Lex gémit alors que le taxi percutait une bosse sur la route. Marlo lui avait donné des antidouleurs, ce qui l'avait rendu presque insensible, mais le moindre mouvement brusque ramenait sa douleur. Il était déjà en chemin pour rentrer chez lui, ayant donné sa réponse à l'homme imposant. Quelle décision avait-il pu prendre ?
Les cinquante millions de dollars, bien sûr ! Lex sourit malgré la douleur, un sourire intérieur. Quelle vérité du monde de la cultivation, quels secrets cachés ? Il avait accueilli les êtres les plus puissants de la Terre dans son Auberge, une bien meilleure source d'informations que Marlo. De plus, puisque la Terre était son foyer, il avait décidé de rester aussi discret que possible. Il ne voulait attirer absolument aucune attention, et laisser Marlo l'introduire aux 'grands secrets du monde de la cultivation' aurait sans doute attiré l'attention à un moment donné.
Lex fronça soudainement les sourcils. Une pensée lui traversa l'esprit : Marlo lui proposant cette option pouvait être un piège pour le tester. D'une part, il affirmait renoncer à une grande opportunité pour assurer sa sécurité, mais s'il sautait sur l'occasion d'en savoir plus sur les secrets, cela pourrait ne pas correspondre à la mentalité de quelqu'un qui cherche à rester en sécurité. Cela ne tenterait que quelqu'un qui avait des motifs cachés et qui recherchait des avantages. Heureusement, il n'avait pas beaucoup hésité et avait choisi de prendre l'argent et l'arme.
Marlo lui transférerait l'argent dans quelques jours - même si c'était une petite somme pour les cultivateurs, ils devaient être intelligents concernant leur argent et leurs dépenses pour éviter de payer des taxes et des frais interminables - et pour l'arme, Lex lui avait dit d'attendre un peu. Lex devait décider quel type d'arme lui convenait. Ce n'était pas un roman de cultivation, c'était la vraie vie. La romance entre un homme et son épée pouvait sembler attirante sur le papier, mais cela pourrait ne pas être le meilleur pour répondre à ses besoins. Il devait être malin à ce sujet.
De toute façon, tout cela était pour plus tard. Pour l'instant, il voulait juste rentrer chez lui et dormir.
*****
Après avoir raccompagné Lex, Marlo retourna dans son appartement et s'assit dans son salon, l'air sombre. Il fixa la clé dans sa main avec gravité et sentit la chaleur qu'elle dégageait. Pendant le court moment où il avait eu la clé en sa possession, il avait l'impression qu'elle le guérissait d'une manière ou d'une autre. Marlo n'était pas un homme simple, et il avait affronté bien plus de dangers que les quelques histoires qu'il avait racontées à ses élèves. Son corps portait de nombreuses blessures, dont beaucoup prendraient des années à guérir, et une en particulier qui était impossible à guérir. Pourtant maintenant, avec la clé en platine en main, il pouvait sentir que la guérison n'était pas vraiment impossible.
La quantité que la clé le guérissait, cependant, était minime. En tant qu'homme intelligent, il déduisit instantanément que le but n'était pas de le guérir, mais de lui montrer que la clé lui offrait la possibilité de guérir. Saisir cette opportunité dépendait de lui.
Marlo poussa un soupir bas et retenu. Au début, c'était juste une mission pour lui, et il ne s'y intéressait pas plus qu'à une autre mission qu'il avait. Maintenant, cependant, il était complètement investi.
Déterminé, il composa un numéro sur son téléphone, et quand l'appel fut répondu, un projecteur dans sa chambre s'alluma et un hologramme réaliste de sa mère adoptive apparut devant lui.
« Il y a eu des progrès dans la mission. Le sujet m'a remis la source de sa rencontre fortuite et m'a donné une brève description de ce qu'elle implique. »
La femme haussa un sourcil et pendant un moment, une expression surprise apparut sur son visage, mais son indifférence revint bientôt.
