Guillaume savait que son destin allait changer. Après tout, c'est lui qui avait tout vécu. "Mon esprit était encore en phase de boue… J'ai encore un long chemin devant moi," remit-il le cristal sur le bureau avant de tapoter la surface du bout des doigts, perdu dans ses pensées.
Si quelqu'un le voyait à ce moment-là, il ne croirait jamais que ce gamin n'avait que onze ans. Que ce soit son expression, la manière dont il était assis, le rythme étrange en tapant sur le bureau, ou même le regard déterminé qui émanait de ses yeux… Tout donnait l'impression d'une personne expérimentée dans la vie, un adulte et non un enfant.
C'était prévisible. Après tout, il était revenu dans le temps mais avait conservé tous ses souvenirs et, plus important encore, son expérience. Il connaissait beaucoup de connaissances, grâce aux enseignements de son maître, grâce à sa longue et dure vie après la chute de ce monde.
"J'ai beaucoup de choses à faire... Mais il y a encore une chose qui ressort même après être revenu dans le temps," se leva-t-il lentement et se dirigea vers le tiroir principal de la pièce avant de sortir le gros sac à dos et de le mettre sur ses épaules.
"La force est la seule et véritable chose qui régit la vie et le destin d'une personne," dit-il ces mots avant de fermer la porte derrière lui.
Le monde extérieur était plus sombre qu'il ne paraissait depuis sa fenêtre. Il savait qu'il était tard dans la nuit. Pourtant, cela ne l'empêchait pas de marcher sur la route déserte, en direction de la grande forêt à l'horizon.
Il s'agissait de la grande forêt des monstres du sud, connue sous le nom de Forêt de la Bénédiction. Le monde entier comptait deux continents principaux, avec cinq étroites bandes de terre reliant les deux.
L'académie était située dans le continent sud, sous le règne de l'un des royaumes les plus puissants du continent entier ; le Royaume Novistique.
On pouvait dire que cette académie était l'une des cinq meilleures académies du royaume entier, ce qui en faisait l'une des cent meilleures académies du monde entier.
Ça n'était pas vraiment génial, mais ce n'était pas mauvais non plus.
Il va sans dire combien les disciples et les maîtres ici étaient puissants. Mais aux yeux de Guillaume, cette académie et même les autres académies de ce monde étaient retardées dans leur enseignement. Elles étaient toutes faibles !
Ce n'était pas leur faute. Il savait qu'il s'agissait d'un complot profond orchestré par les ennemis jurés des humains ; les monstres.
En tant que quelqu'un ayant vécu pour être témoin et survivre à la destruction de ce monde, et s'étant rendu dans des endroits inaccessibles à d'autres, il pouvait dire franchement que la plus simple de ses connaissances était bien au-delà de la compréhension des gens d'ici.
Prenez par exemple la connaissance de base à propos des maîtres de l'esprit...
Dans ce monde, la force d'un maître de l'esprit était découverte à l'âge de six ans en utilisant des méthodes spéciales. Cela n'était pas très différent de l'âge du test dans le monde extérieur dans lequel vivait Guillaume. Ce qui différait ici, c'était les aspects du test lui-même et l'interprétation de celui-ci.
Les gens ici ne se fiaient qu'à l'esprit inné produit pendant le test et se concentraient principalement sur la valeur de la puissance de l'esprit.
Par exemple, une personne ayant l'esprit d'un lion moustachu serait considérée comme un maître de l'esprit puissant. D'autres avec des esprits plus bénis comme l'esprit saint tigre volant ou l'esprit noir serpent écailleux seraient considérés comme des génies.
Il en allait de même pour la valeur de la puissance de l'esprit détectée lors du test. Des valeurs supérieures à vingt-cinq étaient considérées comme acceptables pour des maîtres de l'esprit. Tandis que des valeurs supérieures à cent feraient de l'enfant un génie.
Pour quelqu'un comme Guillaume, dont l'esprit n'avait aucune forme distinctive et dont la puissance de l'esprit ne mesurait que douze à l'âge de onze ans, il était considéré comme un échec. Les gens d'ici ne prendraient même pas la peine de nourrir de tels enfants, et il était donc laissé à l'abandon et servait d'autres maîtres de l'esprit pour vivre.
