Point de vue de Winter :
J'ai regardé la flèche avant de lui demander :
« Le lapin, est-ce que tu vas mourir ? »
Les villageois s'enfuyaient.
« Je crois. »
Il m'a regardé.
« Tu es forte, Élizabeth... J'ai foi en toi. Alors... »
Il a posé sa main sur ma joue.
« Oublie-moi »
Je ne voulais plus de ce nom.
« Non. Pas Élizabeth. Je m'appelle Winter.
- Winter... murmura-t-il, Ce nom te va bien. »
Ses paupières se sont finalement fermées, comme s'il n'avait plus d'énergie.
Je regardai son corps étendu dans la neige.
« Le lapin ? »
J'avais 14 ans.
En voyant la neige blanche tomber sur son corps, je suis mise à détester cette couleur. Rien que la voir me donnait la nausée.
Il est parti sans que personne ne se souvienne de son existence.
Il est parti en ne laissant qu'un vide dans mon cœur, et une épée.
Quand je me suis levée, je me suis rappelée de cette vieille chanson que ma grand-mère me chantait.
« "Dans la maison de bois"
"Au fond du jardin" »
Mes pas étaient guidés par ces phrases.
« "Passer par le portail"
"Traverser la rivière" »
Je m'arrêtai hésitante.
« "Et au bout du pont"
"Faire 20 pas en direction"
"Du soleil de midi" »
Il était bientôt midi.
« "Tu trouveras une petite boîte"
"Et dedans il y aura"
"L'esprit d'un démon"
"Ton vœu il exaucera"
"Mais ton pays périra" »
Mais mamie, c'est absurde. Qui échangerait son pays contre ? avais-je demandé
Elle avait réfléchi un instant avant de me répondre :
Je ne sais pas ma chérie. Je ne sais pas...
« "Tourne 7 fois sur toi-même"
"Puis tape dans tes mains"
"La formule tu réciteras"
"Celle des livres du grenier..." »
Le grenier m'avait servi de chambre pendant les 9 première années de ma vie.
Sur la tranche des livres, je me souviens qu'il était écrit.
« 1, 2, 3. Baal, viens à moi. »
Un cercle magique apparut.
« Pourquoi m'as-tu fait venir ici ? » m'interrogea le démon
Il avait l'air très fatigué.
« Peux-tu ressusciter quelqu'un ?
- Le destin ne peut pas être évité mais je peux te faire retourner dans le passé.
- Très bien alors je voudrais remonter le temps avant que Le lapin meurt. »
Il m'observa un instant puis hocha la tête.
« En échange, je voudrais ton âme.
- D'accord.
- ...Si je t'envoie dans le passé, tu prendras ma place. » ajouta-t-il
Pressée, je ne l'écoutais que d'une oreille.
« D'accord.
-... »
Une aura noire m'enveloppa et je m'évanouis.
J'ouvris les yeux et m'assis.
J'étais dans ma chambre.
Je vis mes mains, plus petites que d'habitude et regardai dans le miroir.
Par la fenêtre, il était là, allongé dans la neige.
Je me rappelai du jour de notre rencontre. Nous étions en pleine nuit et je n'arrivais pas à dormir. C'est alors que je l'ai vu, allongé par terre. Intriguée, j'étais allée le voir. C'était ce qui était censé se passer aujourd'hui.
« Chapelier ! Chapelier ! Il y a quelqu'un dans le jardin !
- Élizabeth ? Tu es réveillée ?
- Puis-je aller voir qui c'est ?
- Tu es reine maintenant, tu n'as pas besoin de ma permission. »
Je courus de toutes mes forces dans le jardin.
Les larmes me montaient aux yeux. Je ne savais pas si c'était à cause parce mes pieds nus avaient mal ou parce que j'étais contente de le revoir.
« Si tu ne veux plus de ta vie, donne la moi. » déclarai-je, des étoiles dans les yeux
Il m'avait regardé de ses yeux sans émotions.
À ce moment-là, je voulais qu'il n'appartienne qu'à moi.
