3e jour de septembre du calendrier impérial unique. Mikaelov Andreev continuait à avancer, son regard épuisé fixé sur les débris jonchant son chemin. Les flammes s'élevaient à l'horizon, emportant avec elles l'odeur singulière de la destruction qui avait touché les bâtiments à proximité.
Le mot "обвал" (effondrement) résonnait dans l'air, une réalité cruelle qui avait transformé la vie de Mikaelov. Au début de la guerre, ce mot faisait trembler ses membres, mais maintenant il ne représentait plus qu'un écho de la fatalité. Il se demandait à quoi servait sa vie, et la conviction que ses frères et sœurs reprendraient le flambeau, animés de rêves qui ne demandaient qu'à être brisés, le hantait.
Son arme, la fidèle PKM, était prête à l'usage, un rappel constant de la brutalité de son existence. Les rats qui se faufilaient dans les décombres étaient les seuls compagnons dans cette terre dévastée, et Mikaelov se maintenait en alerte, prêt à affronter l'ennemi à tout moment. Pourtant, même avec une arme entre ses mains, il ne pouvait s'empêcher de rêver à un lit douillet et à la fin de cette spirale infernale.
Devant lui s'étendait un dédale de pièces, un grand corridor baigné dans une atmosphère sombre et oppressante. C'était comme pénétrer dans un cauchemar sans fin. Mikaelov frissonna, son souffle errant dans l'air chargé de tension. Chaque pas semblait être un pas de plus dans l'inconnu, où les ombres et les ruines s'entremêlaient dans une danse macabre.
Il pressa le pas, les pensées de ses frères et sœurs à l'esprit. La guerre avait sculpté son être, mais il n'avait pas l'intention de laisser son histoire s'éteindre sans laisser de trace. Le bruit des tirs au loin rappela à Mikaelov la nature implacable de la guerre qui continuait de dévorer tout sur son passage, y compris les rêves des générations futures.
Mikaelov traversa le corridor sombre, sa PKM toujours prête à cracher le feu en cas de besoin. Les échos lointains des tirs résonnaient comme un sinistre leitmotiv dans cette symphonie de destruction. Chaque pas résonnait dans le silence oppressant, tandis que les ombres des débris semblaient danser sur les murs décrépits.
Soudain, une silhouette émergea des ténèbres. C'était un autre soldat de l'USRS, le visage marqué par les stigmates de la guerre. Ses yeux reflétaient la même lassitude, la même résignation. Sans un mot, les deux hommes se croisèrent, échangeant un regard empli de compréhension mutuelle.
Le camarade anonyme s'éloigna, se fondant à nouveau dans l'obscurité du corridor. Mikaelov, quant à lui, continua son avancée solitaire. Le destin de chacun semblait tracé, des vies sacrifiées sur l'autel d'une guerre sans fin.
Il arriva finalement devant une porte vermoulue qui grinça lamentablement en s'ouvrant. La pièce au-delà était éclairée faiblement par la lueur des flammes qui dévoraient la ville à l'extérieur. Des ombres dansaient sur les murs, comme des spectres réclamant justice pour les vies perdues.
Mikaelov s'avança prudemment.
La pièce était autrefois un lieu de vie, maintenant réduit à une ruine fumante. Des photographies déchirées jonchaient le sol, témoignages muets d'une époque révolue. Il pouvait presque entendre les rires joyeux et les murmures d'une vie qui n'était plus.
Soudain, une brise glaciale balaya la pièce, éteignant la faible lumière. Mikaelov sentit une présence indescriptible, comme si les âmes des défunts murmuraient à travers les débris. Son cœur battait la chamade, et il comprit que cette pièce était un mémorial silencieux, rappelant à tous les soldats perdus dans ce labyrinthe de la folie.
Alors que Mikaelov s'apprêtait à quitter la pièce, un éclair déchira le ciel, suivie par un grondement lointain. L'instant d'après, l'effondrement retentit. Les murs tremblèrent, les débris s'effondrèrent, et Mikaelov fut englouti dans le chaos.
Mikaelov se retrouva submergé par l'effondrement, des débris s'abattant autour de lui dans un tourbillon chaotique. La poussière l'étouffait, et pendant un moment, il perdit toute notion de l'endroit où il se trouvait. Puis, à travers la confusion, un son lointain perça l'air étouffé.
C'était un grondement sourd, un murmure provenant des entrailles de la terre. Mikaelov lutta pour se relever, sa vision encore trouble par les débris en suspension. La lueur des flammes qui avaient englouti la ville était désormais étouffée, laissant place à une semi-obscurité oppressante.
Le grondement se transforma en un bourdonnement persistant, empreint d'une étrangeté indescriptible. Toujours armé de sa PKM Mikaelov avança avec précaution à travers les décombres. Ses sens étaient en alerte, son esprit cherchant à comprendre la menace qui planait.
Alors qu'il explorait les ruines, des éclats de lumière intermittents zébraient le ciel, éclairant brièvement les débris et les ombres lugubres qui s'étendaient devant lui. C'était comme si le monde lui-même était en train de se déchirer.
Un écho de conversations lointaines parvint à ses oreilles, des voix déformées par une énergie inconnue probablement le soldat perçu plus tôt. Mikaelov avança avec prudence, suivant le son éthéré qui semblait l'appeler. La ville en ruines était devenue une toile de fond irréelle pour ce cauchemar en cours.
Soudain, une lueur intense aveugla Mikaelov. Un éclair déchira le ciel, illuminant brièvement le paysage dévasté. La vague de chaleur qui suivit rappela la brutalité du combat. Des éclairs pulsants se dessinaient à l'horizon, laissant des traînées de lumière dans leur sillage.
C'était une nouvelle arme, un déferlement d'énergie destructrice, une terreur que l'ennemi avait déchaînée sur cette terre déjà meurtrie. Mikaelov comprit alors que sa survie n'était qu'un hasard, un caprice du destin dans cette danse macabre.
Le murmure du grondement augmenta en intensité, enveloppant Mikaelov dans une symphonie de destruction. Les ombres des ruines semblaient se tordre, comme si la réalité elle-même pliait devant la puissance dévastatrice. L'air était chargé d'une électricité statique, laissant présager une violence imminente.
Mikaelov, résolu à marquer son passage sur cette terre déchue, avança vers l'inconnu. Les éclats de lumière et les murmures distordus l'entourèrent, tandis que l'horreur de la guerre prenait une nouvelle forme, plus sinistre et mystérieuse que jamais.