Cependant, Guillaume en savait davantage, beaucoup plus que cela. Ces points de départ pourraient être un bon facteur pour déterminer la force future, mais ils n'étaient pas les seuls facteurs.
De la vie qu'il avait vécue hors de ce monde, il savait que le véritable monde du maître spirituel avait trois clés de voûte pour évaluer le potentiel de tout maître de l'esprit, connues sous le nom de Sainte Triade du maître de l'esprit.
Il s'agissait de : Puissance de l'esprit, pureté de l'esprit, et technique d'entraînement de l'esprit, ou manuel de culture en d'autres termes. Ce qui importait n'était pas le point de départ pour tout maître de l'esprit, mais ce que le maître de l'esprit faisait après ce point.
Par exemple, le deuxième pilier de la Sainte Triade, la pureté de l'esprit, était considéré comme un concept changeant la vie dans celle de Guillaume. L'aspect de la pureté de l'esprit était construit sur un concept selon lequel tout humain était un maître de l'esprit, ayant un esprit propre avec différentes impuretés.
Nettoyer ces impuretés débloquerait le véritable potentiel de tout être humain, transformant un perdant et un échec comme Guillaume en une véritable centrale électrique et une véritable hégémonie dans le monde des maîtres de l'esprit.
Mais c'était plus facile à dire qu'à faire ! Pour purifier son esprit, on devait faire de nombreuses choses régulièrement, de préférence quotidiennement. Et la partie la plus délicate était qu'il avait besoin de relier cela à une bonne technique d'entraînement de l'esprit, en plus d'augmenter constamment sa puissance de l'esprit.
C'était un effort complet, mais Guillaume ne s'inquiétait pas de le faire. Après tout, il avait fait de telles choses lorsqu'il avait dépassé l'âge de dix-sept ans. En d'autres termes, même quand cela était considéré comme impossible selon les normes du véritable monde des esprits à l'extérieur, il l'avait quand même fait.
Et tout cela était grâce à son maître.
Alors comment pourrait-il douter de sa capacité à répéter ce qu'il avait déjà fait à l'âge actuel de onze ans ?
"J'ai besoin de me faire de l'argent d'abord," savait-il que le plus grand obstacle dans son plan était l'argent. Il venait d'une famille pauvre, donc il n'avait que lui-même sur qui compter.
Pour gagner de l'argent, il devait aller dans la forêt et chasser les monstres. Les monstres normaux étaient assez puissants pour tuer quelqu'un d'impuissant comme lui.
Mais il n'était pas à court d'options.
La Forêt de la Bénédiction était l'une des plus grandes forêts du monde entier. Elle s'étendait sur les frontières de nombreux royaumes, avec plus d'une douzaine d'académies partageant leurs activités à l'intérieur de cette forêt.
Il serait logique pour l'académie de contrôler l'accès à la forêt, surtout si cela pouvait transformer quelqu'un comme Guillaume en une personne riche et puissante. Mais l'académie ne restreignait pas du tout l'accès à la forêt, et elle n'était pas la seule académie à le faire.
Après tout, si des gens faibles comme des porteurs, comme Guillaume, décidaient d'entrer dans la forêt, alors ils devraient être responsables de leur vie là-bas.
La forêt n'était pas un endroit agréable pour passer du temps. La mort rôdait à chaque coin. On pouvait facilement y perdre la vie. Alors quel était l'intérêt de restreindre l'accès à la forêt ?
La seule restriction serait pour les étrangers de traverser les zones contrôlées par l'académie. Comme Guillaume faisait partie de l'académie, il trouva facilement l'itinéraire principal vers la forêt et commença à marcher plus loin.
En chemin, il sortit son sac à dos et examina son contenu. Le sac ne contenait que trois choses, une épée de fer qui avait rouillé sur des parties de son tranchant, une bouteille d'eau et un petit morceau de minerai qui servait de fusée éclairante pour demander de l'aide.
Le sac de Guillaume ne contenait rien d'autre. Après tout, les porteurs livraient tout ce qu'ils récupéraient aux disciples qu'ils servaient à la fin de la journée.
Si Guillaume devait décrire son équipement actuel, il dirait que c'était le pire équipement qu'il ait jamais eu de sa vie. Même si on considérait cela comme la deuxième pire situation de sa vie, il ne trouvait aucune situation pour venir en premier.