\Pov Makarof/
Avant même de rentrer dans le hall, Makarof l'avait perçu. Cette énergie si particulière, qui semble graviter autour de ce jeune homme. Non, pas autour... à l'intérieur. Venant du plus profond de sa personne et se déversant autour de lui, comme un jus sortant d'un fruit trop pressé.
Pour n'importe quel mage ou citoyen lambda, il n'y aurait à priori, rien d'étrange qui puisse normalement être ressenti près de lui. Rien de particulier, rien qui ne pourrait vraiment le distinguer de la foule de mages et autres occupant l'endroit. A part peut-être une impression de nouveauté et de découverte.
Mais pour Makarof, maitre incontesté de Fairy tail depuis plus de quarante-cinq ans, disciple du grand maitre Precht, l'un des dix mages sacrés, connaisseur incontesté de nombreuses formes de magies et fin habitué de la pratique de la perception magique. Il était impossible, même en coupant sa concentration, de même ignorer la masse informe et dégoulinante qui se dégage de ce jeune inconnu.
Cette une sensation, presque une odeur, tellement difficile à décrire pour qui ne maitrise par la perception de magicules, ou "l'odorat de magie" comme le dit ce sale gosse de Natsu.
Une impression si spéciale, qui suinte sans interruption de cette personne en particulier.
Spéciale c'est sûr, mais pas en bien.
Makarof n'avait jamais ressenti ça de toute son existence, aussi particulière que celle qu'il a pu ressentir émanant de la tombe de Mavis, mais son exact opposé.
L'énergie qui venait de la tombe du Maitre fondateur était douce, calme, sereine… et en même temps si vivante, comme une amie avec laquelle on ne peut se mettre en colère, toujours là pour toi et toujours prête à profiter de la vie, et ce à chaque instant.
Douce, calme, amicale, protectrice. Comme la chaleur du foyer.
Mais celle émanant de ce garçon aux longs cheveux blonds était… étrange. Elle était calme aussi. Mais pas le même calme. Calme, comme l'eau glacée d'un lac. Prête à t'engloutir si tu oses y nager trop profondément. Le calme d'une nuit d'hiver, te glaçant jusqu'aux os pour te donner la mort.
Et en même temps un calme prêt à être rompu à chaque instant, prêt à... exploser.
Oui, exactement, exploser, comme une bombe. Pouvant sauter au moindre moment, et à emporter tout avec lui. À exploser, sans le moindre regret ou compromit.
Tout cela est tellement étrange, Makarof l'aurait pensé impossible si on lui avait dit, un tel mélange, un tel paterne de couleurs différentes. Qui semble venir de cette personne. Un tel sentiment d'étrangeté aussi, comme si la personne n'appartenais pas du tout à cet endroit et n'y avait normalement pas du tout sa place. Etranger à tout ici.
Mais Makarof aurait pu laisser cela, le laisser de côté pendant un petit moment, sans pour autant l'oublier. S'il n'y avait pas eu ce regard dans Ces yeux.
Un regard que n'importe qui peut simplement apercevoir sans y prêter la moindre attention, même l'oublier une fois qu'il n'est plus dans sa ligne de mire. Un simple regard que n'importe qui peut y voir des émotions simples de la vie, sans aucune différence avec n'importe qui d'autre, à part simplement la légitime appréhension lors de la découverte d'un lieu jusqu'alors inconnu que l'on peut trouver chez bon nombre de nouveaux arrivants.
Mais derrière ce voile d'appréhension, d'intérêt et de stupeur on peut entrapercevoir, si l'on est un peu expert à décrypter les expressions faciales des gens comme Makarof en est un des rares, la perplexité, le dédain, le questionnement mais surtout, la froideur et l'évaluation.
L'évaluation des risques et des opportunités, des probables danger qui l'entoure, des moyens de s'en débarrasser, du temps qu'il en faudra, des possibilités qui s'offre à lui, des différents choses qu'il aura à faire ou non, voire même de la valeur des dites choses.
Cette froideur et cette évaluation sans fin de ce que pourra lui apporter ce qui l'entoure. Ce calcul constant qui se voit et ce en tout temps à travers les failles de ce regard plutôt amical faisant habillement et quasi parfaitement office de voile afin de dissimuler un oeil beaucoup moins sympathique, un regard sans empathie.
Ce regard appartenant à des gens pouvant, vous annoncer sans problème et sans faillir, qu'ils doivent mettre un terme à votre existence, avec au mieux un air légèrement triste, ayant la même réaction que s'ils avaient fait tomber leur tasse de thé. Froids et dépourvus de la moindre compréhension de la plus simple morale.
C'est bien ce regard plutôt bien caché qui a définitivement pris le maitre de Fairy tail de court, le poussant à interrompre l'habituel formalité qu'est normalement l'adhésion à cette guilde.
