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Les paroles d'Isla ont rendu le silence qui suivit, insupportable pour le duc.
Oui, il avait l'intention de remplacer son épouse par Annalise comme duchesse et femme, mais il ne pouvait pas lui dire cela à moins que ses mots à propos de lui comme étant sans cœur ne semblent vrais.
Au final, il ne put rien dire et se contenta de fixer son épouse, qui était devenue une personne entièrement étrangère.
La duchesse qu'il connaît ne le questionne jamais autant. Une fois qu'il donne une réponse, elle l'accepte. Elle était innocente à ses yeux, mais cette personne devant lui ne semblait ni surprise, ni se comporter comme il s'y attendait.
Il pouvait ressentir une grande distance entre eux qu'il n'avait pas remarquée jusqu'à présent.
''Tu savais ?'' Demanda-t-il doucement. Il en était venu à cette conclusion.
Elle ne dit pas un mot, mais quelque part dans son esprit, il conclut qu'elle était au courant de son aventure.
Même s'il ne pouvait obtenir de réponse de sa part, le duc Hayes ne voulait pas s'attarder dans la pièce. Chaque fois qu'il se rapprochait de son épouse, il ressentait une culpabilité inconnue au fond de son cœur qui semblait lentement le dévorer et un inconfort qui l'empêchait de penser à quoi que ce soit, même à Annalise.
C'était son épouse qui occupait son esprit, et il n'appréciait pas cela.
''Puisque tu es au courant de mon aventure, alors ne lui fais rien.'' Il se détourna avec un avertissement et se dirigea vers la porte.
Une fois sa main calleuse sur le bouton de la porte, il ajouta également, ''Et je n'ai pas l'intention de te remplacer en tant que duchesse.'
Ensuite, il quitta la pièce et ferma doucement la porte, très différemment de son entrée.
''Mensonges,'' dit Isla à personne alors qu'elle reportait son regard vers les fleurs qui la consolaient avec leurs mouvements ondoyants.
Elle savait que ses actions envers Annalise rendraient son mari en colère, comme cela s'était produit dans sa vie antérieure.
Puis, la situation se termina par elle en pleurs et lui quittant sa chambre après l'avoir menacée de laisser Annalise tranquille. Il n'avait même pas demandé de leur enfant dans son ventre.
Isla savait qu'elle pouvait éviter Annalise, mais elle haïssait que la femme veuille encore la toucher et lui parler comme si rien n'était faux.
Isla ne croit pas que quelqu'un comme elle était innocente. Elle pourrait être une bonne personne, mais elle n'était définitivement pas innocente, sinon pourquoi voudrait-elle être une tierce personne dans son mariage ?
''Au final, il n'y a que toi et moi, mon fils.''
Quelque chose en Isla se brisa comme si elle avait abandonné l'idée de tenir ensemble une chose précieuse. C'était le dernier fil des derniers sentiments d'Isla pour le duc Hayes.
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Comme Isla le prédisait dans son esprit, les rumeurs à son sujet et à propos d'Annalise agitèrent la capitale pendant des jours, et cela ne semblait pas vouloir s'apaiser de sitôt.
De la part des gens du peuple, ils disent ;
''Annalise Cromwell ? N'est-ce pas cette femme qui possède une boulangerie sur le marché de la capitale ?''
''Oui, j'ai entendu dire qu'elle est la maîtresse du duc.''
''Je savais qu'elle n'apportait rien de bon. Elle est trop belle pour l'être, mais je ne m'attendais pas à ce que le duc succombe à son charme.''
''J'ai entendu dire que la duchesse n'a pas donné d'enfant au duc. Peut-être que c'est la raison.''
''Il est évident que le duc n'est pas satisfait de ses services et a cherché une autre personne.''
''J'ai entendu dire que la duchesse a giflé son beau visage lors de la fête du thé de l'Impératrice.''
''Non, j'ai entendu dire que la duchesse a versé du thé chaud sur sa main.''
''J'ai entendu dire que la duchesse lui a giflé la main.''
''Mais, la duchesse n'en fait-elle pas trop ? C'est la faute du duc s'il trompe sa femme.''
''Non, c'est la faute d'Annalise de courir après un homme marié.''
Si les gens du peuple disaient cela, alors lors de différentes fêtes du thé, au travail et dans les demeures des nobles, beaucoup disaient,
''Je me demande si le duc pourrait la remplacer en tant que duchesse.''
''Si cette roturière est enceinte, alors la duchesse est en danger.''
''Mais la duchesse est trop naïve. Pourquoi n'a-t-elle pas réglé son compte à cette roturière ?''
''J'ai entendu dire qu'elle est stérile. Je veux dire, il n'y a aucune mention d'un enfant dans le mariage du duc.''
''C'est vrai. Peut-être que le duc cherchait une autre option et est tombé amoureux de cette roturière.''
