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Chapter 2 - Moi, Avilda !

L'immense ville de Walt-Jeit semble être comme figée, abandonnée de ses habitants depuis peu. Pourtant, elle est habitée, cette ville. Capitale d'un immense pays appelé Brutopilia. Là-bas, le commerce est roi ! Que ce soit pour les marchands de nourritures, d'esclaves, d'objets rares ou magiques, tout se vend et tout s'achète. Le jour, la ville brille par son ambiance joyeuse et la vie qui l'entoure. Mais la nuit, Walt-Jeit change d'aspect, tout devient mort. C'est l'heure où bandits et voleurs pillent tous les bourgeois qu'ils croisent. Mais les plus dangereux d'entre tous, aiment particulièrement ces nuits, car ils peuvent agir sans crainte de représailles, partir comme ils sont venus, comme s'ils sortaient de l'ombre... Ils ont l'art d'être sans pitié : les pirates !

Tout le monde les craignent, on en trouve toujours à Walt-Jeit. Les pirates n'ont aucune pitié pour leurs victimes, comme s'ils n'avaient pas de cœur. Pourtant, les temps changent...

Un soir de lune croissante, à Walt-Jeit, les rues sont calmes, nous n'entendons pas un seul pas résonner sur les pavés de pierre. Un léger vent frais et un silence de mort rend l'endroit encore plus effrayant qu'il ne l'est déjà. Mais il y a un endroit où un bruit résonne encore, comme de la musique et des voix d'hommes qui s'entendent à des kilomètres... La taverne de Walt-Jeit était le lieu préféré des pirates, des bandits, des voleurs, des hommes riches et même des personnes pauvres. Chacun venait parier leur argent dans des jeux, ou dans des femmes. En pleine partie de menteur, quatre hommes jouent dans le but de gagner une belle somme de cinq cents pièces d'or ! La porte de la taverne s'ouvre et laisse entrer un jeune homme.

Un jeune homme au visage caché, portant un beau chapeau à larges bords avec un bel équipement de pirate. Des bottes de cuir de vachettes, une chemise ample, un sarouel avec une large ceinture noire, ... Ce jeune homme semble être important dans la confrérie des pirates. Il avance net devant la partie de menteur. Un des joueurs du menteur qui venait de le voir dit au jeune pirate :

- Tu veux jouer gamins ?

- Je ne suis pas ici pour regarder. Répondit calmement le pirate d'une voix étouffée avec son foulard.

- T'as de l'argent pour jouer ? Demanda un autre.

Le jeune pirate se mit à poser un petit sac d'argent sur la table. Puis s'assoit avec les autres. Ils jouèrent plusieurs parties pendant quelques heures. À la fin, le jeune pirate avait gagné la somme de sept cents pièces d'or. Un homme, persuadé qu'il avait triché, renversa la table et le pirate avec. Le visage découvert, les quatre hommes le regarde perplexes... C'était un visage féminin... Puis un homme hurle :

- On ne veut pas de fillettes ici !

La jeune fille se mit à fixer violemment l'homme qui a parlé. Elle se releva, enlève la saleté sur ses beaux habits sans même se soucier que les joueurs viennent tout juste, épée en main, de se mettre en garde contre elle. Puis, cette mystérieuse fille finie par parler :

- Navré de devoir vous quitter si vite, mais j'ai plus important à faire que de me battre contre vous !

Sans même qu'ils s'en rendent comptent, la jeune fille se mit à courir vers la sortie avec sa bourse. Il faut attendre quelques secondes pour qu'elle soit poursuivie par des hommes. Elle ne mit pas longtemps à les semer dans les rues. Elle se cacha entre des barils de rhum et entendait des hommes courir et se parler entre eux, se demandant où elle était. En attendant d'être sûre de ne rien risquer, elle rangea sa bourse et prépara son épée qui était rangée dans son fourreau, sur le côté gauche de son bassin. Au bout de quelques minutes, après s'être assurée qu'il n'y avait plus personne dans les parages, elle prit son chemin comme si de rien n'était. On pouvait entendre ses pas réguliers dans les rues sombres et vides... Elle finit par arriver au port de Walt-Jeit, elle chercha un navire, puis, le trouva. Un beau et grand navire assez imposant avec des voiles immense replié sur elles-mêmes, le bois semble ancien mais toujours aussi solide, trois mâts y sont présent avec cinquante canons. Ce navire est vraiment très impressionnant ! Presque arrivé à l'aurore, l'équipage dort encore. Alors que la jeune fille se mit à traverser la passerelle pour embarquer, elle entendit derrière elle un homme avec une voix assez grave :

- Je t'ai retrouvé sale gamine !

Dans l'ombre, le matelot ne voyait pas la voleuse... Il donna un ordre :

- Retourne-toi !

