« Qu'est-ce que tu fais là toi ? s'étonne le Kiyuza.
- Ça se voit, non ? Je viens avec vous !
- Quoi ? Hors de question ! C'est trop dangereux pour toi ! T'es qu'une aspirante ! Reste ici et laisse les hommes s'en charger. »
Piquée au plus profond d'elle par cette remarque teintée d'un certain sexisme de la part de Rajik, lui rappelant quelque part les interdictions imposées par son paternel, elle vient subitement jusqu'à lui.
« Tu insinues que, juste parce que je suis une femme, je ne peux prouver que je peux être forte ? Voir même plus que toi ?
- Montre-nous ton élément alors ! »
Elle dégaine son épée, d'apparence basique, et tente de rassembler ses forces. Le Zigrik l'analyse attentivement. Rai, maintenant au courant de l'existence du Kuwanoren, suppose que, peut-être, cette technique n'a pas de secrets pour elle. Au bout d'une longue minute à supplier son élément endormi d'enfin s'exprimer, rien ne se passe. Yoru met fin à l'observation. La déception se lit clairement sur le visage du porteur de l'Hoshaku et de l'aspirante, pour le plus grand bonheur du Kiyuza.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? Incapable de le faire ? Tu sers à rien alors ! Retourne chez toi !
- Non ! Je refuse ! Je peux vous être utile ! s'offusque-t-elle.
- Tu peux venir. » affirme le vice-conseiller.
Cette simple phrase surprend la concernée.
« Quoi ? Mais elle peut pas participer à la castagne !
- N'écoute pas cette brute qui n'agit et ne juge la valeur de quelqu'un que par sa force physique. J'ignore si tu étais là pendant le tournoi mais je pense en avoir apporté une preuve, sans vouloir me vanter. lui conseille le spécialiste de la glace.
- Ta volonté est plus que suffisante. » ajoute Rai.
Rajik, stupéfait par les réactions de ses amis, cache sa frustration. Verrait-il à travers l'intégration de Lyn dans leurs rangs, un douloureux écho de la fessée phénoménale qu'il a subit face à Fraya lorsqu'elle ne portait pas cette satanée bague ? Personne ne peut le savoir.
« Vous croyez ?
- Quand on veut quelque chose, on finit toujours par l'obtenir. Un jour, tu trouveras quel élément se cache en toi. Tu développeras alors ta propre force et, pourquoi pas, tes propres techniques. J'ai confiance.
- Oh... Merci beaucoup !
- Ne me remercie pas. Tu sais, sans eux, je ne serai pas ce que je suis aujourd'hui. Sans eux, je n'aurais jamais sans doute su que mon élément était la foudre. Ou pire, s'ils ne m'avaient pas trouvé, je serai mort. »
Lyn, déjà bien ébahie par l'accueil chaleureux que lui offre le bras droit de Tencubo, n'en revient pas que la légende en personne lui livre de telles informations à son sujet.
« Allons-y. Nous avons perdu assez de temps comme ça. » soulève Yoru.
Rai et les deux affiliés à un élément du quatuor partent en avant, laissant un peu en plan celui qui était totalement contre son intégration. A quoi bon quelqu'un comme elle pourrait servir ? A rien ! Cependant, ce simple mot résonne en lui. Lorsqu'il a voulu empêcher ce Shipé d'embêter Kenshiro dans l'acquisition de son Kuwanoren, il n'a pas été à la hauteur. Il n'a servi à rien à ce moment-là. Cette vérité, difficile à digérer pour l'homme à l'appétit exacerbé, le force à ravaler sa fierté. Il doit, plus que tout, prouver qu'il peut être aussi puissant qu'un Shirenai ou un semblable de son ami sans passer par leur technique. C'est ainsi qu'il met les bouchées doubles pour rattraper ses compagnons de mission.