Il était déjà vingt heures, une quarantaine de voitures longeaient le long de l'entrée du domaine. La fête avait commencé depuis six heures de l'après-midi. Les deux jeunes femmes continuaient de se faire belles dans la grande pièce pendant que la musique se faisait entendre de plus en plus fort entre les murs. Comme d'habitude, Tiffany avait dû faire les choses en grand en invitant près de quatre-cents personnes, dont toute la promotion de sa faculté de sport en plus du quart de celle des étudiants de journalisme d'Énaloïse. Des groupes de personnes s'en allaient par l'entrée de la villa et ressortaient de l'autre côté, collation en main et munie de leurs maillots de bain pour profiter de sa piscine. Bon nombre dansaient de part et d'autre de la résidence au son du D.J. qui jouait pour l'événement. Celui-ci avait un masque doré en forme de chat agrippé au visage. Tout le monde semblait ravi d'être là, heureux de pouvoir enfin prendre le temps de profiter pour décompresser après cette guerre acharnée des examens de fin d'année.
- Nous avons enfin fini les études ! Ouf. Il faut célébrer notre liberté ! s'exclama Tiffany avant de finir son deuxième verre de whisky d'une gorgée.
Énaloïse acquiesça d'un sourire amusé tout en arrangeant ses cheveux ondulés bruns devant le long miroir accroché au mur. C'était gentil de la part de monsieur Hundguns, l'oncle de Tiffany, de leur avoir laissé sa villa pour organiser une nouvelle fête pendant que lui était en pèlerinage à l'autre bout du pays. Monsieur Hundguns devait vraiment avoir confiance pour lui laisser sa demeure. Un homme de foi, qui permet à des inconnus de venir danser et consommer toute sorte de substance chez lui pour une soirée arrosée de péchés.
Tiffany et Énaloïse avaient toutes les deux vingt-et-un ans. Elles étaient amies depuis l'enfance. Tiffany était une jeune femme blonde, forte et pétillante. Elle aspirait à partir régulièrement à l'étranger comme elle le faisait auparavant pendant ses compétitions d'athlétisme. Énaloïse, elle était plutôt assidue dans ses livres et ses journaux. En effet, il fallait qu'elle soit au courant des choses qui se passent dans le monde afin d'assurer la réussite de ses concours de journalisme. Quelqu'un frappa à la porte. C'était Yohann, le petit ami de Tiffany qui venait d'entrer.
- Vous n'avez pas bientôt fini ?
- On a fini tout de suite en faite, dit Énaloïse avec un large sourire.
- Nous sommes prêtes, poursuit la blonde, et Ena est super O-Pé pour Klaus !
- Non, rugit Énaloïse, tu l'as invité ?
- Tu me remercieras… lui dit son ami en lui donnant un petit coup de coude au bras.
- C'est qui ce gars ? demanda Yohann. Ah, celui sur qui t'as flashé y a 2 ans ? Haha. Vous lâchez pas l'affaire !
Ils sortirent de la pièce en riant, refermant la porte derrière eux.
- Cette fois, il est à toi, affirma Tiffany d'un air expert.
Ils passèrent des gens dans le couloir, en train de papoter, de se rouler des pèles, de fumer tranquillement leurs joints et de se passer des pastilles de Klorx, nouvelle sensation du moment. Puis, ils descendirent les grandes marches qui donnaient jusqu'à la salle principale où tout le monde dansait. On n'y voyait pas grand-chose à part des hauts de silhouettes confondues qui se dandinaient dans tous les sens. De temps en temps, des rais de lumière multicolores les passaient dessus et l'on pouvait à peine distinguer clairement les visages.
La fête battait son plein. Ils se dirigèrent vers la piscine, tout en saluant de jeunes amis qui venaient d'arriver. Ensuite, ils s'arrêtèrent au bar. Énaloïse recherchait Klaus du regard. Elle l'aperçut dans la piscine en train d'éclabousser une autre jeune femme au point de la faire tomber de son trône de bouée en forme d'oie. Les deux semblaient prendre du bon temps. Énaloïse ressentit une pointe d'envie. Elle admirait le corps robuste et musclé de Klaus. Il avait coupé ses cheveux au ras du crâne, cette coupe généralement impopulaire lui donnait à lui un air envoutant faisant ressortir ses yeux verts sous ses beaux sourcils proéminents. Sa barbe également rasée complimentait son sourire de porcelaine. Avec l'envie d'enrouler ses jambes sur son tronc, Énaloïse se mordit les lèvres. Klaus croisa son regard et lui lança un sourire fin avant de se tourner vers elle. Il s'approcha, suintant de l'eau de la piscine.