''Mais qu'une roturière devienne la seule duchesse de l'empire est écœurant. J'espère que la duchesse s'en occupera.''
''Je me demande ce que le Grand-duc pense de cela..''
''Qui sait... J'ai entendu dire que la duchesse est aussi une fille non-favorisée, même si elle est la seule descendante du Grand-duc.''
''Vraiment ? Alors elle est à plaindre.''
Contrairement à leur imagination de la duchesse pitoyable, cette dernière regardait l'exquis enveloppe dans sa main.
''Père...'' Ses yeux bleus devinrent brumeux et larmoyants car elle attendait sa lettre.
''Ma dame...'' Maintenant Amelia savait qu'elle n'avait pas mal entendu lors de la découverte de la grossesse de sa dame. Cela faisait des années que sa dame n'avait pas appelé le grand-duc père, et elle ne s'attendait pas à entendre ce mot de ses lèvres jusqu'à maintenant.
Isla pouvait deviner les pensées d'Amelia sans la regarder. Elle n'avait pas appelé le grand-duc, père, depuis son jeune âge.
''Son excellence ou Grand-duc,'' c'est ainsi qu'elle l'appelait ou tentait d'éviter sa présence pour ne pas le rendre inconfortable dans le Grand-duché d'Elrod.
Tel que le roman le décrivait, le grand-duc aimait beaucoup sa femme, et quand elle mourut après l'accouchement, le grand-duc fut triste. Dès lors, il évita l'enfant qui était de lui et de la défunte grande-duchesse.
Isla se souvenait des paroles des serviteurs à son sujet l'accusant d'avoir tué la grande-duchesse.
Ensuite, elle voulut attirer l'attention de son père en lui montrant un bouquet de fleurs qu'elle avait cueilli dans le jardin nommé d'après sa mère.
Sa défunte nounou, la mère d'Amelia, l'encouragea en disant que le duc serait heureux de ses efforts, mais ces mots détruisirent son monde lumineux.
''C'est tragique que son excellence soit morte si tôt.''
''Le duc devient de plus en plus distant de jour en jour, et c'est cet enfant qui en est la cause.''
''Si l'enfant n'était pas né, peut-être que son excellence serait encore en vie.''
''Il est évident que le grand-duc déteste l'enfant, sinon pourquoi ne l'aurait-il pas prise dans ses bras dès qu'elle est née ?''
''Il ne lui parle même pas.''
''Elle est à plaindre, elle aussi.''
''J'ai entendu dire que c'était la grande-duchesse qui l'a nommée avant son dernier souffle.''
Isla se cacha derrière le mur en écoutant leurs paroles. Son moi âgée de sept ans comprit finalement la raison de l'attitude de son père envers elle.
Les fleurs tombèrent de sa main avec un regard hébété, et ses oreilles frémirent aux bruits de pas lourds. Elle se tourna pour voir son père, à qui elle ressemblait, et elle était sûre qu'il pouvait entendre leurs paroles car elles étaient fortes.
''Ma dame…'' Son aide derrière lui voulut parler, mais elle les ignora et courut à sa chambre avec des larmes non tombées.
Après cela, elle n'appela plus jamais le Grand-duc, père.
''Père... Tu es grand-père maintenant.''
Isla pleura avec des larmes. Même si elle et son père avaient mal commencé, il figurait parmi les personnes qui ne l'avaient jamais abandonnée dans sa seconde vie. Mais à l'époque, elle ne comprenait pas, car elle pensait que son père la haïssait. Alors qu'en réalité, c'était l'inverse.
A cet instant précis, Amelia vit une autre personne qui pouvait redonner le sourire à sa dame. C'était le grand-duc.
''Sa grâce ne déteste pas la jeune dame. Il ne l'a jamais fait et ne détestera jamais l'enfant de la grande-duchesse. Même si cet enfant a causé la mort de la grande-duchesse.''
''Alors pourquoi l'évite-t-il ? Tous les serviteurs disent qu'il la hait et ma dame... elle ne l'appelle plus père,'' parlait Amelia, âgée de dix-neuf ans, avec sa mère, la nounou.
''...Il est en deuil. Je ne sais pas quand le grand-duc pourra guérir son cœur. Cependant, je sais que la jeune dame est la seule personne qui puisse l'aider, mais elle l'évite…. Son excellence serait très triste.''
''Alors que pouvons-nous faire, mère ?'' demanda Amelia. Elle voulait aider sa dame, coûte que coûte.
''Rien. Nous ne faisons rien si ce n'est prier pour qu'ils puissent se tendre la main. Je ne vivrais peut-être pas ce moment, mais toi si, Amelia. Je suis sûre que tu ressentiras le bonheur de la grande-duchesse et le mien depuis les cieux.''
Amelia lutta pour retenir ses larmes en vivant finalement ce jour pour lequel sa mère avait prié avec ferveur.
''Votre excellence, mère, ce moment est enfin arrivé.'
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