Massim fixait le jeune alwolf avec stupeur. Cet enfant avait-il complètement perdu la raison!? Il venait de se jeter en plein centre de l'un des endroits les plus dangereux du pays! Et il clamait être roi par dessus le marché! Le géolyste se réalisa soudain que son arme était toujours clouée au sol sous les pattes du gamin. Cherchant à mettre fin à cette situation grotesque, Massim leva son arme en l'air pour forcer l'alwof à descendre.
Massim compris alors que le gamin était parfaitement conscient de ses actes. À peine avait-il posé une patte au sol qu'il s'était replacé devant la jeune fille, un bras de côté prouvant qu'elle était sous sa protection.
Dans l'esprit de Massim, les choses commençaient lentement à prendre du sens. Ces deux alwolf devaient être proches. Sans doutes étaient-ils frère et soeur. En la voyant sur le point de mourrir, le garçon avait rejoint l'arène sans réfléchir pour la sauver. Ce titre de roi n'était manifestement que le premier bluff auquel il avait pensé après avoir réalisé sa situation. Le gladiateur poussa alors un soupir bien amer. Voilà qu'il se retrouvait à devoir tuer deux enfants le même jour. Un perspective qui ne l'enchantait pas le moins du monde.
-Tu veux vraiment mourir avec elle? demanda le blond dans une tentative de réduire le nombre de morts.
L'albinos l'observa un instant avec un regard calme. Il n'y avait ni la colère d'un frère dont on menaçait la soeur, ni la peur d'un enfant sur le point de mourir. En fait, peut-être Massim était-il en train de rêver, mais à cet instant, il aurait jurer pouvoir lire de la compassion dans ces yeux.
- Et toi? répondit finalement le garçon. Tu veux vraiment la tuer?
Le gladiateur sentit la colère monter en lui en un instant. Ce gamin parlait comme la situation était simple à régler et ridiculaisait la souffrance qui tyranisait son âme depuis des années!
-Bien sûr que non! grogna le géolyste en abaissant son arme. Tu crois qu'un seul démon au monde voudrais tuer les siens!? On a aucun choix ici! Si je ne la tue pas ici, elle mourra quand même dans sa cellule! Tout ce que je peux faire, c'est lui épargner la souffrance!
Par le temps qu'il ait fini sa tirade, Massim s'était énervé pour de bon. Ce sale louveteau venait de le forcer à dire tout haut une vérité qu'il s'efforçait chaque jour à chasser de son esprit. La vérité sur sa satanée impuissance face à la cruauté du monde, face à la cruauté des humains...
-Si le résultat est le même dans les deux cas, alors tentes ta chance avec la troisième option.
Cette conversation interminable commençait sérieusement à ennuyer la foule qui s'était mise à manifester son mécontentement à grand coup de cris et d'insultes. Si le combat ne reprenait rapidement, ce seraient les combattants dans les cellules qui en patiraient. Pourtant, Massim ne pouvait faire autrement que d'écouter ce jeune alwolf inconscient.
Soudain, l'albinos fit un subtil signe de tête en direction de la grille la plus proche sans quitter Massim des yeux. Ce dernier détourna son regard vers cette grille et sentit son coeur rater un bâtiment sous le choc de ce qu'il vit. Une dizaine de démons bien armés se tenaient dans l'ombre du couloir, invisibles aux yeux des spectateurs. Massim lui-même avait du mal à distinguer leur traits clairement mais la plupart d'entre eux semblait faire partie des prisonniers. Avec plus d'attention, le blond remarqua même quelques enfants qui se cachait derrière les guerriers. Ce furent les prochaines paroles de l'albinos qui lui permirent de reprendre ses esprits.
-Les humains sont tellement convaincu de leur supériorité sur les démons qu'ils ne nous conçoivent même plus comme des créatures pensantes. Un démon ne peut pas réfléchir, un démon ne peut pas leur résister et un démon ne peut certainement pas se libérer de leur emprise. Je ne pense pas comme eux. Nous sommes nombreux dans ce cas.
Massim ne savait même plus ce qu'il ressentait en écoutant ce jeune homme. Les pensées se bousculaient dans sa tête alors que les émotions se mélangeaient dans son coeur. Mais tout cela ne lui importait déjà plus car, dans tout ce bazar, il était parvenu à identifier le sentiment le plus important de tous: l'espoir.
-Comme tu l'as dit, soupira Massim, les démons quoi qu'ils fassent ici...
Il se tut un instant et observa à nouveau la jeune alwolf qu'il avait failli tuer quelques instants plus tôt. Un sourire malicieux étira ses lèvres alors qu'il reprit la paroles.
- Si on doit mourrir, aussi bien essayer de se libérer, non?
L'albinos sourit à son tour en entendant cette réponse. L'instant suivant, il cessa d'être un alwolf. Toutes les caractéristiques de cette race, fourrure, oreilles animals, queue, griffes et crocs, tout cela s'éffrita au vent en un nuage de poussière. L'instant suivant, cette poussière se regroupa sur la tête du jeune hommes jusqu'à y former deux cornes noires. Kaito observa alors la foule d'humains dans les estrades et repensa à une phrase que sortait toujours son père lorsqu'il sentait une victoire imminente.
- Hail to the king