Tout en attendant aux côtés de mon équipe, j'inspire lentement afin de calmer mes nerfs au possible malgré l'appréhension qui me tiraille et me donne une boule au ventre. Fixant une petite plaine qui s'étend devant nous pendant une centaine de mètres jusqu'à la forêt. La lueur lancinante du matin éclairant faiblement l'autre bout de bois non loin.
Je jette un coup d'œil à ma droite et à ma gauche pour voir des dizaines d'inconnus autour de moi, regardants dans la même direction avec un sentiment égal au mien. Mais résolu à se jeter corp et âme dans cette bataille, en dépit de la certitude que beaucoup n'en reviendront pas.
Cela fait plusieurs jours depuis ma rencontre avec le fameux flash jaune de Konoha, grâce aux renseignements que Dozao a donné, ceux d'en haut on décidés de faire une stratégie simple mais qui nous offre de bonnes chances de victoire.
Profitant des épaisses forêts d'ici qui retardent grandement l'avancée d'Iwa, notre camp à placé ces derniers jours une succession de pièges sur la route menant à nous dans le but de ralentir encore plus les troupes ennemies, mais de surtout clairsemer leurs rangs et ce au maximum possible.
Et pendant que les ninjas ennemis sortiront péniblement de leurs bourbiers et s'en trouveront désorganisés, une attaque massive et surprise de notre part sera effectuée pile au moment où ils passeront les derniers cadeaux que nous leurs avons envoyés. Attaquant au moment le plus favorable pour une victoire coûteuse mais éclatante.
Enfin, en théorie.
"Aaaah." je grommelle légèrement en sentant une petite douleur dans mon bas du dos.
"Le but est de te préparer au mieux à ces prochaines semaines de lutte. Je ne vais donc pas te ménager..."
Je retire tout ce que j'ai dis à propos de ce mec, c'est un putain de tortionnaire.
Il le cache bien sous son sourire de charmeur.
Enfin, blague à part, il me semble que l'entraînement bien que court porte plutôt bien ses fruits, j'ai appris à mieux gérer ma vitesse et mon endurance semble s'être aussi beaucoup améliorée.
Je n'imagine même pas de combien je m'améliorerais si je l'avais comme sensei.
Ses étudiants doivent vraiment être redoutables.
Mais bon, me voilà donc, moi et des centaines voire milliers d'autres à proximité du lieu où sont situés les derniers pièges, à à peine une centaine de mètres, dans l'attente de l'arrivée de l'ennemi. Pour ce qui serait sûrement un des plus grands moments de toute ma vie.
Et pas en bien.
Chacun lutte plus ou moins pour garder son calme en voyant les premières tuniques brunes et rouges dépasser les arbres dans une organisation et un état plus que discutable.
"Cette stratégie a au moins le mérite d'avoir tenue jusque là." je grommelle en constatant l'état des premiers à arriver
"Kyoshi..." Dozao devant moi brise soudainement le silence.
"Ce qui va suivre ne sera probablement, et par probablement je veux dire certainement, pas facile. Ce sera, excuse moi des termes, le plus gros bordel que tu verras avant un long moment." il me prévient sans ambages
"Ce sera désordonné, sanglant et impitoyable... donc un conseil."
"N'épargne pas, n'arrête que quand tu es certain que l'ennemi est mort, reste toujours sur tes gardes et surtout, évite de tomber par terre." il me conseille en insistant bien lourdement sur chaque point.
Tomber par terre ?
Ok.
"Hmm." je répond en tentant de me calmer les nerfs.
Je commence quelques minutes plus tard à tapoter du pied pour lutter contre la nervosité et ne m'arrête qu'en voyant sur le côté un jonin sortir un sifflet et le porter à ses lèvres.
C'est l'heure.
"Triiiiiiii"
Le coup de sifflet retentit et immédiatement, des centaines de cris se font entendre autour de moin pendant que des masse de gens se mettent à courir vers l'autre côté.
Notre équipe ne fait pas exception, nous sprintons rassemblés, voyant la distance entre les deux masses de futurs cadavres, enfin héros, se rapprocher l'une de l'autre. Les mètres de différence diminuant à toute vitesse.
Vingt
Quinze
Dix
Cinq
Zéro
Et voilà
Le choc est rude des deux côtés, la multitude de gens se rentrant dedans, s'entrechoquant, se bousculant. Des gerbes de sang se répandant sur le sol, des tas et des tas de blessés et de cadavres tombant rapidement des deux côtés.
Et parmi ces blessés, de nombreux sont écrasés vivants par la masse de gens rassemblés ici et à cause du mouvement de foule. Devant désespérément lutter pour se relever en essayant de survivre sous douleur de servir de sol pour des centaines de pieds.
Maintenant je comprends, merci du tuyau.
Dès le début, les plus forts utilisent leurs ninjutsu avant même d'être près de ceux en face, j'aperçois à gauche à droite un mur de terre sortant du sol ou un get de feu me frôler.
Les autres, les plus nombreux se retrouvent à devoir faire avec ce qu'ils ont, c'est à dire du simple corps à corps.
Des centaines de combats individuels ou groupés commencent ça et là, la plaine entière et la forêt derrière se transformant rapidement en champ de morts.