Ce regard, qu'il n'a plus l'habitude de voir, depuis bien longtemps, ce regard d'un homme solitaire, se battant et comptant sur lui-même et uniquement sur lui, ne croyant en rien ni personne si ce n'est son propre moi. Prêt à vous tuer si vous valez moins vivant pour lui. Faisant tout et n'importe quoi tant que l'argent vient en conséquence, et tant qu'il garde leur intégrité bien sûr.
À la vie seul et la mort seule.
Guilde clandestine.
C'est bien le meilleur qui venait à l'esprit du maitre de cette belle guilde lorsqu'il croisait le regard de ce nouvel arrivant. Il avait tout de quelqu'un appartenant à ce genre de milieu, la démarche, le regard, et la position, celle de quelqu'un prêt au combat à chaque instant de sa vie.
Et pourtant, il y a dans cet… air qu'il peut sentir se dégager de lui quelque chose de totalement différent de quelqu'un faisant partie de ces guildes de l'ombre, tant dans le manque de la moindre raison de venir dans un endroit comme Fairy tail, que de l'énergie qu'il dégage ou bien de l'impression de découverte que l'on peut voir des ses yeux, aucunement truqué, ça Makarof peut le dire avec certitude. Faisant penser à celui-ci à un enfant découvrant un monde totalement nouveau.
Ça va être une longue journée.
"Je m'appelle Makarov au fait, Makarof Dreyar. Mais tu peux m'appeler Maitre Makarof" Le vieil homme se sort de ses réflexions pour se présenter à ce nouveau venu une fois que les deux soient sortis des murs de la guilde, se dirigeant à allure de marche en direction de la forêt qu'il a tant de fois visité dans sa longue et trépidante vie. En quête de la misanthrope de sorcière l'habitant.
"Deidara... Deidara Nendo-meka" Le jeune homme se présente alors à son tour tout en suivant d'un pas forcément lent mais pas très décidé, presque sur ses gardes.
"Eh bien, ravi de te rencontrer Deidara." Makarof dis d'un ton enjoué au jeune enfin nommé.
"De même" Il lui répond d'un ton plutôt nonchalant.
"Ahhh... c'est toujours un plaisir de rencontrer de jeunes mages talentueux prêts à rejoindre ce bel endroit. Ayant en eux la fougue de la jeunesse, portants dans leur cœur la flamme de la détermination, qui constitueront la nouvelle génération qui reprendra le flambeau qu'a vaillamment porté l'ancienne pendant toutes ces années. Afin de continuer ce cycle qui dure déjà depuis plus d'un siècle." L'actuel maitre commence alors à parler, introduisant dans son monologue les principales valeurs qui cimentent les bases de ce fabuleux lieu, se remémorant en même temps toutes ces années qui ont déjà passées depuis son ascension à ce poste sans commune mesure en termes de valeur sur cette terre, pour lui.
"C'est certain..." Deidara répond alors presque au tac au tac, son ton ne changeant pas d'un pouce. Makarof notant cependant un léger changement de sa part à la mention de la jeune génération reprenant le travail de la précédente, mais ce léger tic visible durant quelques petits centièmes de secondes disparaissant rapidement, étant quasi instantanément camouflé par un retour à son air "habituel".
Mmmm c'est à noter.
"Mais à propos de talentueux..." Il demande alors subtilement, histoire de glaner le plus d'informations possibles au sujet de celui qui a tant attiré son attention.
"Quelles sont tes aptitudes jeune homme ?"
Le jeune en question marque une pause de quelques secondes avant de donner une réponse au mieux, cryptique. Et qui surprend assez le double-fois quadragénaire.
"J'ai bon nombre de talents à mon actif... en toute modestie." Lui répond une voix alors bien plus chaude que jusqu'alors.
"Eh bien." Pense alors le vieil homme "Moi qui pensais avoir tout vu..." en entendant cette réponse comme qui dirait... surprenante de la part de ce jeune jusqu'alors plutôt, silencieux et fermé à la discussion.
"Mais spécifiquement en termes magiques, je dirais que j'ai des compétences... intéressantes. Je préfère vous les présenter de manière plus... visuelles, afin que vous puissiez pleinement capter leur sens artistique et leur capacité. En tout cas pour l'une d'elles." Le jeune continue d'un ton inquiétant au vieux maitre qui reçoit dans le même moment un froid dans le dos opportun.
"Pourquoi est-ce que je ressens exactement la même sensation que lorsque je reçois un courrier d'un endroit où Natsu est partis en mission." Pense celui-ci en entendant les déclarations de son nouveau.
"Rien de grave, c'est surement juste un idiot de réflexe nerveux."