La jeune fille se retourna, l'homme peut enfin y apercevoir son visage, un visage fin ainsi qu'une corpulence moyenne. Des cheveux mi-longs et lisse de couleur châtain-clair. Mais c'était surtout ses yeux, qui l'impressionnaient : des yeux d'un bleu océan intense qui semblait briller sous le reflet des étoiles, il n'avait jamais vu des yeux pareils ! Et comme elle est belle... Elle se tient avec détermination, le regardant d'un air provocateur...

- Que me veux-tu ?! Demande-t-elle.

- Rends mon argent, voleuse ! Tu as osé tricher au menteur !

- Le but du menteur l'ami, c'est de mentir ! Répondit calmement la jeune fille.

- Pas pour les gamines comme toi ! Dit sèchement l'homme.

- L'ami, on peut s'arranger si tu le souhaites. Elle tape doucement le pommeau de son épée avec sa main gauche pour lui montrer de quoi elle parle.

- Tu oses me provoquer en duel ? Demanda l'homme d'un ton hautain.

Avec un sourire sournois aux lèvres, la jeune pirate mit sa main droite sur son fourreau, prête à dégainer son épée. Mais au moment où elle allait la sortir, un homme arrive depuis le bateau derrière elle et la surprend en parlant haut et fort.

- Que se passe-t-il ici ?! La jeune pirate enlève immédiatement sa main de son épée, mais ne se retourne pas. Le matelot reconnaissait cette voix, n'importe qui pouvait la reconnaître.

- ... Capitaine McHope ?...

C'était bel et bien lui, le capitaine McHope. Grand, imposant et surtout très riche ! Chez tous les matelots, il incarne la puissance et le respect ! Lui parler est un honneur.

- Matelot, que se passe-t-il ? Demande-t-il.

- Cette sale voleuse a triché au menteur et a volé mon argent !

La jeune fille se retourne face au capitaine, elle le regarde d'un air normal, se tenant droite et sans détourner son regard.

- Je n'ai pas triché. Dit-elle.

- Comment oses-tu adresser la parole au capitaine sale voleuse ?! Hurla l'homme en colère.

- Ça suffit Matelot ! Je vais m'occuper moi-même de cette fille, retournez donc à vos occupations et laissez-la.

- Mais... Capitaine...

- Rentrez, maintenant !

Sans un mot, l'homme partit sans attendre une seconde. Le capitaine le regarde partir, puis se mit à regarder la jeune fille qui n'avait toujours pas bougé. Elle le regarde à son tour sans peur, sans provocation, comme si elle attendait un ordre.

- On met les voiles. Dit le capitaine à la jeune fille, puis ils montèrent sur le navire. Alors navire se mit à partir au lever du soleil.

Il avait pour nom Flinn McHope, capitaine du Médaillon Maudit. Il en est le capitaine depuis maintenant plusieurs années. Le navire qu'il commande est très spécial ! Il porte le nom de Médaillon Maudit car ce navire est justement maudit. Mais pas dans le mauvais sens, ce navire a la particularité de choisir son capitaine grâce à un médaillon. Un médaillon pas plus grand qu'une pièce en argent, dessus est représenté une tête de mort entouré d'un cercle. Les capitaines le portent sur eux jusqu'à leur mort, à ce moment-là si le capitaine meurt, le médaillon brille d'une couleur blanche. Lorsqu'une autre personne désignée pour devenir capitaine prend le médaillon entre ses mains et que celui-ci reprend sa couleur initiale, cela signifie que le navire a choisi un nouveau capitaine. Mais tant qu'il reste blanc, le navire navigue sur les océans à sa guise, jusqu'au jour où son vrai capitaine prend en main le médaillon. D'où le nom du navire. Les capitaines ont la capacité de choisir leurs héritiers du navire avant que la mort les emportent. C'est ce qu'a fait McHope envers son unique héritier. Flinn McHope, capitaine imbattable à l'épée, pilleur de bâtiments, marchandeur et défenseur de la lignée et confrérie des pirates avec ses hommes, tous les autres capitaines le respecte. Il a une fille unique, ayant pour nom Avilda. C'est une jeune fille très aventureuse et dangereuse, comme son père.

La jeune fille est sur l'avant du bateau, pour admirer le lever du Soleil avec la vue de Walt-Jeit qui s'éloigne peu à peu. Elle recevait un peu d'embruns avec le vent à cause des vagues qui frappaient la coque du bateau, de l'air frais de l'océan avec une odeur iodée. Puis le capitaine la rejoint, un silence apparut... Il se mit à parler à la jeune fille sans la regarder :

- Je t'avais dit de ne pas y retourner Avilda.

- Je sais père. Répondit-elle sans le regarder.

- Alors, pourquoi tu m'as désobéi ? Demande-t-il en la regardant.

- Je voulais simplement faire comme tous les pirates, aller à la taverne et jouer au menteur. Et je voulais surtout vous faire honneur !

- Tu n'es pas un pirate normal, tu le sais mieux que personne. Répliqua le capitaine assez sèchement.

- J'aimerais pourtant... Etre une femme ne devrait pas être une contrainte dans la piraterie !

