Chereads / J'ai prétendu être la Mort, mais elle m'a tenu tête. / Chapter 50 - Même dans ces moments-là, elle sourit.

Chapter 50 - Même dans ces moments-là, elle sourit.

Une fois Kobayashi Shinsuke hors de vue après avoir disparu à travers les portes de l'ascenseur,

Takao abandonna son regard réprobateur, et baissa les yeux vers Shinohara Hana. Elle était toujours immobile à ses côtés, et avait regardé en silence le Chef Kobayashi partir ; suivant du regard l'avancée de l'homme jusqu'au bout du couloir.

Le temps que Hana se retourne vers lui, Serizawa les avait déjà rejoint à la porte vitrée de la salle de réunion pour les accueillir.

« Nous allons commencer dans cinq à dix minutes, le temps que je termine d'écrire le compte rendu de mon entretien avec Kobayashi-san. » Les informa l'employé du Service Juridique.

« Je vois, dans ce cas on va aller prendre quelque chose à boire, » dit Takao.

Puis, regardant Hana, il lui indiqua du doigt une porte à quelques mètres de là.

« Allons voir ce qu'ils ont de disponible en salle de pause, Shinohara-san. »

La jeune femme acquiesça d'un signe de tête, et tandis que Takao se dirigeait vers la seconde pièce sur la droite, elle se mit à le suite en silence tout en adoptant la même allure que lui pour marcher.

Puis, après quelques pas, Takao ouvrit la porte – elle aussi vitrée comme celle de la salle de réunion – et la maintenant ouverte, il invita Hana à entrer.

Par rapport aux salles de pause dans les étages inférieurs, la pièce était beaucoup plus lumineuse – sûrement à cause de toutes les parois en verre et des vitres donnant sur l'extérieur qui allaient du plancher jusqu'au plafond, contrairement aux fenêtres des différents Départements de Marline, qui étaient positionnées à environ un mètre, peut être un mètre et demi, du sol ; pour s'arrêter à une dizaine de centimètres avant le faux plafond en dalles blanches et grises qui abritaient les conduits de ventilation et les gaines électriques.

Grâce à cet excédent de lumière naturelle, les plantes vertes maintenues dans le petit espace étaient bien plus grandes et fournies en feuillage que les ficus et les dracaena des étages inférieurs qui ne faisaient que quelques centimètres à un mètre vingt de haut. Là, les monstera, palmiers areca, ou encore les calathéas étaient montés très haut, dépassant aisément deux mètres pour certains ; ce qui donnait à la pièce un aspect apaisant de jardin intérieur.

« Vous voulez boire quelque chose ? » Demanda Takao.

Hana hocha de la tête, et le jeune homme demanda alors des précisions.

« Café ? Chocolat ? Thé ? »

« Café, s'il vous plaît... » Répondit-elle à voix basse.

Takao espérait que cette décoration intérieure allait calmer un peu la jeune femme, si elle était encore touchée par ce que Kobayashi Shinsuke avait dit à son sujet.

S'avançant vers une cafetière mise à disposition, il prépara une dose de café et après avoir positionné un gobelet en carton sur la grille de service, mit en route la machine. Très vite, l'odeur des grains emplit l'air, et Hana fut concentrée à observer à la fois les grandes plantes d'intérieur, et la rue tout en bas, à travers les vitres.

Puis, une fois le gobelet plein, il le prit pour le tendre à la jeune femme.

« Shinohara-san ? » L'appela-t-il, tandis qu'elle lui tournait encore le dos.

La jeune femme se retourna vers lui, délaissant les plantes et la circulation en contrebas de l'immeuble, et s'avança pour prendre en main la boisson. Takao fit attention à ce que leurs doigts ne se touchent pas, et une fois Hana en possession du gobelet, il se mit à préparer un café pour lui-même en suivant le même procédé.

Le ronronnement de la cafetière résonna dans la pièce, et il observa la jeune femme en face de lui.

Elle n'avait pas bu une seule gorgée de son café, et semblait plus absorbée à fixer du regard la machine depuis laquelle coulait un fin filet de boisson marron. Elle ne semblait pas prête à parler, aussi Takao se sentit-il obligé de prendre la parole.

« Est-ce que tout va bien ? » Demanda-t-il à la jeune employée.

À cause de cette question, Hana se sentit obligée de répondre ; et levant le regard vers l'homme en face d'elle auquel elle n'avait pas prêté attention ces dernières secondes, elle parla à son tour.

« Comment ça ? » Dit-elle avec une expression neutre.

« Par rapport à ce que le Chef Kobayashi a dit à votre sujet, » précisa-t-il. « Je me doute que c'est généralement pas le genre de choses qu'on aime entendre à son propre sujet. »

La jeune femme ouvrit la bouche pour prononcer un « oh » silencieux tout en hochant la tête ; comme si la question et son explication l'avaient surprise.

« Ce sont des choses qui arrivent, » dit-elle avec un petit sourire, ce qui perturba Takao.

Il ne pouvait pas dire si la jeune femme souriait amèrement parce qu'elle était déprimée après avoir entendu l'opinion franche de son supérieur, ou si elle souriait doucement et chaleureusement pour montrer que sa bonne humeur était toujours là ; et que ce genre de chose ne l'atteignait pas.

Le sourire qu'elle affichait en ce moment sur son visage était trop incomplet et discret pour que Takao puisse en tirer une interprétation claire et précise.

