Je fixais les draps de soie déchirés que j'avais noués en un tas de nœuds sur le sol. C'était mon
plan d'évasion. J'allais utiliser les draps déchirés pour m'échapper par la fenêtre. L'idée m'était venue après que Kiran et Aurora aient quitté la chambre. Je savais que je ne pouvais pas utiliser la porte, j'étais de toute façon enfermée, alors la seule issue était pour moi d'utiliser la fenêtre.
Je contemplai une fois de plus les draps de soie et ma belle-mère aurait une crise si elle savait ce que j'utilisais de la soie chère pour faire. Mais ils pouvaient se le permettre, ou alors je leur ferai livrer un nouveau lot une fois que je serais échappée d'ici. Sans perdre plus de temps, je saisis l'extrémité du drap et allai l'attacher à la commode que j'avais déplacée à l'autre bout de la chambre. Une fois sûre que le nœud était sécurisé, je pris l'autre bout et le lançai par la fenêtre.
Cet endroit ressemble à une tour, le sol était loin de ma fenêtre et ma corde improvisée était longue mais pas assez pour atteindre le sol. Elle était pourtant juste à quelques pouces, alors ça ira. Satisfaite de mon ouvrage, je fis un mouvement pour escalader la fenêtre mais ma robe m'en empêcha. Avec un soupir frustré, je remontai ma robe et commençai à la retirer jusqu'à ce qu'elle soit courte et que mes pieds soient enfin libérés. J'enlevai aussi mes chaussures et cassai leurs talons pour que je puisse plus facilement courir. J'étais enfin prête.
Je grimpai à la fenêtre et me tins sur le bord. Il faisait putain de froid ici ! Je songeais en regardant la robe couverte de neige et ça n'aidait pas que je portais aussi une robe courte et que mes jambes étaient gelées. Je préférerais mourir de froid que de vivre ici, pensai-je en commençant à me laisser descendre le long de la corde.
Mes souffles sortaient en bouffée de fumée alors que je me laissais descendre la ville. J'entendais mon cœur battre de peur. Et si Aurora revenait ou pire Kiran ? Ils seraient très en colère et je ne veux même pas penser à ce qu'ils feraient de moi une fois qu'ils l'auraient découvert. Chassant de ma tête les pensées négatives, je continuai à me laisser descendre. J'étais à mi-chemin quand soudain je commençai à tomber au sol plus vite ! Mon poids avait dû tirer la commode.
Je laissai échapper un petit cri alors que je continuais à chuter au sol plus rapidement. Je fermai les yeux en m'attendant à mourir mais je m'arrêtai soudain. J'ouvris les yeux pour constater que mes jambes pendaient maintenant à quelques pouces du sol. Je soufflai un soupir de soulagement en me laissant rapidement tomber à terre.
Gre
lottant, je regardai autour de moi pour les gardes mais je n'en vis aucun. Ils n'ont probablement pas pensé qu'une faible humaine comme moi pourrait trouver un moyen de sortir, pensai-je avec un sourire en coin. Je levai les yeux vers ma fenêtre pour voir si quelqu'un était entré dans ma chambre mais je ne vis personne. Ignorant la brise froide contre ma peau exposée, je me retournai et m'enfuis dans les bois.
Je courus aussi vite que je pouvais dans les bois, sans regarder derrière moi pour voir qui me poursuivait. Les bois m'étaient inconnus et je trébuchais sur des rochers et des branches d'arbres mais cela ne m'arrêta pas. Je courus jusqu'à ce que mes poumons brûlent et les muscles de mes jambes commencent à se plaindre en silence.
Je trébuchais maintenant, utilisant les arbres pour me soutenir. Je suis sûre que j'étais maintenant loin du territoire des bêtes. Je ne les trouvais pas derrière moi et je suis bien trop enfoncée dans les bois pour qu'ils puissent me trouver. Je continuai à trébucher dans les bois et tentai autant que possible de continuer à marcher et de ne pas m'évanouir de froid. Il faisait vraiment froid et je tuerais pour une couverture en ce moment.
Je m'apprêtais à abandonner et m'évanouir lorsque j'ai entendu des voix lointaines. Je me dirigeai rapidement vers l'endroit d'où provenaient les voix et à quelques pieds de moi se tenait un groupe d'hommes qui étaient autour d'un feu en train de rôtir ce qui semblait être un cerf. Ils étaient environ trois et je suppose qu'ils étaient des chasseurs.