-Là n'est pas le problème ma fille, et je refuse que tu y retournes ! Tu sais pertinemment que tant que tu n'auras pas fait tes preuves, personnes n'acceptera le fait que tu sois un vrai pirate ! Ici tu es respectée parce que tu es ma fille, mais le jour ou je ne serais plus, les hommes devront savoir que c'est toi leur chef ! Et tu n'es pas prête à le devenir.

- Je suis justement votre fille, je suis née pour être chef ! Insista la jeune fille auprès du capitaine.

- Sache une chose Avilda : on ne naît pas chef, on le devient. Et toi, tu n'es pas prête à le devenir. Tu as trop de doute et de conflit qui te hante.

- Je n'ai pas de conflit !

- Dans ce cas, explique-moi pourquoi tu cherches tant à me prouver que tu es un pirate comme les autres ?

- ... Je dirais bien que c'est pour vous rendre fier, mais ce n'est pas la seule raison. Soupira-t-elle.

- Et ça ne change rien au fait que tu as failli te battre dans une taverne !

- Je ne l'évite pas. Dit-elle en regardant l'océan.

-Tu n'as aucune peur dans les yeux... Dit-il en la regardant.

- Parce que vous m'avez appris que la peur n'est pas présente chez un pirate, que nous devons voir cette peur en face et l'affronter. La peur peut nous rendre fou et détruire une réputation en quelques secondes !

-Tu as raison Avilda.

Un silence est apparu, le capitaine regarde Avilda entièrement, mais elle ne le regarde pas, elle regarde l'océan. Il finit par lui dire en se tournant vers elle :

- Relève ta manche droite.

Surprise de sa demande, la jeune fille se tourne vers lui.

- Je vous demande pardon ?

- J'ai dit, relève ta manche droite.

Avec un peu d'hésitation, la jeune fille relève sa manche, puis des dés non truqués tombe au sol. Elle avait bien triché.

- Tu utilises la même méthode que moi, à ce que je vois.

- Oui père.

-Bon, juste pour le coup de maître, je vais te laisser tranquille. Mais, on ne va pas arrêter l'entrainement pour autant. Dit-il en retournant vers l'arrière du navire. La jeune pirate ne dit rien, les yeux rivés sur l'horizon orangé dû au lever du soleil.

- Tu veux toujours être respectée par les pirates ? Lui demande son père avant de partir.

- Bien sûr que oui ! Dit-elle en se retournant vers lui.

Alors que le capitaine commence à retourner au gouvernail, Avilda s'avance d'un coup vers lui et cria :

- Père attendez !

- Oui ? Dit-il en se retournant.

- Je... J'ai encore ces visions... Dit-elle en bégayant.

- Depuis longtemps ?.. Demande-t-il soucieux.

- Depuis quelques mois... Elles ne sont jamais parties...

- Tu m'avais pourtant dit que tu ne les avais plus.

- Je sais père... Avilda baissa les yeux, cette nouvelle semblait inquiéter son père.

Le capitaine ne dit rien, il repensa à cette époque ou les visions de sa fille sont apparu. Des visions pour le moins étrange, et peu nette. Avilda suivait une sorte de traitement qu'un chaman lui avait prescrit voilà de ça plusieurs années. Mais, il semble désormais évident que c'était un charlatan. Ses visions faisaient douter et trembler la jeune pirate.

- Tu devrais aller voir Jack. Dit le capitaine. Il va t'aider pour ça. On en reparlera plus tard. Finit-il inquiet, et il part comme un voleur, laissant seule Avilda.

Par le passé, le capitaine avait aimé une femme, une femme très particulière. Elle était la fille d'un seigneur des pirates. Mais elle est morte dans un duel, une mort honorable. Il ne lui restait que sa fille, Avilda.

Seulement, le capitaine viens de mentir à sa fille. Il avait fini par savoir exactement ce à quoi Avilda était destinée et pourquoi elle avait ses visions. Il ne lui disait rien, l'heure n'était pas encore arrivée. Mais le capitaine McHope avait de plus en plus de mal à lui cacher la vérité. Pourtant, il savait que c'était bientôt le moment... Il craint sa réaction lorsque le moment arriverait. Avilda quant à elle, n'était plus très sûre de ses choix. Elle aimait cette vie de pirate, d'aventure et de danger, cette liberté et ses sensations incroyables. Mais avec l'arrivée de ses visions étranges, une petite voix dans sa tête lui dit sans cesse qu'il lui manque quelque chose. Elle le niait, mais ne peut s'empêcher de le penser. Dans ses visions, elle se revoit petite fille en train de crier, d'appeler son père en courant vers lui, puis apparaît un immense nuage noir au-dessus d'eux. Après, plus rien... Elle a fini par admettre que ceci était l'œuvre de la folie. Sans cesse, elle se dit que sa place est sur l'océan et nulle part ailleurs. Pourquoi il lui manquerait quelque chose dans sa vie ?

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