J'avais 3 ans quand ma mère s'est suicidée suite au départ
de mon père. C'est aussi après ce départ qu'elle est devenue une coquille vide.
Je me souviens qu'elle ne s'occupait plus de moi. Quand je pleurais de faim,
elle finissait par me remarquer, mais sinon, il n'y avait aucune forme d'amour
ni de tendresse. Quand elle a mis fin à ses jours, je n'ai ressenti aucune
émotion, aucune larme n'a coulé de mes yeux d'enfant.
Peu de temps après, je fus placé dans un orphelinat. Enfin,
si on peut appeler ça comme ça. C'était plus une sorte d'église qui accueillait
les enfants sans famille. Les personnes qui s'occupaient de nous étaient
mauvaises et nous maltraitaient. Là-bas, je me suis fait une amie, Loa Venwink.
Elle venait d'une famille noble déchue. Ses parents et son frère étaient morts
suite à un incendie.
Maintenant, j'ai 12 ans, et rien n'a changé. Toujours le
même orphelinat, toujours les mêmes personnes. Enfin, une chose a changé : mon
amie Loa a disparu il y a maintenant 2 ans. J'ignore pourquoi elle est partie
et ce qui lui est arrivé. Peut-être en avait-elle marre de notre misérable
existence ici ? J'ai bien posé la question à la dirigeante de l'orphelinat,
mais pour mes propos dits "indiscrets", elle m'a fouetté. J'ai eu des bleus
pendant une semaine.
La vie ici est un enfer quotidien. Les murs de cette
ancienne église, qui devraient être des refuges, sont devenus des prisons.
Chaque nuit, je rêve de m'évader, de retrouver une vie où l'amour et la chaleur
humaine existent. Mais pour l'instant, je reste coincé dans cet endroit sombre,
avec pour seule lumière les souvenirs de Loa et l'espoir ténu d'un avenir
meilleur.
Un jour, alors que j'errais dans les couloirs sombres de
l'orphelinat, j'entendis une conversation entre deux des employés. Ils
parlaient à voix basse, mais les murs fins laissaient passer leurs murmures.
« Tu sais, la petite Loa, elle n'aurait pas dû poser autant
de questions, » disait l'un d'eux. « Oui, la directrice n'a pas supporté son
insolence. Elle l'a fouettée trop fort cette nuit-là... c'est comme ça qu'elle
est morte, » répondit l'autre.
Mon cœur s'arrêta de battre un instant. Loa était morte à
cause de la directrice ? Une rage sourde monta en moi. Je savais que je devais
faire quelque chose. Je ne pouvais pas laisser cette injustice impunie.
Cette nuit-là, je n'ai pas fermé l'œil. Je mijotais ma
vengeance, imaginant mille scénarios dans lesquels la directrice payait pour ce
qu'elle avait fait.
Le lendemain, je confrontai la directrice. Mon cœur battait
la chamade, mais je savais que je ne pouvais plus reculer.
« Madame, je sais ce que vous avez fait à Loa, » dis-je
d'une voix que je voulais assurée.
Elle me regarda avec un mélange de surprise et de mépris. «
De quoi parles-tu, gamin ? »
« Vous l'avez tuée ! Vous l'avez fouettée trop fort ! C'est
de votre faute si elle est morte ! » Ma voix montait en intensité avec chaque
mot.
La directrice se leva brusquement de son siège. « Comment
oses-tu m'accuser de la sorte, sale morveux ?! »
Je ne fléchis pas. « Vous paierez pour ce que vous avez
fait. Loa ne méritait pas ça. Personne ne mérite ça. »
Elle me gifla violemment, mais la douleur physique ne fit
qu'alimenter ma détermination. « Tu vas regretter ces paroles, » cracha-t-elle.
Je la fixai, les yeux remplis de haine. « Non, c'est vous
qui allez regretter ce que vous avez fait. »
Cette nuit-là, je ne dormis toujours pas. Mais cette fois, mon esprit
était fixé sur un seul objectif : mettre fin à cet enfer une bonne fois pour
toutes. J'avais entendu des histoires de gens brûlant des champs pour purifier
la terre, et je me demandais si la même logique pouvait s'appliquer ici.
J'étais déterminé à tout détruire, à purger ce lieu de ses horreurs.
J'attendis que tout le monde soit endormi. Avec une
discrétion calculée, je me glissai dans la réserve où étaient entreposés des habilles
. J'attrapai plusieurs vetements et
commençai à les répandre discrètement dans les couloirs, prenant soin de ne pas
faire de bruit. Je les reliait entre eux grace a une ficelle chaque vetements qui tombait sur le sol me rapprochait de ma
vengeance.
Quand j'eus fini, je sortis une boîte d'allumettes que
j'avais volée quelques jours auparavant. Mon cœur battait la chamade, mais
cette fois, c'était de détermination. Je craquai une allumette et la regardai
brûler un instant, hypnotisé par la petite flamme vacillante.
« Pour Loa, » murmurai-je avant de laisser tomber
l'allumette sur un habille.
La flamme s'étendit rapidement, embrasant la ficelle et se
propageant comme une traînée de poudre. En quelques minutes, les flammes
dévorèrent les murs de l'orphelinat, se répandant dans les couloirs sombres.
Je sortis du bâtiment, me tenant à une distance sécuritaire
tout en observant l'incendie. Les cris commencèrent bientôt à retentir. Les
enfants, les employés, et finalement, la directrice. Leurs voix paniquées
perçaient la nuit, mais je restai immobile, le visage impassible. Chaque cri
était un écho de justice, une réponse à la cruauté et aux souffrances
infligées.
Les flammes léchaient maintenant les murs extérieurs, le
bois crépitait et se consumait. Les fenêtres éclatèrent sous la chaleur
intense, projetant des éclats de verre étincelants. Je ne ressentis aucune
pitié, aucune tristesse. Ils méritaient tous de payer pour ce qu'ils avaient
fait, pour les enfants qu'ils avaient brisés, pour la vie de Loa qu'ils avaient
volée.
Lorsque les flammes commencèrent à faiblir et que les cris
s'éteignirent, je tournai les talons et m'éloignai de ce qui n'était plus qu'un
tas de cendres et de décombres. Je ne savais pas où j'irais, ni ce que l'avenir
me réservait, mais je savais une chose : l'orphelinat n'existait plus.