Le feu m'appelait, sa chaleur, et aussi la viande rôtie qui sentait délicieusement bon. Je commençai à avancer vers eux, traînant mon corps fatigué vers la chaleur. Un homme à la tête rasée et à la barbe rousse et broussailleuse fut le premier à me remarquer.
"Hé ! Qui es-tu ?" L'homme demanda avec un accent étrange et les autres se tournèrent vers moi.
"A... Aidez-moi" je parvins à articuler avant de m'effondrer dans la neige.
Immédiatement, je sentis des mains me soulever et on m'amena près du feu. Une couverture chaude fut drapée sur moi et je l'enveloppai avidement autour de mon corps, prenant de grandes respirations régulières assise devant le feu.
"Qui es-tu ?" Un homme portant un chapeau sur la tête demanda.
Je reniflai en écartant les cheveux de mon visage, "Arianne."
"Qu'est-ce qu'une jolie fille comme toi fait dans les bois ?" L'homme à la barbe rousse avec l'accent demanda, il était probablement anglais.
"Je me suis enfuie, j'ai été amenée ici contre mon gré" je répondis à la question.
"Alors qu'est-ce que tu es ?" Un gars pas beaucoup plus vieux que moi demanda et je haussai un sourcil vers lui, "Tu es humaine ou... ?" Il se tut en hochant la tête vers mes cheveux.
Ah ! Je songe en regardant mes cheveux couverts de neige. "Je suis humaine, pas une bête" je les assurai.
"Et tu es toute seule dans les bois ?" L'homme à la barbe rousse demanda.
"Oui" je confirmai à nouveau et les hommes échangèrent un regard entre eux, un regard qui ne me plaisait pas.
"Eh bien les garçons, on dirait qu'on s'est trouvé un petit festin !" dit l'homme à la barbe rousse en se penchant pour me regarder avec un large sourire sur le visage.
"Quoi ?" j'ai haleté en regardant autour de moi mais avant que je ne m'en rende compte, la couverture fut arrachée vers l'arrière et je fus poussée contre le sol froid par les deux hommes qui m'avaient surpris.
"Qu'est-ce que... qu'est-ce que vous faites ?" j'ai demandé, craintive, pendant que l'homme à la barbe rousse commençait à enlever ses vêtements, oh non !
"Non, non, non, s'il vous plaît ne faites pas" j'ai supplié en luttant contre les hommes. Mais ils étaient forts, bien plus que des humains, je suppose, alors que l'un d'eux serrait mes cuisses assez fort pour me laisser des bleus.
"Continue de lutter, jolie fille, c'est pas marrant s'ils ne résistent pas" L'homme me sourit d'un air narquois et c'est là que j'ai remarqué les deux longs canines dans ses dents, Oh non ! Des loups-garous !
Je continuais de me débattre contre l'homme à la barbe rousse dont le pantalon était déjà défait maintenant. J'ai crié quand ils ont essayé d'écarter mes jambes mais je ne les ai pas laissé faire. Je luttais encore quand j'ai vu le feu qu'ils utilisaient pour rôtir leur cerf. Avant qu'ils ne puissent écarter mes jambes à nouveau, j'ai saisi un des bois enflammés et avec un rugissement, je l'ai frappé sur le visage de l'homme à la barbe rousse.
L'homme a crié en se roulant loin de moi avec un cri alors que sa barbe prenait feu et il luttait pour l'éteindre. Ses amis se précipitèrent pour l'aider tandis que je me relevais précipitamment du sol et saisissais un autre bois enflammé. Ils réussirent à éteindre le feu sur la barbe de l'homme, ou ce qu'il en restait, puisque le feu l'avait presque entièrement consumée.
"Tu es morte, petite fille." Un homme me grogna mais je brandissais le feu avec fureur devant moi pour les tenir à distance.
Je savais que ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne me rattrapent. J'avais besoin de gagner du temps ! Mes yeux se tournèrent vers le feu qui rôtissait toujours la viande et une idée me vint tout à coup. Je courus vers le foyer avec rapidité et j'utilisai le bâton pour disperser le feu. Puis, j'utilisai le bâton pour catapulte la viande chaude sur eux avant de tourner les talons et de m'enfuir.
