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Chapter 12 - CS COMPANY

POV Zephyr

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« Monsieur Zephyr, rapport : les deux candidats, Klayn et Logan, comptent réaliser leur mission aujourd'hui, lors de l'ouverture de l'Orchadia. »

 

Je m'interrompis, fixant l'écran holographique où le visage de l'agent était projeté. Ils passent à l'action plus tôt que prévu ? « C'est bien tôt… Je doute qu'ils aient eu le temps de se préparer entièrement. » Je laissai un sourire effleurer mes lèvres. « S'ils ont choisi ce jour, c'est qu'ils pensent y voir un avantage. Envoie quelqu'un pour surveiller de près leurs actions. Je veux tout savoir. »

 

 L'agent inclina légèrement la tête. « Eh bien, monsieur, il semblerait que ce soit mademoiselle Miyako qui leur ait suggéré cette date, en expliquant les avantages stratégiques de frapper aujourd'hui. »

 

 Je me redressai, un sourcil haussé. «Miyako, toujours imprévisible.» pensais je. « En d'autres circonstances, son indépendance m'aurait déplu... » Je laissai mon regard se perdre un instant, réfléchissant à cette décision. « Mais, étrangement, ce n'est pas le cas cette fois. »

 

 Je laissais échapper un léger sourire. « J'ai le pressentiment que cette journée sera plus divertissante que prévu. » Je fis signe à l'agent de disposer. « Très bien. Assure-toi qu'ils soient surveillés. »

 « Bien, monsieur. »

 Je restai seul dans la pénombre de mon bureau, l'esprit en ébullition. Miyako… Tu te lances dans un jeu risqué. "Voyons si tu as bien calculé tes mouvements."

 

 POV Klayn

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 Le jour tant attendu était enfin arrivé, et pourtant, au lieu de me sentir prêt, je ressentais une légère tension, un poids que je ne pouvais pas ignorer. Est-ce la mission qui me stresse?, pensai-je en me redressant lentement dans mon lit.

 

 Je me dirigeai vers l'armoire, scrutant les vêtements qui y étaient soigneusement rangés. « Que porter aujourd'hui… ? » murmurai-je.

 

 Pour cette mission, l'apparence comptait presque autant que l'exécution. L'ouverture de l'Orchadia serait une occasion unique d'observer la royauté de près, peut-être même d'échanger quelques mots. Je pris un veston noir en main, caressant le tissu lisse, cherchant à trouver un équilibre entre élégance et confort. Une tenue trop décontractée attirerait l'attention, mais l'inverse serait trop suspect pour un étudiant.

 

 Mon regard se posa sur une veste en laine légère d'un bleu nuit sobre, agrémentée d'un simple col argenté. Parfait. Suffisamment raffiné pour donner l'impression d'appartenir à une famille noble sans en faire trop.

 

 Je vérifiai mon apparence dans le miroir, ajustant un pli ici, une manche là. Aujourd'hui, l'illusion devra être parfaite.

 

 Mon Nexus vibra légèrement dans ma poche, me rappelant que l'heure approchait. Je pris une inspiration, composant le numéro de mes supérieurs. Le signal retentit plusieurs fois avant que la voix familière de mon contact se fasse entendre.

 

 « Klayn, rapport. »

 

 Je pris un instant pour rassembler mes pensées avant de répondre. « Nous sommes prêts pour l'opération à l'Orchadia. L'anneau du Kyneryx sera notre priorité. Une fois dans le musée, je m'assurerai qu'aucune surveillance n'interfère avec l'extraction. Logan et Miyako me couvriront. »

 

 Un léger silence suivit, puis la voix reprit, calme et calculatrice. « Es tu certain que cette équipe est digne de confiance ? Logan est intelligent, mais il est aussi instable comme tu nous l'as fait comprendre. Nous avons besoin de l'artefact, pas d'un fiasco. »

 

 Je pinçai les lèvres, cherchant les mots justes pour les rassurer. « Logan est capable de tout pour prouver sa valeur aux Ombres. Quant à Miyako, elle est focalisée sur la réussite de cette mission. Je suis confiant. »