- Hey, ça fait longtemps, lui dit-il le regard profond.
- Klaus, comment vas-tu ? Ça fait longtemps que l'on ne s'est pas vu.
- Depuis l'été dernier, je crois. Je suis content de te revoir.
Énaloïse, ravie, acquiesça, salivante.
- Tu veux piquer une tête ?
- Non pas maintenant, peut-être plus tard, répondit-elle.
Il sortit de l'eau et vint à sa hauteur. Ils commencèrent alors à discuter tranquillement de ce qui se passait dans leurs vies. Les deux se connaissaient depuis une fête organisée par Tiffany il y a deux ans. Il avait abandonné ses études de médecine pour rentrer dans l'aviation. Énaloïse, quant à elle, ne savait pas exactement quoi faire de sa vie après son diplôme de journaliste. Elle lui admit qu'elle songeait à s'établir à l'étranger. Peut-être vers l'Amérique, pour trouver d'autres horizons. Ils échangèrent sur les dernières vacances où ils s'étaient vus, puis tous les deux attrapèrent un verre de punch.
- C'est dommage que l'on n'ait pas pu rester en contact après juillet dernier, dit Klaus en haussant les sourcils tout en perçant son regard dans le sien.
- Oui, pourtant je t'ai sur les réseaux, fit-elle avec une moue. En tout cas, nous sommes là maintenant !
Elle but nerveusement la moitié de son verre. Ils se regardèrent en silence pendant un moment.
- Comment va Alexandra ? demanda Énaloïse avec anticipation.
- J'imagine qu'elle se porte bien. On est plus ensemble depuis un moment déjà.
Tous les deux se sentaient complices et soulagés, comme si la glace venait tout à fait de se briser entre eux.
- Désolée de l'apprendre, feignit Énaloïse l'air niais.
- Il n'y a pas de mal. Et toi, tu vois quelqu'un en ce moment ?
- Non, absolument pas, répondit-elle en s'approchant davantage de lui, le regard défiant.
- On danse ?
Il l'attrapa par les hanches.
Les deux se rapprochèrent de la piste dans la cour intérieure et se mirent à se dandiner au son de la basse. Tout se déroulait à merveille dans cette atmosphère de liberté et d'évasion. Tiffany et Yohan étaient eux aussi sur la piste au près deux. Il y avait également un coin bar où les amis pouvaient remplir à nouveau leurs verres de punch. Entre les sessions de déhanchées, les jeunes gens faisaient donc des allés et venu vers les boissons afin de reprendre du « carburant ». Par la suite, ils décidèrent de s'assoir sur le pas de l'escalier, afin de se poser un peu. En effet, Tiffany et Énaloïse avaient les pieds qui commençaient à faiblir sous la pression de leurs talons.
- Super soirée ? demanda Yohan à Klaus, tout en sueur.
- Oui. Je ne sais plus où j'ai mis mon T-shirt, lui dit ce dernier.
Énaloïse voyait le sol tanguer et ne pouvait plus sentir sa langue. Elle n'avait pas l'habitude de boire autant.
- J'adore cet endroit, c'est vraiment super ! s'esclaffa une jeune femme blonde vêtue de rouge qui passait par là. C'est génial ! rajouta-t-elle, le verre levé vers Tiffany pour la saluer avant de continuer son chemin.
- Si ça vous tente, mon oncle a caché une petite réserve de Klorx dans l'une de ses réserves, dit Tiffany dans un air de confidence.
- Moi, je n'en ai pas sur moi, admit Yohan, s'il en a tu penses qu'il nous en voudra de piquer dans sa petite réserve ?
- Non, pas du tout. Mais il ne faudrait pas non plus déranger ses affaires.
Tiffany se leva difficilement et s'en alla. Elle revint avec un grand trousseau de clés à la main. Après quelque minutes de confusion, elle retira une clé du trousseau et la tendit à Énaloïse en lui défiant de se rendre utile pour chercher le paquet de pastilles enchantées.
