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Chapter 73 - Chapitre 73 : La Révélation du Loup

Point de vue de Aelynn

Le silence pesant de la nuit était entrecoupé seulement par les légers bruissements des feuilles sous nos pas. Je tenais fermement la main de mes enfants, chacun avançant à pas feutrés. La peur de réveiller quelqu'un me crispait, mais l'adrénaline me poussait en avant.

Chaque ombre, chaque murmure du vent dans les arbres me semblait une menace. Pourtant, je ne pouvais pas reculer. Nous devions partir, et nous devions le faire maintenant.

J'atteignis enfin la lisière du camp, le cœur battant à tout rompre. Je me retournai une dernière fois, jetant un regard vers la hutte d'Adrien. Les souvenirs douloureux de ce que j'avais vu plus tôt me déchirèrent, mais je n'avais pas le luxe de m'attarder.

"Monte sur mon dos, mon trésor," murmurai-je à mon aîné. Il acquiesça silencieusement, les yeux encore lourds de sommeil, et s'accrocha à moi avec force. Je me retournai vers les deux plus jeunes. "Restez près de moi, et surtout, ne faites pas de bruit."

Ils hochèrent la tête, leurs yeux brillants de peur et de détermination.

Prenant une grande inspiration, je laissai mon loup prendre le contrôle. La transformation, que je n'avais pas ressentie depuis si longtemps, déferla sur moi comme une vague brûlante. Mon corps se tordit, mes os craquèrent, mais cette fois, il y avait quelque chose de différent.

Le pelage argenté qui recouvrait habituellement mon corps s'était changé. Des mèches rouge sang parsemaient maintenant ma fourrure. L'argenté de mon loup n'était plus pur, mais mêlé à des flammes rouges, comme si Marcus faisait partie de moi.

Je me regardai dans le reflet d'un ruisseau proche, stupéfaite. Ce n'était plus seulement mon loup. C'était notre loup.

Les enfants me regardaient avec émerveillement, mais sans crainte. Ils montèrent sur mon dos sans hésitation, se blottissant contre ma chaleur.

"Marcus, j'arrive…" pensai-je, les yeux rivés sur l'horizon.

Je pris une grande inspiration, mes sens aiguisés captant chaque odeur, chaque bruit. Puis, sans me retourner, je me mis à courir.

La forêt défila autour de nous, les arbres se mêlant dans un tourbillon de ténèbres et de lumière argentée. Chaque foulée me rapprochait de la liberté, de lui. Je sentais la puissance de mon loup, renforcée par l'amour que j'avais pour Marcus.

Cette fois, rien ni personne ne nous arrêterait. Nous rentrions enfin chez nous.

***************

Le feu crépitait doucement dans l'âtre, projetant des ombres chaudes sur les murs de la grande salle. Les enfants dormaient paisiblement à l'étage, leurs petits corps épuisés par la fuite et la peur enfin apaisés. Mais moi, je ne trouvais pas encore la paix.

Chaque image de leurs visages craintifs, chaque mot qu'ils avaient murmuré avec terreur résonnaient encore dans ma tête. Je ne pouvais pas oublier leurs regards suppliants. Le poids de leur souffrance m'écrasait, et je n'avais aucune idée de comment tout réparer.

Marcus se tenait près de la cheminée, une expression sombre sur le visage. Sa carrure imposante se détachait à la lumière du feu, mais ses yeux… ses yeux étaient pleins de douceur lorsqu'ils se posèrent sur moi. Sans un mot, il tendit la main.

"Viens," murmura-t-il d'une voix rauque.

Je m'approchai lentement, mes jambes encore tremblantes. Quand mes doigts rencontrèrent les siens, il m'attira contre lui avec une tendresse inattendue. Je me blottis contre son torse, sentant la chaleur de son corps m'envahir, le battement de son cœur apaisant mon propre tourment.

"Dis-moi," dit-il après un long moment de silence. "Qu'ont-ils enduré ?"

Ma gorge se noua. Les mots étaient difficiles à dire, mais je savais que je devais le faire. "Estelle…" Je pris une inspiration tremblante. "Elle les a traités comme des serviteurs. Ils faisaient des corvées du matin au soir. Ils avaient peur… peur d'être battus pour la moindre erreur. Mon fils… il a cru que j'allais le punir pour être allé chercher du bois. Il m'a suppliée de ne pas le frapper, Marcus."

Ma voix se brisa. "Mes propres enfants… ils pensaient que c'était normal."

Je sentis les muscles de Marcus se tendre sous mes doigts. Son étreinte se resserra autour de moi, protectrice, mais pleine de rage contenue.

"Je vais la détruire," grogna-t-il, ses crocs à peine dissimulés.

"Pas encore," murmurai-je en posant ma main sur son torse. "Pas encore. Mais elle paiera. Je veux qu'elle souffre comme ils ont souffert. Qu'elle sache ce que c'est de tout perdre."

Ses yeux flamboyaient de colère, mais il hocha lentement la tête. "Je te promets qu'elle paiera."

Le silence retomba entre nous, mais il n'était plus pesant. Il était chargé de promesses. Nous étions ensemble, et cela suffisait pour l'instant.

"Et toi ?" demanda-t-il doucement. "Comment vas-tu ?"

Je pris une grande inspiration, tentant de contenir les larmes qui menaçaient de couler à nouveau. "Je vais mieux… maintenant que je suis ici, avec toi."

Il caressa doucement ma joue, essuyant une larme solitaire. "Repose-toi, Aelynn. Laisse-moi prendre soin de toi."

Je levai les yeux vers lui, mon regard accrochant le sien. Une chaleur douce mais irrésistible s'installa dans mon ventre. "Je n'ai pas besoin de repos… j'ai besoin de toi."

Ses yeux s'assombrirent immédiatement de désir. "Es-tu sûre ?" murmura-t-il, sa voix grave vibrante de retenue.

"Je suis sûre."

Il n'attendit pas une seconde de plus. Ses lèvres trouvèrent les miennes avec une urgence maîtrisée, un mélange de passion brute et de tendresse infinie. Nos baisers devinrent plus profonds, nos souffles s'entremêlant. Ses mains parcouraient mon dos, traçant des lignes invisibles sur ma peau, me rappelant à quel point j'étais vivante.

Je l'embrassai avec tout ce que j'avais, laissant la douleur, la peur et la colère se fondre dans l'amour et le désir.

"Allons dans la chambre," murmura-t-il entre deux baisers.

Je hochai la tête, incapable de parler, le cœur battant à tout rompre. Il me souleva dans ses bras comme si je ne pesais rien, et sans un mot de plus, il me porta jusqu'à notre chambre.

Là, à la lueur des bougies vacillantes, nous nous abandonnâmes l'un à l'autre. Chaque baiser, chaque caresse était un baume sur nos blessures, une promesse d'un avenir où nous serions enfin libres.