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Chapter 43 - Concession

"Est-ce vrai?"

Demanda Homura Ryuu avec un sourcil levé, et l'homme qui lui faisait son rapport resta à genoux, la tête baissée. "Oui, jeune maître."

Ils se trouvaient dans l'une des pièces de réception de la maison Homura. Ryuu venait de terminer de pratiquer la cérémonie du thé, lorsqu'un des assistants de Kazehaya était venu lui faire son rapport à propos de la demande de Suzuki Aki.

Il soupira et le serviteur eut alors un peu peur. Ce jeune maître de nature calme soupirait rarement, et quand il le faisait, cela signifiait qu'il y avait quelque chose qui le dérangeait vraiment.

"Très bien", déclara le Koutaishidenka après un certain temps.

Son beau visage resta hésitant, mais il choisit d'accéder à la requête de son beau-frère. "Dites à Kazehaya de relâcher la pression sur les affaires des Okadas."

Un froncement de sourcils déforma alors son visage, et le serviteur sursauta d'effroi. Ses yeux bleus étaient de la même couleur que son dragon de flammes, et lorsque le prince n'était pas heureux, ces orbes reflétaient une certaine lueur dangereuse qui les faisaient trembler à en tomber à genoux.

"À l'exception du chef de la police et de ses hommes, dites à Gin de compenser secrètement la perte financière de tout le monde. Quant au couple Okada, Suzuki Aki va s'occuper d'eux."

"Oui, Jeune Maître," répondit le serviteur en s'inclinant avant de se retirer.

Seul, Homura Ryuu poussa un autre soupir. Lorsqu'il avait entendu cette requête concernant les Okadas, il avait trouvé cela absurde. Et d'ailleurs, il continuait de le penser, mais en apprenant que c'était sa fiancée elle même qui en avait fait la demande, il avait accepté.

Ara était au courant pour son accident. C'était surprenant.

Mais ce qui était plus étonnant, était le fait qu'en dépit de savoir que la fille qu'elle traitait comme sa meilleure amie l'avait diffamée et avait même essayé de la tuer, Ara continuait de demander clémence pour elle.

Que voulais-tu dire par être traités comme des créatures sur lesquels on s'apitoie? Sembler être la méchante?

Homura Ryuu aurait aimé dire à sa fiancée que dans ce monde, ce qui compte, n'était autre que la force, l'influence et le pouvoir. Qui pouvait bien se soucier de ce que les autres pouvaient bien penser de toi? Après tout, ils n'étaient que des insignifiantes créatures qui n'oseraient jamais s'opposer à un seul mot dit par quelqu'un de puissant.

En réalité, le prince était toujours en colère contre lui même à propos de cet accident - en colère à propos des toutes ces années qu'il avait passées à en vouloir à Ara, pensant qu'elle était débauchée et mal élevée à cause d'Okada Koharu.

Mais quelque chose qu'Ara avait dit à Suzuki Aki lui avait fait approuver ses plans. Si la personne elle-même n'était pas satisfaite de la méthode utilisée pour obtenir vengeance, à quoi pouvait bien servir tout ce spectacle de pouvoir?

Au final, Ara avait raison. Ce désire de revanche en écrasant les Okadas n'était pas pour elle mais pour lui – afin d'apaiser sa colère.

Mais il n'en avait pas le droit. En tant que personne n'ayant pas non plus cru en Ara, il n'avait pas le droit d'interférer avec sa vengeance. Il ferait en sorte d'être présent le moment où elle aurait besoin de lui.

A partir de maintenant, personne ne pourrait plus la blesser. Sous peine de l'avoir pour ennemi.

Homura Ryuu se releva du sol et traversa la pièce. Ses doigts fins serrèrent la porte coulissante et l'ouvrit pour révéler le temps sombre qu'il faisait à l'extérieur. Sortant du couloir en bois poli, le coin de son œil aperçut les domestiques en vêtements épais.

C'était encore l'hiver après tout - le dernier mois techniquement, mais aujourd'hui était particulièrement froid avec en plus cette averse inattendue.

