La neige tombait sans relâche, recouvrant tout d'un épais manteau blanc. Le froid était impitoyable, mordant tout ce qui se trouvait dans ce paysage gelé. Pourtant, Aiden ne ressentait rien. Ni le vent glacial qui fouettait son visage, ni la violence du froid sur sa peau. Il avançait dans ce silence lourd, seulement interrompu par le craquement de ses bottes sur la neige gelée, un bruit presque troublant dans cette étendue de blanc éclatant. Autour de lui, le paysage semblait figé, comme un tableau mort et immaculé qui ne laissait entrevoir aucune vie.
"Où suis-je ?" murmura-t-il, perdu. L'étendue qui l'entourait ne semblait pas offrir d'espoir, un monde figé dans le froid. Il s'arrêta un instant, ses pensées tourbillonnant comme des flocons de neige. "Pourquoi… pourquoi suis-je si calme ?" murmura-t-il, presque pour lui-même, espérant que l'univers lui fournirait une réponse. Il aurait dû ressentir de la peur, ou au moins un frisson, mais il n'en était rien. Ce calme l'angoissait, le rendant étrangement distant.
En marchant, il aperçut les vestiges d'un village enseveli sous des monticules de neige, une vision macabre d'habitations pétrifiées, figées depuis des éons. Une peur sourde s'immisça en lui alors qu'il s'approchait d'une scène encore plus troublante : trois silhouettes couchées dans la neige. Son cœur battit plus vite alors qu'il s'approchait, espérant y trouver un signe de vie. Mais il s'arrêta, frappé par la vision tragique.
Un homme et une femme, recroquevillés l'un contre l'autre, entouraient une petite silhouette. Un enfant. Tous les trois étaient figés dans le froid, leurs visages marqués par la peur, leurs yeux fermés à jamais. Aiden, malgré l'horreur de la scène, ne sentait toujours rien. Pas de froid, pas de frisson. Juste un détachement étrange, comme s'il observait une scène d'un rêve lointain.
"Pourquoi je reste si… détaché ?" demanda-t-il, le regard fixé sur les corps immobiles. "C'est comme si cette réalité ne me touchait pas." Ses mots, à peine plus qu'un murmure, se perdaient dans l'immensité du silence. Ce qu'il voyait aurait dû le troubler, le plonger dans l'angoisse. Mais au lieu de cela, un calme presque irréel le maintenait à distance de cette vérité glaçante.
Il continua son chemin et atteignit un sommet enneigé. D'en haut, il découvrit un paysage étrangement lumineux : un soleil brillant dans un ciel d'un bleu pur illuminait la neige d'une lumière blanche et froide, sans jamais la faire fondre. Au centre de ce désert blanc, une orbe scintillait, pulsant comme un cœur gelé, projetant des flocons dans l'air et ajoutant encore plus de neige à ce monde déjà enseveli. Aiden la fixa, à la fois fasciné et inquiet. "Qu'est-ce qui m'arrive… pourquoi suis-je insensible à tout ça ?" murmura-t-il en regardant ses mains, espérant y trouver une réponse à ses tourments.
Alors qu'il se posait ces questions, un bruit de pas s'approcha derrière lui. Se retournant brusquement, Aiden découvrit une silhouette humanoïde, presque entièrement recouverte de glace, comme si elle-même était devenue une partie de ce paysage gelé. Le froid émanait de cette figure mystérieuse, ajoutant à l'étrangeté de la situation.
La silhouette s'arrêta à côté d'Aiden, son regard fixé sur l'orbe scintillant. "Magnifique, n'est-ce pas ?" dit-elle d'une voix glaciale, résonnant comme un écho d'un monde oublié. Ne comprenant pas le sens de la question, Aiden répondit, l'inquiétude teintant sa voix : "Qui êtes-vous ?"
