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Chapter 52 - Chapitre 10 : Damnés.

Mylon était toujours perplexe après sa rencontre avec l'assassin, sa disparition. Il déambulait les rues à la recherche de sa présence, de son mana mais rien… Devait-il s'inquiéter pour les filles ? Non, certainement pas. Adamantine était sur le qui-vive et avait même réussit à stopper la flèche. De plus, la position de leur mana le laissait pensé qu'elles étaient entourées d'individus. Il se dirigea toutefois dans leur direction, suivant leur mana. Or, dans une des ruelles de la ville, il put entendre des sortes de couinements métalliques. Tournant à droite dans une ruelle, il tomba nez à nez avec une personne particulière. Devant lui se tenait une femme habillée d'une piètre robe rose et en fauteuil roulant. Toutefois ce n'était pas cela le plus surprenant, ces cheveux blancs et ces yeux rouges… 

— Une Damnée ?! s'exclama Mylon. 

 

La femme eu un regard doux en le voyant, elle se rapprocha en faisant rouler elle-même le fauteuil. Elle dit alors : 

— Ah tu es un nouveau ? Vient suit moi, c'est par là. 

 

Elle le dépassa et se dirigea vers une porte qu'elle ouvrit. Mylon resta dans l'incompréhension en la voyant, c'était la première fois qu'il en voyait une. Le voyant silencieux, elle sourit et ajouta : 

— Allez ne fait pas ton timide ! Je sais que ta situation n'est pas drôle mais c'est bien pour ça que tu es là, non ? 

 

— Attendez, bégaya Mylon. Je crois qu'il y a mé...prise… 

 

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'elle était déjà rentrée… Devait-il la suivre ? Il se devait de rejoindre Ada mais elle lui avait demandé de le suivre et une sorte de curiosité le piqua. Qu'est-ce qu'elle voulait lui dire par nouveaux ? Un nouveau Damné ? Bon, il n'allait pas se faire attendre et décida de la suivre. Alors qu'elle peinait à faire avancer son fauteuil dans le petit couloir, elle engagea la discussion : 

— Tu es là car cela vient de t'arriver ou bien tu viens d'emménager ? 

 

— Je-Il y a méprise. Je ne sais pas du tout de quoi vous parlez… Je-Je passais juste par là. 

 

— Ah ! s'écria la femme. 

 

Elle s'arrêta et tourna son corps comme elle le put sur son fauteuil et continua : 

— Tu n'étais pas là pour notre réunion ? Oh, milles excuses ! Je m'étais dit en te voyant comme ça que tu l'étais… 

 

Elle se mit à réfléchir un instant et esquissa un regard vers les escaliers devant elle. Elle lui sourit alors de façon maternelle et continua : 

— Tu ne veux pas m'accompagner ? Je pense que cela te fera du bien, de discuter avec des gens dans la même situation que toi… 

 

— Dans la même situation ? 

 

— Oui tu vas voir ! Et si tu ne veux pas, ce n'est pas grave. Puis-je juste te demander ton aide ? Malheureusement, il a fallu qu'il y ait des escaliers pour aujourd'hui … 

 

Il voulut s'en aller en comprenant de quoi parlait la femme mais la voyant dans cette situation, il ne put s'empêcher de l'aider. 

— D'accord, souffla-t-il. Je vais vous aider. En revanche, votre fauteuil ne risque pas de passer… 

 

— Tu peux me tutoyer tu sais. Oh et mon prénom c'est Laura. 

 

— D'accords Laura. Moi c'est Mylon, enchanté. Cela ne te dérange pas si je te soulève ? 

 

— Non, pas du tout ! Mais surtout ne force pas. Je sais à quel point cela peut être difficile pour nous physique- Woaa ! 

 

Elle émit un petit cri de surprise quand il la porta entièrement dans ses bras. Elle ne s'y attendait pas, surtout venant d'un Damné comme elle ! 

Mylon l'emmena jusqu'au premier étage. L'escalier menait en effet à une salle assez grande où des chaises étaient placées là en rond. À sa grande surprise, il y avait assis là cinq autres Damnés : trois hommes et une autre femme. Cela lui fit très étrange de se retrouver parmi eux, surtout qu'il connaissait maintenant l'horreur qu'ils avaient dû vivre. En plus de cela, il put voir qu'il manquait un bras à un homme, une jambe à l'autre tandis que le corps de l'autre femme était recouvert de bandages… Tous furent surpris par la présence de Mylon et surtout par sa force. Celui-ci posa enfin Laura sur une chaise avant de se tenir debout devant eux. L'unijambiste s'exclama : 

— Ah Laura, enfin là ! C'est un nouveau avec toi ? 

 

— Oui et non Luc. Je l'ai embarqué avec moi alors qu'il n'était que de passage… 

 

— Ah, s'étonna celui ayant perdu un bras. Ne faut pas t'en vouloir tu sais. Moi aussi j'aurais pu l'embarquer par mégarde. 

