Assise devant le miroir, une demoiselle peignait mes cheveux.
"Vos cheveux sont si beaux," dit-elle en souriant.
Dommage, je n'étais pas blonde et mon mari semblait préférer les blondes.
"Merci" ai-je répondu en souriant.
"Ma Dame, voulez-vous cette robe ou celle-ci?" demanda-t-elle en tenant deux nouvelles robes après avoir fini de peigner mes cheveux.
"Aucune des deux. Choisis-moi une très belle robe." ai-je ordonné. Je ferais regretter à Lucian ce qu'il avait fait. Je le rendrais insomniaque comme il m'avait rendue. Je voulais même le faire pleurer parce que même si je ne voulais pas me l'avouer, j'avais un peu pleuré la nuit dernière.
Oh, combien Lydia et Ylva me manquaient en ce moment.
La demoiselle a choisi pour moi une robe de couleur pêche qui s'accordait parfaitement à ma couleur de cheveux et de peau.
J'ai mis un peu de peinture sur mes lèvres et du parfum, puis j'ai détaché mes cheveux en me regardant dans le miroir.
Maintenant, il me voudrait, mais je ne céderais pas si facilement.
Enfin, j'ai mis mes chaussures et j'ai quitté la pièce. En traversant le long couloir, j'ai commencé à perdre confiance. Et s'il ne me voulait même pas ? Il pourrait toujours avoir une autre femme. C'est toujours moi qui serais perdante.
C'étaient des moments où je détestais être une femme.
En approchant de la salle à manger, mon cœur battait la chamade. Je savais que Lucian m'attendait là, et j'étais à la fois en colère et nerveuse, probablement plus en colère que nerveuse.
J'ai doucement ouvert la porte et suis entrée. Lucian était assis à la table et il me fixait du regard lorsque je suis entrée dans la pièce. J'ai oublié de respirer un instant quand son regard a croisé le mien, mais je me suis vite rappelé à quel point j'étais en colère et blessée. J'ai essayé de réprimer ma colère. Il était important de me contrôler si je voulais gagner cette guerre.
"Ne voulez-vous pas vous asseoir ?" demanda-t-il, en me désignant la place à côté de lui.
Sans rien dire, j'ai rejoint la table et je me suis assise tout en évitant de croiser son regard.
"Avez-vous bien dormi?" demanda-t-il. Bien sûr que non, mais je suis sûre que toi, oui.
"Oui, j'ai bien dormi, Votre Altesse." dis-je d'un ton plat. Il me regarda, surpris.
"Ne voulez-vous pas me demander ?"
"Avez-vous bien dormi, Votre Altesse?" demandai-je, utilisant le même ton à nouveau. Il rit.
"Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ne voulez-vous pas me demander pourquoi je ne suis pas venu hier soir?"
"Je n'ai aucun droit de demander, Votre Altesse." Il fronça des sourcils et me regarda, perplexe.
"Hazel?" dit-il d'une voix ferme mais douce qui me fit frissonner. J'ai résisté à l'envie de lever les yeux et de croiser son regard.
"Regarde-moi." exigea-t-il. Je n'allais certainement pas faire ça. Ses yeux étaient ma faiblesse et je ne voulais pas lui montrer ma faiblesse maintenant.
Comme je ne faisais pas ce qu'il demandait, il saisit mon menton et leva légèrement ma tête.
"Regarde-moi, Hazel." dit-il d'une voix encore plus douce cette fois. Je ne pus m'empêcher de lever les yeux et de plonger mon regard dans le sien.
"Y a-t-il un problème?" demanda-t-il.
"Non, Votre Altesse."
"Ne m'appelez pas comme ça." dit-il en paraissant légèrement irrité maintenant. Bien. Il devrait l'être plus que ça.
"D'accord." fus tout ce que je dis. Il soupira.
"Vous semblez être de très mauvaise humeur comparé à la manière dont vous êtes habillée." dit-il en parcourant mon visage du regard jusqu'à ma poitrine. Son regard sur ma peau était comme un fer chaud.
"Je n'ai pas faim, excusez-moi." dis-je en me levant, prête à m'éloigner de là juste pour le contrarier mais avant que je puisse bouger il attrapa mon bras et me plaqua contre la table en me piégeant entre lui et celle-ci.
"Est-ce que tu me nargues, épouse? Tu t'habilles si joliment et tu sens si bon, mais tu fuis."
"Je ne fuis pas, je n'ai simplement pas faim." dis-je, essayant de paraître innocente. Ses yeux s'assombrirent.
"Mais moi, j'ai faim." dit-il lentement, en se penchant davantage vers moi. Il posa une main de chaque côté de mon corps pour m'empêcher de partir, puis il plaça sa tête sur le côté de mon cou. Je pouvais sentir son souffle chaud sur ma peau.
