- Mais il est trop bizarre ce mec !
Ce qu'on aime dans les amis que l'on connaît, c'est aussi leur prévisibilité rassurante.
Eshu savait qu'elle pouvait compter sur EleHan pour l'aider à rire et à dédramatiser. Et là elle en avait bien besoin.
- Oui, il était vraiment très… Strict. Stressant en fait. Je te promets, j'ai discuté 5 minutes avec lui, j'ai eu mal à la tête pendant 2 heures après…
- Normal ! Qu'est ce que tu vas faire alors ? Tu continues ou pas ? Avec un type aussi glaçant, moi j'arrête direct.
Eshu fut surprise de la question, et fut encore plus surprise d'être surprise.
Elle se rendit compte que la pensée d'arrêter, qui l'avait traversée pendant l'entretien de la veille avec Damien, n'était pas revenue.
Pour elle, c'était une évidence qu'elle continuait.
Le challenge de Damien était difficile, inconfortable, et cela la mettait en tension. Mais elle s'était lancée dans cette aventure, et elle était résolue à aller jusqu'au bout.
Malgré la froideur un peu inconfortable de son nouveau référent.
- Je ne sais pas El. Je pense que je vais continuer, on verra bien.
- … ok. Et ça ira avec les cours ?
Aïe… la question qui fait mal.
Depuis qu'elle s'était relancée dans le jeu, elle ne pouvait nier qu'elle s'était laissée absorber au-delà de ses temps de jeu habituels.
EleHan perça immédiatement à travers le silence de son interlocutrice :
- C'est cool que tu aies trouvé un truc qui te plaise, Eshu, mais c'est pas le moment de déconner, sérieusement.
- Je sais, je sais.
- On est à 4 mois de finir notre année, je ne veux pas que tu la plantes maintenant.
- Oui maman.
- Arrête de m'appeler maman.
- Oui mère.
- Tu bois un coup ?
- Allez oui.
Eshu essayait d'esquiver la conversation, et EleHan n'était pas dupe. Mais tant pis.
De toute façon, le message était bien reçu.
La fin d'année voyait la charge de travail des deux jeunes filles s'accroître : mémoire, examens, recherche de lieu de travail.
Ce n'était pas le moment de se relâcher.
Il était vrai que se mettre maintenant sérieusement au jeu vidéo n'était peut être pas l'idée du siècle…