"Pas besoin d'être si formel." Il répond avec un sourire jusqu'aux oreilles honnêtement un peu forcé, voulant mettre le jeune à l'aise, et surtout clairement pas appréciatif de ce genre de retenue de la part d'un de ses futurs "jeunes"."
"D'accord." Il reçoit pour toute réponse, le jeune en question semblant être pourvu d'une personnalité quelque peu ambivalente, voire carrément lunatique.
"Mais dis-moi Deidara-kun." Il reprend alors un peu plus tard, ajoutant le suffixe comme il le fait si souvent avec ses enfants.
"Tu m'a l'air bien loin d'être un de ces jeunes découvrant le monde et la magie pour la première fois, bien que tu sembles légèrement dérouté. De mon point de vue de vieux renard, tu me semble bien plus expérimenté que l'on peut l'imaginer en te voyant dans ce hall de guilde, intrigué et affichant son ignorance. Tu as déjà fait partie d'une guilde ?" Il demande, afin d'en apprendre plus, à la fois pour des raisons de sécurité que parce qu'il est naturellement proche de ceux qui composent cette grande famille.
"Pas exactement." Deidara répond simplement. N'ayant pas l'air d'avoir spécialement envie de parler de son passé.
"On va dire que j'ai fait du chemin" Il rajoute quelques secondes après, ne révélant pas grand-chose, même rien, on peut le dire.
"Mmmmm." Le vieil homme fait alors, assez curieux par rapport à ce "chemin".
S'installe alors un long silence qu'aucun des deux ne semble vouloir rompre, les deux personnages passant la lisière de la frontière pour s'enfoncer dans l'inconnu, en tout cas du point de vue du jeune, marchant plusieurs longues minutes sans jamais changer de chemin, le vieil homme semblant connaitre parfaitement le chemin.
"Ah voilà !" Makarof reprend une fois qu'il commence enfin à apercevoir leur destination, un simple arbre, pas vraiment différent des centaines d'autres composant ce lieu, si l'on en oublie l'aspect de maison qui s'en dégage de par sa porte en bois et ses fenêtres.
"J'espère que cette grincheuse est bien là, ce serait dommage de se rendre compte qu'elle est encore partie dans ses interminables cueillettes de fleurs et de "produits qui sauvent la vie à tes triples-idiots de dégénérés"."
"Donc, on a fait tout ce chemin alors qu'en fait, vous ne savez même pas si elle est là ?" Le jeune homme dit alors d'un ton qui semble être un mélange entre la stupeur et le dédain.
"En voilà un qui a rapidement assimilé ma demande d'arrêter les formalités." Makarof se dit, presque dépité
"Peut-être que j'aurais simplement du me taire."
"On ne sait jamais avec elle." Il explique sans sembler se vexer aux paroles.
"Et je t'ai déjà demandé d'arrêter les formalités."
"Quitte à me manquer de respect, fait le sans te cacher derrière un voile de politesse..." Il se dit sans se résoudre à le demander à haute voix, préférant à la place prendre son temps pour toquer à la vieille porte en chêne, histoire de vérifier la présence de son amie, prenant juste après la précaution de reculer de quelques pas, s'éloignant un peu de l'excentrique bâtisse.
Ses pensées sont rapidement interrompues par une voix perçante atteignant ses oreilles en réponse aux petits coups portés.
"Qui est-ce qui ose encore me déranger dans mon calme ?!? J'espère que ce n'est pas encore toi vieux débris !"
"Visiblement elle est là." Le vieil homme constate d'un ton calme, habitué aux extravagances de cette misanthrope.
Son interlocuteur n'a pas le temps de glisser le moindre mot qu'il est coupé par l'apparition en trombe de la guérisseuse de Makarof, celle-ci arrivant en claquant lourdement la porte sa demeure, faisant un bruit tellement fort qu'il fait s'envoler une nuée d'oiseau dans le ciel, armée d'un balai comme prête à le casser sur le crâne du vieux maitre, ce qui est surement bien le cas.
"J'en étais sûre" Polyussica dit pour seule présentation, semblant, comme d'habitude, pas tellement heureuse d'avoir de la visite.
"Pile au moment où je pensais enfin avoir la paix ! Voilà que toi et les idiots de ta guilde venez encore m'importuner de votre présence."
"Bien le bonjour Polyussica ! C'est toujours un plaisir de te voir." Le vieil homme commence d'un ton enjoué, ignorant délibérément l'irritation de sa vieille amie pour parler comme si c'était elle qui était venue lui rendre visite
"Deidara je te présente Polyussica. Polyussica, Deidara" Il se déplace alors en direction de la maison maintenant grande ouverte, prenant légèrement le temps pour présenter les deux personnages l'un à l'autre, tout en esquivant ostensiblement une tentative de la part de la plus vieille des deux de lui asséner un grand coup sur le haut de la tête, passant tranquillement sur le côté pour entrer dans la petite bâtisse, bientôt suivi par une Polyussica en colère, prête à le zigouiller si l'on en croit son expression et un Deidara qui semble mi- amusé mis ennuyé par la tournure cette conversation.