« Je suis la reine de cœur. Ensemble, nous gouvernerons ce pays. »
5 ans plus tard, je fêtais mon anniversaire.
« Je vous ai déjà dit que je ne voulais plus voir d'épée ! Si vous devez vraiment être armés, prenez des lances ou autre chose ! » criai-je à un garde
J'entendais les murmures des nobles.
« Il paraît qu'elle a exécuté un vieillard juste parce qu'il avait les cheveux blancs. dit quelqu'un
- Chut ! Si elle t'entend, tu pourrais mourir aussi. »
La petite fille était réellement devenu un tyran.
« Gardes ! appelai-je, Coupez-lui la tête ! »
Point de vue de Le lapin :
"Je t'offre cette montre à gousset. Tu es tout le temps en retard alors essaie de venir à l'heure pour mon anniversaire." avait dit Élizabeth
Je regardai l'heure.
« Elle avait raison, je suis en retard ! » m'inquiétai-je
Je courais dans la forêt et entendis la voix d'une jeune fille.
« Excusez-moi Monsieur Le lapin. »
Elle devait avoir mon âge.
« Je suis désolé, je suis en retard. » m'excusai-je
J'arrivai à une table dressée pour prendre le thé.
« Bonjour, Monsieur le Chapelier vous n'allez pas à l'anniversaire de sa majesté ?
- Vous êtes en retard. me reprocha-t-il
- Je sais ! »
Je renfonçai mon chapeau sur ma tête et continuai ma course.
Derrière moi, je l'entendais chanter :
« Joyeux non-anniversaire~ ! »
Je serrai le dent.
« Il se moque de moi ?! »
Je croisai les servantes de la reine :
« Bonjour les roses.
- Bonjour Le lapin.
- N'alliez-vous pas à l'anniversaire de sa majesté ?
- Nous sommes chargées d'une surprise spéciale~.
- À tout à l'heure alors ! »
J'arrivai bientôt au château.
« Bonjour Le lapin. me salua un vieux monsieur
- Bonjour, Monsieur le comté de Cheshire.
- Une jeune fille te suis. Alice, très charmante. » me prévint-il
Je me rappelai de la fille de tout à l'heure.
« Ah oui ? »
J'étais enfin au portail.
« Bonjour, Le lapin. Entre, tu es en retard. dit un garde
- Merci ! »
Je me tins à côté de la reine.
« Ah~. Le lapin, tu es arrivé~. se réjouit-elle, J'allais justement commencer une partie de golf ! »
Pendant qu'Élizabeth était distraite, j'aperçus une fille aux cheveux blonds et l'approcha par-derrière.
« C'est toi "Alice" ? demandai-je
- Aaaah !!! »
Je me bouchai les oreilles.
« Pourquoi me suis-tu ?
- Eh bien, j'étais à une fête puis je me suis retrouvée dans une forêt avec des champignons géants. Quand je t'ai vu, je voulais te demander où est-ce qu'on était et je t'ai suivi...
- ...
- Au fait, qui est cette dame, là-bas ? »
Elle pointait Élizabeth du doigt.
« C'est la reine de cœur. Nous sommes à sa fête d'anniversaire. ...Mais je te conseille de ne pas l'approcher. » ajoutai-je
Elle pencha la tête de côté.
« Pourquoi ? »
J'hésitai à répondre quand le comte de Cheshire intervint :
« C'est parce que c'est un tyran.
- Mais non... » le contredis-je
Cette fille, Alice, elle me rappelait un peu Clara...
« Le lapin~ ! Tu viens jouer~ ? » m'appela Élizabeth
Je me précipitai vers elle.
« J'arrive ! »
Ce ne fut que quand elle coupa la tête d'Alice que je regardai la vérité en face. Élizabeth était réellement un tyran. Cela ne pouvait plus durer.
« Dis-moi, comte de Cheshire. Ça te dit de m'aider à organiser une petite surprise pour la reine de cœur ? »
Ce jour-là, j'ai tué Élizabeth.
Point de vue de Winter :
Cette fois-ci, je fus trahie par Le lapin.
