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Chapter 3 - Chapitre 3 - Un Choc

Le silence pesant fut interrompu par le bruit de la gourde tombant au sol.

La vieille femme resta figée, le visage pâle, comme si elle voyait un fantôme. Ses yeux, ridés par le temps, tremblaient d'incrédulité.

Feng Lin, debout devant elle, observa la scène sans émotion. Il pouvait voir les rides profondes sur son visage, témoins d'années de labeur et de souffrance. Contrairement aux autres, elle ne l'avait jamais abandonné, veillant sur lui même lorsqu'il était plongé dans l'inconscience.

Mais à cet instant, il n'avait ni la force ni l'intérêt de s'attarder sur ce détail.

Il fit un pas en avant.

Son corps lui sembla lourd, comme s'il portait des chaînes invisibles. Ses jambes tremblèrent sous son propre poids, et une douleur sourde remonta le long de sa colonne vertébrale.

Feng Lin serra les dents.

— Pitoyable…

Il n'avait jamais ressenti une faiblesse aussi extrême. Même un mortel ordinaire aurait eu plus de vigueur que lui à cet instant. Son Qi était presque inexistant, et ses muscles étaient réduits à de simples vestiges de chair.

Il tenta un autre pas.

Cette fois, la douleur fut plus vive. Ses pieds, nus contre le sol froid, lui donnèrent l'impression d'être un étranger dans son propre corps.

La vieille femme voulut s'approcher, mais il leva légèrement la main, l'arrêtant net.

— Pas besoin.

Sa voix était basse, mais ferme.

Il ne voulait pas d'aide. Il ne voulait pas de pitié.

La vieille servante, encore sous le choc de le voir debout, se remit lentement. Elle observa Feng Lin, ses yeux emplis d'inquiétude, mais aussi de soulagement.

— Feng Lin… tu es vraiment debout... Sa voix tremblait légèrement, et elle s'approcha doucement, comme si elle craignait de briser cet instant fragile.

Feng Lin la regarda sans émotion, les yeux fixés sur le sol comme s'il cherchait à comprendre le monde qui l'entourait. Il sentit l'inconfort du corps qui le trahissait à chaque mouvement.

— Dis-moi, dit-il d'une voix lasse, combien d'années ai-je passées dans cet état ? Combien d'années suis-je resté endormi ?

Il feignait de ne pas savoir. Il savait parfaitement combien de temps il avait été plongé dans l'inconscience, mais il choisit de poser la question.

Pas par curiosité, mais pour tester la vieille femme, pour observer ses réactions.

La vieille servante hésita, son visage se creusant encore davantage sous le poids des années. Elle posa une main tremblante sur son cœur, cherchant les mots.

— Tu… tu as été dans le coma pendant quinze longues années, Maître. Le poison…Sa voix s'éteignit un instant, comme si elle avait du mal à évoquer ce souvenir.

- Nous avons cru… que tu ne reviendrais jamais.

Un silence lourd s'installa entre eux. Feng Lin observa la vieille servante avec une froideur calculée, ses yeux brillants d'une lueur cachée. Il n'était pas intéressé par la douleur ou les regrets de ceux qui l'entouraient, mais il avait bien noté la peur dans ses yeux.

Feng Lin, toujours appuyé contre le mur, se redressa lentement. Ses yeux, froids et perçants, se posèrent sur la vieille servante.

— Et le clan ? demanda-t-il d'une voix calme, presque dénuée d'émotion.

Quel est son état aujourd'hui ?

La vieille servante baissa les yeux, le visage marqué par une profonde tristesse. Elle savait que les nouvelles qu'elle allait annoncer n'apporteraient aucun réconfort.

— Le clan... Elle hésita un instant, comme pour se donner du courage. Le clan est toujours dans la même situation. Rien n'a changé. En fait, cela n'a fait qu'empirer.

Elle soupira, visiblement accablée.

- Cela fait plus de cinq cents ans maintenant que le clan est en chute libre. La richesse est partie, la réputation est ternie. Il n'y a plus de soutien extérieur.

Feng Lin serra les poings, une colère sourde brûlant dans son regard. Ce corps, bien qu'il fût malade et empoisonné, avait un potentiel. Avant sa trahison, avant sa chute, il avait été un prodige, un héritier promis à la grandeur.

Il savait que ce corps, dans sa jeunesse, aurait pu atteindre des sommets. Le talent était là, sous la surface, avant que ce poison ne le ravage. Il aurait dû être l'un des meilleurs, l'un des plus forts. Mais au lieu de cela… il s'était retrouvé dans un corps misérable, traînant dans la boue, à l'extrémité de l'échelle sociale.

— Je me réincarne pour tomber aussi bas ? marmonna-t-il, sa voix emplie de rage. Ce corps était censé être le début d'une nouvelle ascension, pas la fin d'une ancienne. Comment puis-je être tombé si bas ?

Il tourna le regard, de plus en plus glacé, vers la vieille servante. Elle savait qu'il faisait référence à son propre corps, à sa situation dégradée.

Pourtant, il n'attendait aucune pitié.