"Non, tu ne peux pas partir !" gémit Mira.
Après que le mari et ses épouses eurent passé quelques heures dans le bain, ils allèrent retrouver leur fille qui fut ravie de revoir son père.
Sa joie ne dura cependant pas longtemps, lorsqu'il lui annonça qu'il partait à nouveau le lendemain matin et que cette fois, ce serait pour plus longtemps.
Voir sa fille pleurer fit souffrir Exedra plus qu'il n'aurait jamais pu l'imaginer et savoir qu'il en était la cause rendait la chose bien pire.
Il ne put rien faire d'autre que de tenir sa propre fille dans ses bras alors qu'elle hurlait de douleur contre lui.
Ses épouses, qui étaient à proximité, arboraient des expressions similaires.
Elles non plus ne voulaient pas que leur mari parte, encore moins avec une femme inconnue.
Mais elles comprenaient qu'il allait apprendre à mieux les protéger, eux et la vie qu'ils menaient.
Même si elles détestaient cela, elles savaient qu'elles ne pouvaient pas lui en vouloir d'essayer de s'assurer qu'elles soient toujours en sécurité et heureuses.
Elles décidèrent donc à l'unanimité de le soutenir dans cela, comme dans tout le reste.
Tant qu'il ne ramène pas une autre femme à la maison, bien sûr.
"Tu ne peux pas partir, tu dois rester, tu le dois !" Mira devenait si instable que de la glace commençait à se former autour du duo père et fille, obligeant ses mères à reculer.
Même lorsque le froid de Mira commençait à brûler sa peau, Exedra ne fit aucun geste pour l'arrêter. Il sentait qu'il méritait autant de douleur pour tout le mal qu'il causait à sa douce fille.
Il se contenta de caresser légèrement ses cheveux et lui parla d'une voix aussi douce qu'il le pouvait. "Je suis désolé, Mira. J'aimerais n'avoir pas à partir, mais je dois devenir plus fort afin de pouvoir prendre soin de nous."
"M-Mira peut venir avec toi pour devenir forte !" propose-t-elle.
Exedra ne put que secouer la tête amèrement.
"Je suis désolé, mais je dois faire cela seul. Lorsque tu seras un peu plus grande, je te promets que nous ferons notre propre petit voyage ensemble."
Mira ne put que pleurer davantage en entendant le refus de son père.
"Tu vas partir et tu ne reviendras pas !" s'exclama-t-elle.
Lisa fut la première à comprendre ce dont Mira avait tellement peur.
La vie qu'ils avaient vécue auparavant était incomparable à celle-ci et ce n'était pas à cause des choses matérielles, c'était parce qu'aucun d'eux ne se rappelait d'un temps où ils avaient souri aussi souvent.
Prenant l'initiative d'aider son mari en difficulté, Lisa s'agenouilla rapidement à côté de son mari et de sa fille.
"C'est bon ma chérie. Ton père reviendra toujours vers nous."
"Et ce n'est pas comme si on serait seules en attendant, n'est-ce pas ?" Son ton enjoué était un signal pour les autres épouses de se manifester.
Bekka réconforta rapidement sa fille reniflante avec l'opportunité offerte par Lisa. "C'est vrai ma petite goutte de rosée ! Tu as trois mères ici pour t'aimer et te choyer jusqu'au retour de ton papa."
À ce moment, Lailah enfin lança : "Et il REVIENDRA. Nous sommes tristes aussi mais nous devons être de grandes filles et attendre, d'accord ?"
Mira regarda ses mères l'une après l'autre avant de finalement lever les yeux vers son père une fois de plus.
"Je serai de retour avant que tu t'en rendes compte. Je te le promets."
"D'accord..."
Mira n'aimait pas du tout cela mais elle devait croire en son père.
Il ne l'avait jamais déçue auparavant, n'est-ce pas ?
Elle devait donc être une grande fille et patienter comme ses mères.
Bien qu'elle espérât vraiment qu'il ne tarderait pas trop.
-
Ne voulant pas perdre de temps le lendemain matin, Seras apparut immédiatement dans la chambre d'Exedra pour le chercher.
Elle s'attendait à le trouver déshabillé ou peut-être même en plein actes intimes avec l'une de ses épouses.
Au lieu de cela, elle le trouva endormi dans son lit avec ses épouses et sa fille.
Chacune des filles s'accrochait à lui d'une manière ou d'une autre, comme si elles ne voulaient lui laisser aucune chance de s'échapper.
Voyant cela, Seras ne put s'empêcher d'afficher un sourire triste. Que ne donnerait-elle pas pour avoir une famille comme celle-ci.
Voyant son apprenti si profondément endormi également, elle réalisa combien sa famille le rendait confortable.
Il n'avait même pas remarqué sa présence.
'Petit prince idiot.' Elle ria intérieurement.
Malgré cela, elle les regarda dormir quelques minutes de plus avant de le réveiller.
Il allait falloir un certain temps avant qu'il ne puisse être aussi insouciant à nouveau.
Après que Seras l'ait réveillé en utilisant la télépathie, Exedra réussit à se glisser hors de l'emprise de son petit fanclub.
Seras observa Exedra rédiger des lettres pour chacune d'entre elles et laisser quelque chose d'extra spécial à sa fille.
Elle n'était pas sûre du contenu des lettres mais elle pensait qu'il devait s'agir de mots chaleureux et d'excuses pour son départ.
Elle se sentait presque coupable de le traîner loin, mais en fin de compte, c'était lui qui avait demandé tout cela, donc il n'y avait pas de quoi se sentir coupable.
'Tu as une magnifique famille.' Lui dit-elle télépathiquement.
Exedra regarda sa famille endormie pendant longtemps.
'En effet, c'est le cas.' Fut sa seule réponse.
Après cela, il embrassa doucement le front de chacune avant que Seras touche son épaule et qu'ils disparaissent de sa chambre.
Peu après leur départ, une à une, les filles se réveillèrent.
Le regard de chacune se porta vers l'endroit où Exedra était allongé avant son départ et elles sentirent des larmes commencer à monter à leurs yeux.
Une à une, elles commencèrent toutes à pleurer silencieusement alors que la réalité de se réveiller ainsi pour les prochains mois finalement s'imposait.
-
Dans sa chambre, Yara allait seulement un peu mieux que les filles.
Elle n'avait jamais cru que son fils quitterait un jour son côté puisqu'il n'avait jamais eu un corps qui le lui permettrait.
Étrangement, elle avait l'impression que c'était le premier jour où elle réalisait que son fils était vraiment un homme avec sa propre famille à protéger et donc, quelque chose pour lequel il valait la peine de se sacrifier.
Elle était incroyablement triste, et pourtant elle était aussi indescriptiblement fière.
Repensant au jour où elle l'avait trouvé après qu'il eut été sauvé par Asherah, elle ne put s'empêcher de sourire lorsqu'elle se rappela comment elle l'avait confondu avec son mari décédé.
"Asmodeus… guide notre enfant."
Avec cette petite prière, une larme unique tomba de l'œil d'une mère à la fois triste et fière.