Le 1e jour de septembre du calendrier impérial unique, dans une ville nommée Svetograd, Ekaterina Ivanova se battait pour survivre. Svetograd, dans son architecture imposante portait une histoire et un caractère uniques, elle était maintenant plongée dans l'ombre sinistre de la guerre qui déchirait le pays de L'USRS.
La mobilisation avait réquisitionné le mari d'Ekaterina, laissant derrière lui sa femme et leur fils unique, Ivan. La vie quotidienne était devenue une bataille constante pour Ekaterina, une lutte pour nourrir son enfant et échapper aux griffes implacables de la misère.
Ekaterina, vêtue d'un manteau usé et portant les marques de la privation, se faufilait à travers les ruelles délabrées de Svetograd. Les échos des bottes militaires résonnaient, soulignant la présence constante de l'armée et de l'autorité.
Elle se dirigea vers le marché noir de la place Igorov, le dernier bastion de survie dans cette ville en proie à la pénurie. Les étals délabrés proposaient des marchandises rares et chères, mais Ekaterina n'avait pas d'autre choix. La nourriture était devenue une denrée rare, et elle devait tout faire pour assurer la subsistance de son fils.
Des échanges secrets se déroulaient dans l'ombre du marché. Des marchands sans scrupules vendaient des portions maigres à des prix exorbitants, exploitant la détresse de ceux qui luttaient pour survivre. Ekaterina n'avait pas d'argent en abondance, mais elle possédait une monnaie plus précieuse : sa dignité.
Elle s'approcha d'un marchand taciturne, dont le regard révéla une cruauté dissimulée derrière des yeux indifférents. Ekaterina négocia avec une détermination silencieuse, sacrifiant chaque once de fierté pour obtenir quelques morceaux de pain et un peu de viande.
La violence larvée flottait dans l'air alors qu'Ekaterina s'éloignait du marché, sa précieuse cargaison cachée sous son manteau. Elle savait que chaque bouchée serait gagnée au prix d'une lutte acharnée et humiliante, mais c'était la réalité brutale d'une mère déterminée à nourrir son fils. De retour chez elle, une modeste demeure aux murs ébréchés et mortue d'histoire, Ekaterina partagea son maigre butin avec Ivan. Les yeux affamés de l'enfant se posèrent sur la maigre pitance avec gratitude. C'était un repas de survie, une victoire éphémère dans une guerre quotidienne pour laquelle Ekaterina n'avait pas demandé à s'engager.
Les journées à Svetograd s'étiraient en une toile tissée de misère et d'incertitude. Ivan, le fils d'Ekaterina, était un garçon maigre aux yeux empreints d'une innocence perdue. Ses joues creuses témoignaient de la famine qui sévissait dans la ville, alors que chaque repas était une bataille pour apaiser les plaintes de son estomac affamé.
La mobilisation touchait désormais même les plus jeunes. Des rumeurs circulaient à propos d'une nouvelle directive draconienne : la conscription des enfants. L'idée même de voir Ivan, à peine âgé de dix ans, enrôlé dans ce conflit impitoyable, hantait les pensées d'Ekaterina. Elle ne comprenais pas pourquoi les femmes n'étaient pas mobilisées, mais la réponse était très facile, la fertilité.
Un jour, alors qu'ils se tenaient devant la porte de leur demeure modeste, un fonctionnaire sombrement vêtu apparut. Il portait un brassard arborant le symbole du gouvernement, une sinistre étoile qui jetait une ombre sur toute la ville. Ivan s'accrochait à la jupe de sa mère, son regard curieux cherchant à comprendre l'intrusion soudaine.
Le fonctionnaire, d'une voix dépourvue de toute compassion, informa Ekaterina que son fils était requis pour servir dans le conflit pour protéger le grand secrétaire. Le cœur d'Ekaterina se serra, une angoisse glaciale la saisissant. Elle tenta de plaider, de supplier, mais les mots tombaient dans l'oreille d'un sourd, les ordres ne pouvant être contestés.
Ivan, ignorant la portée de ce qui l'attendait, regarda sa mère avec des yeux interrogateurs. Ekaterina l'étreignit, murmurant des paroles rassurantes qu'elle-même ne croyait plus '' Vse budet khorosho, syn moy, Velikiy zashchitit tebya. '' ( It will be all right, my son, the Great One will protect you.). Elle savait que ce départ précipité pourrait bien être la dernière fois qu'elle tiendrait son fils dans ses bras.
Quelques heures plus tard, les enfants furent mobilisés sans même avoir reçu d'instructions claires.. Les rues de Svetograd étaient remplies du chuchotement désespéré des mères qui voyaient leurs précieux enfants être emmenés, une génération sacrifiée sur l'autel de la guerre.Ivan, parmi la cohorte d'enfants, jetait des regards perdus à sa mère. Ekaterina le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse au tournant d'une rue.
La ville était plongée dans un silence de mort, seulement troublé par les sanglots étouffés des mères désespérées. Les jours qui suivirent furent comme un cauchemar éveillé pour Ekaterina. L'absence d'Ivan était une blessure béante, et la culpabilité de l'avoir laissé partir rongeait son cœur déjà meurtri.
La guerre, autrefois éloignée, avait désormais emporté jusqu'à l'innocence de son fils. Svetograd, déjà en proie à la famine et à la douleur, pleurait la perte de sa jeunesse, emportée par une mobilisation brutale. La ville, témoin silencieux de la tragédie, se tenait toujours debout, une sentinelle muette sur le front d'une guerre qui dévorait tout sur son passage.