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Eva peignait les cheveux d'Angélica tout en pensant à son rêve. Une femme aux cheveux roux ? Pourquoi ? Il n'y avait pas beaucoup de personnes ayant la même couleur de cheveux qu'elle. La femme avait aussi prédit que Skender serait roi, ce qui lui faisait penser que c'était quelque chose qui s'était passé dans le passé. Quelque chose qui était plus qu'un rêve. Cela ressemblait à un souvenir, aussi étrange que cela puisse paraître.
La manière dont ils étaient habillés était différente de comment les gens s'habillent aujourd'hui, ce qui indiquait aussi que c'était dans le passé.
Angélica secoua la tête, pensant à quel point elle était folle de vraiment croire que cela puisse être un souvenir passé. Skender aurait eu un air différent aujourd'hui si c'était un souvenir et elle aurait été la femme, ou au moins quelqu'un qu'elle connaissait. Mais la femme lui était inconnue.
Skender.
Il était si beau dans son rêve avec ses yeux bleus clairs et son sourire éclatant. C'était différent de la manière dont il souriait aujourd'hui. Dans ses rêves, il semblait réellement heureux jusqu'à ce que la femme le rejette. Dans la réalité, il y avait toujours une nuance de tristesse derrière ses yeux et son sourire.
Cela la faisait penser à ce qu'il lui avait dit. Il cherchait quelqu'un pour le sauver et même si cela lui donnait un sentiment de danger, elle sentait qu'il avait besoin d'être sauvé. Mais de quoi, elle ne savait pas.
C'est alors qu'elle se souvint du monstre poursuivant la femme dans son rêve. Elle avait ressenti la peur de la femme et même si elle avait peur, elle aurait souhaité voir le monstre avant de se réveiller. Maintenant elle était laissée avec des questions sur qui ou quoi pouvait la pourchasser.
Cela ne pouvait pas être une coïncidence qu'elle ait rêvé d'une femme poursuivie par un monstre, considérant ce qui se passait dans sa ville et les cauchemars de son frère. Ou peut-être que c'était cela qui avait provoqué le rêve.
Tout en étant perdue dans ses pensées, Eva termina de faire ses cheveux et Angélica se regarda dans le miroir pour voir son apparence.
"Vous êtes magnifique, ma Dame," dit Eva. Elle était toujours rapide pour lui faire des compliments.
"Merci, Eva," Angélica sourit.
Mais Eva avait un air soucieux et ses lèvres étaient légèrement retombées.
"Qu'est-ce qui ne va pas ?" demanda Angélica.
"Je suis inquiète pour vous, ma Dame, et pour toutes les jeunes dames de cette ville. Ce qui se passe est tragique. Je pensais que c'était fini, mais ils ont retrouvé une femme morte de nouveau."
Les meurtres avaient recommencé ?
Ses pensées allèrent directement au corbeau. C'était un signe. La mort était revenue dans sa ville.
"C'est tragique," dit Angélica, se sentant triste.
"Ma Dame," Thomas se tenait devant sa porte. "Vous avez des invitées."
Des invitées ?
"Madame Harris, Madame Alden et Madame Foster sont ici pour vous voir."
Alors ses amies avaient finalement décidé de l'inclure à nouveau ? Angélica était sceptique de leur venue et suspectait qu'elles venaient avec des ragots ou pour découvrir quelque chose à propos d'elle et du roi. Hilde doit être curieuse.
"Accueillez-les et offrez-leur quelque chose à manger et à boire pendant que je descends."
Il acquiesça et partit.
Que tramaient ses amies ? Peut-être qu'elle se méfiait sans raison et qu'elles étaient ici pour renouer avec elle maintenant que des femmes de leur ville étaient assassinées. Elles devaient se serrer les coudes. Angélica espérait vraiment que c'était le cas.
Regardant son reflet dans le miroir une dernière fois, elle descendit pour rencontrer ses amies.
Hilde, Natasha et Vesna étaient déjà servies en thé et en sucreries lorsqu'elle entra dans le salon.
"Bon matin," les salua-t-elle avec un sourire en s'approchant d'elles.
"Bon matin," répondirent-elles et elle alla s'asseoir sur le canapé à côté de Vesna.
"Nous ne vous avons pas vue depuis longtemps," dit Vesna.
Angélica savait que Vesna tentait de lui faire porter le blâme. "Il n'a pas été sûr de sortir ces derniers temps et j'ai été occupée. Je suis contente que vous ayez pu venir me voir à la place."
"Bien sûr. Nous comprenons que c'est difficile d'élever votre frère seul. Vous avez toujours été plus occupée que nous," dit Hilde.
Angélica lui répondit seulement avec un sourire.
"J'ai vu votre frère au château. Il semble qu'il ait commencé son entraînement plus tôt. Mon frère a aussi commencé son entraînement et je l'emmène parfois au château," continua Hilde.
"Il doit être excité," dit Angélica.
"Il l'est. Juste un peu effrayé par le seigneur Rayven."
"Il entraîne votre frère ?" demanda Natasha, choquée.
"Oui. Il entraîne tous les jeunes garçons qui veulent devenir Chevaliers Royaux. Le roi lui a confié cette tâche," expliqua Hilde.