Mais rapidement ça commence à chauffer, la bataille qui de base était l'un face à l'autre se transforme rapidement en bourbier désordonné, en chaos total, les camps n'ayant plus de côté, les arrière n'étant plus protégés, les couleurs se mélangeant, l'ennemi apparaissant partout et de tous les côtés, de même pour l'ami. bref chacun se trucidant dans désordre complet. Chacun perdant ses repères et sûrement la plupart des gens avec qui ils étaient de base.
Perdant rapidement même un contact visuel avec les membres de mon équipe, j'essaye tant bien que mal d'éviter toutes sortes de projectiles ou jutsu perdus.
"Merde." je pense en esquivant avec nervosité un shuriken que je vois me dépasser pour aller se planter dans la jambe de tel idiot derrière moi.
"Je suis pas fait pour ce genre de combat, je suis un type genjutsu et mon taijutsu est pas exceptionnel, je suis bien plus fait pour l'infiltration et la reconnaissance moi."
"Qu'est-ce que je fous ici ?"
Je regarde vers la source du projectile pour voir deux jeunes d'Iwa s'avancer vers moi. Le kunai à la main et le regard déterminé en ma direction
Ils semblent tous les deux avoir entre douze et treize ans, des genins probablement.
Deux contre un.
"Mais ça ne devrait pas être trop problématique." je dissipe mes inquiétudes en déviant facilement trois kunai de mon wakizashi.
Celui de gauche continue de me lancer une série de kunai et shuriken que je continue à dévier pendant que l'autre en profite pour tenter de me contourner par la droite.
Ce dernier se rapproche lentement de moi, en tout cas à mes yeux. Et commence à se glisser dans mon dos pour sûrement entreprendre de me poignarder par derrière pendant que je serais en train d'éloigner les armes de jets de l'autre.
J'oublie alors volontairement celui-là pour me concentrer sur l'autre pendant un petit instant en regardant ces mouvements réguliers malgré lui.
Ses lancés étant en groupe et faisant tous la même séquence
Premier jet, délai, une demi seconde
Deuxième jet, délai, un quart de seconde
Troisième jet, délai, un demi.
quatrième jet, délai, trois-quarts de seconde
Cinquième et dernier jet, délai, un quart de seconde
"Le quatrième." je choisi en voyant du coin de l'œil le deuxième se rapprocher à pas de loups.
Encore une fois, notre idiot répète ces mêmes lancés, dès le quatrième lancé, j'exécute un shunshin pour me retrouver derrière l'autre. Le surprenant.
Ne le laissant pas faire un geste de plus, je passe en un éclair mes mains ses aisselles et les remonte pour les joindre au niveau de sa nuque, lui bloquant aisément les deux bras et l'empêchant de bouger. Le mettant face à son camarade.
Et comme je l'ai prévu, l'autre idiot a eu le temps de jeter son dernier projectile.
Je peux voir l'expression de stupéfaction, de peur et de regrets apparaître sur son visage, se poursuivant même quand je laisse négligemment tomber le corps par terre, ce dernier le cou transpercé par un kunai.
Je ne lui laisse pas le temps de se remettre les idées en place et réduit rapidement la distance pour lui transpercer son poumon droit malgré sa tentative d'esquive.
Je visais le cœur.
Je ne m'attarde pas sur les cadavres et deviens rapidement invisible pour surprendre l'ennemi, allant dans une direction au hasard pour combattre un tel autre adversaire, mon épée lui traversant le ventre par derrière, la retirant pour passer à un autre.
Enchaînant inlassablement les adversaires qui meurent sans en savoir la cause.
"Et crotte." je pense en évitant un gaillard de Konoha qui a failli me rentrer dedans.
"C'est vrai que dans ce cas là, c'est aussi un problème si l'on ne me voit pas."
Je continue donc sous cette forme pendant un moment avant de revenir normal pour éviter le surdosage de chakra.
Je suis à nouveau visible quand tout de suite après, j'évite le coup de poings d'un idiot et le remercie d'un coup d'épée dans l'estomac. L'abandonnant à l'agonie pour passer à un autre type que j'expédie lui et quelques autres d'un Kaihodan rapide.
Puis un autre, un autre, un autre et encore un autre, ne comptant même plus le temps ou le nombre, passant juste d'un endroit à un autre, zigzagant entre les cadavres et les mourants, entre les ennemis et les amis, entre ceux à tuer et ceux à ne pas.
La bataille continue tel quel durant de nombreuses heures, mettant chacun à bout et au bord de l'épuisement. Les corps s'empilant un peu partout. Aucun côté ne semblant vouloir céder, résolu à tenir et à faire tomber l'autre dans ce combat d'usure aux proportions titanesques.
Finalement, la victoire semble acquise quand moi et tout les autres me semble-t-il, ne trouvons pas d'autre inconnus à tuer, ne retrouvant que nos propres tuniques malgré les mètres passés à chercher une vie à supprimer.
Je m'arrête alors et me rend compte que je suis trempé. Ma tenue tâchée à tout les endroits. Mes cheveux dégoulinant de sang et d'autres liquides en tout genre. Mes mains et mon épée sales, autant physiquement que pour le reste.
Me couchant à l'ombre d'un arbre encore miraculeusement debout, j'entreprends de me débarbouiller, ne m'arrêtant que pour voir la plaine de cadavres qui s'offre à ma vision. Éclairée par un soleil de plomb.
"C'est une belle journée..." je parviens à articuler malgré ma gorge sèche, n'ayant pas bu depuis sûrement une bonne dizaine d'heures.
"Ironique, non ?" je ne demande à personne en me sentant perdre connaissance.