"Mmmm." Celle-ci fait pour seule salutation en jetant un coup d'œil assez long, étant étrangement attentive et cordiale envers ce dernier, du moins pour quelqu'un comme Polyussica, en direction du jeune homme. Avant de recentrer son attention sur l'objet de sa colère.
"Maintenant vieux bouc, aurais-tu la gentillesse de m'expliquer la raison de ta venue qui me dérange au plus haut point."
"Oh une simple inspection médicale de routine." Le vieil homme explique d'un ton désinvolte tout en observant la pièce dans son ensemble qui n'a, comme à chacune de ses visites, pas le moins changé du monde.
S'attendant naturellement à une des pires crises de colère de son existence, il est très surpris lorsqu'un simple "Mmmm, d'accord." lui est donné pour toute réponse, Polyussica semblant elle aussi s'être rendu compte du caractère spécial de son nouveau "patient".
"Très bien, alors va t'assoir là-bas." Celle-ci rajoute d'un ton agacé. Désignant le seul lit de la pièce.
Le jeune homme s'exécute silencieusement, semblant assez peu attiré par l'idée, mais faisant tout de même ce qu'on lui dit. Traversant toute la pièce et s'asseyant sur le vieux matelas blanc le tout sans faire le moindre bruit, et ce même au niveau de ses déplacement, malgré le sol en bois craquelant toujours sous la moindre pression.
"Voilà qui n'est pas commun." Le vieil homme pense, assez admiratif de la capacité de son nouvel élément à se déplacer tel une ombre.
"La chemise..." Polyussica rajoute d'un air grincheux, cachant bien les même pensées que le vieillard.
Le jeune homme semble alors extrêmement mal-à-l'aise rien qu'à l'idée. Gardant ses mains posées sur ses genoux et ne semblant pas très prêt à s'exécuter.
"Ne t'inquiète pas pour ce pervers." Polyussica le... rassure ? D'un ton légèrement plus "doux", perdant pour quelques centièmes de secondes son expression raide avant d'y revenir. Donnant dans le même moment une lourde tape à l'arrière du crâne de Makarof.
"Son truc c'est les jeunes filles."
"Soit plus indulgente." Ce dernier se plaint d'un ton douloureux
"Pas besoin de dresser un tel portrait de moi devant les nouveaux membres, tu me donnes une telle mauvaise image."
"Que tu mérites tellement vieux fou."
"Sorcière..."
"Je te conseille de la boucler si tu veux être soigné la prochaine fois que toi et tes idiots finis à la pisse décidez d'affronter un monstre ou je ne sais quoi qui vous mettra tous sur le tapis."
La guérisseuse coupe la dispute d'un ton qui ne laisse aucune place à la discussion avant de revenir au sujet principal. Celui-ci soufflant de fatigue, comme pour accepter une défaite avant de s'exécuter, commençant à se débarrasser de l'épais et très étrange manteau qu'il porte sur les épaules depuis son arrivée.
"Je ne me souviens pas d'une quelconque guilde, organisation ou pays arborant ces symboles." Makarof pense en admirant l'aspect singulier de l'uniforme, de grands nuages rouges sur un fond noir.
"Je devrais me renseigner à ce propos plus tard."
"Eh bien voilà !" Makarof entend Polyussica dire de son air habituel, pendant qu'il pense que Deidara a enfin enlevé tout son haut, tandis que lui ne regarde même plus, occupé qu'il est, toujours absorbé par le design du manteau maintenant posé sur le côté.
"Mon Dieu..."
Ses réflexions sont coupées par une Polyussica faisant un commentaire des plus bizarres pour elle, semblant avoir découvert quelque chose d'immensément horrible à voir ou à constater. Si l'on en croit le ton de sa voix ayant graduellement changé, passant de l'agacement à la stupeur.
Le vieil homme se tourne alors pour reposer à nouveau son regard sur le gamin, ne trouvant rien d'étrange à première, presque prêt à interpeller Polyussica pour son commentaire. Avant que ses yeux ne descendent légèrement en dessous pour tomber sur les bras dudit gamin.
"Qu... qu..." Il ne peut rien articuler d'intelligible alors que son regard est fixe, ne quittant pas une seconde deux bras en semi-décomposition rattachés à un corps par de la vulgaire ficelle, l'un des deux étant même entièrement nécrosé. Les deux bras, déjà assez étranges, se terminant tous deux par des mains d'où sortent des langues.