Un groupe d'une vingtaine d'adolescents marchaient lentement mais prudemment dans la forêt. Ils portaient tous des habits luxueux et encombrants peu appropriés à la situation. Cela rendait leur progression plus compliquée mais ils s'en fichaient.
Le groupe de vingt-deux était composé de dix-sept hommes et cinq femmes. Parmi ces dernières se trouvait une jeune beauté blonde appelée Elena. A ses côtés se trouvaient deux jeunes hommes aux traits faciaux similaires, et pourtant différents. Ces deux jeunes hommes étaient ses demi-frères, les Sixième et Septième Princes de l'Empire de Tsurannel. Ils s'appelaient respectivement Altezar Vérénil Tsurannel et Baralt Istrya Tsurannel. Les autres membres du groupe étaient des fils et filles de nobles plus ou moins puissant, chacun affilié avec l'un des deux princes.
Elena faisait partie de ce groupe par pur chance. Après être entrée dans la Dimension Secrète, elle avait erré sans but dans la forêt. Ne possédant aucune capacité de combat car n'étant qu'une prêtresse, et ayant l'habitude que les autres s'occupent d'elle, les quelques jours dans la forêt furent très difficiles. Elle se fit pourchasser par des bêtes magiques, et deux fois par des participants. Incapable de se préparer un endroit où dormir ou à manger, elle passa ses jours de solitude affamée et fatiguée.
Heureusement, elle avait fini par tomber sur le groupe de ses deux demi-frères lors de son cinquième jour dans la Dimension Secrète. Les évènements tournèrent au mieux dès ce moment. Elle avait des coéquipiers pour la protéger, de quoi manger et un campement rudimentaire pour dormir. Elle était instantanément passée d'un état nerveux, effrayé et stressé à un calme et détendu. Les jours passèrent ensuite alors qu'elle faisait partie de ce groupe. Déambulation à travers la forêt, combat contre d'autres participants et des bêtes magiques, ainsi que de l'exploration.
Et c'était ce que faisait le groupe en ce moment, plus d'une semaine après le début du tournoi. Il avançait lentement à travers les arbres. Leurs regards couraient un peu partout, mais pas seulement par prudence, de peur d'être attaqué par un ennemi inconnu. Ces regards surveillaient, et cherchaient.
Un jeune homme sauta d'un arbre et rejoint le groupe, un grand sourire aux lèvres.
« J'ai enfin trouvé les ruines, Vos Altesses.
-Bien joué, Fred, s'exclama Baralt avec un sourire excité. Exactement ce à quoi je m'attendais de la part de mon bras droit ! Ha ha ha ha !
-Bon travail. Tu as pu t'approcher et voir de quel genre de ruines il s'agissait ? Et y a-t-il d'autres personnes qui ont réussi à les trouver ?
-Je n'ai vu personne à l'extérieur, Votre Altesse Altezar. Il est possible que des personnes soient déjà en train d'explorer les ruines, par contre, comme je ne suis pas entré. En ce qui concerne les ruines en elles-mêmes, je suis désolé. J'ai bien trouvé quelques panneaux et murs sur lesquels on avait écrit mais je suis incapable de comprendre le langage.
-Ce n'est pas grave. Si tu ne comprends pas la langue, c'est que c'est vieux. Et donc on devrait pouvoir trouver des choses intéressantes à l'intérieur, pas vrai Altezar ?
-Je suppose que oui, Baralt. Et puis, même si ce n'est pas un trésor comme on l'entend, des reliques historiques feront bien l'affaire. Suivant leur époque d'origine, elles peuvent avoir une grande valeur. Et vu qu'il n'y a personne … …
-Dans ce cas, c'est décidé. En avant ! Montre-nous le chemin, Fred !
-Bien sûr, Votre Altesse. »
Le jeune nommé Fred s'inclina légèrement et repartit, menant le groupe vers les ruines. Un peu moins d'une heure plus tard, ils arrivèrent aux ruines. Il s'agissait d'une cité en pierre mais, elle était presque entièrement enterrée sous de la terre, de la mousse, des herbes et des arbres. Seuls quelques restes de bâtisses au centre de l'ancienne cité restaient encore visibles. Mais ces restes n'étaient que des pierres et des briques fendues et ne tenant qu'à peine en place.
