Point de vue de Marcus
Cela faisait dix jours que le choix avait été fait. Aelynn n'en parlait jamais, mais je pouvais sentir chaque battement de son cœur chargé d'appréhension. Chaque regard qu'elle posait sur moi était plus intense, comme si elle mémorisait chaque trait de mon visage avant que le lien qui nous unissait ne disparaisse.
Moi aussi, je comptais les jours. Et chaque soir, je veillais longtemps, écoutant sa respiration paisible à mes côtés, sachant que bientôt, cette proximité ne serait peut-être plus la même.
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Le retour de l'équipe de chasse
Ce matin, les éclaireurs sont revenus avec des nouvelles cruciales. L'artefact avait été trouvé, un objet ancien gravé de runes dont le pouvoir pouvait amplifier les capacités d'un loup à un niveau inégalé. Mais son utilisation nécessitait un rituel dangereux et un sacrifice que nous avions enfin accepté de faire.
Aelynn me rejoignit dans la cour principale. Elle semblait sereine en surface, mais je connaissais trop bien la femme qui partageait ma vie pour croire à cette façade.
— C'est le jour, n'est-ce pas ? demanda-t-elle doucement, ses yeux cherchant une réponse qu'elle connaissait déjà.
Je hochai la tête.
— Oui. Tout est prêt. Mais si tu as changé d'avis...
— Non, Marcus, coupa-t-elle, sa voix ferme mais teintée de douleur. Je suis prête. Faisons-le.
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Le début du rituel
Nous nous retrouvâmes au centre du cercle sacré, un espace dégagé dans la forêt entouré de pierres runiques. L'air semblait chargé d'électricité, et la lune, bien qu'absente dans le ciel de jour, semblait prête à assister à cet événement.
Aelynn portait une robe blanche, symbole de pureté et de renouveau. Ses cheveux argentés reflétaient les lumières des torches, et ses yeux, bien que emplis de tristesse, brillaient d'une détermination que j'avais toujours admirée.
L'ancienne de ma meute, une femme à la longue chevelure grise et aux yeux perçants, se tenait au centre du cercle. Elle tenait l'artefact, un objet ressemblant à une sphère de cristal gravée de runes anciennes, et chantonnait une incantation dans une langue oubliée.
— Approchez, dit-elle d'une voix forte. Le moment est venu de vous libérer l'un de l'autre. Pour que la puissance de cet artefact s'active, le lien qui vous unit doit être rompu. Ce n'est pas une séparation de l'amour, mais une rupture de la fusion de vos âmes.
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L'unbonding : le rituel de séparation
Nous nous tenions face à face, à genoux sur l'herbe froide. La prêtresse tendit l'artefact entre nous, et une lumière bleutée commença à irradier de l'objet.
— Prenez chacun une main sur l'artefact et concentrez-vous sur votre lien, ordonna-t-elle.
Mes doigts effleurèrent les siens, et une douleur poignante traversa ma poitrine. Ce contact, aussi simple soit-il, était sur le point de devenir un souvenir lointain.
— Énoncez vos vœux de libération, continua la prêtresse.
Je respirai profondément et commençai :
— Aelynn, je te rends ta liberté. Non pas parce que je veux m'éloigner, mais parce que je veux te protéger. Mon amour pour toi ne changera jamais.
Sa voix trembla lorsqu'elle répondit :
— Marcus, je te rends ta liberté, même si cela me brise. Mon cœur te restera toujours fidèle, quoi qu'il advienne.
Les runes gravées sur l'artefact s'illuminèrent, projetant des faisceaux de lumière dans toutes les directions. Une chaleur intense envahit mon corps, suivie d'un froid glacial. J'entendis Aelynn crier, et je tendis la main pour la saisir, mais la lumière entre nous nous repoussa.
La douleur était indescriptible, comme si on arrachait une partie de mon âme.
— Reste fort, Marcus, murmura la prêtresse. Le lien se brise. Laissez-le partir.
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Le moment final
Lorsque la lumière s'éteignit, je tombai à genoux, haletant. Aelynn était dans le même état. Je ne ressentais plus rien en elle, aucune trace de notre lien.
Elle leva des yeux remplis de larmes vers moi.
— Est-ce fini ? demanda-t-elle d'une voix brisée.
La prêtresse hocha la tête.
— Oui. Vous êtes maintenant libres l'un de l'autre. Mais souvenez-vous, l'amour n'a pas besoin de lien pour exister. Il survivra si votre cœur le désire.
Aelynn s'effondra dans mes bras, et je la tins fermement, ignorant les regards de ceux qui nous entouraient.
— Je suis là, Aelynn, murmurai-je. Toujours.
Et même si je savais que notre lien était brisé, mon amour pour elle brûlait aussi fort qu'au premier jour.
