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Depuis la Sainte Amelia, chaque Sainte était contrainte d'épouser l'héritier du trône d'Aragon , que ce soit par amour ou non. Le roi Louis II aimait éperdument la reine Bianca. Cependant, les difficultés de la reine à enfanter la plongèrent dans la solitude. Pour y remédier, Louis II prit la servante de sa femme comme concubine. De cette liaison naquit Églantine, la première princesse royale. Deux jours plus tard, la reine Bianca donna naissance à Béatrice, la deuxième princesse royale. Pour apaiser les tensions, le roi maria sa concubine au comte Risfillerd. Après la mort de la reine Bianca et l'enlèvement de Béatrice, la comtesse Risfillerd revint au palais et devint la nouvelle reine.
** SALLE DU CONSEIL **
«Silence ! Oubliez-vous que vous êtes en présence de l'héritière du trône et de son époux ?»
Le duc Berker, surnommé «Cœur de Pierre», venait de parler. Les nobles se turent aussitôt.
«L'atmosphère est tendue», reprit le duc. «Certains réclament l'exécution de la princesse Églantine, d'autres sa destitution. Qu'en pensez-vous, votre Altesse ?»
Tous les regards se tournèrent vers Béatrice. Son corps tremblait, son front était couvert de sueur, ses poings serrés. Frédéric, son époux, posa doucement sa main sur les siennes et lui murmura : «Ne vous inquiétez pas, je suis à vos côtés.»
Soudain, Béatrice se sentit envahie d'une détermination nouvelle. Elle releva la tête et, malgré son tremblement, prit la parole :
«Bien qu'elle ait commis une faute envers notre roi, Églantine reste ma sœur. Je ne peux me résoudre à la punir si sévèrement.»
Les conseiller du roi murmurèrent,Visiblement mécontents. «Pff... Je savais que vous n'étiez pas à la hauteur pour être l'héritière du trône», lança le baron Sevrang.
«Quelle insolence envers votre future souveraine, baron Sevrang !», s'indigna Frédéric, les yeux brullants de colère. Le baron, intimidé, se rassit.
«Princesse, que diriez-vous d'une destitution ?», proposa un conseiller.
»Une destitution ? Non, ce serait trop cruel, protesta Béatrice. Elle vivrait un enfer si elle devenait roturière, car elle serait haïe du peuple. Si on la bannit du royaume, elle n'aura nulle part où aller.»
Le duc Berker intervint : «Si vous n'êtes pas d'accord pour une destitution totale, qu'en pensez-vous d'une destitution partielle ?»
«Une destitution partielle... Hum... C'est une idée, mais où l'envoyer ?», s'interrogea Béatrice.
Les conseillers réfléchirent. «Cristen !», s'écria le comte Evan.
«Jamais ! Elle mourra là-bas !», s'écria Béatrice, le visage rouge de colère. «Vous n'y pensez pas ?»
«Nous l'enverrons avec un garde pour la protéger, et elle vivra dans le domaine du duc Candell», assura le duc Berker.
Béatrice se calma et écouta attentivement la proposition. Finalement, elle accepta la destitution partielle et signa l'accord.
«Le duc Candell possède un domaine à Cristen ? Je n'étais pas au courant», s'étonna un conseiller.
«Comment avez-vous eu cette information, duc ?», demanda un autre.
Le duc Berker ne répondit pas. Après un moment de silence, il dit, avec un sourire satisfait : «La rose mourra, et la prophétie ne se réalisera point.»Puis, il quitta la salle.
**PALAIS DIAMANT, APPARTEMENT DU ROI**
«Ne vous surmenez pas trop, Béatrice», s'inquiéta Frédéric.
«Ne vous inquiétez pas, ce ne sont que des blessures mineures», répondit Béatrice, pensant à sa sœur.
«Vous avez l'esprit ailleurs depuis tout à l'heure. Que se passe-t-il ?», insista Frédéric.
«Je pense à Églantine. Pensez-vous que je devrais aller la voir ?»
«Malgré vos différends, je crois que vous devriez lui rendre visite», encouragea Frédéric.
Béatrice se leva et se dirigea vers les cachots.
** CACHOTS **
«Ce n'est pas de ta faute, Églantine. Tout ceci n'est pas de ta faute. Il n'aurait pas dû reculer», murmurait Églantine, assise par terre dans sa cellule.
«Princesse, vous avez de la visite", annonça un garde».
Béatrice apparut. Églantine la regarda avec amertume.
«Ahah... Comme on dit, on récolte ce que l'on sème. Méprisez-moi, haïssez-moi.»
«Contrairement à vous, ma sœur, je ne suis pas quelqu'un qui méprise les autres», répondit Béatrice avec douceur. «J'étais heureuse d'apprendre que j'avais une sœur. Quand j'entendais les gens du palais vous juger, je vous défendais toujours. Mais aujourd'hui, j'ai compris pourquoi ils le faisaient». Ne vous inquiétez pas», ajouta-t-elle en posant sa main sur son cœur. «Moi, je vous aime de tout mon cœur, ma sœur.»