 

— Je-je sais que cela peut faire peur, bégaya faiblement la femme couverte de bandages. Mais on est tous dans la même situation. On aime bien souvent se réunir pour parler de notre condition, de nos problèmes de la vie de tous les jours… De ce que ces choses nous ont pris. 

 

— Pénélope a raison, ajouta le dernier homme bien habillé. Je vois que pour vous, ils ont pris votre œil et certainement la peau de votre bras gauche. Au moins vous avez gardé votre force… 

 

Mylon les regarda hésitant. Non, il n'était pas comme eux et se sentait très mal de sa présence, comme un imposteur mais ils le regardaient tous avec compassion et insistance. C'est alors qu'ajouta Laura : 

— Tu vois, tu n'as rien à craindre. Si tu ne veux pas nous raconter ta situation, nous le comprenons. Chacun de nous est passé par le même processus et nous nous réunissons ici pour en parler et aussi re-présenter notre histoire. Par exemple, chaque fois que je remets les fais en ordre, je sens que je conquiers ce traumatisme, que je prends en main ma vie. Tu voudrais en faire de même ? 

 

— Je… Non, hésita Mylon. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée… 

 

— Ce n'est pas grave ! s'exclama-t-elle. Alors peut être veux-tu entendre notre histoire ? 

 

Il était indécis et continuait de se sentir mal à l'aise. Toutefois, de voir ces gens reclus de la société, différents des autres et affrontant la vie avec leurs handicaps. Il fut curieux. Curieux car s'y reconnaissait un peu, curieux car on l'appelait souvent Damné, curieux par sa nature d'hybride qui effrayait les hommes et attirait leur haine. Il acquiesça et s'assit donc à côté de Laura. 

— Bien, je vais commencer alors, affirma-t-elle. Tout à commencer pour moi il y a trois ans, lorsque j'avais 24 ans. Je vivais une vie paisible avec mon marie et ma fille, et je n'avais pas encore cette allure aux cheveux blanc bien sûr. Nous habitions à Elmoth et tenions une auberge, une vraie vie parfaite si l'on put dire… Toutefois, mon marie avait de la famille à la capitale et nous voulions pour les six ans de notre fille fêter cela en famille. C'est lors de ce voyage que nous sommes tombés nez à nez avec ces monstres… ces Draineclat. Nous avions bien engager un mercenaire mais même lui s'est fait avoir. Il a combattu corps et âme mais d'un trop grand nombre, ils ont réussi à nous atteindre. Mon marie fut le premier à y passer, se sacrifiant pour me sauver moi et notre fille. Toutefois, bien que je la tenais dans mes bras, ces horreurs me l'ont arraché et j'ai pu y assister … Ils l'ont écorché de toute part, lui ont dévorés tout son mana jusqu'à ce qu'elle ne devienne qu'un corps sans vie… 

 

Elle fit une pause pour ressuyer une larme et s'excusa : 

— C'est toujours assez… pesant dans ma mémoire, désolé. 

 

— Ce n'est rien, rassura Mylon. Je comprends très bien. 

 

— Nous aussi, intervint Pénélope. Même si on l'a entendu plusieurs fois, nous te comprenons… 

 

Les autres aussi avaient l'air mal à l'aise et donnait des mines sombres. Leurs histoires faisant écho avec ce qu'elle avait vécue. 

— Je continue alors. Tu te demandes peut-être comment j'ai survécu ? Eh bien, moi-même je ne le sais pas… L'un d'entre eux s'en est aussi pris à moi. Il a enfoncé ses griffes crochues dans la chair de mes jambes, brisant ainsi mes os et m'empêchant de fuir puis se mit à absorber mon mana. Je me souviens moyennement de ce qui s'est passé après. Je me suis évanouie et à mon réveil j'étais… 

 

Elle se mua un instant dans le silence comme les autres ce qui surprit Mylon. Y avait-il pire que ce qu'elle avait déjà raconté ? 

— Je me suis retrouvée enchaîné dans un cachot, nue et sans vêtement. Confuse, j'ai crié mais je me suis vite rendu compte que j'avais été sauvé par des marchands d'esclaves… 

 

— Des marchands d'esclave ?! s'exclama Mylon. Cela existe encore ? 

 

— Cela a toujours existé à Elmoth, expliqua l'homme bien habillé. Et malheureusement pour nous, les plus riches aiment notre couleur de cheveux et nos yeux. Je suis chanceux pour ma part de diriger une petite firme de marchand qui me permet d'engager un mercenaire. 

 

— Et pour ce qu'il s'agit d'Eric et moi, ajouta Luc. Le fait que l'on soit amputé ne les intéresses pas vraiment, ce qui est une chance dans notre malheur. 

