Un petit tremblement de terre me réveille d'un sommeil léger.
Noire, obscure, sombre, nocturne, ténébreux, que d'adjectifs pour décrire l'ambiance de la pièce où je me trouve depuis un temps indéterminé.
Un jour, deux jours, trois jours, … , un mois, deux mois, j'étais à combien de mois déjà ? Le temps, ne se remarque plus, de plus, mon horloge biologique est déficiente : un repas si les personnes qui s'occupent de moi y pensent et l'ennuie me rend somnolant, siestes après siestes, je ne dors pas vraiment la "nuit".
Il est vrai, qu'il arrive que l'on me libère de mes gonds, mais c'est après un bon coup sur la tête puis pour m'attacher dans une autre pièce et réaliser des expériences : Contrôle mental, poisons, magie de soin, magie anti-magie, transplantation et j'en passe.
Résultats, la douleur ne me fait plus rien, je la ressens mais je suis arrivé à un stade où, on peut dire que se sectionner un doigt, cela démange un peu et je m'y connais un peu plus en science magique et sur moi.
Dans ce monde, il existe une branche de la magie destinée à l'étude des potions, des spores, et d'autres choses qui m'intéressent guère : l'auxilium. De cette branche découlent plusieurs autres : les plus importantes sont l'alchimie qui traite les potions de modification – corporelle ou matérielle –, l'art shaman qui s'occupe des potions de transe par le biais des hormones notamment provoquant boostes, facultés de divination. Cependant des arts moins éthiques existent comme l'impérancie – ou imperium – qui vise le contrôle absolu des êtres vivants, tout ou la majorité de cette discipline use des champignons et de leurs spores : On veut contrôler une personne, pas de soucis un champignon peut faire ça, suffit que la cible respire ses spores et une semaine après son libre arbitre est scellé durant le mois qui suit ; des cadavres à relever un cocktail de champignons fera l'affaire, certains se grefferons sur le système nerveux, d'autres sur les muscles leur rapportant de l'oxygène par symbiose, d'autres encore se logerons dans le cerveau et enfin un champignon alpha se connectera au champignon dit de soutien qui contrôlera le tout ; j'ai lu un beau bouquin sur le sujet à la bibliothèque du château, le nom, si je me souviens bien, était "L'imperium, grâce ou disgrâce ?". Le problème de cette discipline est celui de l'aléatoire, chaque corps ne réagis pas de la même façon, couplé à celui du dosage, si on prend l'exemple précédent, prendre une unique spore de champignon alpha serait prendre le risque qu'elle ne trouve pas d'endroit viable où se loger ou que la spore soit déficiente – pas de champignon alpha, pas de coordination donc un échec –, cependant, en prendre plusieurs, pourrait provoquer un conflit : il ne peut y avoir deux alpha, deux chefs. Voilà, pourquoi l'expérimentation est le moyen le plus rapide pour s'améliorer : il s'agit d'une discipline empirique.
Ainsi, la première expérimentation que l'on a fait sur moi, était pour essayer de me contrôler mentalement, malgré tous les essais, inhalation par vois respiratoire, ingestion de nourriture "sporifiée", injection par voie sanguine, ou encore installation directe par incision, rien y faisait : les spores ne prenaient pas.
L'explication serait la présence trop importante de mana dans mon corps, du mana c'est bien pour le développement des champignons mais trop entraîne une suralimentation impliquant que la mort de ces derniers.
Un second tremblement de terre survient. Il est aussi faible que le précédent. De la poussière, me tombe sur le nez me faisant éternuer.
La seconde fut l'ingestion de plusieurs poisons pour tester des sérums, mais pas de chance pour eux, les poisons ne m'affectent pas.
Pour la troisième, ils enchaînaient coupure, brûlures, amputations et leur soigneurs s'occupaient de moi. Mes nerfs ont assez apprécié ces expériences, j'espère qu'ils s'en remettront.
Ensuite, vinrent les magies anti-magie. Le but de ces expérimentations était de trouver un moyen d'annihiler les pouvoirs de mon œil momentanément afin de l'étudier, il fallait à tout prix qu'il ne soit pas endommager. Comment se sont-ils rendus compte que mon œil recelait de pouvoir magique ? Après trois individus qui explosent au-dessus de mon œil quand ils l'ouvrent manuellement alors que je suis dans une sorte d'état d'amanition : je suis amanique, sans mana – Si l'on ne contrôle plus la magie, cette dernière sort du corps et on perd les facultés magiques – Cet état peut être déclenché par un trouble émotionnel ou par un traitement hormonal comme celui que l'on m'oblige de suivre.
Malheureusement, leurs techniques anti-magiques ne parvenaient pas à repousser le pouvoir de mon œil.
Enfin, voyant que malgré toutes les expériences visant à me vider entièrement de mana – ce qui me plongerait dans un sommeil extrêmement profond avec mon œil – ils ont réalisé une transplantation, il y a peu de temps. Sur mon bras gauche, surplombant mon poignet, un organisme à parement très malléable, qui se nourrit de mon mana ou plutôt le ponctionne. Celui-ci croit au fur et à mesure qu'il mange, me donnant cette apparence difforme, d'un être au bras gauche faisant la taille de deux personnes. Depuis que je l'ai au bras, seules une fatigue omniprésente et un dégoût se sont installés : fatigué, parce que cette chose doit aussi me prendre de l'énergie, et dégoûté, par ce qu'étant donné que je suis attaché en hauteur par les mains, l'organisme tombe sur moi, et coule sur le côté gauche de mon visage, bien que cela soit dur, la texture est assez bizarre au touché.
Un troisième tremblement de terre, lui plus puissant que les autres, retenti, faisant tomber le cache de la grille sur la porte de ma cellule. Je peux voir l'extérieur de cette pièce : un couloir jonché de pièce vitrée.
Un quatrième séisme, des plus puissants, a lieu. Les murs ainsi que le sol se fissurent, des cris retentissent et les vitres se brisent.
Une chose sort particulièrement du lot dans ce paysage désastreux.
Un alignement parfait des morceaux de verre encore en suspension dans les airs, engendra la rencontre entre un faisceau de lumière et moi, une gêne mais pour une fois agréable. En suivi, la vue d'un paysage magnifique derrière un mur troué sans doute par un impact : au loin, un lac immense bleu entouré d'une forêt de pins couverts par un chapeau de neige, tout comme les montagnes, plus loin encore, grise sous un toit bleuté.
Quel était la probabilité que cela arrive ? (NdA : 100 % d'après le script)
Le temps qui avait l'air de ne pas vouloir reprendre son fil, prit réellement fin après un autre faisceau lumineux qui m'aveugla.
"JE VAIS SORTIR ET PARCOURIR CES PAYSAGES !" Criais-je.
"Mais avant, il est temps de partir d'ici."
Vengeance ou pas, je tuerais sans pitié ceux qui me barrent la route.