"Je ne peux pas..." souffla-t-il lourdement, ses lèvres frôlant ma peau. J'inclinai ma tête en arrière, désirant qu'il embrasse chaque centimètre de ma peau. Il se pencha encore plus près, collant son corps au mien tandis que ses lèvres remontaient jusqu'à ma mâchoire et effleuraient les miennes. Une douce étreinte qui me fit frissonner.
"Tu devrais m'arrêter." souffla-t-il avant d'écraser ses lèvres sur les miennes. Oui, je devrais l'arrêter. Pourquoi l'embrassais-je ? Comment pouvait-il m'embrasser avec ces lèvres qui avaient embrassé une autre femme la nuit dernière ? Rien que d'y penser me mettait en colère, et je mordis sa lèvre.
Il s'écarta en hissant et porta ses doigts à sa lèvre. Il saignait. Il essuya le sang avec son pouce puis lécha ses lèvres.
Je n'avais pas voulu le mordre si fort, alors j'étais choquée au début, mais ensuite j'ai pensé qu'il le méritait. Allez, mets-toi en colère. Mais il se contenta de me fixer.
"Je suis désolée, Votre Altesse." dis-je, en ajoutant la dernière partie pour l'irriter. Il s'approcha, ses yeux ne quittant jamais les miens puis il effleura mes lèvres de son pouce.
"Tu avais un peu de sang là." dit-il. Quoi ? J'avais l'impression qu'il se jouait de moi alors j'ai décidé de lui dire carrément d'aller en enfer ou de retourner vers cette blonde mais j'ai été interrompue par un coup à la porte. Lincoln entra peu de temps après et lorsqu'il nous vit debout si proches l'un de l'autre "Je peux revenir" dit-il et se retourna rapidement.
"Qu'est-ce que c'est Lincoln?" demanda Lucian, se tenant toujours comme s'il me piégeait à la fois avec son corps et son regard. Lincoln se tourna lentement mais continua à regarder vers le bas.
"La princesse Klara vous attend dans le jardin." dit-il. Klara ? Pourquoi l'attendait-elle?
"Dites-lui que j'arrive." dit Lucian. Lincoln s'inclina et partit.
"Qu'est-ce qu'elle veut?" demandai-je.
"Je croyais que cela ne t'intéressait pas?" Il sourit narquoisement. "Suis-moi si tu veux savoir."
J'ai envisagé de le suivre un moment, mais puis j'ai décidé que je le devais. Je ne pouvais pas le laisser aller seul à la rencontre de Klara quand je connaissais ses intentions. Si elle pouvait faire tout pour obtenir un homme marié, je devais faire tout pour garder mon homme pour moi-même.
Klara se tenait au milieu du jardin vêtue d'une armure, mais semblant toujours aussi belle que d'habitude. Ses cheveux blonds brillaient comme le soleil et ses yeux étaient aussi bleus que le ciel d'été. Oui, elle était absolument magnifique et blonde, tout comme Lucian aimait ses femmes, je suppose.
Je pouvais voir comment les soldats qui étaient rassemblés dans le jardin ne pouvaient pas s'empêcher de la regarder. Lucian la trouvait-il aussi belle ?
"Bonjour princesse Hazel et... Lucian, je suis contente que tu aies tenu parole." Elle sourit en nous voyant approcher. Au fond du jardin, je pouvais voir Astrid assise confortablement sur une chaise.
"Ne te réjouis pas trop," dit-il d'un ton sérieux et cela me surprit qu'ils se parlaient si naturellement l'un à l'autre, ce qui me dérangeait. Lucian avait expliqué en chemin que Klara voulait se battre avec lui. Quelque chose me semblait suspect.
Je m'assis à côté d'Astrid pendant que Lucian prenait une épée, prêt à se battre avec Klara.
"Je ne sais pas pourquoi ma soeur insiste pour se battre avec lui. Il est clair qu'il va gagner." dit Astrid. Oui, si c'était vrai qu'il avait tué des centaines d'hommes tout seul, alors une femme ne serait pas un problème.
Klara commença à brandir son épée vers Lucian et il évitait chaque coup avec agilité sans même lever la sienne. Finalement il leva son épée et bloqua une de ses attaques. Cette fois, il commença à l'attaquer et on voyait qu'elle avait du mal à se défendre. Il avait un sourire narquois sur le visage et lui dit quelque chose que je ne pouvais pas entendre.
Ils se battaient en duel et on aurait dit que Lucian la ménageait. Il ne semblait même pas essayer. Je parie qu'il pourrait le faire les yeux bandés. Klara, en revanche, était essoufflée et ses cheveux étaient un peu en désordre, mais elle n'était pas prête à abandonner.
Lucian brandit son épée vers elle et, juste au moment où elle s'apprêtait à bloquer son attaque, on aurait dit qu'elle changeait d'avis et l'épée de Lucian la coupa à l'avant-bras. Du sang suintait de la blessure. On aurait dit que le temps s'était arrêté un instant parce que tout le monde était silencieux et choqué avant qu'Astrid ne se lève de son siège et ne coure vers sa soeur,