 

Pénélope retira quelques un de ses bandages pour montrer ses cicatrices puis affirma : 

— Quant à moi, personne ne voudrait de moi avec de telles cicatrices. Aucun homme par ailleurs… Je suis obligé de me reposer sur la bonté d'Armand. 

 

— Cela va de soi, ajouta le concerné qui était l'homme bien habillé. Nous devons nous entraider dans ce calvaire… Nous sommes les seuls à comprendre vraiment que la beauté ne vient pas forcément de l'extérieur. 

 

Elle se mit à rougir avant de remettre ses bandages. Quant à lui, Mylon serra du poing en entendant ces histoires. De l'esclavage ?! Les hommes se privaient de libertés entre eux en plus de priver les autres de leur liberté ? Il vit rouge mais se calma pour ne pas déranger la séance. Laura reprit alors son histoire après avoir repris des forces : 

— Ce fut vraiment, difficile… J'ai vécu des choses, un traitement… inhumain. J'ai été traité comme un produit dans une vitrine, sans la possibilité de porter de vêtements. Et mes jambes, mes maudites jambes paralysées m'ont empêchées de fuir. J'avais vraiment perdu tout espoir, ils m'ont placé une sorte de tatouage sur le cou qui m'oblige à obéir à mon maître. 

 

—Tu l'as toujours ?! demanda Mylon. 

 

— Malheureusement… oui, souffla Laura. Une fois placé, il ne disparaît que si le maître actuel meurt, enfin, c'est ce qu'on m'a dit. 

 

— Tu as besoin d'aide ? dit-il d'un ton froid. 

 

— Non, non ! rassura Laura. Pour en revenir, j'ai été mise aux enchères et ai été achetée par une gladiatrice de la ville. Elle m'a comme qui dirait sauvée. Je vis désormais avec elle et ce n'est pas pour m'en plaindre. Je fais certaines tâches ménagères et tout ce qui est physique, c'est elle qui le fait. Elle gagne de l'argent grâce aux combats et me permet de vivre une vie libre et sereine. C'est grâce à elle par exemple que je peux venir ici. 

 

Mylon souffla de soulagement. Si au contraire, l'individu qui l'aurait acheté aurait été un goujat, un être barbare, il ne se serait pas contenté d'écouter. Il n'ajouta qu'une chose : 

— Je suis content pour toi. Vos vies n'ont pas dû être si facile … 

 

— Et toi alors ? questionna Laura. Te sens-tu prêt à nous raconter ce qui t'es arrivé ? 

 

— Je… Je suis désolé. J'ai bien souffert mais pas pour les mêmes raisons. Je- 

 

Il fut soudainement coupé par un claquement de porte. La seconde d'après, un visage bien familier et souriant passa la porte et s'exclama : 

— La réunion a déjà commencé les amis ? Comment tout le monde va ? 

 

Elle s'avança dans la pièce ce qui fit s'exclamer Laura : 

— Mademoiselle Talia ! Encore merci de nous allouer cette salle pour nos rencontre… 

 

— Ce n'est rien, rétorqua-t-elle fièrement. Je suis contente de vous aider, vous les plus démunie de notre ville… Ah mais, toi ! 

 

Elle pointa du doigt Mylon en s'exclamant : 

— Mais c'est toi qui étais avec Ada ! My … Mylon c'est ça ? Toi aussi tu es venu participer à cette réunion ? 

 

Toutefois, il les surprit tous en se levant rapidement. Il se dirigea vers la sortie et dit : 

— Je vous remercie pour tout mais je n'ai pas le droit d'être là. Je-je ne suis pas comme vous mais me souviendrais toute ma vie de vos histoires, de vos rencontres… 

 

Il descendit rapidement les escaliers pendant que Talia cria « Attends ! » mais il était déjà parti. Laura lui fit un signe de tête et Talia se mit alors à sa poursuite. Une fois dehors, elle le vit au loin et le rattrapa rapidement. Elle voulut le retenir mais il écarta sa main violemment avant de crier : 

— Stop ! J'ai dit que je suis différent. Je n'ai pas le droit de me tenir parmi eux. Ce qu'ils ont vécus à cause des Draineclats, ce n'est pas- 

 

— Tu vas arrêter oui ? rouspéta Talia. Peut-être que tu n'as pas vécus la même chose mais je suis sûr qu'ils ont appréciés d'être écouté et que l'on se soucie d'eux… 

 

— Tu… Bordel ! 

 

Il râla avant de créer un mur de pics en pierre pour les séparer. 

— Mais comment ? s'étonna Talia de surprise en le voyant utiliser de la magie. 

 

— Je te l'ai dit, continua-t-il froidement. Je n'ai pas le droit de me tenir avec eux, ce n'est pas juste. Ce serait comme me moquer de leurs souffrances… 

 

Il disparut ainsi en courant à travers les ruelles.