Il faisait déjà nuit, c'était le moment pour les invités importants d'arriver. De nouveaux vêtements m'ont été envoyés par Christine, ainsi qu'une paire de nouvelles chaussures, des talons. C'était étrange de voir Christine me chercher une robe, surtout une aussi chère que celle-ci. C'était une robe en satin blanc qui avait un motif de broderie verte en haut. Quand je l'ai essayée, elle moulait mon corps, plus serrée que je ne l'aurais souhaité. Elle était également coupée si bas que mes seins menaçaient de déborder si je respirais trop.
Une autre chose étrange était que Rissa est entrée dans ma chambre pour me maquiller et coiffer mes cheveux. J'avais bien sûr protesté, mais Christine est entrée dans ma chambre et m'a ordonné de rester immobile pour avoir l'air présentable devant nos invités. Je n'ai pas beaucoup résisté après ça, je suis restée tranquille et ai laissé Rissa maquiller mon visage. Je m'attendais à ce qu'elle me fasse une blague et utilise trop de maquillage pour me rendre laide, ce à quoi je ne m'attendais pas, c'était la perfection avec laquelle elle l'a fait.
"Wow" ai-je soufflé lorsqu'elle a eu terminé.
"Bien sûr, je me suis surpassée" s'est félicitée Rissa mais je ne l'écoutais pas, au lieu de cela, je fixais la femme dans le miroir.
Elle me ressemblait mais semblait différente. Le maquillage était trop mais je parvenais à le porter. Le crayon foncé que Rissa avait utilisé pour colorer mes paupières faisait ressortir mes yeux. Elle avait également peint mes lèvres d'un rouge couleur sang. Rissa avait aussi réussi à attacher mes massifs cheveux roux en chignon et les avait épinglés à l'arrière de ma tête.
"Bon, il est temps d'y aller" annonça Rissa.
Je l'ai regardée, "Tu ne vas pas te préparer?"
"Comment ça?" demanda Rissa en arquant un sourcil vers moi, "Je suis prête."
Je fixais la robe qu'elle mettait. C'était une robe en mousseline blanche évasée qui tombait sous ses genoux. Rissa était bien sûr belle dans cette robe mais ce n'est pas ce que j'avais en tête qu'elle porterait pour les invités importants. Je me suis tournée vers le miroir pour regarder nos reflets, Rissa paraissait simple comparée à moi et c'était étrange.
"Nous devons y aller maintenant" dit soudainement Rissa, "Ce n'est pas poli de faire attendre les invités" Elle a dit et j'ai acquiescé de la tête.
Je me suis dirigée vers mon lit et ai tendu la main vers mon écharpe. Mais avant que je puisse la saisir, Rissa a pris ma main, m'arrêtant.
"Laisse-la" dit-elle.
"Mais mes cheveux..."
"Tu n'en as pas besoin" dit Rissa, plus fermement cette fois.
"Euh, d'accord" ai-je accepté et ensemble nous sommes sorties de ma chambre sans l'écharpe.
Je descendais les escaliers avec Rissa suivant de près. Mon père et Christine étaient déjà en bas. Christine était habillée de la même manière que Rissa. Une robe jaune simple, son visage dépourvu de tout maquillage et c'était la première fois que je la voyais ainsi. Elle était belle mais avec des invités comme ceux-là, je pensais qu'elle allait tenter de se rendre plus belle, pas simple comme Rissa.
Quelque chose n'allait pas ! pensai-je en arrivant en bas des escaliers. Rissa a quitté mon côté et est allée rejoindre Thomas, qui était comme toujours bien habillé dans un manteau en daim vert foncé et un pantalon noir. Je ne savais pas qu'il était invité, je réfléchis en regardant Thomas qui me souriait et j'étais sur le point de lui rendre son sourire quand j'ai réalisé qu'il ne souriait pas à moi, il souriait à mes seins.
Sacré pervers! pensai-je en lança un regard noir à Thomas qui me fit un clin d'œil. J'aurais pu lui faire un doigt d'honneur si Rissa n'avait pas choisi ce moment pour regarder dans ma direction, alors je me suis contentée d'un petit sourire qu'elle n'a pas rendu mais à la place, elle a passé son bras autour de Thomas qui lui a déposé un baiser sur le front. J'ai décidé de détourner le regard avant de perdre mon sang-froid et me suis concentrée sur mon père qui me regardait.
"Papa" ai-je salué, "On m'a dit que les invités étaient arrivés."
Mon père hocha la tête, "Oui, ils attendent dehors."
Dehors ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas entrer ? me suis-je demandé et j'allais justement le lui demander quand j'ai été interrompue.
"Ne les faisons plus attendre, allons-y" dit Christine et mon père acquiesça de la tête.
Ensemble, nous sommes tous sortis de la maison. En arrivant dehors, la première chose que j'ai remarquée était la calèche et les hommes qui se tenaient à côté. Je ne pouvais pas voir leur visage car ils avaient un masque noir drapé sur leur bouche, donc la seule chose visible étaient leurs yeux mais je pouvais à peine distinguer ça aussi.
Ils étaient quatre en nombre et chacun d'eux étaient vêtus de longs manteaux noirs avec une capuche sur la tête. Ils se tenaient à côté de la calèche et des chevaux. Ils ne bougeaient pas, ni reconnaissaient notre présence du tout, je suppose qu'ils étaient les invités !
