William Georges Bruce Cavendish deuxième du nom était en vacances, enfin. Cela ne lui était pas arrivé depuis des années, et après son divorce avec sa femme, ou plutôt son ex femme qui lui avait pris une bonne partie de sa fortune, il pensait vraiment avoir mérité des vacances. Mais même ainsi, cela n'avait pas été facile à obtenir malgré toute la bonne volonté du monde. William, Will pour les intimes même s'il y en avait peu qui pouvaient s'en vanter d'en faire partie, faisait partie d'une illustre famille de Barons anglais, cette même famille rattachée à une grande maison ducale, il avait donc beaucoup de restrictions en tant que noble, même s'il restait plus libre car il n'était que le sixième fils, donc bien loin dans la liste de succession au titre. Âgé de trente cinq ans, il avait su se faire un nom dans le monde des affaires en créant sa propre entreprise quinze ans plus tôt, et aujourd'hui il comptait comme l'une des plus grosses fortunes du pays, indépendamment de la fortune de sa famille.
Bien sûr son statut de noble et de millionnaire lui avait valu l'attention de toutes sortes de femmes vénales et il avait eu la malchance d'épouser la pire de toutes, Margaret Huntington. Cette dernière était issue d'une famille assez bourgeoise du pays, son grand père ayant fait fortune dans la création de bijoux, c'était d'ailleurs dans une exposition d'un de ses diamants bleus qu'il avait rencontré Margaret. Elle était belle, cultivée et pleine de vie, il avait aimé son indépendance et sa manière d'être, sa confiance en elle et son humour. Leur relation avait fait la une des tabloïds anglais, lui, fils d'une maison de barons et elle fille d'un riche créateur de bijoux, lancés dans une relation torride, tout le monde avait été lancé dans des spéculations rocambolesques sur leur relation. Il pensait avoir trouvé la femme de sa vie et l'avait donc épousé, au grand dam de sa famille qui avait espéré le voir épouser une femme issue de la noblesse, il avait même failli ne pas établir de contrat de mariage pour elle mais avait cédé devant sa mère pour la rassurer, et finalement il avait été bien déçu.
Seulement trois ans après leur mariage, il avait ouvert les yeux sur la femme qu'il avait vraiment épousé. Une femme vénale dont la principale occupation était de dilapider sa fortune, non sans le rendre cocu avec diverses célébrités masculines du pays. Lorsqu'elle fut prise sur le fait, à savoir dans leur lit conjugal alors qu'il rentrait un jour plus tôt d'un voyage d'affaires, elle n'eut même pas la décence de s'excuser. Au contraire elle fit ce qu'elle savait faire le mieux, jouer la victime et le faire passer pour le méchant de l'histoire, lui reprochant et ne jamais être là et d'être toujours occupé avec son travail. Ce qu'il trouvait ironique car s'il ne travaillait pas suffisamment il avait peur que toute sa fortune finisse dans les chaussures Louboutin ou Jimmy Choo qu'elle ne pouvait s'empêcher d'acheter toutes les semaines.
Elle l'avait supplié de lui pardonner, implorant l'amour qu'il ressentait à cette époque pour elle, se servant de son corps plantureux pour le divertir et cela avait réussi vu qu'ils avaient couché ensemble le soir même. Il avait donc décidé de tourner la page, et de construire une vie de famille ensemble tous les deux, elle semblait beaucoup se repentir. Il voulait des enfants, et elle disait vouloir la même chose, mais ils avaient essayé sans succès et elle semblait bouleversée, tellement qu'il avait pensé à renoncer à se rêve. Mais il avait vite découvert qu'une fois encore elle s'était moqué de lui, la vérité lui avait sauté en pleine gueule. Une nuit, alors qu'elle était dans la salle de bains et lui demandait une serviette propre, il avait fouillé dans ses affaires pour en trouver, seulement pour tomber sur une boîte de pilules contraceptives et d'une ordonnance prouvant que le traitement était juste récent. Elle prenait donc la pilule en cachette et lui avait tout de même fait croire qu'elle se sentait mal de ne pas pouvoir en avoir.
Cette découverte avait anéanti toute la confiance et l'amour qu'il ressentait pour elle, il avait remis les médicaments en place comme si de rien n'était et avait récupéré la serviette pour la lui passer. Il n'avait fait savoir à personne ce qui se passait, à la place il avait contacté son avocat pour entamer une procédure de divorce avant de prendre ses affaires sous prétexte d'un voyage d'affaires. Lorsque Margaret avait appris la nouvelle elle avait été si en colère qu'elle failli mettre le feu à sa maison, mais heureusement la police était vite intervenue, empêchant l'incendie de se propagé plus loin dans son manoir du centre de South Kensington. L'affaire avait éclaté et au grand jour et fait la une des journaux encore une fois, son mariage était devenu un sujet de moqueries pour les autres, et la vérité sur les infidélités de sa femme avaient fruitées dans la presse à scandales.
Ironie du sort, sa femme qui avait fait un énorme scandale parce qu'il osait se séparer d'elle avait exigé une somme de deux cents cinquante milles livres pour qu'elle puisse s'en aller sans lui causer de problèmes. Il avait finit par concéder de lui en verser deux cents milles et même là ce n'était facile pour qu'elle accepte le deal, d'où le long divorce, sans oublier qu'elle voulait le manoir, là aussi il avait cédé. Tout cela l'avait épuisé, mais le pire fut d'affronter les reproches incessant de ses parents qui lui répétaient sans cesse qu'ils l'avaient prévenu de ne pas épouser ce genre de personnes, même s'il devait avouer qu'ils avaient eu raison que ce coup et qu'il aurait dû les écouter, mais qu'il avait préféré se rebeller. C'est donc après toutes ces mésaventures qu'il avait décidé de prendre des vacances bien méritées dans sa villa au bord de la plage située à St Andrews en Écosse, une charmante maison de deux cents mètres carrés exposée plein sud, avec une plage privée. Cette villa était sensée être une maison de vacances pour lui et sa femme, il comptait lui en faire la surprise, et maintenant elle était devenu son refuge pour se consoler de son divorce, vraiment la vie savait comment vous baiser le cul sans lubrifiant.
Il avait préparé son voyage au préalable, en traitant des dossiers les plus urgents qu'il avait à étudier, il avait avancé des rendez-vous avec des clients pour s'accorder une disponibilité d'un mois loin de tout ce beau monde. Bien sûr il savait qu'il ne serait pas vraiment en vacances, et pour cela il avait pris avec lui son ordinateur portable juste au cas où. Et maintenant il était là, assis en première classe d'un avion qui le conduirait de Londres à Edimbourg, alors que hôtesse de l'air essayait de toute évidence de le séduire. Peine perdue, il n'était vraiment pas d'humeur à s'intéresser aux femmes depuis Margaret, surtout qu'elle était loin d'être aussi belle qu'elle. Il se demandait même s'il pourrait de nouveau ressentir ce qu'il avait ressenti avec qui que se soit.