 

 Un ricanement sourd traversa le Nexus. « La confiance… Voilà quelque chose que tu ferais mieux de réserver aux fantômes, Klayn. Souviens-toi de tes priorités. Une fois l'anneau en ta possession, tu devras le sécuriser et nous l'apporter directement. Logan et Miyako ne doivent jamais l'obtenir. »

 

 Mes doigts se crispèrent légèrement autour du Nexus. « Je comprends. Cela dit, comme je vous l'ai dit, Logan s'attend à ce que l'artefact lui soit remis comme preuve de notre engagement envers les Ombres. Si nous leur volons l'anneau, cela mettra inévitablement notre couverture en danger. »

 

 Un silence pesant s'installa de l'autre côté de la ligne. « Nous en avons déjà parlé Klayn, cela n'a aucune importance. Vous ne jouez pas ce rôle pour vous faire des amis. Votre tâche est simplement de récupérer l'anneau. Le reste est secondaire. »

 

 Je réprimai un soupir, tentant de garder mon calme. « Très bien. Une fois l'anneau en ma possession, je vous l'apporterai au point de livraison convenu. »

 

 La voix, impassible, reprit avec une froideur tranchante. « Un échec est inacceptable. Si tu sens que Logan se doute de quelque chose, élimines-le. »

 

 Je me sentis légèrement tendu, mais je pris une grande inspiration. « Il ne se doute de rien, je m'assurerai que tout se déroule comme prévu. »

 

 « Parfait, » répondit mon supérieur d'un ton sec. « Sois vigilant, Klayn. Cette mission doit être menée à bien, quoi qu'il en coûte. »

 

L'appel se coupa, me laissant seul dans le silence de la chambre. Je posai le Nexus sur la table de chevet, passant une main dans mes cheveux pour calmer mon esprit. Aujourd'hui…Logan... j'espère ne pas avoir à te tuer.

 

 J'ajustai une dernière fois ma veste, fixant mon reflet dans le miroir. La véritable épreuve commence maintenant.

 

 POV Logan

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 « Salut, Mom, » lançai-je joyeusement à ma mère en attrapant un donut fraîchement sorti du four.

 

Elle me regarda, visiblement surprise. « Logan ? Bonjour… Mais tu es déjà prêt ? Le départ n'est pas avant 10h. Pourquoi es-tu si pressé ? »

 Je haussai les épaules avec un sourire en coin. « J'ai un truc important à régler avant. Je te laisse. »

 

En sortant, ma veste noire jetée sur mon épaule, je réfléchissais déjà à cette "fabuleuse" journée qui s'annonçait. En me réveillant quelques heures plutôt Je fouillai dans ma garde-robe à la recherche de quelque chose de présentable mais décontracté.

 

En farfouillant, mon regard se posa sur une petite carte en papier épais : l'invitation que la grand-mère, celle que Klayn et moi avions sauvée des bandits, m'avait donnée. Elle nous avait invités à visiter l'entreprise où elle travaillait, la CS Company.

 

Un sourire intéressé naquit sur mes lèvres. J'eu une idée " et pourquoi ne pas en profiter ?" Pensais je

 

Pour m'assurer que cette idée valait le détour, je décidai de faire quelques recherches rapides sur cette fameuse CS Company. À première vue, c'était une simple entreprise de construction, sans grande envergure. Pourtant, un détail me frappa : il n'y avait aucune information sur les types de bâtiments construits ni sur les projets réalisés. Pas de contrats publics, rien de concret. Un manque de détails pareil, c'est souvent un signe…

 

Cela m'intriguait. Des informations aussi floues sont généralement réservées aux entreprises privées et confidentielles, celles qui préfèrent travailler dans l'ombre pour protéger leurs secrets. Intéressant…

 

Rien de mieux pour éclaircir ça que de m'y rendre moi-même, pensai-je, d'où ma précipitation.