Mon père a alors soudainement fait un pas en avant et s'est incliné devant les hommes. Je haussai un sourcil, me demandant ce qui se passait.
"Moi, Massimo Fernandez, offre par la présente ma fille, Arianne Rosalia Fernandez à la toute-puissante meute de Minuit!"
QUOI ? pensai-je avec horreur en fixant l'homme que j'appelle mon père. Il me proposait pour la sélection ! Il m'offrait aux bêtes de la meute de Minuit !
"Attrapez-la !" ordonna soudainement l'un des hommes et je levai les yeux pour voir que deux hommes masqués se dirigeaient déjà vers moi.
Non ! Je reculai alors que les hommes s'approchaient mais je fus soudainement retenue et je levai les yeux pour voir Thomas et Rissa me retenir, ils savent ! Ils étaient tous les deux au courant ! Avant que je puisse les interroger, mes bras furent saisis par les deux hommes masqués.
"Non, non, non, Papa !" criai-je mais mon père ne dit rien, à la place il détournait son regard du mien.
Non ! "Papa ! S'il te plaît !" suppliai-je alors que je luttai contre les hommes qui m'entraînaient déjà vers la calèche.
"Je suis désolé Arianne, c'est pour ton bien" a fini par dire Papa en me regardant.
Je secouai la tête, "Non ce n'est pas pour mon bien, Papa s'il te plaît ne fais pas ça ! S'il te plaît !" sanglotai-je.
"Silence, fille !" chuchota Christine méchamment et je me tournai pour la regarder, "C'est pour ton propre bien, de toute façon personne ne te veut dans cette ville" dit Christine d'un air sévère et j'ai finalement compris ce qu'il se passait.
"Toi !" crachai-je sur elle, "C'était toi ! Tu lui as mis ça en tête !" l'accusai-je toujours en essayant de me libérer des hommes.
Christine m'a raillée, "Je n'ai pas eu à le convaincre, ton père était ravi de se débarrasser de toi, je veux dire qui pensais-tu que nous allions offrir ? Ma fille ?" demanda Christine incrédule mais je regardais maintenant mon père.
"Papa, est-ce vrai ?" demandai-je en le regardant.
Ils savaient d'une manière ou d'une autre que notre maison allait être choisie et au lieu d'offrir Rissa, ils ont décidé de m'offrir à moi. Ils ont décidé de m'éloigner parce que je ne correspondais pas à la ville. Personne ne me manquerait si je partais ou ne se renseignerait sur moi. J'étais trop excentrique et Rissa était la parfaite normale, sans parler qu'elle était déjà fiancée.
"Je demande si c'est vrai papa ?" demandai-je, les larmes aux yeux en regardant mon père qui n'arrivait toujours pas à me regarder dans les yeux, lâche !
"Je suis désolé Arianne, je n'avais pas le choix" a dit Papa et j'ai pété les plombs à ce moment-là.
"ON A TOUJOURS LE CHOIX !" ai-je crié et à ce moment-là je pouvais voir des gens jeter un œil par leurs fenêtres, personne n'osait sortir mais ça m'était égal et au lieu de ça, je me concentrais sur mon père.
"Il y a toujours un putain de choix et tu le sais !" criai-je à mon père qui ferma les yeux comme si mes paroles l'avaient blessé mais je m'en fichais. Il aurait pu choisir de me protéger ou de me cacher ! Au lieu de cela, il a choisi de protéger Rissa. Il a choisi Rissa plutôt que moi, sa propre chair et son propre sang !
"Maman ne m'aurait jamais abandonné" reniflai-je avec des larmes qui coulaient sur mon visage et c'est là que mon père explosa.
"EH BIEN ELLE N'EST PAS ICI, N'EST-CE PAS ?" Papa cria sur moi à ma grande surprise, "Elle est partie et tout ça à cause de toi ! Tu me l'as enlevée !"
"Papa..." soufflai-je choquée en fixant mon père avec horreur.
Mon père secoua simplement la tête, "Va-t'en Arianne, emmenez-la !" ordonna-t-il et les hommes recommencèrent à me traîner.
Non ! Non ! Non ! "PAPA !" criai-je en me débattant contre les hommes ce qui était inutile car ils avaient une emprise forte sur moi.
Je continuais de crier à l'aide alors qu'on me menait vers la calèche. Je me débattais encore lorsqu'un des hommes fut soudainement frappé à la tête, le faisant trébucher sur le côté.
Nous nous sommes tous retournés pour voir qui c'était et j'ai souri quand j'ai reconnu qui cela était. Une Cruzita déterminée, armée d'une torche et d'un bâton se tenait à côté de la calèche. J'ai souri de soulagement alors qu'elle commençait à agiter la torche autour d'elle provoquant le recul des hommes qui lâchèrent mes bras.
"Cruzita" ai-je soufflé en pleurant de soulagement.
"Cruzita ! Mais qu'est-ce que tu crois faire ?" entendis-je mon père crier derrière moi mais Cruzita m'ignora et se tourna plutôt vers moi avec des yeux pleins de peur.
"COURS !" m'ordonna Cruzita, j'ai essayé de parler mais elle m'a coupée. "Cours Arianne, s'il te plaît !" me supplia-t-elle et je n'ai pas eu besoin qu'on me le dise deux fois. Relevant ma robe, je me suis tournée vers les bois et me suis enfuie !