« Shinohara-san. » Répéta-t-il avec les sourcils froncés. « Vous êtes sûre que ça va ? »

Face à cette insistance, la jeune femme lui lança un regard teinté d'incompréhension.

« Oui, ça va. » Affirma-t-elle, cette fois avec un grand sourire. « Pourquoi vous vous inquiétez comme ça… euh ? »

Elle hésita sur la façon de l'appeler, potentiel signe qu'elle ne savait toujours pas quelle relation ils entretenaient. Peut-être n'était-elle pas encore sûre de vouloir devenir son amie, et souhaitant vraiment pouvoir nouer un lien avec la jeune femme, il profita de cet instant pour s'imposer à elle.

« Si vous voulez qu'on devienne amis, appelez-moi Takao, » dit-il en lui faisant un petit sourire. « Quand on s'inquiète comme ça, c'est parce qu'on considère l'autre comme un ami. »

« Je… Je vois... » Dit-elle avec un regard cette fois pensif.

Elle réfléchissait assez intensément pour que Takao voit ses lèvres remuer légèrement, et ses sourcils se froncer et se défroncer discrètement. Il en fut amusé, et retient un petit rire qui manquait de s'échapper de sa bouche.

Puis, la jeune femme releva les yeux vers lui, et posa une question qui prit encore une fois de court le jeune homme.

« Est-ce que les amis font attention les uns aux autres ? » Demanda-t-elle avec une expression très sérieuse.

« Euh… Oui, » répondit rapidement Takao.

« Et est-ce qu'ils en savent beaucoup l'un sur l'autre ? » Le questionna-t-elle avec insistance.

Takao resta momentanément silencieux.

Est-ce que, contre toute attente, ils allaient finir par aborder ce sujet spécifique ?

Déglutissant avec appréhension, il lui répondit.

« Oui… Les amis ne se disent pas forcément tout, même s'ils se font confiance. Mais en passant du temps ensemble, ils finissent forcément par savoir beaucoup de choses l'un sur l'autre. »

« Dans ce cas, est-ce que vous savez déjà des choses sur moi, Takao-san ? » Demanda-t-elle en soutenant son regard.

Avec ses yeux brillants, et ses deux bras raides le long de son corps, Takao comprit que la jeune femme était elle aussi anxieuse et inquiète. Cette incertitude était pourtant un signe encourageant : la jeune femme pensait certainement à aborder ce qui s'était passé hier, et il pourrait certainement lui dire également ce qui s'était produit pendant le dîner d'entreprise.

De plus, c'était certainement quelque chose à aborder, s'il souhaitait se rapprocher de la jeune femme. Il lui avait déjà dissimulé le fait qu'il était un Directeur chez Marline, mais aussi son lien avec leur Président Directeur Général ; aussi sentait-il qu'il devait au moins essayer d'être honnête sur tout le reste.

« Pour être tout à fait franc, je sais déjà beaucoup de choses sur vous, oui, » commença-t-il. « Sur les deux versions de vous, pour être exact. »

Avec les derniers mots qu'il avait prononcés, la jeune femme écarquilla les yeux de surprise. Elle ne s'attendait probablement pas à ce qu'il aborde aussi brusquement un sujet aussi délicat, et avec gêne, elle regarda rapidement tout autour d'eux pour être sûre que personne n'était à proximité ou ne les regardait à travers les parois en verre de l'étage. Puis, rassurée de voir que personne ne s'était déplacé près d'eux ou ne les regardait avec insistance, ses épaules se relaxèrent.

C'était vrai que discuter de quelque chose d'aussi sensible dans un étage de la direction où littéralement tout le monde pouvait vous observer depuis chaque bureau n'était pas la meilleure idée.

« Écoutez, je propose qu'on en discute au calme un peu plus tard, d'accord ? » Proposa rapidement Takao.

Hana hocha lentement de la tête. C'était également ce qu'elle préférait, et fit un petit sourire gêné mais content.

Takao, lui, ne put s'empêcher de brièvement hoqueter de rire ; utilisant son poing fermé pour dissimuler son début de rire en toux.

Au cours des dernières minutes, il avait déjà vu tellement de sourires différents de la part de la jeune femme qu'il se demandait si elle n'avait pas d'expressions contraires à ces accès de positivité. Avec tous ces sourires différents, rien ne semblait l'atteindre, pas même les remarques strictes de Kobayashi Shinsuke lorsqu'elle travaillait quelques étages plus bas, ou ici même, lorsque son Chef avait été brusque et blessant.

Aux yeux de Takao, il était probable que la jeune femme voyait toujours le côté positif des choses, et ne s'inquiétait pas de ce que les autres pouvaient dire à son sujet.

« Nous allons commencer, » leur annonça Serizawa, qui s'était avancé jusqu'à la porte entrouverte de la salle de pause pour qu'ils l'entendent.

« On arrive, » répondit Takao en hochant la tête.

Puis, reportant ses yeux sur la jeune femme qui n'avait toujours pas bu son café, il sourit en coin pour la rassurer.

« Bon, si on allait régler cette histoire une bonne fois pour toutes ? » Dit-il en maintenant son sourire, et en haussant un sourcil.

Son attitude mit suffisamment en confiance Hana pour qu'elle hoche la tête avec un petit sourire plein de gratitude ; et le duo retourna dans le couloir pour se rendre dans la salle de réunion où Serizawa était déjà assis, et à les attendre.