« ...Pourquoi ? » demandai-je dans un dernier effort, allongée à terre
Je relevai difficilement la tête pour lui faire face.
« Je suis désolé mais tu te comportes comme un vrai tyran. En ce moment même, des milliers de personnes meurent de la famine mais tu exécutes tous ceux qui osent se plaindre. Cela ne peut plus continuer. Il nous faut un nouveau roi. »
Il me lança avec un regard désapprobateur.
« C'est dommage. » murmurai-je
Je souris.
« Je t'aimais, moi. »
Les larmes me montaient aux yeux tandis que mon cœur s'emplit de rage.
« Garde ! Coupez lui la tê- !
- Winter, hein ? Ce prénom ne te vas pas du tout. »
Il m'acheva.
Des gouttes de sang tombèrent sur ma robe rouge.
« Il ne te va vraiment pas... »
Une larme coula sur le visage de Le lapin.
« C'est bizarre. Pourquoi... je pleure ? »
L'image d'Élizabeth que lui souriait apparut dans sa tête.
Il entendait encore sa voix quand elle l'appelait.
Sans qu'il s'en rende compte, toutes ces années passées ensemble l'avaient affectée.
Il tomba à genoux.
« Mon dieu... Qu'est-ce que j'ai fait... ? »
Derrière lui, le Chapelier fou posa sa main sur son épaule et lui dit :
« Voudrais-tu la revoir ? »
Quand je suis morte, j'avais complètement oublié les paroles de Baal.
Je rouvris les yeux.
« ? »
N'étais-je pas morte ?
Je regardai autour de moi.
Un cercle magique était à mes pieds.
« Es-tu la fée de la réincarnation ? »
Étonnée, je penchai la tête.
Un homme me faisait face.
« Es-tu la fée de la réincarnation ? » insista-t-il
C'était la première fois qu'on m'appelait une fée.
« Je ne suis pas une fée, je suis un démon.
- Cela n'a pas d'importance. » rétorqua-t-il
J'avais pris la place de Baal.
« Que désires-tu ? » demandai-je
Il prit un air dignifié et récita :
« Je m'appelle Sanshin, roi de Reten, et je souhaite sauver ma fiancée, Nahlia. »
Il me rappelait moi.
J'eus alors une idée.
« D'accord, mais en échange... ton monde sera détruit. »
Je l'ai regardé se comporter comme moi autrefois et réfléchis à mes actions. Est-ce cela que Le lapin a ressenti quand il réalisait mes ordres, pendant toutes ces années ? J'avais ignoré mes sujets et amené mon royaume au bord de la guère civile. Au fond, peut-être qu'il avait raison ?
« Non, pourquoi me comparer à ce minable de Sanshin ? J'étais bien mieux que lui. Le lapin m'a juste trahi ! » m'énervai-je
D'ailleurs, je n'avais su son nom...
3 ans plus tard :
« Bon, je crois qu'il est temps de détruire ce monde. »
Tout ce qu'il avait construit s'était déjà effondré sans que je n'ai besoin de lever le petit doigt.
Et j'ai continué à être invoquée.
Au début, je m'amusais à donner différentes contreparties ou à abuser de mon autorité mais j'ai vu d'innombrables personnes s'autodétruire après avoir vu leur vœu réalisé, et le pire c'est que j'en faisait partie.
Et j'ai compris.
« Les humains sont décidément irrécupérables. »
J'ai perdu foi en la nature humaine.
Quand on écoute trop une chanson, on s'en lasse, quand on ressent trop une émotion, on ne la sent plus.
Et le vide dans mon cœur a continué à grandir.
J'étais fatiguée de cette vie éternelle.
À mes pieds, je vis une nouvelle fois le cercle magique et, sans laisser le temps aux autres de dire quoi que ce soit, détruisis tout sur mon passage.
Quand il ne restait plus rien, je m'arrêtai.
Devant moi, il y avait un château.
Je tendis la main et créai une illusion.
Une illusion où existait Le lapin et tous mes autres sujets.
Une illusion où je pouvais revivre mes souvenirs.
Mais le monde était destiné à être détruit et, un jour, j'ouvris de nouveau les yeux dans une autre dimension.