"Je ne sais pas pourquoi le roi le garde, surtout avec toutes les rumeurs qui l'entourent," dit Natasha.
Natasha était du genre à croire aux malédictions et à la magie. Elle croyait aussi facilement aux rumeurs, disant qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Angélica pouvait voir qu'elle était mal à l'aise avec le fait que le seigneur Rayven entraînait les jeunes garçons.
"Pourquoi le roi ne le garderait-il pas ? Il est connu pour être un grand guerrier. On dit que le roi l'a cherché et l'a nommé seigneur juste pour avoir un seigneur puissant et craint à ses côtés. Maintenant, les gens y réfléchiront à deux fois avant de tenter quoi que ce soit de stupide avec le roi," dit Hilde.
"Et si les gens ne sont pas la menace et que le seigneur Rayven décide de renverser le roi lui-même ? Comme tu l'as dit, il est un puissant seigneur et un grand guerrier après tout," répondit Natasha.
Hilde ricana. "Il peut être puissant mais les gens ne l'accepteraient jamais comme leur roi."
"Il n'a pas besoin de l'acceptation du peuple s'il prend la couronne," ajouta Vesna.
Hilde haussa les épaules. "Le roi est sage. Il ne ferait pas confiance à quelqu'un en qui il ne devrait pas faire confiance. Je lui ai parlé de nombreuses fois quand j'ai emmené mon frère au château. Il est gentil et charmant mais il est aussi astucieux."
Il semblait que Hilde avait travaillé à son objectif de séduire le roi pendant les semaines où Angélica n'était pas allée au château et maintenant elle venait ici pour se vanter. Angélica ne laissa pas cela la déranger. Il n'y avait pas de raison d'être perturbée. Elle n'était pas amoureuse du roi, donc Hilde pouvait faire tout ce qu'elle voulait.
"C'est étrange qu'il n'ait pas déjà une reine. C'est aussi étrange qu'aucun des autres seigneurs n'ait de femme. Ils sont beaux, jeunes et riches. Sauf le seigneur Rayven." Vesna semblait très curieuse à propos des seigneurs. Contrairement à sa sœur, elle était toujours à la recherche de son futur mari.
"Seule une femme désespérée n'ayant rien accepterait d'épouser le seigneur Rayven pour trouver refuge et avoir de la nourriture sur la table, mais étant seigneur, il se tient probablement en haute estime et ne veut pas épouser n'importe quelle femme," expliqua Hilde.
Natasha ricana. "Il le fera avec le temps quand personne ne l'acceptera."
"Imagine partager un lit avec lui. Je n'arriverais pas à dormir," frissonna Vesna.
"Ce n'est qu'un homme avec des cicatrices," dit Angélica.
Elles la regardèrent avec des yeux grands ouverts et des sourcils relevés.
"Il y a longtemps, les cicatrices étaient quelque chose dont on était fier. Les guerriers portaient leurs cicatrices fièrement. C'était un signe de bravoure, montrant qu'ils avaient combattu des batailles et survécu," leur raconta Angélica d'après ce qu'elle avait appris dans les livres d'histoire. "Les gens d'aujourd'hui sont vaniteux."
Un silence gêné suivit son commentaire, et Hilde décida de détendre l'atmosphère. "Ce ne peut pas être si mal d'être avec lui. Après tout, il est un seigneur puissant." Elle sourit.
Hilde ne pensait qu'à grimper les échelons de la hiérarchie. Peu importait le type d'homme tant qu'il était riche et puissant.
Elles continuèrent de bavarder un peu plus avant que ses amies décident de partir. Angélica n'arrivait pas à croire qu'elle était soulagée que les amies qu'elle adorait passer du temps avec s'en aillent.
Hilde l'invita à venir chez elle la semaine suivante, où elles se retrouveraient toutes. Angélica aurait été heureuse il y a quelques semaines d'être incluse à nouveau, mais maintenant elle ne ressentait rien de particulier.
Une fois qu'elles eurent quitté les lieux, Eva vint vers elle, "Cela fait longtemps qu'elles ne vous ont pas rendu visite. Tout va bien ?"
"Oui," répondit Angélica.
Tout continuait à être pareil. Leur amitié ne reviendrait jamais à ce qu'elle était avant. "Eva, prépare-toi. Nous allons au marché."
Angélica en avait assez de rester enfermée chez elle. Elle voulait sortir de la maison un moment.
Le marché n'était pas loin de chez elles, elles s'y rendirent à pied. Angélica s'arrêta dans quelques boutiques et regarda des vêtements et des objets. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas acheté quelque chose pour elle-même. Elle se demandait ce qu'elle voulait acheter.
Des livres.
"Allons à la librairie," dit-elle à Eva.
Eva secoua la tête en souriant, sachant à quel point elle aimait ses livres.
Elles se rendirent à la librairie la plus proche et Angélica se mit à chercher un livre capable d'éveiller son intérêt. En regardant autour d'elle, un titre finit par attirer son attention.
'Le monstre, c'est moi'
Se sentant étrangement attirée, elle se dirigea vers l'étagère sans détacher son regard du livre. Elle tendit la main pour l'attraper mais saisit à la place la main froide de quelqu'un.
Elle tourna la tête pour voir qui était intéressé par le même livre qu'elle et vit un visage couvert de cicatrices.
"Seigneur Rayven."
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