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Chapter 72 - Chapitre 72 : Le Retour des Enfants

Point de vue de Aelynn

La nuit était glaciale, mais je ne sentais pas le froid. Seul mon cœur battait, tambourinant dans ma poitrine à un rythme effréné. Je ramena Marcus au campement, épuisé, mais vivant. Son corps meurtri par la transformation était endormi, apaisé pour la première fois depuis des jours. Pourtant, je ne pouvais rester.

"Je reviendrai," murmurai-je en caressant ses cheveux noirs avant de me lever, l'abandonnant à ses parents.

Il fallait que je retrouve mes enfants. Ils étaient la seule chose qui comptait encore. Le chemin sombre m'avala, mais je connaissais cette forêt par cœur. Mes pas me guidèrent instinctivement vers la hutte où mes petits devaient être, mais la peur grandissait avec chaque instant. Je n'entendais rien. Aucun bruit.

J'arrivai devant la hutte, l'espoir dans la poitrine, mais… vide. La cabane, autrefois pleine de rires, était plongée dans un silence morbide. Le vide me glaça l'âme. Où étaient-ils ?

Je restai figée quelques secondes, incapable de bouger, jusqu'à ce qu'une lueur au loin attire mon attention. Une faible lumière émanait de notre ancienne hutte, celle que j'avais partagée autrefois avec Adrien. Mes pas, hésitants d'abord, m'y menèrent malgré moi. Plus je m'approchais, plus les voix se faisaient claires.

"Mon amour… tu m'as tellement manqué. Regarde comme je suis prête pour toi."

Cette voix m'écorcha l'âme. Estelle.

Je m'approchai, le cœur au bord des lèvres. Et là, à travers une fenêtre entrouverte, je vis ce qui allait me hanter. Estelle, nue, ses courbes exposées à la lueur vacillante des bougies. Elle se tenait devant Adrien, agenouillée à ses pieds, lui offrant son corps avec une dévotion écœurante.

Adrien ne disait rien, mais il était là, debout, comme figé dans une scène grotesque.

Mon souffle se coupa, et une violente nausée monta en moi. J'avais envie de vomir, de hurler, de fuir. Je tournai les talons, incapable de supporter cette vision un instant de plus. Non, pensai-je, je dois retrouver mes enfants.

Mon loup murmura dans mon esprit.

"La cuisine. Va à la cuisine."

Je courus, les larmes brouillant ma vision, mais je courus plus vite que jamais. Ma seule pensée était pour eux. Arrivée à la cuisine, mes mains tremblaient alors que je poussai la porte. L'odeur du bois, du pain rassis et de la cendre m'envahit… et là, dans un coin sombre, je les vis.

Mes trois petits, blottis les uns contre les autres, dormant sur des couvertures sales. Leur souffle régulier me brisa le cœur.

"Mes bébés…" murmurai-je, incapable de retenir mes larmes. Je tombai à genoux à côté d'eux, caressant leurs cheveux avec une tendresse désespérée.

L'un d'eux ouvrit les yeux, clignant lentement, encore ensommeillé. "Maman ?"

Je l'enlaçai, pressant son petit corps contre le mien. "Oui, c'est moi, mon amour, c'est maman."

Il me regarda, confus. "Je pars de suite chercher du bois, mais… ne me battez pas."

Ces mots, innocents, m'arrachèrent un sanglot. Ils avaient dû endurer tellement… tellement plus que ce que je pouvais imaginer.

"Personne ne te battra, mon cœur. Plus jamais. Maman est là, et on va partir. Tout de suite."

Je réveillai doucement les autres, les serrant contre moi, promettant qu'ils seraient en sécurité, que je ne les quitterais plus. Ils étaient ma seule raison de vivre, et désormais, rien ni personne ne pourrait nous séparer. Pas Estelle. Pas Adrien. Pas même la mort.

Nous allions enfin rentrer à la maison.