- Très bien, j'y vais. Où est ce que je peux trouver ça ?
- C'est en haut à droite, près des toilettes. Essaie de regarder les gros cartons… C'est là en général qu'il y met sa marchandise."
Klaus et Yohan se réjouissaient.
- Peut-être que je peux l'aider ? s'enquit-il.
- Je pense que l'on devrait faire confiance à Ena pour le coup et tu devrais retrouver ton T-shirt avant d'attraper froid. Elle reviendra vite et comme ça on pourrait bien s'éclater au sens propre comme au sens figuré ! affirma Tiffany.
Klaus partit à la recherche de son habit vers la piscine pendant que Tiffany et Yohan se réchauffaient dans des embrassades langoureuses. Énaloïse, elle, se dirigea au fond du couloir lumineux et ouvrit la porte à l'aide de la clé que lui avait donnée son amie.
La pièce était plongée dans l'ombre. Aucune ampoule au plafond. On pouvait voir des silhouettes de bougies éteintes à la fenêtre. Elle utilisa la lumière de son smartphone et tâtonna les meubles avec une hésitation raisonnable. Cette pièce semblait être un peu plus petite que les autres chambres. On pouvait y deviner le désordre. Des habits épars sur le sol et des livres qui couvraient la commode et dépassaient de l'armoire… Il y avait des de boîtes en carton partout, des statues, du matériel de peinture, et d'autres vieux instruments... Sa main écarta une chaussette et passa sur des crayons. La lumière que projetait la lampe donnait à son vernis gris foncé une teinte de violet qui lui allait plutôt bien. Même ici, ça tanguait et tournait dans tous les sens. Elle s'avança lentement dans le milieu de la pièce obscure. Une partie de la fenêtre était couverte par ce qui semblait être une grosse planche.
Peut-être en bougeant cette dernière, il serait possible d'utiliser la clarté de la lune pour avoir plus de visibilité ? Elle positionna son téléphone sur le côté de l'armoire afin de diriger la lumière de la lampe dans sa direction. Puis, elle empoigna le carton et le posa sur les livres en vracs sur le lit de la pièce. Elle se souvient que Tiffany lui avait dit de regarder dans le grand carton. Peut-être s'agissait-il de celui-ci ? Elle tenta d'ouvrir le carton avec précaution, puis s'aperçut qu'il contenait quelque chose de plat enveloppé dans un autre papier carton lui-même ficelé avec une fine corde argentée.
Curieuse, elle retira les cordes et procéda à dévoiler l'objet. Il s'agissait d'une toile : des personnages vêtus de blancs au milieu d'autres, vêtues de tenues plus sombres à capuches, laissant seulement entrevoir leurs mentons. Il y était représenté de larges et épais rayons jaunes qui partaient de derrière la forêt qui apparaissait en fond jusqu'au premier plan. On pouvait également voir quatre boules jaunâtres aux extrémités de cette œuvre fascinante. Tout le tableau avait quelque chose d'envoutant. Les couleurs étaient étrangement claires et paraissaient bouger.
C'était comme si les personnages étaient réels. Elle toucha la toile, curieuse de savoir s'il s'agissait d'une photo ou d'une peinture véritable. À ce moment-là, un léger frisson électrique lui parcouru de la tête aux pieds. Elle aurait juré que les mouvements de sa main avaient laissé une trainée argentée. Elle observa la toile un moment, avec la lumière de son téléphone. Au bout d'un moment, elle se rappela pourquoi elle était venue dans cette pièce.
Pas pour dévoiler une toile non, mais pour le Klorx.
Elle reposa la toile correctement dans son carton, arrangea le papier qu'elle avait déchiré et la ficelle à l'intérieur. Puis, le mis de côté. Elle remarqua une autre large boîte devant la fenêtre, à l'endroit même où elle avait trouvé la première. Elle la saisit, puis investigua son contenu.
- Trouvé ! s'exclama-t-elle pleine de fierté et de soulagement.
Elle en saisit le contenu et manqua de tomber par manque d'équilibre. Elle éteignit la lampe de son téléphone et quitta la pièce sans la refermer pour descendre rejoindre ses amis qui s'impatientaient déjà.
