Le royaume de Sol était un puissant empire. Autrefois le deuxième plus grand territoire des humains, cette nation avait toutefois acquis une influence plus grande encore après la guerre qui l'avait opposée au royaume de Dork. Suite à la mort de leur roi, Jin, les démons qui peuplaient ces terres ont perdus leurs affrontements les uns après les autres. En seulement quelques mois, les humains avaient vaincus tous les groupes de démons qui osaient encore s'opposer à eux. Le royaume de Dork, foyer de toutes les râces démoniaques ayant jamais existées, avait ainsi été détruit et son territoire était devenu partie intégrante de Sol, qui était désormais l'unique nation occupant le continent de Malo. Pourtant, le titre de plus grand pays du monde n'avait eut qu'un rôle mineur dans le développement de Sol.
Ce qui fit de cette contré le centre du monde, c'était le partage des vaincus. Par décret de Galandre Leonis, le roi qui avait mené son pays à la victoire, tous les démons existants ou qui naîtraient à l'avenir étaient désormais des esclaves dépourvus de droits. Ainsi, les démons devinrent la propriété de tout humains désirant posséder un larbin obéissant, un guerrier puissant ou simplement une poupée docile. En un rien de temps, Sol fut connu de par le monde comme étant le meilleur fournisseur d'esclaves du globe. Les autres pays ne se privèrent pas pour s'offrir de telles marchandises.
Seulement quinze années avaient passées depuis la mort de Jin, pourtant son pays n'était déjà plus qu'un lointain souvenir. Les clans, les familles qu'il avait protéger étaient brisées et éparpillées sur toute la surface de la Terre. Les démons n'était plus des gens, mais de simple propriétés.
Pourtant, dans ce monde infâme, il existait quelques lieux où les démons étaient condamnés à un sort encore plus atroce. De petits enfers qui ferraient pâlir le Diable lui-même. Ils s'agissait d'arènes de combat où, pour une modique somme, les spectateurs pouvait voir des démons de tous âges et de toutes râces se battre à mort. Qu'ils soient de tout jeunes enfants, des vieillards affaiblis ou bien des mères portant une nouvelle vie en elles, tous devait offrir leur mort pour divertir les humains. S'il s'agissait là du pire cauchemar des démons, les humains avaient donné à ces lieux un nom plus festif... les rodéos.
***
Assis contre un mur de sa cellule, Massim observait l'arme à ses pieds avec un regard vide. Un minuscule faisceau de lumière empêche la pièce d'être avalée par l'obscurité. L'endroit se résumait à un cube de pierres de trois mètres de côté. Le plancher, les mur et le plafond n'était composés que de briques sombres. Seul deux éléments reliaient cet espace clos au monde extérieur. D'abord, il y avait le trou par lequel entrait la lumière. À environ deux mètres de haut, il manquait une brique à l'un des murs. Massim avait un jour frappé à cet endroit et avait délogé la pierre qui comblait autrefois ce vide. Hélas, ce simple désir de voir le ciel avait eut une conséquence tragique.
Sur le mur opposé se trouvait une porte en fer massif. C'était par ce passage que ses maîtres venaient le chercher lorsque son tour arrivait. C'était également par cette porte que Lico était un jour apparu devant Massim. Un gardien l'accompagnait et avait rapidement expliqué au garçon de trois ans qu'il allait servir de punition à un démon égoïste. Ensuite, avant que massim ait put faire le moindre geste, le garde avait tranché la gorge du petit Lico. Chaque nuit depuis ce jour, Massim revoyait le regard emplit de colère et de désespoir que lui avait lancé Lico en s'écroulant dans une marre de sang. Ce cauchemar se poursuivait systématiquement par la phrase qu'avait prononcé le gardien avant de partir avec le cadavre de Lico sous le bras. "N'endomage jamais ta cellule". Qui était Lico? Sa famille savait-elle ce qu'il lui était arrivé? Massim se le demandait plusieurs centaines de fois par jour depuis dix ans.
Soudain, un grincement rauque tira Massim de ses pensées. Un gardien venait d'ouvrir la porte. C'était le tour de Massim. Comme chaque fois, le jeune homme se releva sans un mot, ramassa son arme et suivi le gardien. Alors que les cris de la foule commençaient à atteindre ses oreilles, Massim raffermit sa prise sur son arme. Puis, lorsqu'il atteignit finalement la sortie, il laissa échapper un soupire dépressif. Son adversaires était déjà dans l'arène et, pour la troisième fois de la semaine, il s'agissait d'un enfant.
