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Chapitre 2 - Derrière la Porte

Lina sentit son souffle se coincer dans sa gorge. Le cri étouffé qu'elle venait d'entendre résonnait encore dans son esprit. L'air de la bibliothèque lui parut soudain plus lourd, presque oppressant.

Elle fixa Adrian, qui, contrairement à elle, ne montrait aucune réaction apparente. Il s'était contenté d'un simple :

— Ne posez pas de questions.

Mais comment pouvait-elle ne pas en poser ?

Un nouveau bruit, plus sourd cette fois, s'éleva du couloir. Comme un corps qu'on traînait sur le sol. Son instinct lui cria de fuir, mais ses jambes refusèrent de bouger.

— Qu'est-ce qui se passe ici ? souffla-t-elle, sa voix à peine audible.

Adrian la détailla un instant avant de soupirer.

— Vous êtes trop curieuse.

Il se dirigea vers la porte et l'ouvrit légèrement, laissant entrevoir un fragment du couloir plongé dans une semi-obscurité. Lina se redressa instinctivement, tentant d'apercevoir ce qui se passait.

Elle n'aurait jamais dû regarder.

À travers l'entrebâillement, elle aperçut deux hommes vêtus de noir, leurs visages partiellement cachés par l'ombre. Ils étaient penchés sur un corps inerte gisant sur le sol. Un homme, visiblement inconscient – ou pire.

Un frisson d'horreur parcourut Lina. Son cœur tambourinait dans sa poitrine.

Adrian referma la porte avant qu'elle ne puisse voir davantage.

— C'était qui ? demanda-t-elle, la gorge nouée.

Il s'appuya contre la porte et la fixa avec une froide intensité.

— Ce n'est pas votre affaire.

— Pas mon affaire ? s'indigna-t-elle. J'arrive ici pour un entretien mystérieux, je découvre que vous avez un dossier complet sur moi, et maintenant j'entends… ça ?!

Son regard ne cilla pas.

— Vous posez trop de questions, Lina.

Le simple fait qu'il utilise son prénom d'une voix si calme, presque douce, lui donna des frissons.

— J'ai le droit de savoir où je mets les pieds ! insista-t-elle.

Un silence pesant s'installa. Puis, lentement, Adrian s'approcha d'elle. Il s'arrêta juste devant elle, si proche qu'elle pouvait sentir son parfum boisé et entêtant.

— Vous avez besoin de cet emploi, Lina.

Sa voix était basse, comme une menace voilée.

— Et moi, j'ai besoin de quelqu'un en qui je peux avoir confiance.

Elle n'arrivait plus à respirer. Tout en lui lui disait de fuir, de s'éloigner de cet homme et de cette maison aux secrets trop lourds.

Mais alors, pourquoi n'arrivait-elle pas à partir ?

Ses pensées furent interrompues par un léger toc à la porte.

Adrian se retourna et ouvrit. Un homme entra. Grand, imposant, vêtu d'un costume impeccable. Son regard sombre se posa immédiatement sur Lina, l'évaluant comme si elle n'était qu'un pion sur un échiquier.

— Elle est au courant ? demanda-t-il à Adrian d'un ton neutre.

— Non. Pas encore.

Le regard de l'homme s'attarda encore quelques secondes sur elle avant qu'il ne lâche, froidement :

— Alors il va falloir décider.

Lina sentit son estomac se tordre.

— Décider de quoi ? demanda-t-elle, sa voix tremblante.

Adrian ne répondit pas immédiatement. Il tourna lentement la tête vers elle, et ce fut à cet instant qu'elle comprit : elle ne pouvait plus partir.

Quoi qu'il se passe ici, elle en faisait maintenant partie.