Klaus était revenu et la regardait avec attention.
- Tu en as mis du temps ! s'exclama Tiffany.
- Désolée, je n'y voyais rien.
- Tu as trouvé ? lui dit-il en lui entourant de ses bras comme pour la protéger d'elle-même.
Énaloïse appréciait se sentir soutenue par lui. Elle hocha la tête.
Le groupe d'amis décida donc d'aller prendre l'air dehors de l'autre côté de la piscine dans un coin où ils seraient tranquilles. D'autres jeunes les rejoignirent aussitôt. Tout le monde rigolait en se racontant des histoires. Beaucoup roulaient des joints qu'il se passait entre eux.
- Hey, vous voulez voir un de mes tours? demanda José.
- Vas-y, montre ? dit quelqu'un avec anticipation. Le dernier tour que tu nous as montré c'était un gros flop!
Tous se mirent à rire.
- C'est bon... C'était juste un nouveau que j'essaye de maîtriser. Celui-là, je réussis à tous les coups !
- Vas-y, renchérit Tiffany.
- Regardez...
- Je veux voir, poussez-vous ! J'adore les tours de magie, s'exclama une jeune femme potelée.
José sortit une petite tasse de thé et sa petite assiette de son manteau. Louche de porter un manteau par un temps si chaud. Il avait sans doute prévu de montrer ses tours dès le départ. Il présenta les deux objectés avec un visage digne des mineurs surpris et les lâcha au sol.
Mais au lieu de tomber par terre, la tasse et sa coupe semblaient léviter dans l'air. Des hurlements de stupeurs s'élevèrent.
- Mais comment tu fais ça? s'écria quelqu'un.
- Mais what the fuck!
- C'est de la sorcellerie ! fit Tiffany.
Une autre personne avait complètement craché le contenu de sa bouteille.
- Trop fake !
- Choquée...
- Attendez, attendez, c'est pas du fake, s'exclama José fier. Allez-y, touchez pour voir s'il y a du fil.
Énaloïse s'approcha lentement et passa une main entre les mains de José et la tasse dans l'air.
- Putain, je suis trop saoule pour ce genre de chose, lâcha-t-elle avant de repartir s'assoir aux côtés de Klaus.
Plusieurs autres personnes firent de même pour voir de quelle façon les objets flottaient dans l'air.
- Tu veux essayer, Michel ?
- Ouais, vas-y!
Le jeune homme aux lunettes carré s'avança.
- Woow! Je touche pas à ça, moi, fit-il après avoir tenté sa chance.
- Eh voilà, reprit José en une fois.
La tasse et sa coupe tombèrent au sol. Un tonnerre d'applaudissements bien mérité s'en suit. Plusieurs parlaient alors du fait qu'il avait dû profiter de leur état d'ébriété pour faire ce tour qui n'aurait jamais fonctionné sinon...
Tiffany ouvrit le contenu du sachet qu'avait rapatrié son amie, et elle en sortit quelques comprimés bleus. Elle les distribua discrètement. Énaloïse observa la pastille entre ses deux doigts. Au milieu de sa forme triangulaire, il y avait gravé un « K » en lettre à relief. Sa couleur bleue et pailletée lui donnait l'impression de scintiller dans la nuit. Les trois amis tiraient la langue en même temps et y déposèrent leur comprimé. Klaus, lui, préférait ne pas en prendre. Il avait déjà assez bu.
Il fallait maintenant laisser les choses agir d'elles-mêmes. L'atmosphère était plus paisible et Énaloïse ressentait chaque seconde dans sa peau, comme si les nerfs étaient beaucoup plus réceptifs de l'instant. Assise par terre, entre les jambes protectrices de Klaus, elle se rendit compte qu'il la regardait beaucoup. De temps en temps, elle pouvait sentir ses caresses sur ses bras et parfois sur ses jambes. Elle ne pouvait le croire ! Klaus, le jeune homme qu'elle convoitait depuis déjà si longtemps, était enfin en train de lui donner l'attention qu'elle désirait tant.
- J'aimerais bien aller nager, là tout de suite, dit-elle sans prévenir.
- Nager ? Ah ah. Si je vais nager maintenant, je vais me noyer…
- Il y a un lac tout près d'ici, assura Tiffany.