Je commençai une nouvelle fois à détruire ce monde mais, à ce moment-là, je me fis kidnapper.
Il ressemblait comme deux gouttes d'eau à Le lapin.
« Enchanté, je m'appelle Snow. »
J'apprenais enfin son nom.
Je serrai la main de Snow.
Quel personne étrange...
« Tu vas me tuer ? » demandai-je, curieuse
Il éclata de rire.
« Cela dépend de toi, vas-tu détruire mon monde ? »
Surprise, je répondis :
« Évidemment.
- Toi qui as une vie éternelle, tu ne veux pas plutôt me regarder reconstruire ce royaume ? »
Intriguée, j'acceptai son offre.
C'est la personne que m'apprit le plus de choses. Il me fit aussi surmonter ma peur des épées et m'enseigna l'escrime.
« Snow, c'est étrange. J'ai une impression bizarre...
- ...Peut-être que tu as développé ta capacité ?
- Capacité ?
- Quand les monstres sont apparus, les humains ont développé des pouvoirs surnaturels pour les combattre. Peut-être que c'est aussi ton cas ?
- Et, c'est quoi, toi, ta capacité ? » m'intéressai-je
J'ai aussi développé la capacité la plus cruelle que j'aurais pu avoir.
J'ai le pouvoir "d'enregistrer" des choses dans ma mémoire. Tout ce je vois, j'entends, je fais ou je regrette, chaque personne qui meure ou monde que j'ai détruit sera gravé dans ma mémoire pour le reste de l'éternité.
Je me souviens de ma rencontre avec Chevalier -non, Snow- comme si c'était hier, malgré les millénaires qui se sont écoulés...
« Mon rêve est d'avoir une vie tranquille. »
Je le regardai, abasourdie.
« Dans la société actuelle, la chose qui compte le plus, c'est l'argent alors je vais devenir riche, terminer tout ce que j'ai à faire et réaliser mon rêve. Et toi, c'est quoi ton rêve ? »
Je n'avais pas la réponse à cette question.
Quand ce monde toucha à sa fin, Snow me tua, comme il l'avait promis.
Il n'y avait pas d'hésitation dans son regard.
« Winter, tu m'entends ? »
J'écoutai ses derniers mots.
« Ce n'est parce que tu es Baal que tu dois détruire des mondes, alors, vis ta vie, et sois heureuse, mon amie. »
Je souris.
C'était mon premier ami.
« Oui. »
Je suis morte de sa main une nouvelle fois. Pourtant, ce jour-là, c'est comme si mon cœur avait recommencé à battre.
« ? »
Une petite fille me faisait face.
« Est-ce que tu peux me faire sortir de cette tour ? » demanda-t-elle
Elle semblait différente des autres.
« Oui, mais dans ce cas-là, le monde extérieur sera détruit. » annonçai-je
Elle hésita avant de dire :
« Ce n'est pas grave, Monsieur. »
Je touchai mes cheveux courts, surprise, puis ajoutai, légèrement énervée :
« ...et je resterai à tes côtés pour t'embêter. Quoi qu'il arrive, tu ne pourras pas te débarrasser de moi. Si tu ne veux pas, tant pis. »
C'était la première fois qu'on me confondait avec un homme.
« Vous avez l'air fatigué, Monsieur. Vous pouvez dormir sur mon lit.
- Tu veux sortir de la tour oui ou non ? » fulminai-je
Comme j'étais vêtu de noir, elle m'appela "Monsieur Black" (puis je fis disparaître le "monsieur").
Cette petite fille naïve était loin de tout ce que j'avais vu jusqu'à présent.
Elle se souciait plus de moi que de sa santé.
...Mais elle mourra d'une maladie.
Avant sa mort, elle me confia un livre et dit :
« J'espère que ce livre te permettra de ne pas oublier l'importance des personnes qui ont su atteindre ton cœur. »
Elle s'appelait Clara.
La semaine que je passai à lire son livre repoussa l'annihilation de cette dimension.
Mais quand je fermai l'ouvrage, un phénomène étrange se produisit.