La petite fille qui se tenait à l'autre bout de l'arène était une jeune alwolf qui n'avait sûrement que huit ans, peut-être même un peu moins. Ses cheveux et sa fourrure, dont on devinait à peine la couleur sombre, étaient couverts du sable qui maculait le sol de ce désert. La petite tremblait de partout et son regard exprimait une incroyable terreur.
Massim chercha cependant à ignorer ce regard de toutes ses forces. C'est ainsi qu'il parvenait à garder la raison depuis son plus jeune âge. À la place, le jeune homme concentra toute son attention sur la minuscule dague que la gamine brandissait vers lui du bout de ses petits bras. L'alwolf n'avait absolument aucune chance de gagner et tout le monde dans cette arène en avait conscience, elle y compris.
Cependant, devant cette enfant condamnée à une mort aussi cruelle qu'injuste, Massim fut profondément soulagé. Cette petite n'avait pas encore tué! La dague que tenait l'enfant était sale et usée. Elle n'avait clairement pas été nettoyée depuis un moment. Pourtant, l'arme ne comportait pas la moindre trace de sang. Cette petite n'avait pas encore sombrée dans piège de cet endroit maudit.
Soudain animé d'un respect presque religieux pour cette alwolf porteuse d'une pureté si rare en ce monde, Massim s'avança finalement vers elle. Tous les spectateurs se turent alors. Le spectacle qu'ils avaient tant attendu venait de commencer!
Massim n'avait certes que seize ans, mais il était tout de même particulièrement intimidant. Le jeune homme possédait un corps bien musclé alors que son teint basané semblait pourtant vouloir le faire disparaître dans le sable de l'arène. Son unique vêtement, un pantalon noir, était lacéré de partout et témoignait des nombreux combat qu'il avait mené. Son aspect féroce était renforcé par ses longs cheveux en bataille, dont la couleur blond dorée rappelait la crinière d'un lion. À l'inverse, son visage et si inexpréssif donnait donnait des sueur froides à ses gardiens eux-mêmes.
Massim avait le physique d'un combattant, mais ce n'était pourtant pas ça qui faisait sa légende. La jeune alwolf le compris en voyant son arme. Ce que Massim tenait dans sa main droite incarnait sa violence. Il s'agissait d'une énorme masse en acier. Le manche était juste assez fin pour qu'une main d'homme puisse le tenir alors que l'arme s'allongeait ensuite en un cylindre grossier d'au moins trente centimètres de large pour pratiquement deux mètre de long. En outre, le manche se terminait par un chaîne dont les épais maillons enserraient le bras de Massim jusqu'au coude. La poid de cette arme était tel qu'il aurait été impossible pour n'importe quel être humain de la tenir d'une seule main comme le faisait ce jeune homme. Or, l'incroyable quantité de sang qui tâchait l'arme prouvait qu'il la maniait d'un main de maître.
Cependant, il ne serait pas dans cette arène s'il avait été humain. Ses bras en pierre le prouvaient d'ailleurs aux yeux du monde. Massim était de la race des géolystes. C'était un démon.
Dans un silence macabre, Massim parcouru les dix misérables mètres qui le séparaient de la gamine. Même lorsqu'il fut juste devant elle, la pauvre alwolf ne put esquisser le moindre geste. La terreur dans l'âme, la petite ne pouvait que serrer sa dague dans ses mains tremblotantes. Massim avait vu cette réaction maintes et maintes fois et s'était depuis longtemps résigné à en être la cause. Il ne pouvait pas aider cette petite, tout comme il n'avait pu aider aucun autre avant elle. Il n'y avait qu'une seule et unique chose qu'il pouvait faire pour elle et c'était de vite mettre fin à ce cauchemar. Ainsi, Massim leva lentement sa massue au dessus de sa tête. Ensuite, avec un regard rempli de pitié, il souffla ces mots.
-Fermes les yeux. Tu ne sentiras rien.
L'alwolf ferma donc ses yeux baignés de larmes et attendit la mort qui fonça vers elle sous la forme d'une masse en acier.
Cependant, alors que l'arme allait broyer la tête de l'enfant, une ombre surgit de nulle part et s'écrasa sur la massue avec assez de force pour la clouer au sol.
Devant les yeux incrédules de Massim et de tous les spectateurs, un jeune homme venait de bloquer le coup. Le géolyste était d'ailleurs le plus surpris de tous. Celui qui s'était écrasé sur son arme et le fixait maintenant de ses yeux rouges était un jeune alwolf à la fourrure blanche. Devant cette apparence inédite, une seule question se formula clairement dans l'esprit de Massim.
- Qui es-tu?
L'albinos resta silencieux quelques secondes avant de finalement répondre.
- Je suis ton roi.