 

"La CS Company est assez loin... Je devrais accélérer", pensai-je en activant mon Smog. D'un bond, je me téléportai sur un toit voisin, puis un autre, filant de bâtiment en bâtiment avec une précision calculée.

 

Après une dizaine de minutes à me déplacer ainsi, j'arrivai enfin devant les portes de la CS Company. Le bâtiment imposant s'élevait comme une forteresse de verre et d'acier, ses grandes vitres reflétant les rayons du soleil avec une intensité presque aveuglante.

 

« Puis-je vous aider, jeune homme ? » dit une voix mécanique émanant d'un dispositif installé près de la grande grille gardant l'entrée.

 

Mon regard parcourut rapidement les alentours. Trois caméras étaient visibles : deux fixées de chaque côté des colonnes encadrant la grille, et une incrustée directement dans le mur, juste au-dessus de l'interphone.

 

« Bonjour, je suis ici pour voir le responsable de la compagnie, » répondis-je en tenant la carte d'invitation face à la caméra principale.

 

Il y eut un bref silence, puis la voix résonna à nouveau, cette fois plus accueillante. « Oh… bien sûr. Un instant, s'il vous plaît. »

 

Moins de dix minutes plus tard, le portail s'ouvrit dans un léger grincement. De l'autre côté, une femme m'attendait. Elle portait des vêtements impeccablement professionnels, mais assez ajustés pour mettre en valeur sa silhouette. Ses cheveux courts et blonds lui donnaient un air vif, et ses yeux, d'un bleu tirant sur le vert, me fixaient avec une curiosité mesurée.

 

« Bonjour, et bienvenue à la CS Company, monsieur… ? »

 

« Logan, » répondis-je, anticipant la question dans son regard.

 

Elle inclina légèrement la tête, un sourire poli aux lèvres. « Enchantée, monsieur Logan. On m'a informée que vous souhaitiez rencontrer notre responsable. »

 

Je levai la carte. « C'est exact. J'ai reçu cette invitation et je me suis dit que je ne pouvais pas manquer l'occasion. »

 

Elle me tendit la main. « Puis-je voir la carte, s'il vous plaît ? »

 

Je la lui donnai sans hésiter. Elle examina la carte attentivement, son expression devenant sérieuse, presque méfiante, tandis qu'elle scrutait les détails inscrits dessus.

 

Finalement, elle releva les yeux et hocha la tête. « Très bien. Veuillez me suivre, s'il vous plaît. »

 

Elle se tourna et commença à marcher vers l'entrée du bâtiment, me laissant entrevoir l'intérieur moderne et sophistiqué de la CS Company.

 

Après une longue descente d'ascenseur, Je continuais à suivre la damoiselle dans un couloir étroit et faiblement éclairé. Des vitres s'étendaient tout le long des murs, offrant une vue imprenable sur les activités de l'entreprise en contrebas. Je pouvais voir des machines complexes fonctionner en silence, et des ouvriers s'affairer autour de grandes pièces de bois et de blocs de ciment, découpant, assemblant, polissant. Ce lieu semble bien plus organisé et mystérieux qu'une simple entreprise de construction.

 

Elle marchait avec assurance, son pas précis, sans se retourner. Son attitude calculatrice et professionnelle m'intriguait. Je décidai de rompre le silence.

 

« Vous avez un nom, non ? » lançai-je d'un ton ironique et détendu.

 

Elle me jeta un regard en coin, un sourire à peine perceptible. « Nysalia. » Sa voix était froide, sans être impolie. « Nysalia Revas. »

 

Un nom aussi tranchant que sa personnalité, pensai-je, en l'observant se remettre à fixer le couloir.

 

« Bien qu'assez...unique, c'est un joli prénom » dis-je d'un ton décontracté. « Je peux vous appeler Nys ? »

 

Elle tourna légèrement la tête, ses yeux toujours fixés droit devant elle. « Absolument pas. »

 

J'aurais au moins essayé, dis je en haussant les épaules.