Néanmoins, le corps de Homura Ryuu était uniquement vêtu d'un pull noir uni, d'un pantalon noir et de chaussettes. Une longue chaîne en or blanc pendait autour de son cou, tombant sa poitrine, un pendentif au design complexe y reposait. Il s'agissait du symbole du clan Homura.

"Jeune Maître, vous sortez toujours?" demanda Yayoi, une vieille servante, la gouvernante en chef. Elle était apparue au coin de la maison presque à la hâte dès qu'il était sorti de la pièce.

Le Koutaishidenka hocha la tête en guise de réponse alors qu'il regardait son vieux visage altéré. Elle était un peu comme une gentille grand-mère pour lui.

"S'il vous plaît, faites attention. Il y a un orage," la conseilla de nouveau Yayoi, et comme dans l'un des ces rares moments, le Koutaishidenka lui donna un petit semblant de sourire - un sourire accordé spécialement à la femme qui l'avait élevé du fait que sa mère était toujours absente.

"Je le ferai," répondit-il doucement. "Dis-leur de préparer la voiture", poursuivit-il en regardant la montre simple à son poignet.

Yayoi fit rapidement signe aux autres serviteurs d'exécuter ses ordres. "Vous allez chercher la jeune Miss Ara aujourd'hui?"

"Hmmm," répondit le Koutaishidenka. "Il est presque l'heure de la fin de ses cours."

"Allez-vous la ramener ici aujourd'hui? Dois-je lui faire préparer une chambre?"

Sa question était posée calmement, mais il n'y avait aucun doute quant à la lueur d'excitation présente dans ses yeux bruns. Depuis que Homura Ryuu avait annoncé qu'il passerait plus de temps à l'extérieur afin de partager du temps avec sa fiancée, les domestiques étaient en effervescence - heureux d'avoir bientôt une nouvelle maîtresse de maison.

Les parents de Ryuu ayant pris leur retraite et s'étant retirés à l'étranger, on pouvait dire que cela faisait un moment que la maison Homura n'avait plus de maîtresse de maison.

Sentant sa véritable intention, qui tentait de le pousser à ramener Ara à la maison sans en dire un mot, le Koutaishidenka gloussa finalement. "Pas aujourd'hui Yayoi", dit-il.

"Pour l'instant, je vais utiliser mon appartement à Gaienmae, il sera plus simple pour elle et pour moi de se rencontrer là-bas tant qu'elle n'est pas encore habituée à moi."

Gaienmae était un quartier haut de gamme avec des rues impressionnantes comme l'avenue Icho Namiki, également connue sous le nom de "Golden Street" en raison des ginkgos jaune d'or qui la bordaient.

Les maisons de la zone étaient vraiment chères. En raison de l'exclusivité du quartier, c'était le lieu résidence de certaines des personnes les plus riches du Japon et de certaines des plus grandes entreprises internationales comme Homura International.

Parce qu'il y avait des moments où il se devait d'aller dans l'entreprise pour y réaliser un travail de consultation, Ryuu avait également un appartement là-bas. Bien qu'il n'y était jamais resté bien longtemps depuis qu'il l'avait acheté. Pour l'instant, ce n'était qu'un endroit où il conservait sa vaste collection de vins occidentaux.

"Ah, vraiment ..." murmura Yayoi.

Voyant la déception dans ses yeux, le prince se dirigea vers elle et prit l'une de ses mains ridées. "Mais tu peux d'ores et déjà lui préparer une chambre ici et la décorer d'une façon qu'il lui plaira d'après toi. Elle l'utilisera dans un avenir proche."

Avec cela, les yeux de Yayoi scintillèrent telle des étoiles et elle lui sourit. "Alors dépêchez-vous de lui faire la cour, Jeune Maître, afin qu'elle puisse utiliser dès que possible la belle pièce que je vais préparer."

"Je le ferai," promit-il, et il regarda la vieille dame se dépêcher sur un petit nuage. Ryuu pouvait déjà imaginer son cerveau bouillonner sans cesse afin de s'assurer que tout soit prêt pour l'arrivée d'Ara.

"Jeune Maître, la voiture est là", cria un autre domestique, et Homura Ryuu partit à grands pas chercher sa fiancée à son école.