*Point de vue de Loona*
D'aussi loin que je me souvienne, mon enfance a été marquée par la froideur et la cruauté. À la maison, je n'étais pas seulement la fille de Yoann et Lisa, mais aussi une ombre, un reflet de leurs frustrations et de leurs ambitions non réalisées. Mon père, un homme dont le pouvoir était autrefois inébranlable, s'est mué en un spectre fatigué, tandis que ma mère, autrefois pleine de vie, s'était transformée en une personne amère, consumée par la jalousie.
Je me rappelle encore du jour où j'ai réalisé que ma vie ne serait jamais comme celle des autres enfants. C'était une nuit de pleine lune, et je ne savais pas encore que cette nuit-là changerait tout. Quand la lumière de la lune a touché ma peau, j'ai senti un frisson parcourir mon corps. J'étais spéciale, et je n'en étais pas consciente. Mon sang, marqué par la bénédiction de la Déesse Luna, scintillait sous la clarté argentée. Mais au lieu de célébrer cette marque, ma mère m'a regardée comme si j'étais un obstacle à son propre bonheur.
À partir de ce moment-là, je suis devenue une source de douleur pour elle. Chaque sourire que je lui offrais se heurtait à un mur de ressentiment. Elle ne voyait en moi qu'une rivale. Les mots blessants qu'elle m'adressait résonnaient dans ma tête bien après qu'ils aient été prononcés, me laissant des cicatrices invisibles. Mon père, lui, semblait ignorer mes souffrances, absorbé par ses propres ambitions. Je n'étais qu'un pion dans son jeu de pouvoir, un outil à utiliser dans ses manigances politiques.
Laetitia, ma sœur, a également changé. Au lieu de devenir ma confidente, elle est devenue une concurrente. Son regard, jadis plein d'admiration, était maintenant teinté de jalousie. Elle ne pouvait accepter que la Déesse ait choisi une autre héritière que la sienne. Les rivalités fraternelles sont devenues monnaie courante dans notre maison.
Et mon petit frère Matteo, lui, était le seul à rester en dehors de cette lutte. Il était trop jeune pour comprendre la profondeur des tensions qui déchiraient notre famille. Je voyais souvent son regard triste, mais il ne pouvait rien faire pour m'aider.
En grandissant, j'ai appris à me construire des murs, à me protéger de l'affection qui ne viendrait jamais. L'idée de m'attacher à quelqu'un était terrifiante. Chaque fois que je pensais à l'amour, je revivais les blessures infligées par ma propre famille.
Mais Noah… Noah était différent.
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