 

« Et, Vous travaillez ici depuis longtemps, Nysalia ? » poursuivis-je, tentant de jauger la femme qui semblait incarner ce lieu.

 

Elle hocha la tête sans ralentir son pas. « Oui. J'ai pris la direction de la branche principale il y a cinq ans. »

 

« La branche principale ? » répétai-je, comme si la question était innocente.

 

Elle resta silencieuse un instant, comme si elle analysait la pertinence de ma question. « Nous avons d'autres centres d'opérations, mais celui-ci est le plus grand. »

 

Je plissais légèrement les yeux, mes doutes se confirmant peu à peu. Cette structure est bien plus vaste qu'il n'y paraît.

 

« Et qu'est-ce qui fait la spécialité de cette... branche principale ? » demandai-je, gardant mon ton léger, mais la question, elle, en disait long.

 

Elle ralentit imperceptiblement, comme si elle jaugeait la limite de ce qu'elle pouvait révéler. « Construction, évidemment. » Elle marqua une courte pause avant d'ajouter : « Mais nos activités ne s'arrêtent pas là. »

 

Son regard croisa le mien brièvement, assez pour que je comprenne que j'obtiendrais peu de détails.

 

Pas surprenant, pensai-je, en retenant un sourire.

 

Nous poursuivîmes notre marche dans le couloir, où je remarquai une série de portes fermées, chacune avec un code de sécurité. Une sécurité aussi stricte pour une simple entreprise de construction ? Ça n'avait aucun sens. Je lançai un regard à Nysalia, qui semblait parfaitement calme.

 

« Vous avez ici un dispositif de sécurité assez… impressionnant, » dis-je, d'un ton à moitié désinvolte.

 

Elle ne cilla pas. « La sécurité est un élément essentiel, monsieur Logan. Surtout pour certains de nos projets. »

 

Je haussai un sourcil, prenant soin de mémoriser chaque mot. « Et... jusqu'où s'étendent vos activités ? » lançai-je, comme si la question n'avait pas vraiment d'importance.

 

Elle s'arrêta soudainement devant une porte plus large que les autres, me faisant face pour la première fois. « Je suis navrée, mais certaines informations sont réservées aux associés et aux partenaires. »

 

Ses yeux turquois, froid et intenses me fixaient avec une fermeté polie. Elle ne comptais pas en dire plus. Je savais qu'elle ne répondrait plus à mes questions frivoles.

 

Elle se tourna de nouveau vers la porte, tapant un code d'accès avec précision. La porte s'ouvrit dans un sifflement, dévoilant un large bureau au mobilier moderne et épuré.

 

« Veuillez patienter ici, le responsable arrivera bientôt. » Elle inclina la tête et se retira, me laissant seul dans la pièce.

 

Je balayai la salle du regard, mes pensées tournant autour de cette Nysalia et de l'atmosphère étrange de la CS Company. Il y a quelque chose de plus dans cet endroit. Quelque chose qu'ils s'efforcent de garder caché. Si c'est l'cas, c'est exactement ce qu'il me fallait. En espérant que mon plan fonctionne...

 

 POV de NYSALIA ----------------------

 

Je quittai la pièce où j'avais laissé Logan, mes pas résonnant légèrement dans le couloir sombre. Ce jeune homme… il avait quelque chose d'intrigant, quelque chose qui ne me semblait ni familier, ni totalement inconnu. Pourtant, je ne pouvais me rappeler où je l'avais vu.

 

Ce détail, ce flou… Étrange, pensai-je en fronçant les sourcils. Ma mémoire n'avait jamais été aussi imprécise. Si je ne parvenais pas à me souvenir de lui distinctement, il devait y avoir une cause extérieure. Une interférence, peut-être. Ce genre d'effet, bien que rare, n'était pas impossible était ce lui qui la provoquait... Je laissai la pensée de côté pour l'instant, décidée à garder un œil sur lui.

 

Il y avait aussi cette autre question, plus subtile, mais tout aussi troublante : Pourquoi Dame Morwell lui avait-elle donné cette carte en particulier ?