« C'était plus rapide que prévu. Nous venons tout juste de commencer le programme de suggestion subconsciente, et même les talismans atténuateurs de résistance mentale n'ont pas encore été installés autour de son appartement. Pourquoi te donnerait-il simplement la source ? Je ne crois pas que tu aurais pu créer une relation si forte avec lui aussi rapidement. »
« Non, je ne lui ai pas accordé de préférence spéciale dans les cours, et notre relation n'est pas trop extraordinaire. Je pense qu'il a été influencé par les données que vous avez manipulées sur le portail Bluebird, pas que ce soit un mensonge, mais il semble m'avoir en bonne estime. Il m'a donné la source car il croyait qu'elle était trop dangereuse pour lui, et qu'à la place de profiter d'elle, il en serait plutôt blessé. Il me l'a vendue pour cinquante millions, ainsi qu'une arme pour lui-même. À en juger par son action de s'inscrire à un cours d'autodéfense, je crois que ses tendances à l'auto-préservation sont réelles et son action de renoncer à la source pour un profit plus immédiat est conforme à sa personnalité, et ce n'est pas une sorte de stratagème ou de diversion. »
« Il est décisif et connaît ses limites. S'il est un allié, il doit être fortement soutenu. S'il est un ennemi, il faut l'influencer maintenant pendant qu'il est faible afin que sa position change. »
La femme acquiesça, acceptant le rapport de son fils adoptif.
« Reste en ligne. J'ai déjà signalé le statut complet de la mission. Tu devras donner un rapport plus détaillé bientôt. »
« Je suis un peu confus », parla Marlo, se détendant un peu, « qu'a-t-il de si spécial pour que vous m'ayez contacté dès qu'il s'est inscrit à mon cours ? Ou est-ce que sa rencontre fortuite est si spéciale qu'elle nécessite une opération aussi importante ? »
La femme resta silencieuse un instant tandis qu'elle regardait son fils. Leur relation était plus une entreprise commerciale que familiale. Leur famille avait adopté Marlo quand il avait montré son potentiel enfant et lui avait donné de nombreuses ressources pour le nourrir. En retour, il les avait beaucoup aidés à gérer diverses situations difficiles. Cependant, dernièrement, ils lui demandaient rarement de l'assistance ou de faire des missions, car il avait gagné en force et en influence de son propre chef. Cela ne conviendrait pas à son statut s'il était encore traité comme quelqu'un à qui on donne des courses, ce qui est exactement pourquoi cette mission semblait particulière. Sa tâche était de construire une relation positive avec Lex et d'essayer d'apprendre comment il était entré sur la voie de la culture en autant de détails que possible. C'était tout. La seule condition était qu'il ne devait pas utiliser la force, ni essayer de rendre ses tentatives évidentes. Comme le destin l'aurait voulu, Lex lui avait directement donné la source et avait accompli sa mission. Peu savait-il que les actions de Lex étaient influencées par la quête du Système et non par une manipulation de la part de sa famille.
Enfin elle dit, « Même je ne sais pas. C'était une mission que quelqu'un a donnée directement au chef de famille. Nous n'avions pas le droit de refuser. »
Soudain Marlo se redressa, son expression beaucoup plus sérieuse. Il le savait, cela ne pouvait pas être simple. Comment cette clé, qui pourrait lui permettre de guérir ses blessures, pourrait-elle être simple ?
Avant qu'il puisse poser plus de questions, cependant, une autre projection apparut devant lui ; une jeune fille à l'air délicat. Si Lex l'avait vue, il aurait été extrêmement surpris, car c'était sa sœur cadette, Liz. Elle était la même petite fille à qui l'homme monstrueusement fort pratiquant l'épée avait dit d'enquêter sur la situation.
« C'était assez rapide », nota-t-elle. « Je m'attendais à quelques mois au moins avant que des progrès ne soient faits. J'espère que tu étais subtil dans tes investigations. » La dernière phrase portait une menace en elle, bien qu'elle ne regardait personne en particulier. Pourtant, Marlo et sa mère adoptive ressentaient le poids derrière ses mots, déclenché par leurs instincts affûtés pour le danger.