« Woah, c'est vraiment vieux ici ! Ça doit faire des milliers d'années que c'est abandonné ! Tu en penses quoi, Altezar ?
-Probablement bien plus longtemps. Je ne suis pas un expert mais cette langue date d'avant l'Empire de Tsurannel au moins. Il y a un connaisseur d'histoire dans le groupe ?
-Oui, moi.
-Tu es … Amed Straled, le troisième fils de la Famille de Marquis Straled, n'est-ce pas ?
-C'est cela, Votre Altesse.
-C'est étonnant qu'un fils de noble s'intéresse à l'histoire. Je sais que c'est moi qui aie demandé, mais je ne m'attendais pas à une réponse.
-Ha ha ha ha, c'est juste que je ne suis pas aussi doué que mes frères pour le combat, répondit le jeune homme avec embarras, alors je me suis tourné vers d'autres méthodes pour aider ma famille. J'ai donc accumulé beaucoup de connaissances.
-Tu n'as pas à être embarrassé. Décider de t'effacer pour le profit de tes frères et de supporter ta famille dans l'ombre est très honorable.
-Ha ha ha, merci pour le compliment, Votre Altesse.
-Trêve de blablas, dis-nous plutôt ce que tu peux sur ces ruines, s'exclama Baralt.
-Bien sûr, Votre Altesse. »
Amed se déplaça rapidement vers les murs. Il les toucha, les examina et étudia les écrits durant de longues minutes. Les autres membres du groupe l'observaient avec attention au départ mais se lassèrent après cinq minutes d'attente. Ils se mirent aussi à chercher des reliques et autres objets dans les ruines ainsi qu'explorer les alentours.
L'enthousiasme s'estompa cependant bien vite car il fallut moins d'un quart d'heure au groupe pour arrêter toute action et s'allonger dans l'herbe.
« Ha ha ha ha, j'ai trouvé, s'esclaffa bruyamment Amed au bout de plus d'une demi-heure d'études. J'ai enfin trouvé à quelle période ces ruines correspondaient.
-Enfin !
-Ha ha ha, désolé Votre Altesse. Ces ruines étaient beaucoup plus vieilles que prévues. Il n'existe presque aucun ouvrage sur sa période.
-Et de quelle période s'agit-il ?
-Eh bien, au vu de l'architecture, ou de ce qui l'en reste, et des écrits, cette cité est vieille d'au moins deux millions d'années. Trois millions au maximum car c'est vers cette époque que ce langage est apparue en premier.
-C'est si vieux que ça ?
-Oui, Votre Altesse Altezar. C'est tellement vieux, en fait, que je ne suis pas sûr que ce soit humain.
-Ce serait donc une ville démoniaque ?
-Non. Les démons viennent d'un autre monde et leur arrivé est beaucoup plus récente. Cette cité a soit été construite par de très lointain ancêtres, soit par une race intelligente antérieure aux humains et qui a disparu depuis.
-Vraiment ?! Les reliques présentes dans cette cité doivent donc valoir beaucoup d'argent !
-Malheureusement, Votre Altesse Baralt, la plupart des reliques n'ont pas dû supporter le passage du temps. Mais avec un peu de chance, nous devrions pouvoir trouver mieux que des reliques historiques.
-Oh ? De quoi tu parles Amed ?
-Eh bien, comme avec nos propres cités, il devait y avoir une place où ils entrainaient la jeune génération, ainsi qu'un entrepôt pour les élixirs, les artéfacts et les techniques martiales. C'est là que se trouve le véritable trésor de cette cité.
-Mais il y a deux problèmes. Le premier est si cela a résisté au passage du temps, contrairement aux reliques historiques. Le second, c'est trouver où tout cela se trouve.
-Je peux aider pour le second problème mais je ne peux rien pour le premier. Cela dépendra de notre chance.