 

J'étais parfaitement informée des choix et préférences de cette femme. Elle n'agissait jamais sans raison, encore moins avec ces cartes qui indiquaient clairement un invité de haute importance. Chaque invitation spéciale qu'elle remettait avait une signification, un objectif caché. Donner accès à un simple étudiant ? Cela me semblait peu probable, même absurde.

 

La vieille dame cachait ses motivations derrière ses airs inoffensifs, mais je savais que ses intentions étaient rarement anodines. Si elle l'avait invité ici, c'était parce qu'elle y trouvait un intérêt, peut-être même un avantage.

 

Je ralentis légèrement le pas, le regard fixe, réfléchissant aux possibilités. Logan n'était pas qu'un simple visiteur. Peut-être que ce mystère autour de lui n'était pas qu'un hasard, je verrai bien ce qu'en dira mon supérieur...

 

Je frappai à la porte de son bureau, situé à l'avant-dernier étage du sous-sol. Aucun son en retour. J'attendis un instant, puis frappai une deuxième fois, puis une troisième.

 

Soudain, une voix calme derrière moi interrompit mon geste. « Nys… »

 

Je me retournai brusquement et le vis, un verre de ce qui ressemblait à du soda à la main. Malgré mes sens aiguisés, je n'avais pas perçu sa présence – un exploit rare pour quelqu'un comme moi. Mais le voir là, de si près, imposait une autorité silencieuse qui rendait toute prudence naturelle. Il avait cette capacité unique à apparaître sans bruit, et pourtant sa présence envahissait l'espace.

 

L'homme mesurait environ un mètre quatre-vingt-dix, avec des cheveux courts soigneusement coiffés et ce sourire constant qui semblait ne jamais le quitter. Ses yeux, presque plissés, dissimulaient quelque chose de bien plus perçant qu'ils ne laissaient paraître. Il portait des lunettes, bien qu'il n'en ait pas besoin, probablement pour accentuer son apparence responsable. Toujours vêtu d'un manteau noir impeccablement ajusté, avec des mocassins noirs étincelants et des gants noirs, il marchait avec un silence absolu, celui d'un assassin maîtrisant parfaitement ses mouvements.

 

« M…monsieur, vous m'avez surprise, » dis-je, tentant de garder mon calme.

 

Un sourire presque imperceptible traversa son visage. « Tu n'as jamais peur, Nys... » dit-il en approchant de la porte, qu'il déverrouilla d'un scan oculaire. « Entre. »

 

Son bureau était, comme toujours, d'une propreté impeccable, chaque objet soigneusement disposé, reflétant parfaitement sa personnalité ordonnée et méticuleuse. Il s'installa à son bureau, sirotant son verre tout en scrutant l'écran de son ordinateur, plongeant un instant dans ses pensées.

 

Puis il se tourna vers moi, coupant court aux formalités. « Notre invité est-il bien installé ? »

 

« Oui, monsieur. Je l'ai installé dans la salle d'audience, comme vous l'avez demandé. Il vous attend. »

 

Il hocha brièvement la tête, ses yeux revenant sur l'écran. « Bien. » Il posa son verre, se leva et se dirigea vers la porte. « Je vais aller voir notre invité… spécial. Termine les derniers préparatifs. »

 

« Entendu, monsieur. Il sera fait selon vos ordres. » J'inclinai légèrement la tête, même si mille questions traversaient mon esprit.

 

Alors qu'il atteignait le seuil de la porte, il s'arrêta soudainement, fixant son regard droit vers l'ascenseur au bout du couloir. « Ah, j'oubliais… Ne fais aucune recherche sur lui. »

 

Son ton, bien que mesuré, était sans équivoque. C'était un ordre clair, sans la moindre place pour la curiosité.

 

Je restai silencieuse, le regard fixé sur son dos alors qu'il s'éloignait. Je savais qu'il n'y aurait pas d'explication , seulement la certitude que ce n'était pas une simple visite.