- Très, bien, moi je viens avec toi, affirma Klaus au bout d'un moment."
Ils se levèrent et s'aventurèrent dans la pénombre de la forêt tranquille, loin du bruit tapant de la musique. Ils s'enfonçaient dans une descente entre les arbres. Plus ils marchaient et plus le calme s'installait pour laisser place aux bruits de la nature. Le glissement du vent sur les branches d'arbres. Le chant des hiboux. Les criquets cliquetants. Tiffany avait assuré tout le monde qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter par ici, que tout ce terrain appartenait à son oncle. Aucune bête sauvage dangereuse à redouter non plus.
Ils arrivèrent vers une zone où le ciel était dégagé. Les arbres se faisaient moins nombreux et il y avait de plus en plus de petites pierres sous les pieds. Ils prirent un moment pour admirer le grand lac qui reposait dans son lit. La pleine lune se reflétait dans l'eau. Tout était si apaisant. Ils s'approchèrent du lac. Le rire de Tiffany éclata dans le silence. Yohan lui faisait des bisous dans le coup. Le couple décida d'aller disparaître dans un coin plus tranquille, laissant Klaus et Énaloïse seuls. Les deux jeunes se regardèrent en souriant, puis Klaus s'exclama :
- Alors, cette petite baignade ?
- Allons-y…
Il s'éloigna d'Énaloïse, le regard amusé et hotta son t-shirt dévoilant à nouveau ses muscles saillants. Il enleva également ses chaussures et son pantalon. Énaloïse fit de même, se défit rapidement de ses talons et de sa robe. Klaus, muni de son caleçon, s'était déjà jeté dans l'eau fraîche et l'attendait. Elle s'empressa de mettre les pieds dans l'eau sans avoir le temps de se soucier de sa température. Elle arriva à sa hauteur, les deux s'échangèrent quelques éclaboussures. Entre les rires et les regards amusés, Klaus l'attrapa par la taille et l'embrassa timidement tout d'abord. Prise d'un élan de confiance, Énaloïse effleura son visage de sa bouche et l'embrassa en retour. Ils continuèrent les échanges langoureux.
Des frissons lui traversaient le corps à chaque touchée de ses lèvres contre sa peau. La chaleur était palpable dans leurs longues étreintes. Klaus lui caressa les jambes de bas en haut, s'attarda sur ses hanches puis posa délicatement ses mains sur ses seins dont il appréciait l'arrondis. Il les serra contre lui.
Non seulement l'avait-elle toujours désirée, mais en plus elle était complètement subjuguée dans l'ivresse et l'altitude du Klorx. Les sens d'Énaloïse étaient submergés. Pourtant, il lui fallait être encore plus proche de lui.
Énaloïse pouvait ressentir la dure contrariété d'un long bâton, raide et cylindrique, lui poker la jambe. Elle n'avait aucun doute sur la nature de la chose. Elle l'agrippa d'une main par-dessus le tissus et se mis à le caresser. L'extase lui montant dans les poumons, il lâcha quelques bouffées d'air chaudes. Elle lui mit sa main dans le sous-vêtement pour toucher plus organiquement son membre viril. Avec un grand sourire, la jeune tentatrice s'éloigna de lui, pour nager plus au loin, vers le milieu du lac.
Il était de plus en plus proche lorsqu'elle décida de submerger sa tête sous l'eau, s'offrant ainsi une pause lors de cette parade nuptiale. Elle remonta à la surface pour respirer. Il alla toujours vers elle.
- Viens me chercher ! souffla-t-elle en s'éloignant davantage, l'air enjôleur."
Alors qu'il s'avançait vers elle, un halo argenté l'entoura dans l'eau.
- Wow, mais qu'est-ce que c'est ? demanda Énaloïse.
Des vagues qui partaient du milieu du lac se réverbéraient à la surface. Un même halo l'entourait également. La température, tout d'abord fraîche, monta en flèche. Comme si quelqu'un avait changé le thermostat.
- Qu'est-ce qui se passe ? fit-elle confuse, en regardant autour d'elle, les vagues devenir de plus en plus intenses.
- C'est bizarre, peut être que l'on devrait partir.
- C'est dingue ! C'est naturel comme phénomène, ça ?