Je courus en zigzag, cela les déconcertait. Je savais que je ne pourrais plus les semer pendant longtemps et le froid commençait à geler mes jambes. Il n'y avait aucun moyen que je sorte d'ici vivante. Je courais toujours quand je fus soudainement poussée dans la neige froide, une lourde poids sur mon dos. Je sentis des mains me retourner et j'ai enfin eu un bon aperçu de mon attaquant. L'homme avec un chapeau sur la tête.
"Salope de merde !" L'homme cracha sur moi avant de fermer son poing et de me donner un coup de poing sur le visage qui envoya ma tête tournoyer sur le côté. Des points noirs dansèrent au coin de mes yeux sous l'impact de la main de l'homme et je sentis un filet couler au coin de ma bouche.
Le goût cuivré du sang remplit ma bouche. Je me tournai pour cracher le sang mais au moment où je le fis, l'homme m'attrapa et cette fois, il me gifla si fort que je me sentis étourdie.
"On voulait juste s'amuser un peu avec toi mais tu a dû être une garce, n'est-ce pas ?" L'homme demanda alors qu'il commençait à m'étrangler et je pouvais entendre le reste des hommes rire, trouvant toute la scène amusante.
L'homme continuait de m'étrangler et je sentis ma vision devenir floue alors que je griffais le visage de l'homme, essayant de le repousser. Je suffoquais alors que les larmes coulaient sur mon visage. Je sentais le souffle quitter mon corps. Je laissai mes mains devenir molles à côté de moi et c'était à ce moment-là que je le sentis, un petit bâton à côté de moi. Puisant dans ce qui me restait de forces, je saisis le bâton et enfonçai l'extrémité pointue dans l'œil droit de l'homme.
Un cri strident s'échappa de l'homme au-dessus de moi mais je n'avais pas fini. J'ai retiré le bâton et avec force j'ai enfoncé le bâton dans le cou de l'homme, étouffant son cri. Du sang chaud recouvrit mon visage et mon corps. Avec un souffle tremblant, je poussai l'homme de moi et me levai. Saisissant le bâton, je le pointai vers le reste des hommes, respirant de manière saccadée.
Les hommes furent stupéfaits en regardant leur compagnon qui s'étouffait dans son propre sang sur le sol avant de me regarder de nouveau.
"Elle... elle a tué Greg !" Dit le garçon de mon âge et je respirai par le nez alors que je pointais le bâton vers eux.
L'homme à la barbe rousse leva les yeux pour me regarder et je vis qu'ils brillaient d'un vert éclatant. "Tu vas mourir ! Tu entends ? Mourir !" Il hurla, la bave volant de sa bouche alors qu'il se transformait en sa forme de bête, tout comme le garçon.
Je pouvais sentir mon cœur battre de peur. Je gardais ma position devant les deux loups-garous furieux. Je ne savais pas comment je pourrais les repousser. Je savais que je ne survivrais pas, mais je mourrais en essayant. Les loups-garous commencèrent à charger vers moi et je me préparai. Avant qu'ils ne puissent m'atteindre, un très grand loup-garou noir apparut soudain devant moi, bloquant leurs attaques.
Surprise, je reculai alors que les loups-garous commençaient à se battre. Deux loups-garous contre un ce n'était pas un combat équitable mais le gros loup-garou noir tenait bon. Il était plus grand, plus fort et très rapide. Ses mouvements étaient presque un flou et avant que je ne le sache, le grand loup avait déjà arraché les têtes des deux autres loups-garous.
Tout autour de moi, le sang avait teinté la neige blanche et l'odeur métallique flottait dans l'air. Ça n'aidait pas non plus que je sois trempée dans l'un d'eux, mais ce n'était pas le moindre de mes soucis. Ce qui m'inquiétait, c'était le très gros loup-garou qui avait maintenant fixé ses yeux rougeoyants sur moi. Je haletais alors que je le fixais, mon bâton pointé vers lui.
Le loup-garou commença alors lentement à se transformer en sa forme humaine. Je pouvais sentir que je commençais vraiment à être étourdie. Je luttais pour rester debout mais mes genoux cédèrent et je tombai dans la neige froide. La dernière chose que je vis furent deux yeux gris qui me dévisageaient avant que tout ne devienne noir.