 

 POV de Logan

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Le temps commençait à devenir long. Cela faisait une bonne dizaine de minutes que j'étais assis là, seul. Mon regard s'était posé sur un pion d'échec noir abandonné dans un coin de la table. Intrigué, je sortis un mouchoir de ma poche avant de le ramasser. Sait-on jamais, il pourrait être imprégné de poison… pensais-je avec une pointe de prudence.

 

Mais à ma grande déception, ce n'était qu'un simple pion. Rien d'exceptionnel, rien de dangereux. Je le reposai donc à sa place, puis me levai pour examiner un peu mieux la salle où l'on m'avait laissé.

 

Nysalia m'avait installé dans une pièce qu'on ne pouvait vraiment pas qualifier de "salle d'attente". C'était une grande salle, impeccablement propre et étrangement ordonnée, mais plongée dans une pénombre presque oppressante. La seule source de lumière provenait de la table en son centre, une longue table rectangulaire aux coins arrondis, avec un écran incrusté en son centre qui émettait une faible lueur bleutée.

 

Autour de la table, huit sièges à dossier haut étaient parfaitement alignés : trois de chaque côté, et un à chaque extrémité. Ce qui attirait mon attention, cependant, n'était pas la table en elle-même, mais les structures qui longeaient les murs, exactement placées derrière chaque siège. Ces structures rappelaient celles des musées, conçues pour exposer des artefacts rares ou antiques.

 

À l'intérieur des vitrines de verre, je remarquai des boîtes noires entrouvertes, leur intérieur tapissé d'un tissu jaune éclatant. Je m'approchai de l'une d'elles. Un coussinet au centre portait une empreinte distincte, la forme d'un anneau ou d'une chevalière qui avait autrefois été posée là. Cela m'intrigua. Sur le devant de la boîte, gravé sur une plaque rectangulaire, se trouvaient deux noms : le premier semblait être celui de l'anneau, tandis que le second appartenait, très probablement, à son propriétaire légitime.

 

Une collection de chevalières, toutes dispersées entre des mains bien précises… pensais-je en parcourant les vitrines restantes. Pas une seule de ces boîtes ne contenait encore son contenu d'origine. Alors, chaque chevalière est entre les mains de quelqu'un…

 

Je continuai à observer, m'arrêtant devant la dernière structure, située au fond de la pièce. Celle-ci était différente : bien mieux ornée, presque majestueuse, avec une boîte qui semblait encore scellée. Je me rapprochais pour examiner de plus près le nom gravé. Mon instinct me criait qu'il s'agissait de quelque chose d'important, d'un secret que cet endroit s'efforçait de protéger.

 

Mais avant que je ne puisse lire le nom, le grincement mécanique de la porte d'entrée interrompit mon geste. Une lumière vive s'engouffra dans la pièce, projetant l'ombre d'une silhouette élancée. Je plissai les yeux, ajustant ma vision à la lumière soudaine.

 

L'homme qui entra était grand, probablement autour d'un mètre quatre-vingt-dix, et se déplaçait avec une élégance calculée. Son manteau soyeux, orné de motifs subtils, semblait presque scintiller à la lumière. Il portait des lunettes à monture fine, mais tout dans son allure suggérait qu'il n'en avait pas besoin. Un choix esthétique, probablement, pour renforcer son image d'homme responsable et inaccessible.

 

Son visage était étrangement neutre, mais ses yeux… Ses yeux presque plissés semblaient capables de percer n'importe quel masque. Ils n'étaient ni menaçants, ni particulièrement chaleureux, mais d'une intensité dérangeante, comme s'ils étaient constamment à la recherche d'une faille. Une barbe parfaitement taillée encadrait son visage, ajoutant une touche de maturité à son apparence impeccable.

 

Ses mouvements étaient mesurés, presque silencieux, mais chaque pas résonnait d'une autorité invisible. Il avait une manière de remplir l'espace sans dire un mot, une présence qui imposait un respect naturel. Ses gants noirs accentuaient encore son image d'un homme qui contrôlait tout, jusqu'au moindre détail.

