Download Chereads APP
Chereads App StoreGoogle Play
Chereads

Les Ombres du Passé

layla_krim
--
chs / week
--
NOT RATINGS
106
Views
Synopsis
L’horloge de la vieille gare de Saint-Roch indiquait 23h57. L’air était chargé d’humidité, et une fine brume rampait entre les pavés du quai désert. À cette heure, plus personne ne s’attardait ici—sauf lui. Gabriel Delcourt attendait. Son manteau sombre battait légèrement sous la caresse du vent nocturne. Ses yeux, d’un vert profond, scrutaient l’obscurité au-delà des rails, là où les lumières de la ville s’arrêtaient net. Il n’aimait pas cet endroit. Trop de souvenirs. Trop de fantômes. Un murmure s’éleva derrière lui, comme une respiration retenue trop longtemps. Il se retourna brusquement, son cœur martelant sa poitrine. Personne. Pourtant, il le savait : il n’était pas seul. Ce soir marquait le début d’une quête qu’il aurait préféré éviter, un plongeon dans un passé qu’il s’était efforcé d’oublier. Mais on ne fuit pas éternellement les ombres, surtout quand elles portent un nom. Et le sien venait d’être murmuré dans l'obscurité.
VIEW MORE

Chapter 1 - Le Retour de l’Ombre

La gare de Saint-Roch était presque silencieuse à cette heure avancée de la nuit, à peine troublée par le craquement lointain d'un néon défaillant et le bruissement du vent qui soulevait des tourbillons de poussière. Sous la lumière blafarde des lampadaires, Gabriel Delcourt attendait, figé comme une statue, le regard fixé sur les rails qui disparaissaient dans l'obscurité.

Cela faisait dix ans qu'il n'avait pas mis les pieds dans cette ville. Dix ans qu'il avait fui, tournant le dos à son passé sans jamais se retourner. Pourtant, tout ici lui semblait familier—les vieux pavés humides, l'odeur de fer et de pluie, les murs défraîchis portant encore les vestiges de vieilles affiches arrachées.

Un sifflement strident fendit la nuit.

Le dernier train arrivait, ses phares perçant la brume dans un éclat fantomatique. Gabriel serra les poings dans les poches de son manteau, tâchant d'ignorer cette sensation désagréable qui lui rongeait l'estomac : un mélange de nervosité et de cette intuition sourde qu'il n'aurait jamais dû revenir.

La porte du train s'ouvrit dans un soupir mécanique. Quelques passagers en descendirent, fatigués, l'air absent. Une femme en talons claqua du pied en consultant nerveusement son téléphone, un homme en imperméable pressa le pas vers la sortie. Puis, plus rien.

Personne d'autre ne descendit.

Gabriel fronça les sourcils.

C'était absurde. Il savait pourtant qu'il était attendu.

Il jeta un regard autour de lui. La gare était vide. Pas âme qui vive. Seuls les bruits lointains de la ville filtraient dans l'air froid.

Il fit un pas en avant, puis un deuxième. Et c'est à ce moment-là qu'il entendit son nom.

Un murmure.

Presque imperceptible, glissant dans son dos comme une caresse glaciale.

Gabriel pivota brusquement.

Personne.

Il se tendit, scrutant l'ombre sous l'auvent de la gare. Le silence s'étira, oppressant, presque surnaturel. Son cœur battait plus vite.

Avait-il imaginé ce chuchotement ?

Un courant d'air souleva les pans de son manteau, et c'est alors qu'il la vit.

Une silhouette, debout au bout du quai. Immobile.

Gabriel plissa les yeux, mais la brume lui masquait le visage. Il hésita un instant, puis s'avança, lentement, mesurant chacun de ses pas.

— Qui est là ?

Aucune réponse.

Un bruit métallique résonna dans le lointain. Derrière lui, le train repartait lentement, ses roues grinçant sur les rails. Une bouffée de fumée s'éleva, balayant le quai d'un souffle opaque.

Quand il reporta son attention vers l'endroit où se trouvait la silhouette… elle avait disparu.

Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale.

Ce n'était pas un hasard. Quelqu'un savait qu'il était revenu.

Et ce quelqu'un venait de lui faire savoir qu'il n'était plus seul.