À ce moment-là, la silhouette tourna son regard vers lui, et une vague de froid l'envahit, comme si l'air autour de lui avait glissé dans l'arctique. Ses yeux d'un bleu glacial ne montraient aucun signe de chaleur ou d'émotion, et Aiden sentit son cœur se serrer. Avant qu'il ne puisse articuler quoi que ce soit, un cri retentissant d'un aigle brisa le silence. L'aigle atterrit doucement sur le bras de la silhouette. C'était un oiseau majestueux, d'un plumage blanc comme la neige, avec des yeux fascinants : un bleu glacial et un vert étincelant qui semblaient percer l'âme d'Aiden.
La silhouette caressa doucement son aigle, une lueur de tendresse fugace traversant son visage impassible. "Aquila, chaque chose en son temps," murmura-t-elle, comme une promesse chargée de mystère.
Aiden sentit une poussée d'espoir mêlée d'angoisse. Cet être, cette entité, savait peut-être pourquoi ces événements se produisaient et pourquoi il se trouvait ici. "Pourquoi suis-je ici ?" demanda-t-il d'un ton pressé, son cœur battant la chamade, une chaleur soudaine envahissant son être.
La silhouette l'observa un instant, son regard impassible. "Parce que je voulais te montrer quelque chose et t'expliquer ce qu'est vraiment le terme 'Aquila', n'est-ce pas ?"
Elle retourna alors son regard vers l'orbe, une lueur inquiétante dans ses yeux. "Vois-tu cet orbe ? C'est ce que votre monde appelle le froid mordant, ou la Prophétie d'Ithlinne, un froid inarrêtable qui pourrait anéantir des mondes sans distinction, à moins que la fille de sang ancien ne détruise cet orbe au péril de sa vie."
Aiden,insista et dit : "Ciri est celle dont vous parlez, n'est-ce pas ?"
La silhouette continua de contempler l'orbe, son expression se faisant plus sombre. "Malheureusement, l'orbe est devenu plus puissant qu'il ne l'aurait dû. La fille de sang ancien n'aura aucune chance contre lui, sauf si elle est accompagnée de son champion, celui qui l'aidera dans sa quête avec son pouvoir."
Elle le fixa intensément, et Aiden sentit une pression dans l'air. "Tu vois, le monde est régi par différents dieux, certains oubliés, d'autres adorés, comme dans le tien. Mais tous les mondes ont oublié les quatre dieux primordiaux qui ont créé la terre de ton monde. C'est nous qui avons façonné les diverses vies qui habitent ta terre."
Aiden fronça les sourcils "Mais pourquoi moi ? Pourquoi m'impliquer dans cela ? Je ne suis qu'un simple sorceleur."
La silhouette fit apparaître quatre symboles dans les airs : un glaçon, une feuille d'automne, une rose et un soleil. "Ces symboles représentent mes frères et sœurs, ainsi que moi-même. Mon frère Lavas, symbole de l'automne, incarne le changement, le déclin et la mélancolie. Ma sœur Tuilë, représentante du printemps, est le symbole de la renaissance et de l'espoir. Ma sœur Nimloth incarne la passion et l'amour, et enfin, moi, Hísië, symbole de la mort et du mystère."
Les symboles brillèrent un instant avant de disparaître, et la silhouette me fixa à nouveau, son regard perçant. "Nous sommes les créateurs de différents mondes et espèces vivantes. Tuilë s'occupait de donner naissance à la vie, Nimloth veillait sur les émotions de ces êtres, Lavas nourrissait les idées nouvelles, et moi, je m'occupais de la mort de toute chose. Mais alors que la paix prospérait sur notre terre, un enfant qui n'aurait jamais dû apparaître vit le jour, l'enfant de moi et de Tuilë."
Elle regarda à nouveau l'orbe, son expression empreinte de tristesse. "Notre fille, Morniel, était notre amour, notre trésor, mais ses péchés grandissaient sans que nous le sachions. C'était trop tard avant que nous n'intervienne, car en cachette, elle a créé des monstres, des émotions pour les humains truffées de péchés, cherchant à détruire son prochain. En fait, elle a créé ce que vous appelez..." La silhouette s'arrêta un instant, son regard se faisant intense. "Vous appelez cela la Conjonction des Sphères."