Mon père tout aussi choqué que de voir ma mère dans cet état tente de la calmer pour faire avancer la discussion.
"- Chérie attend on va en discuter calmement.
- Il n'y a rien à discuter !
- Il n'est pas parti. Rien n'est fait. Pas besoin de se mettre dans cet état écoutons le. Assied toi s'il te plaît."
*PomPom* *PomPom* [...] *PomPom*
Ma mère se calme enfin. À bout de souffle, elle reprend difficilement sa respiration. Puis leurs deux regards se posent sur moi.
"- Mon fils ... ta mère à raison. Si c'est pour réaliser mon rêve que tu le fais ... ne le fais pas. Ça me fait très plaisir de savoir que tu es prêts à le faire. Mais ne le fais pas. Ne vie pas pour faire plaisir ou réaliser le rêve d'autres personnes. Fait le pour toi.
- Non. Oui. C'est pour te faire plaisir. Mais pas seulement. J'ai .... besoin de le faire. Je suis appelé par ça."
*PoPoPoPoPoPoPo*
J'ai l'impression que mon sang essaye de partir par tout les pores de ma peau. Que le bout de mes doigts va exploser sous la pression. J'avale difficilement ma salive.
"- Tu- tu n'as jamais été intéressé par l'armée avant ! Tu ne nous en as jamais parlé ! Pourquoi d'un coup !
- Je-
- Tu ne veux plus être avec nous c'est ça ?
- Non je vous aime ! Je veux rester avec vous !
- Alors pourquoi tu veux partir ! Tu n'as rien de spécial pour l'armée ! Tu vas finir en simple soldat ! Tu vas juste être en première ligne ! Ils vont t'envoyer à la mort c'est tout !"
*PoPoPoPo[...]PoPoPoPoPoPo*
La machine infernale est de nouveau partie. On ne peut rien dire. Elle hurle, pleure, crie, supplie. Ça me déchire le cœur. Presque autant que cette palpitation qui ressemble à un orage qui pourrait décoller la mer de son sol. Je me suis levé sans m'en rendre compte. Probablement comme ma mère. Mon père la soutient. Je parviens à peine à garder les yeux ouverts. J'ai l'impression que mon corps va se fendre en deux.
"J-J--J'ai b-bes-besoin"
*Crack*
Je sens quelque chose se briser en moi. Comme une citerne rempli de gaz qui rompt sous la pression interne je sens que je me vide. Je ne vois plus rien, ma vision devient flou, puis blanche, ou noir je ne sais plus. Un souffle d'air m'entoure. Me bloque et me paralyse.
Puis rien. Tout s'arrête. Je perds équilibre, je tombe vers ma chaise, lors de ma chute je tente de me rattraper à la table, mais je la rate. Elle n'est plus là. Alors je tombe en arrière, en espérant ne pas me faire mal. Mais alors que je devrais rencontrer la chaise, je continue de tomber. La chaise non plus n'est plus là. Alors je tombe au sol.
Et tout redevient clair, un peu. La table plus loin, bien plus loin. La vaisselle, au sol. Mon père qui tient ma mère, ils sont tout les deux assis par terre. Et ils me regardent. Surpris mais pas effrayé. Alors je regarde autour de moi. Effrayé. Tout ce qui était autour de moi à volé, la chaise s'est brisé comme si elle avait été aplati derrière moi.
Alors je comprends. C'est moi qui ai fait ça. C'est cette palpitation. Je regarde mes mains, mes jambes rien. Je regarde mes parents. Ils ont des petites coupures partout. Je les ai blessé.
"Tu-tu vas bien ?"
Après la question qui me prends pour cible. La peur part. Elle est remplacé par une immense panique. Alors je pars. Sous les cris de mes parents me demandant d'attendre, je cours. Je quitte la maison et cours. Je suis essoufflé mais je cours. Je suis fatiguée mais je cours. Je suis perdu mais je cours. J'ai peur mais je cours.
Et malgré tout ça j'ai un sentiment d'apaisement, comme lorsqu'on enlève un vêtement trop serré. Je ne ressens plus cette palpitation de malheur.