Ils se dirigèrent tous les deux rapidement vers le rivage.
Elle avait maintenant pied. Une grande lumière jaunâtre jaillit du milieu de l'eau où une sorte de tourbillon avait pris forme. Le courant semblait fort, et emportait Klaus là où il avait tenté de partir :
- Je crois avoir besoin d'aide là !
Énaloïse s'agrippa à l'une des grosses pierres du rivage et le regarda stupéfaite. Que pouvait-elle bien faire pour lui à ce moment ? Ce fut si soudain... Elle restait là figée, les mains accrochées à la roche. Il se mit à crier pendant que les vagues l'emportaient vers le centre. En descendant vers le fond, il se débattait pour garder la tête à la surface. Au bout d'un moment, on n'entendit plus rien.
- Klauuuuus ! s'écria-t-elle désemparée.
Tout était de nouveau calme et clair sous la pleine lune de la nuit qui se reflétait à nouveau dans le grand lac tel un miroir. Plus un bruit, plus une vague. Le jeune homme avait disparu sous l'eau. Elle ne bougea toujours pas.
Soudainement, un bruit d'éclatement se fit entendre, tels plusieurs ballons d'eau qui tombent par terre. Le lac s'agita à nouveau. La grande lumière envahit tout le périmètre pendant quelques secondes. Quelque chose de projeté dans l'air retomba lourdement sur un amas de pierres plus loin. Énaloïse se leva pour rejoindre Klaus maintenant allongé par terre.
Il avait des blessures ouvertes partout et du sang coulait de ses lèvres. La respiration fine et brusque, il tenta de déglutir. Sa jambe gauche était arquée dans un angle surnaturel. Énaloïse s'agenouilla et se rapprocha :
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Reste avec moi ! lui dit-elle en touchant son visage.
Elle appela Tiffany à l'aide, sans réponse. Le vent soufflait sur les feuilles des arbres. Énaloïse se prit de panique quand elle sentit la respiration de Klaus s'affaiblir de plus en plus.
- Reste avec moi ! On va appeler de l'aide… TIFFANY !!
Elle se sentait si lourde et frêle à la fois. Son regard balayait frénétiquement les à l'entour. Énaloïse se leva, les mains au coin des lèvres en mégaphone pour mieux crier à l'aide. Elle accourut vers son sac à main par terre et agrippa son télégone, puis saisit le numéro d'urgence. Il toussait maintenant lourdement, tout en crachant des goulées de sang.
Une standardiste lui répondit et elle lui expliqua le nécessaire. Avec la standardiste à l'oreille, elle s'approcha de Klaus à nouveau. C'est à ce moment-là qu'elle se rendit compte qu'il avait cessé de tousser. Son visage s'était raidi et son regard était vide. Énaloïse vérifia son poul. Rien. Son souffle s'était éteint.
- Klaus ! s'écriât-elle en sanglot. S'il vous plait, venez vite ! Il ne respire plus !
Elle appela de nouveau Tiffany et Yohan qui ne venait toujours pas.
- Mon Dieu, ce n'est pas possible ! Mon dieu… dit-elle se couvrant la bouche, ses larmes se déversant sur ses joues.
- Madame, écoutez-moi. J'ai besoin que vous gardiez votre calme, lui dit la standardiste d'un ton sec, je vais vous indiquer comment faire pour sauver votre ami...
Tiffany et Yohan apparurent. José était là lui aussi. Les mots se mélangeaient dans la tête d' Énaloïse. Non seulement les sons se confondaient, mais aussi elle ne se sentait plus. Tiffany prit le relais au téléphone avec la standardiste et commença un massage cardiaque sur Klaus. Mais Énaloïse ne savait plus, elle ne se sentait plus là. C'était comme si elle flottait dans l'air et voyait des images linéaires qui n'avaient pas de sens. Peut-être que rien n'avait de sens et que tout était irréel de toute façon. Peut-être n'était-elle pas vraiment là...
Elle toucha le bras de Klaus d'une main faible, pendant que Tiffany effectuait du bouche-à-bouche. Ensuite, son regard se figea sur la surface du lac. Le reflet calme de la lune avait pris la place de la lumière blanche auparavant déchirante. Sa vue s'assombrit, et les bruits déjà lointains se firent sourds.