-Je ne m'attendais pas à ce que tu puisses, sourit Altezar. C'est déjà bien de pouvoir trouver cet entrepôt. Cela devrait te prendre combien de temps ?
-Je ne sais pas. Cette ville est en très mauvais état donc ça va me prendre du temps. Plusieurs heures au moins. Et il est possible que l'entrepôt se soit effondré, aussi.
-Que de mauvaises nouvelles … … … On peut t'aider ?
-Oui. Il faudrait quadriller les ruines visibles à la recherche de certaines inscriptions. Attendez, je vais les écrire sur le sol. »
Amed attrapa une branche d'arbre et la brisa. Il nota ensuite quelques mots sur le sol dans l'antique langage de la cité. Il les regarda un instant et réfléchit, puis fit des modifications et des ajouts. Il continua ce manège quelques minutes afin d'hocher la tête d'un air satisfait.
« Voilà. C'est ce genre de texte qu'il faut trouver dans la cité. Celui-ci est pour la direction de l'entrepôt. Celui-là pour le nom de l'entrepôt. Il y aussi une chance que vous tombiez sur ces textes-là. De toute façon, si vous en trouvez un, appelez-moi. Mais essayez d'être sûr. Je n'ai pas envie de passer mon temps à faire des allers-retours partout dans la ville parce que vous ne comprenez pas la langue.
-Ha ha ha ha, ne t'inquiète pas. On ne t'appellera pas trop souvent. Enfin j'espère.
-Aaaaaah, bon, allons-y. Il est temps d'explorer de fond en comble cette cité. Mais faites attention, il y a probablement des souterrains.
-Merci du conseil, Amed. En avant, les gars ! »
Sur les ordres de du prince Baralt, le groupe se dispersa dans la ville. Chaque membre la passa au peigne fin à la recherche des textes montrés par Amed et de passages souterrains. Amed également, mais il portait une plus grande attention aux différents textes et à tout ce qui pouvait être considéré comme relique historique.
Ce travail leur prit plusieurs heures. Malgré qu'elle ne soit plus que ruines, la cité était originellement immense, capable d'abriter des millions d'âmes au minimum. Il était normal que les ruines soient grandes et que les rechercher avec attention prennent du temps. Mais avec un bon déploiement et une application précautionneuse et particulière, ils découvrirent tout ce que les ruines cachaient. Sous-sols, souterrains, habitations, caches secrètes.
Ils finirent ainsi par trouver le souterrain qu'ils cherchaient. Celui qui les conduirait vers l'entrepôt rempli de techniques martiales, d'artéfacts, d'élixirs et d'autres trésors. Les jeunes entrèrent dans le tunnel et le parcoururent avec excitation, mais prudemment. Ils savaient que ce genre de lieu devait être protégé par une multitude de pièges. Heureusement pour eux, la quasi-totalité était devenue inefficace avec le temps passé. Seulement une très faible quantité fonctionnait, mais seulement partiellement, ce qui ne représentait aucun danger.
Le groupe traversa le couloir sans difficulté. Il tomba, au bout de ce dernier, sur une grande porte en métal rouillé. Elle était impressionnante et semblait pouvoir résister à tout. Mais s'écroula lorsque les jeunes hommes et femmes poussèrent pour l'ouvrir. Un nuage de poussière se souleva lorsqu'elle s'effondra sur le sol, faisant tousser le groupe. Puis, quelques minutes plus tard, une fois la poussière retombée, une grande salle se révéla. Le groupe se rua à l'intérieur à la recherche de trésor. Mais la pièce était vide.
« Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que tout est vide ? Tu t'es trompé d'endroit, Amed ?
-Ha ha ha, non, il n'y a aucune erreur, mon frère.
-De quoi tu parles, Baralt ? C'est Amed l'exp-Aaaaaaaah ! »
Altezar stoppa sa phrase et hurla de douleur. Les membres du groupe se retournèrent, cherchant le Sixième Prince du regard. Et le découvrirent, une épée transperçant son ventre par derrière, tenu par son jeune frère Baralt.