Après le rituel de séparation, l'air semblait encore plus lourd, comme si la forêt elle-même retenait son souffle. Aelynn était toujours dans mes bras, sa respiration erratique, sa tête reposant contre ma poitrine. Je voulais qu'elle reste là, protégée, mais la prêtresse nous interrompit.
— Nous devons continuer. L'amplification ne peut se faire que dans la foulée du sacrifice, ou l'énergie du rituel précédent se dissipera.
Aelynn releva la tête, les yeux rougis par les larmes, mais elle hocha faiblement la tête. Elle était fatiguée, mais sa détermination brillait toujours.
— Que devons-nous faire ? demanda-t-elle d'une voix presque cassée.
La prêtresse s'avança, tenant toujours l'artefact, qui semblait maintenant pulser d'une lumière douce et rythmée.
— L'amplification nécessite une offrande personnelle. Non pas de votre corps, mais de votre essence. Vous devrez offrir une partie de vous-même, quelque chose qui ne pourra jamais être récupéré. Votre sacrifice précédent a préparé l'artefact, mais celui-ci doit être activé avec votre force vitale.
Aelynn se redressa lentement, malgré sa fatigue.
— Expliquez-moi exactement ce que je dois faire.
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Le Cœur de L'Offrande
La prêtresse déposa l'artefact au centre du cercle, et des runes gravées dans le sol commencèrent à s'illuminer autour de nous. Elle traça un symbole complexe sur le front d'Aelynn avec un liquide épais et doré.
— Vous devez canaliser vos émotions les plus fortes. Pas seulement votre pouvoir, mais vos souvenirs, vos espoirs, et vos peurs. Tout ce qui fait de vous une louve. L'artefact absorbera cette énergie et la transformera en un bouclier pour protéger votre meute. Mais soyez prudente : plus vous donnez, plus vous vous affaiblirez.
Aelynn posa un regard hésitant sur moi.
— Et si je donne trop ?
La prêtresse répondit avec une froideur calculée :
— Alors votre esprit pourrait ne plus jamais se rétablir complètement. Mais si vous ne donnez pas assez, le rituel échouera.
Je serrai ses mains dans les miennes.
— Tu n'as pas à faire ça seule, murmurai-je.
Mais elle secoua la tête.
— C'est mon rôle. Je dois protéger mes enfants, toi, et la meute.
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La Libération d'Énergie
Aelynn se plaça au centre du cercle, ses yeux argentés fixant l'artefact comme si elle voulait y graver sa volonté. La prêtresse commença à chanter dans une langue ancienne, et les runes autour d'Aelynn commencèrent à s'illuminer, projetant une lumière intense.
Aelynn ferma les yeux, et je pus sentir son énergie vibrer dans l'air. Une onde de chaleur m'enveloppa, suivie d'un froid glacial. Elle tendit les bras vers l'artefact, qui lévitait maintenant devant elle.
— Donne-moi la force de protéger ceux que j'aime, murmura-t-elle.
Une lumière argentée émana de son corps, se dirigeant lentement vers l'artefact. Elle tremblait, ses jambes vacillaient, mais elle ne faiblit pas.
— Aelynn, arrête si c'est trop ! criai-je, mon cœur battant à tout rompre.
— Non... je peux le faire, répondit-elle d'une voix tendue.
La lumière devint de plus en plus brillante, éclipsant les torches environnantes. Les runes du sol flamboyaient, et une aura protectrice commença à se former autour de l'artefact, s'étendant lentement vers le cercle.
Mais Aelynn s'effondra soudainement sur un genou, haletant, son visage blême.
— Ça suffit, dit la prêtresse. Si elle donne plus, elle risque de s'effondrer complètement.
Aelynn tenta de se redresser, mais je bondis vers elle, la retenant avant qu'elle ne tombe.
— Tu as fait assez, Aelynn, murmurai-je.
Elle leva les yeux vers moi, son regard fatigué mais déterminé.
— Est-ce que ça a marché ?
L'artefact pulsait d'une lumière constante, et la prêtresse hocha la tête avec un léger sourire.
— Oui. Le bouclier est en place. Votre sacrifice n'a pas été vain.
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Le Prix à Payer
Je la portai hors du cercle, ses bras faibles enroulés autour de mon cou. Elle semblait si frêle, si petite, et je détestais la voir ainsi. Mais elle avait accompli ce qu'aucun autre loup n'aurait pu faire.
— Tu es incroyable, murmurai-je en déposant un baiser sur son front.
— Tout pour toi, Marcus, chuchota-t-elle, avant de sombrer dans un sommeil profond.
Mais je savais que ce n'était que le début. Si Reese découvrait ce que nous avions fait, il trouverait un moyen de contourner le bouclier. Et si c'était à nouveau Aelynn qui devait se sacrifier... je devrais trouver un moyen de l'en empêcher, coûte que coûte.