 

Il s'arrêta au centre de la pièce, son regard passant brièvement sur moi avant de s'attarder sur la table et les vitrines, comme s'il vérifiait que tout était en ordre. D'un geste subtil il tourna légèrement le pion noir sur la table comme pour le remettre parfaitement à sa place. Puis, enfin, il se tourna pleinement vers moi, et un sourire poli mais distant se dessina sur ses lèvres.

 

« Monsieur Logan, » dit-il, en s'asseyant sur l'un des sièges à l'extrémité de la table. Son sourire était léger, mais calculé, tout comme chacun de ses mouvements. « Je vous ai fait attendre, je m'en excuse. Vous pouvez prendre place. Nous avons sûrement beaucoup à nous dire. »

 

Je pris place sur le siège à l'extrémité opposée, mes yeux ne quittant pas les siens, analysant chaque détail de son attitude. « Vous me donnez l'impression de me connaître. Est-ce le cas ? »

 

Son sourire s'élargit légèrement. « J'ai quelques informations sur vous, en effet. »

 

La réponse directe ne me surprit pas, mais elle attisa ma méfiance. « Et comment les avez-vous obtenues ces... informations ? »

 

Il haussa un sourcil, comme si la question l'amusait. « Vous le saurez bien assez tôt, monsieur Logan. Mais allons droit au but, voulez-vous ? » dit-il, son ton devenant plus sérieux. « Je sais déjà comment vous avez obtenu cette carte spéciale. Je sais aussi qu'il est de notre devoir de vous remercier pour avoir sauvé cette chère Madame Morwell. Et je suppose que c'est précisément pour cela que vous êtes ici, n'est-ce pas ? »

 

Sa voix restait posée, mais son regard, illuminé par la lumière de l'écran incrusté dans la table, semblait sonder chaque détail de mon expression. Ce type joue dans une autre catégorie, pensai-je en gardant un visage impassible.

 

« En effet, » répondis-je calmement. « Mais avant tout, j'aimerais savoir qui vous êtes et quel genre d'entreprise vous dirigez. »

 

Il éclata d'un rire bref et mesuré, posant ses lunettes sur la table avec une délicatesse étudiée. « Bien sûr, bien sûr. Les présentations sont de rigueur. Je suis Izuma Renelion, PDG de cette entreprise. »

 

Le nom résonna dans mon esprit comme un écho. Renelion… Pourquoi ce nom m'est-il familier ? Puis une image floue émergea de mes souvenirs, celle de mon oncle, Dregon Draxler, mentionnant ce nom avant sa disparition. Je plissai légèrement les yeux, mes pensées s'alignant lentement.

 

« Vous connaissez donc… »

 

« Dregon Draxler, votre oncle, » compléta-t-il sans hésitation, son ton aussi fluide que si la réponse était évidente. « Oui, je le connaissais très bien. Nous étions amis autrefois. »

 

Je me redressai légèrement sur mon siège, le scrutant avec plus d'intensité. « J'ai appris son décès et enquête depuis. Jamais je n'ai pu rencontrer quelqu'un qui le connaissait vraiment en dehors de notre famille. Étant donné qu'il parlait de vous en bien, je peux à moitié vous faire confiance. »

 

Izuma esquissa un sourire, posant un doigt sur ses lunettes comme s'il réfléchissait à mes paroles. « Hmmm… Je vois. Alors il ne servirait à rien que nous partagions nos souvenirs sur votre oncle, n'est-ce pas ? » dit-il en ajustant légèrement ses lunettes, son ton délibérément neutre.

 

Je restai silencieux, jaugeant ses intentions. Mais il ne sembla pas s'offusquer de mon mutisme. Au contraire, il s'installa plus confortablement dans son siège, comme s'il avait tout le temps du monde.