L'instant suivant, de nombreux cris résonnèrent dans la salle souterraine alors que les subordonnés d'Altezar se faisaient poignarder par ceux de Baralt. Douze personnes moururent en quelques secondes. Les seules personnes toujours en vie étaient les subordonnés de Baralt et Elena. Cette dernière était horrifiée de la scène venant de se jouer. Elle voulut s'enfuir mais fut stoppé par Amed qui affichait un grand sourire mais dont les yeux étaient froids.
« Baralt, tu tu … pourquoi as-tu tué notre frère ?!!
-Je n'avais pas le choix, petite sœur. Ça faisait partie de leur demande pour que je prouve que je ne les trahirai pas.
-Leur demande ? Avec qui t'es-tu allié pour qu'ils te demandent de tuer l'un de nos frères ?!
-Avec nous, l'Empire Rudyon, jeune princesse. »
Elena se retourna vers l'entrée. Un beau et élégant jeune homme habillé de vert se trouvait à la place de la porte. Il était accompagné de quinze autres jeunes hommes qui servaient de garde-du-corps.
« Mon ami, le prince Esteban de Rudyon, comme tu peux le voir, j'ai tenu ma promesse. J'ai tué l'un de mes frères, le Sixième Prince de Tsurannel, et je t'offre ma sœur Elena, la seule princesse de Tsurannel.
-Ha ha ha, excellent. Mais tu fais une erreur. Ta sœur n'est pas pour moi mais pour l'un de mes grands frères.
-Je m'en fiche tant que je reçois l'aide promise.
-Et tu l'auras. Tu n'as pas idée de l'influence que Rudyon a sur Tsurannel dans l'ombre. Notre support se manifestera d'abord par de grosses sommes d'argent pour t'aider, toi et tes hommes, à vos équiper ainsi qu'à acquérir des terres et créer des liens avec des marchands et des nobles inférieurs. Et après, … … hé hé hé, tu n'as pas idée du nombre de puissantes familles qui veulent se débarrasser des Tsuran. Mais tu n'as pas oublié ton rôle après être devenu Empereur, n'est-ce pas ?
-Non, je m'en souviens. Rudyon m'aidera à devenir le dirigeant absolu de Tsurannel, et en échange je ferai de Tsurannel l'allié inconditionnel de Rudyon. Puis, les décennies passant, je dois faire en sorte que Tsurannel devienne le vassal de Rudyon.
-Tant que tu t'en souviens, c'est parfait. Et tu te demandes quel rôle tu vas jouer dans ce plan je suis sûr, Elena ? La réponse est double et simple. Tout d'abord, tu serviras d'otage pour empêcher l'Empereur de Tsurannel, ton père, d'intervenir directement dans notre plan et de se débarrasser de mon ami Baralt. Tu es sa seule fille et il semble qu'il te chérisse énormément. Je ne pense pas qu'il t'abandonne, même s'il n'hésiterait probablement pas pour ses fils. Certains d'entre eux, en tout cas, sourit le prince Esteban en parlant. Et la seconde raison est bien évidemment pour un mariage arrangé entre toi et l'un de mes frères, histoire de solidifier la relation entre nos deux empires. Baralt aura bien sûr droit à l'une de mes sœurs. Une beauté, tout comme toi, bien entendu.
-Un bon bonus pour moi tu ne trouves pas, petite sœur ?
-Baralt, tu, tu nous trahis tous ! Père, nos frères, nos mères. Absolument tout le monde.
-Père ? Il ne s'intéresse pas à moi. Je ne suis rien de plus que le fils n°7, l'un des fils sans talent et support dont la mère n'est que l'une des très nombreuses concubines provenant du peuple. Mais il est hors de question que je l'accepte ! Je suis bien plus méritant que nos frères qui se sont gavés de ressources grâce à leurs mères ! Je suis aussi bien meilleur qu'eux dans le management de territoire, de personnel et de l'économie mais personne ne me donne une chance de me prouver ! Si je n'ai pas droit à une chance, je vais la créer par moi-même et prouver une fois pour toute que je suis le meilleur ! »