Marlo se leva immédiatement et rapporta tout ce qu'il venait de dire à sa mère. Il ne connaissait pas la fille, mais manifestement, elle était quelqu'un de statut. Après avoir entendu tout ce qu'il avait à dire, elle demanda à voir la 'source'.
Marlo présenta la clé en platine devant lui pour que la fille l'observe. De manière inattendue, cependant, la projection avança et la prit. Des projections interagissant avec des objets physiques ? C'était au-delà de toute technologie que Marlo connaissait. Elle l'observait sous tous les angles avant de demander, « Tu as dit que cela peut téléporter une personne vers une terre d'héritage ? L'as-tu essayée ? »
« Pas encore », rapporta Marlo, s'agitant. Il était surpris qu'un hologramme puisse interagir avec le monde réel, mais il l'accepta car il avait vu de nombreuses choses étranges dans sa vie. La seule chose était qu'il espérait que la jeune fille ne remarquerait pas la particularité de la clé, car il s'y intéressait beaucoup. Heureusement, après l'avoir observée pendant un moment, la fille rendit la clé.
« Tu peux la garder. Maintiens le contact avec la cible, et si tu apprends quelque chose d'intéressant, fais-le savoir. Cependant, ne lui accorde aucune préférence au-delà de ce que votre relation actuelle impliquerait », dit-elle succinctement, avant que son hologramme ne disparaisse. Sa mère, après un court entretien, disparut également. Marlo resta seul dans son salon avec la clé, et soudain tout son comportement strict antérieur disparut. Son visage était peint d'un large sourire, et il finit par éclater d'un rire fou et tonitruant alors qu'il serrait la clé fermement dans sa main.
*****
Liz se dirigeait vers le bureau de sa mère avec un presse-papiers à la main, murmurant pendant qu'elle griffonnait sur le document devant elle. Lorsqu'elle entra, elle vit sa mère pratiquant lentement une technique de poing. À côté, se tenait son assistant, faisant un rapport sur diverses choses et prenant note des commentaires.
« L'enquête a des résultats », interrompit Liz, sachant pertinemment qu'il faudrait probablement des heures avant que quelqu'un la remarque si elle ne les interrompait pas. « Grand frère a rencontré un objet d'héritage de grade C avec des propriétés spatiales, mais il l'a déjà abandonné. Même s'il ne l'avait pas abandonné, et avait obtenu l'héritage de la clé, avec les conditions sur Terre, il lui serait impossible de faire beaucoup de progrès. Il n'y a aucune preuve d'interférence extérieure dans sa vie jusqu'à présent. »
« Très bien, dans ce cas, nous maintiendrons nos dispositions antérieures », répondit Sereine, sa mère.
Liz hésita, la confusion apparente sur son visage. « Puisqu'il a déjà commencé à cultiver, ne devrions-nous pas simplement lui dire ? »
« Non, tant qu'il n'y a pas d'interférence extérieure, ton père veut que les choses restent les mêmes. »
Liz hésita à nouveau, une chose clairement en tête mais incertaine de devoir la dire. Finalement, elle dit, « Mais tu connais le tempérament de frère. Si tu lui dis juste, il soutiendra la grande sœur Belle et… »
« Ça ne fait rien. Ton père veut suivre le plan initial. Nous le lui dirons quand il aura 50 ans. Pour un cultivateur, quelques années de plus ou de moins ne font pas de différence. Vous les filles êtes jeunes, c'est pourquoi vous êtes impatientes. Laissez les choses progresser naturellement et concentrez-vous plutôt sur vos études. Prima Ventura a montré un intérêt pour te recruter tôt, mais cela dépendra encore de tes résultats à venir. »
Liz gémit à ce rappel soudain, et toutes les pensées à propos de son frère furent balayées de son esprit. Que ce soit sur Terre ou dans l'univers, le mal le plus insidieux était toujours les devoirs.