 

« Permettez-moi de répondre à votre précédente question, » reprit-il, le même sourire énigmatique aux lèvres. « Vous m'avez demandé quel genre d'entreprise je dirige. C'est une excellente question. »

 

Il fit une pause, laissant son regard vagabonder sur la salle avant de revenir sur moi. « La CS Company est officiellement une entreprise de construction. Nous sommes responsables des plus grandes infrastructures de ce continent, qu'il s'agisse de ponts majestueux, de gratte-ciels défiant les nuages, ou de centres de recherches technologiquement avancés. »

 

Je plissai les yeux, surpris par l'ampleur de ses déclarations. Une entreprise privée qui contrôle tant de projets cruciaux… étrange que je n'en aie jamais entendu parler en détail.

 

« Vous semblez surpris, » remarqua-t-il, presque amusé. « Cela ne m'étonne pas. Notre travail est souvent dans l'ombre, mais je vous assure que les fondations de ce continent reposent, littéralement, entre nos mains. »

 

« Impressionnant, » répondis-je, mes paroles mesurées. « Mais je suppose qu'un tel contrôle ne s'arrête pas là… »

 

Son sourire s'élargit légèrement, et il croisa les mains sur la table, adoptant une posture plus décontractée. « Vous êtes perspicace, Logan. En effet, un tel savoir-faire ouvre des portes vers… disons, des opportunités variées. »

 

« Opportunités ? » répétai-je, inclinant légèrement la tête. Était-ce vraiment ce que j'imaginais ?

 

Izuma continua, son ton devenant presque pédagogique. « Imaginez. Une organisation capable de construire des tunnels sous des montagnes, des bâtiments imprenables, ou des infrastructures capables de dissimuler des choses que personne ne doit voir. Ce genre de savoir-faire peut servir bien plus qu'un usage civil, vous ne croyez pas ? »

 

Je laissai ses mots flotter un moment dans l'air, mes pensées tourbillonnant. Ce n'est pas une simple entreprise, c'est une toile parfaitement tissée pour des activités en dehors de toute légalité.

 

« Je vois… » murmurai-je finalement, laissant un léger sourire naître sur mes lèvres pour masquer mon trouble.

 

« Je savais que vous comprendriez, » dit-il avec un rire presque imperceptible, ses yeux brillants d'une lueur calculatrice. « Mais revenons à vous. Vous avez quelque chose en tête, n'est-ce pas ? Alors, parlons-en. »

 

Après une pause, il continua : « À vrai dire, nous avions pensé à vous remercier financièrement pour votre geste envers Madame Morwell, mais je doute que ce soit l'argent qui vous intéresse. Vous avez autre chose en tête, n'est-ce pas ? »

 

Sa perspicacité ne me surprit pas. Ce genre d'homme semblait tout voir, tout comprendre avant même que vous ne parliez. « En effet, j'ai une demande. Mais je ne suis pas sûr que ce soit dans vos cordes. »

 

Il éclata d'un rire léger, sincère mais troublant, comme s'il avait entendu la blague la plus innocente du monde. « Pas dans nos cordes ? Monsieur Logan, ne vous inquiétez pas de nos capacités. Toutefois, ce que vous avez en tête semble suffisamment important pour que je propose un échange. »

 

Il replaça ses lunettes, son sourire toujours présent, mais son regard devenant plus perçant. « Voici ma proposition : nous vous apportons l'aide dont vous avez besoin, et en retour, vous partagez avec nous ce que vous savez sur votre oncle et les circonstances de sa mort. Je vous demanderais également de prendre le temps de visiter correctement notre fabuleuse entreprise. J'ai certaines choses à vous montrer. Alors, qu'en dites-vous ? »

 

Le regard d'Izuma ne me quittait pas, attendant ma réponse. Cet homme n'était pas banal, et je savais qu'il en savait bien plus sur moi que je ne l'imaginais. Ce lieu, ces chevalières, tout cela renforçait l'idée que cette entreprise n'avait rien de "simple". Mais s'ils pouvaient m'aider à atteindre mes objectifs, alors peut-être que partager quelques informations sur mon enquête ne serait pas une mauvaise idée.

 

Je laissai un léger sourire naître sur mes lèvres. « Entendu, j'accepte votre proposition. »