« Tout ne se passe pas comme on le voudrait. Soit on perd, soit on gagne. Mais pour certains, l'échec devient une seconde nature. À quoi bon persister ? Mieux vaut s'abandonner à son sort. »
Ces paroles n'étaient pas celles d'un philosophe.
Elles venaient d'un gamin.
Un garçon qui, trop tôt, avait perdu foi en ce monde.
Il avait goûté à l'amertume crue de la réalité, à cette vérité que les adultes essaient souvent de cacher aux enfants. Pour lui, la mort n'était pas une fin tragique… mais une délivrance. La seule issue à un tunnel impitoyable.
Ce garçon s'appelait Yapo.
Un jeune Ivoirien, né dans la misère. Il n'avait que six ans quand il perdit ses parents dans un accident de voiture. Un drame qui aurait pu le briser entièrement… s'il n'avait pas eu un roc pour le soutenir : son grand-père, Amon.
Amon n'était pas un homme ordinaire. Derrière ses gestes tendres et son regard plein de douceur se cachait une âme usée, blessée par la mort de sa fille unique — Hélène, la mère de Yapo. Elle était tout pour lui. Elle lui rappelait aussi sa défunte épouse. Alors, quand il prit son petit-fils dans ses bras, ce n'était pas seulement par devoir, mais par amour. Par instinct. Par besoin de protéger ce qui lui restait de sa famille.
Yapo, encore enfant, ignorait tout de la douleur qui l'entourait.
Son grand-père le couvrait tellement d'attention que le vide laissé par ses parents s'effaçait peu à peu. L'amour, même abîmé, a ce pouvoir-là.
C'est dans ce cocon fragile qu'il grandit, jusqu'à ses onze ans.
Et c'est là, précisément à cet âge… que ses véritables problèmes commencèrent.