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Chapter 5 - Chapitre 5 : Le prisonnier de la tour

Domgis courait, son souffle court, ses jambes en feu, et pourtant il savait qu'il n'avait pas le choix. C'était la énième fois qu'il arpentait ce maudit tunnel, et chaque tentative se soldait par le même échec. Pourtant, il recommençait, encore et encore, espérant que cette fois-ci serait la bonne.

Ses pieds frappaient le sol lisse, un écho sans fin résonnant autour de lui. Derrière lui, les miroirs renvoyaient des reflets qui n'étaient pas tout à fait les siens. Parfois immobiles, parfois avançant lentement, ces silhouettes se multipliaient à chaque passage, comme si elles accumulaient ses tentatives avortées. Ce constat le mettait au bord de la panique.

Il s'arrêta enfin, plié en deux, les mains sur les genoux, cherchant désespérément son souffle. Quand il releva la tête, il remarqua une lueur au bout du tunnel. Un point de lumière dans cet enfer de verre. Il hésita, mais l'idée de rester là, piégé entre ses propres reflets et les ombres qui dansaient derrière lui, était pire que tout.

Il marcha vers la lumière, d'abord lentement, puis de plus en plus vite. Le tunnel semblait s'allonger à mesure qu'il avançait, mais il persistait. Lorsqu'il atteignit enfin la source de la lumière, il s'arrêta net.

Devant lui, suspendu dans un vide irréel, se trouvait un cœur de verre. Gigantesque, il pulsait doucement, émettant une lumière douce et hypnotique. À chaque battement, une onde traversait le tunnel, rendant les miroirs encore plus vibrants.

Domgis s'approcha à pas lents, fasciné malgré lui. Mais à chaque pas, il sentit une résistance grandir, comme si le sol lui-même voulait le retenir. Les ombres dans les miroirs s'agitaient désormais avec frénésie, et une voix, douce mais insidieuse, résonna dans sa tête.

"Reste. Ici, tu es à ta place."

Il secoua la tête, tentant d'ignorer cette présence envahissante. Mais plus il s'approchait du cœur, plus la voix devenait oppressante.

"Il n'y a pas de sortie. Pourquoi te battre ?"

Les battements du cœur s'accéléraient, résonnant dans son crâne comme un tambour de guerre. Domgis sentit ses jambes faiblir. Une force invisible semblait peser sur lui, l'écrasant lentement.

Il tenta de crier, mais aucun son ne sortit. Son corps tout entier semblait céder, son esprit s'étioler…

Domgis ouvrit brusquement les yeux. Il était allongé dans sa chambre, une petite alcôve creusée dans la pierre. Le plafond de la grotte, familier, le rassura. Il inspira profondément, sentant l'odeur de la roche humide. Était-ce un cauchemar ?

Il se redressa lentement. La lampe à huile sur la table brûlait doucement, projetant des ombres sur les murs. Tout semblait normal, mais une étrange sensation d'irréalité le tenaillait. Il passa une main sur son front moite.

Quelque chose clochait.

Il observa sa chambre avec attention. Un détail lui sauta aux yeux : la lampe. Elle n'avait jamais été là, même s'il semblait avoir l'impression de savoir de quelle lampe il s'agissait. Et puis, il y avait ce silence… absolu. Pas un bruit d'eau gouttant au loin, pas de courant d'air.

Domgis se leva, les pieds nus sur le sol froid. Il avança vers la lampe, tendant la main. À l'instant où il effleura le verre, le décor se fissura. Littéralement. Des lignes noires apparurent sur les murs, comme une toile d'araignée qui se propageait rapidement.

La chambre s'effondra autour de lui dans un fracas assourdissant. Il cria, tombant à genoux, mais le sol se déroba sous lui.

Domgis se réveilla en sursaut, le souffle court. Il était de retour dans le tunnel des miroirs, étendu sur le sol glacé. Les reflets étaient là, immobiles, mais il savait qu'ils l'observaient.

Devant lui, le cœur de verre brillait toujours, mais quelque chose avait changé. Il le sentait. Il serra les poings, une détermination nouvelle brûlant dans ses veines.

"Je suppose que c'est toi qui es derrière tout ça, n'est-ce pas ? C'est toi qui m'as piégé ici," murmura-t-il d'une voix basse et accusatrice, tout en se redressant lentement.

Les ombres dans les miroirs se mirent à trembler, et le cœur pulsa plus vite, comme s'il comprenait que son prisonnier devenait dangereux.